NEW YORK: Les membres du Conseil de sécurité ont approuvé, à l’unanimité, ce vendredi la nomination du diplomate slovaque chevronné Jan Kubis comme envoyé spécial des Nations unies en Libye.
Cette nomination intervient au moment où, selon des responsables de l’Organisation des Nations unies (ONU), des progrès considérables ont été accomplis à Genève cette semaine lors de la réunion inaugurale du comité consultatif du Forum de dialogue politique libyen (FDPL).
Nommé par le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, Jan Kubis devient son envoyé, un poste vacant depuis le début du mois de mars de l’année dernière, lorsque Ghassan Salamé a démissionné en raison du stress après moins de trois ans en poste.
Malgré les nombreux noms qui circulaient pour le poste, les membres du Conseil de sécurité ne sont pas parvenus à s’entendre sur un seul. En décembre, ils ont surmonté leurs divergences en approuvant la désignation du diplomate bulgare Nikolaï Mladenov, mais ce dernier a surpris tout le monde en refusant l’offre pour «des raisons personnelles et familiales».
M. Kubis est actuellement le coordonnateur spécial des Nations unies pour le Liban. Il a auparavant occupé des postes similaires en Irak et en Afghanistan.
Le porte-parole d’Antonio Guterres, Stéphane Dujarric, a applaudi ce que la Mission d'appui des Nations unies en Libye (Manul) a qualifié de «progrès de grande portée» lors de la première réunion du comité consultatif du FDPL, qui s’est tenue à Genève du 13 au 16 janvier.
«La Manul espère qu’elle sera bientôt en mesure de réduire les différences majeures et de parvenir à un quasi-consensus sur de nombreuses questions litigieuses concernant les propositions de mécanisme de sélection», révèle Stéphane Dujarric.
La formation du comité consultatif a été annoncée le 3 janvier. Ses 18 membres, y compris des femmes, des jeunes et des personnalités culturelles, ont été choisis dans le but de refléter la grande diversité géographique et politique de la Libye.
Selon la représentante spéciale par intérim du secrétaire général pour la Libye, Stephanie Williams, la tâche principale du comité est de réfléchir sur les questions litigieuses qui ont entravé la sélection d’une autorité exécutive unifiée. L’objectif final est d’exposer des recommandations solides que le FDPL pourra envisager conformément à la feuille de route politique convenue par ses 75 membres lors de leur première série de négociations à Tunis l’année dernière.
Cette feuille de route représente un processus fondé sur les droits conçu pour aboutir à des élections nationales démocratiques et inclusives le 24 décembre de l’année en cours. Cette date coïncide également la célébration du 70e anniversaire de l’indépendance de la Libye. Les élections marqueront ainsi la fin de la phase de transition et traceront une nouvelle voie dans l’histoire du pays.
«Rendre la décision souveraine à ses propriétaires légitimes à cette date mémorable est notre priorité absolue», a expliqué Stephanie Williams lors de son discours d’ouverture à la réunion du comité consultatif à Genève cette semaine.
Elle rejette les affirmations selon lesquelles la Manul aurait son mot à dire dans le choix de la nouvelle autorité exécutive. «Il s’agit d’une décision purement libyenne », souligne la représentante spéciale. «L’autorité intérimaire a pour mission d’assumer la responsabilité de manière participative et non sur la base d’un partage du pouvoir, comme certains le pensent», poursuit-elle.
«Nous voulons un modèle participatif où il n’y a ni vainqueur, ni vaincu; un système de coexistence pour les Libyens d’origines diverses pendant une période déterminée jusqu’à ce que le flambeau soit passé d’une manière démocratique et inclusive.»
Le porte-parole de la Manul, Jean Alam, confie que les pourparlers de Genève ont déjà surmonté certains obstacles majeurs. Cela s’appuie sur les réalisations politiques depuis la réunion de Tunis au cours de laquelle un consensus a été atteint sur la feuille de route politique, sur les critères d’éligibilité aux postes de l’autorité exécutive unifiée ainsi que sur la prérogative la plus importante de l’autorité: celle de fixer une date pour les élections.
Il fait également état de «progrès très encourageants» dans le domaine militaire depuis la signature d’un accord de cessez-le-feu en octobre par la Commission militaire mixte libyenne (5 + 5, [CMM]), dont les membres sont cinq officiers supérieurs choisis par le gouvernement d’entente nationale et cinq autres sélectionnés par l’armée nationale libyenne.
«Cela comprend également les récents échanges de prisonniers supervisés par le CMM dans le cadre du processus des mesures de confiance, la reprise des vols vers toutes les régions de la Libye, la reprise complète de la production et de l’exportation de pétrole, ainsi que l’unification et la restructuration suggérées des gardes des installations pétrolières (PFG), en plus des discussions sérieuses en cours sur l’ouverture de la route côtière entre Misrata et Syrte, qui, nous l’espérons, auront lieu très bientôt », poursuit Jean Alam.
Il salue en outre les «progrès prometteurs» relatifs à l’économie, notamment la récente unification du taux de change par la Banque centrale libyenne qui, selon lui, est une étape qui nécessite la formation d’une nouvelle autorité pour sa mise en œuvre.
«La récente réunion entre les ministères des Finances a constitué un effort important pour unifier le budget et allouer des fonds suffisants pour améliorer les services et reconstruire les infrastructures endommagées de la Libye, en particulier le réseau électrique», soutient le porte-parole.
«Toutes ces réformes sont des étapes cruciales qui inciteront les institutions nationales à travailler ensemble afin d’établir un ordre économique plus durable et plus équitable».
«Sans une autorité exécutive unifiée, il sera difficile, voire impossible, de mettre en œuvre ces étapes», ajoute Stephanie Williams
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com