Tunisie: violences nocturnes quelques jours après les dix ans de la révolution

Les manifestants bloquent une rue d’Ettadhamen, banlieue au nord-est de Tunis (Photo, AFP).
Les manifestants bloquent une rue d’Ettadhamen, banlieue au nord-est de Tunis (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 19 janvier 2021

Tunisie: violences nocturnes quelques jours après les dix ans de la révolution

  • De nouveaux troubles nocturnes ont éclaté dimanche en dépit d'un confinement sanitaire, quelques jours après le dixième anniversaire de la révolution
  • Ces heurts interviennent dans un contexte d'instabilité politique et de dégradation de la situation sociale en Tunisie

ETTADHAMEN: Jets de pierres contre tirs de gaz lacrymogènes : à Ettadhamen, quartier populaire en périphérie de Tunis, comme dans plusieurs autres villes tunisiennes, de nouveaux troubles nocturnes ont éclaté dimanche en dépit d'un confinement sanitaire, quelques jours après le dixième anniversaire de la révolution.

« S'il y avait quelqu'un pour juger nos abrutis de politiciens... Ces délinquants ne sont que le résultat de leur échec ! », peste Abdelmonem, un serveur de café.

Des dizaines de jeunes, en majorité des mineurs âgés de 14 à 17 ans, ont été arrêtés après des heurts ces trois derniers jours, a indiqué dimanche Khaled Hayouni, porte-parole du ministère de l'Intérieur, quelques jours après le dixième anniversaire de la chute du président Zine El Abidine Ben Ali et de son régime policier. 

Si cet anniversaire a été étouffé par un confinement général de quatre jours qui s'achève dimanche pour tenter d'endiguer une flambée de cas de Covid-19, il n'a toutefois pas empêché les troubles, dont les motifs exacts ne sont pas connus. 

Ces heurts interviennent dans un contexte d'instabilité politique et de dégradation de la situation sociale en Tunisie.

« Aucun avenir »

Dans les rues, des adolescents remplissent leurs poches de pierres. « C'est pour les ennemis », lance joyeusement l'un d'eux en allusion aux agents de la police.

Le son des sirènes hurlantes ne couvre pas celui des explosions des feux d'artifices jetés depuis des toits de maisons, d'où des jeunes visaient dès la nuit tombée, à coups de pierres, un important dispositif de police et de la garde nationale (gendarmerie).

« Rentrez chez vous ! », lance avec un haut-parleur l'un des gendarmes, au moment où les forces de sécurité tiraient massivement des gaz lacrymogènes pour disperser les groupes présents.

Pour Abdelmonem, « ce sont des jeunes adolescents qui s'ennuient qui sont les auteurs de ces violences ». Mais l'homme de 28 ans estime que « c'est la classe politique qui est la cause de ces tensions ».

Très vives entre les différents partis composant un Parlement fragmenté depuis les élections de 2019, les tensions fragilisent le gouvernement largement remanié samedi et en attente d'un vote de confiance.

Les divisions paralysent le pays au moment où l'urgence sociale s'accentue avec la pandémie de nouveau coronavirus (177 231 cas, dont 5 616 décès), qui ajoute la hausse du chômage à celle des prix et met en évidence la défaillance des services publics.

« Je ne vois aucun avenir ici ! Tout est triste, dégradé, nous sommes vraiment dans la merde ! », lance le serveur, tirant nerveusement sur une cigarette, déterminé à prendre la mer « le plus tôt possible sans jamais revenir ».

Couvre-feu

Le mois de janvier est régulièrement le théâtre de mobilisations en Tunisie, car cette période marque l'anniversaire de plusieurs luttes sociales et démocratiques majeures.

Mais ici, « il ne s'agit pas de mouvements de protestation, ce sont des jeunes qui viennent de quartiers proches pour voler et s'amuser », estime Oussama, 26 ans, un habitant d'Ettadhamen. « Si on proteste, ça sera la journée et à visage découvert. »

Au Kram, quartier populaire du nord de Tunis, Sanad Attia, 18 ans, se préparait à passer la soirée dehors en dépit du couvre-feu qui débute à 16H00, rejoignant des groupes de jeunes dans un face-à-face tendu avec la police.

« J'ai arrêté l'école, ça me servait à rien, je m'entraînais avec l'Olympique Kram pour devenir footballeur », explique-t-il. « Mais avec la Covid, le club est fermé, on ne peut rien faire, maintenant tout ce que je veux c'est partir en Italie ».

Ces derniers jours, des heurts ont eu lieu dans plusieurs quartiers populaires notamment à Tunis, Bizerte, Menzel Bourguiba (nord), Sousse et Nabeul (est), Kasserine et Siliana (nord-ouest), selon des correspondants et des vidéos publiées sur internet par des habitants.

Celles-ci montraient des jeunes dans plusieurs villes brûlant des pneus, insultant la police ou pillant des commerces.

Sur les réseaux sociaux, certains Tunisiens attribuaient ces violences à l'échec de la classe politique à améliorer la situation, d'autres accusaient des parties d'instrumentaliser ces troubles pour « créer le chaos ».


Manipulation médiatique et instrumentalisation de Forbes France au service de la propagande royale du Maroc

Le bâtiment des galeries du magazine Forbes. 62, 5th avenue, Manhattan, New York, NYC, USA. (Photo par : -/VW Pics/Universal Images Group via Getty Images)
Le bâtiment des galeries du magazine Forbes. 62, 5th avenue, Manhattan, New York, NYC, USA. (Photo par : -/VW Pics/Universal Images Group via Getty Images)
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  • Les chiffres sont accablants : sur 49 articles publiés par Forbes France sur le Maroc, près de la moitié sont des contenus payants étiquetés « Brandvoice », financés directement ou indirectement par des proches du régime marocain.
  • Dominique Busso, le PDG de l’édition française, ne cache pas que ces transactions douteuses sont monnaie courante.

RIYAD : L’enquête explosive menée par Marianne, complétée par les révélations incisives d’Africa Intelligence, lève le voile sur un système d’influence sophistiqué dans lequel le Maroc, sous couvert de soft power, orchestre une propagande méthodique via des relais médiatiques internationaux.

Forbes France, autrefois symbole d’excellence journalistique, apparaît aujourd’hui comme un instrument docile entre les mains des autorités marocaines.

Les chiffres sont accablants : sur 49 articles publiés par Forbes France sur le Maroc, près de la moitié sont des contenus payants étiquetés « Brandvoice », financés directement ou indirectement par des proches du régime de Mohammed VI.

Ces textes déguisés en journalisme peignent un portrait idyllique du royaume, occultant sciemment la répression des libertés individuelles, les inégalités criantes et les réalités économiques sombres du pays. Il s'agit d'une véritable mascarade qui sape l’intégrité journalistique et trompe délibérément les lecteurs.

Forbes France : un média au service de la propagande royale

Plus qu’un simple complice passif, le magazine semble s’être vendu au plus offrant, troquant son indépendance contre des millions d’euros provenant des cercles de pouvoir marocains.

Dominique Busso, le PDG de l’édition française, ne cache pas que ces transactions douteuses sont monnaie courante. Pire, selon des sources internes, le Maroc achète régulièrement des articles pour redorer l’image de son régime monarchique, tout en évitant toute transparence sur les financements réels.

Abdelmalek Alaoui, présenté comme un analyste ou un économiste, mais qui n'est en réalité qu'un agent de la Direction générale des études et de la documentation (DGED), est identifié comme un rouage clé de cette machinerie propagandiste.

Des courriels internes obtenus par Marianne montrent comment Alaoui et d’autres agents influencent directement la ligne éditoriale de ces articles en faveur de la monarchie marocaine. Forbes France ne serait rien d’autre qu’un outil au service de cette désinformation orchestrée depuis Rabat.

Un documentaire sous influence : glorification du règne de Mohammed VI

Les tentacules de cette stratégie de manipulation s’étendent bien au-delà de la presse écrite. Africa Intelligence révèle qu’un documentaire diffusé sur Public Sénat à l’approche d’une visite officielle d’Emmanuel Macron au Maroc a été conçu comme une véritable opération de communication. 

Réalisé par des proches de l’élite politique marocaine et française, ce film, présenté comme un travail journalistique, n’est rien d’autre qu’une glorification du roi Mohammed VI.

Tout en vantant les prétendus succès du roi, notamment en matière de condition féminine et de développement économique, le documentaire escamote les critiques concernant les inégalités sociales et la répression des libertés. Il s'agit là d'une manipulation éhontée, à peine voilée, où les consignes éditoriales semblent avoir été dictées par Rabat pour protéger l’image royale.

Le Maroc : un État stratège du mensonge médiatique

Ce qui se dévoile ici est bien plus qu’un simple scandale médiatique. Il s’agit d’une stratégie délibérée et agressive de soft power, dans laquelle le Maroc utilise des moyens financiers considérables pour infiltrer et manipuler les récits médiatiques internationaux.

En contrôlant la narration sur des plateformes influentes telles que Forbes France, le royaume impose une version réécrite et aseptisée de la réalité, tout en muselant les voix dissidentes.

Ces pratiques immorales révèlent la complicité choquante de médias qui, en échange d'avantages financiers, renoncent à leur devoir d'informer honnêtement. Ce brouillage systématique de la frontière entre journalisme et propagande constitue une attaque directe contre l’intégrité de l’information.

Un appel urgent à l’éthique journalistique

Les révélations de Marianne et d’Africa Intelligence mettent en lumière le manque de diligence de la part d'acteurs tels que Forbes France.

Il est désormais impératif de mener une enquête indépendante sur ces pratiques. En effet, tant que des médias accepteront de se vendre au plus offrant, les citoyens continueront à être trompés par des récits soigneusement fabriqués pour servir des intérêts politiques. 

L’intégrité de la presse n’est pas à vendre, il est temps de le rappeler.


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).