JÉRUSALEM: La jeune entreprise Aviv Clinics affirme avoir le savoir-faire nécessaire pour inverser le vieillissement. Elle fera partie de la grande représentation israélienne à l’Expo 2020, car la technologie israélienne tente de tirer parti des relations avec les Émirats arabes unis (EAU) pour s’étendre sur des marchés arabes plus larges.
«Nous disposons d’un programme multidisciplinaire pour traiter le déclin cognitif et physique lié à l’âge», explique Noa Sobol, vice-présidente en charge du marketing et des ventes mondiales pour Aviv Clinics, dont le siège est à Bnei Brak, près de Tel Aviv. L’entreprise espère mettre en place un réseau mondial de cliniques, dont une qui ouvrira à Dubaï dans quelques mois.
«Pendant l’Expo, nous espérons créer des relations et expliquer ce que nous faisons. Nous voulons rencontrer la communauté médicale locale et des entreprises avec lesquelles nous pouvons nous associer», confie Noa Sobol à propos de l’exposition qui débutera en octobre.
«Notre marché cible, c’est l’ensemble du Conseil de coopération du Golfe [CCG]», ajoute-t-elle. «Dans la clinique de Dubaï, nous espérons accueillir des gens de tous les pays du Golfe.»
C’est une aspiration commune à un grand nombre des quelque 200 entreprises israéliennes qui seront présentes à l’Expo 2020. Le gouvernement israélien, pour sa part, considère clairement le CCG comme un lieu de «diplomatie économique» dans le prolongement des accords d’Abraham qui ont normalisé les relations avec les EAU en août dernier.
Cependant, des analystes indépendants affirment qu’Israël sera confronté à des obstacles, notamment à la concurrence d’autres pays et à une forme d’opposition à la normalisation de la part de certains segments de l’élite commerciale et de certains consommateurs de la région.
À l’Expo, Israël, qui s’enorgueillit d’être la «start-up nation» en raison de ses prouesses en haute technologie, proposera des roadshows qui rassembleront toutes les entreprises de chaque secteur que le pays souhaite promouvoir, y compris l’agriculture, la fintech et la cybersécurité. «Nous souhaitons publier des informations sur les réunions dans le cadre de la participation d’Israël à l’Expo, et attirer d’autres pays du CCG par ces opportunités commerciales. L’Expo peut constituer pour ces derniers un lieu de rencontre avec les entreprises israéliennes dans les secteurs qui les intéressent», confie à Arab News Elazar Cohen, haut fonctionnaire au ministère des Affaires étrangères, responsable de l’organisation des expositions à l’Expo pour Israël.
Cette volonté de s’étendre au-delà des EAU en 2021 est partagée par Jonathan Medved, PDG d’OurCrowd, une société de capital-risque très active basée à Jérusalem qui représente 220 entreprises. La société a signé un partenariat avec Phoenix Capital LLC des Émirats arabes unis et embauché l’entrepreneur émirati Sabah al-Binawi comme représentant pour le Golfe. «Les Émirats arabes unis et Phoenix vont nous aider à pénétrer d’autres marchés arabes et mondiaux», explique Jonathan Medved. «Quand on voit les volumes de commerce et de tourisme qui passent par les EAU, on ne peut que constater que c’est un point de départ idéal pour développer d’autres marchés.»
Interrogé à propos de l’activité d’OurCrowd dans d’autres pays arabes, M. Medved répond: «Je ne ferai pas de commentaire, mais nous pensons que la région va dans cette direction, et nous sommes très attentifs aux possibilités de tisser des liens à grande échelle dans la région.»
«Nous sommes enthousiastes en ce qui concerne les relations futures entre Israël et tous les pays du Golfe», ajoute-t-il. «Nous avons beaucoup d’espoir, et les signes sont positifs.»
Tout le monde n’est pas aussi optimiste. L’analyste américano-israélienne Katie Wachsburger souligne que, en plus des opportunités, Israël fait face à des défis difficiles sur le plan régional. «Le pays doit développer des sentiments plus positifs envers Israël et la normalisation dans le discours populaire et dans l’élite des affaires, ainsi qu’envers les avantages tangibles que l’économie israélienne peut offrir à la région en échange d’un engagement», écrit Mme Wachsburger dans un exposé de position pour le Forum for Regional Thinking (Forth), un groupe de réflexion israélien. «Israël pourrait mieux servir ses intérêts économiques régionaux en concluant un accord avec les Palestiniens», conclut-elle.
«Aussi prometteur que cela puisse paraître, il est vulnérable aux vents politiques, et le conflit israélo-palestinien est une bombe à retardement», explique Jonathan Ferziger, chercheur senior non résident au Conseil de l’Atlantique basé à Washington.
Pourtant, Ofer Sachs, ancien directeur de l’Israel Export Institute, souligne l’enthousiasme israélien pour l’exploration des opportunités aux EAU. Selon lui, le potentiel technologique des Émirats arabes unis et d’Israël est prometteur, comme en agriculture où Israël a beaucoup à offrir. «Nous développons des cultures au cœur du désert et nous avons un savoir-faire de cinquante à soixante ans, explique-t-il.
«Le nombre de liens directs opérés au cours des deux derniers mois est incroyable», poursuit Ofer Sachs. «Des centaines, voire des milliers, d’entrepreneurs israéliens ont parcouru les EAU à la recherche de partenariats et d’opportunités. En revanche, il y a beaucoup de curiosité de l’autre côté. En 2021, les choses devraient se calmer. Après le battage médiatique, nous allons commencer à avancer, pas à grande échelle, mais nous nous attendons à voir des acteurs sérieux signer leurs premiers contrats», ajoute-t-il.