Un homme politique et un journaliste dissidents battus à Ankara en plein jour

L'ancien Premier ministre turc Ahmet Davutoglu, à droite, tient une conférence de presse à son domicile d'Ankara le 13 septembre 2019, pour annoncer la formation du Parti du «Futur». (Getty Images)
L'ancien Premier ministre turc Ahmet Davutoglu, à droite, tient une conférence de presse à son domicile d'Ankara le 13 septembre 2019, pour annoncer la formation du Parti du «Futur». (Getty Images)
Short Url
Publié le Samedi 16 janvier 2021

Un homme politique et un journaliste dissidents battus à Ankara en plein jour

  • Orhan Uguroglu, le correspondant à Ankara du quotidien nationaliste dissident Yenicag Daily a été gravement battu
  • L'attaque est survenue quelques heures à peine après que Selcuk Ozdag, chef adjoint du Future Parti séparatiste, ait été confronté à une attaque sanglante d'un gang armé devant sa maison

ANKARA: Un journaliste et un politicien ont été la cible de bandes armées à Ankara vendredi, en plein jour, l’occasion d’animer le débat sur la sécurité des personnalités de l'opposition dans le pays.

Orhan Uguroglu, le correspondant à Ankara du quotidien nationaliste dissident Yenicag Daily, a été roué de coups au moment où il s’apprêtait à monter dans sa voiture vendredi, par trois personnes.

Reporters sans frontières (RSF) a condamné l'agression «de la manière la plus sévère» tout en appelant à mettre fin à ces pratiques et à la politique qui a forcément alimenté cette violence «avant qu'il ne soit trop tard».

L'attaque est survenue quelques heures à peine après l’agression sanglante par un gang armé contre Selcuk Ozdag, vice-président du parti « Futur ». L’attaque s’est produite devant le domicile d’Ozdag, alors qu'il se dirigeait vers la mosquée avoisinante pour la prière du vendredi.

Ozdag est un ancien législateur du parti au pouvoir pour la justice et le développement (AKP), et l’un des fondateurs, avec l'ancien Premier ministre turc Ahmet Davutoglu, du parti du Futur.

Opposant acharné, Ozdag critique ouvertement le gouvernement turc, a récemment été verbalement agressé par Semih Yalcin, chef adjoint du Parti du mouvement nationaliste (MHP) membre de la coalition gouvernementale, qui a accusé Ozdag d'être un «traître» qui «agit comme un caméléon».

Au cours de l’agression, le chauffeur d’Ozdag a été attaqué en premier par un membre du gang, tandis que le politicien a été gravement battu à coups de bâton et de crosse de pistolet. Les assaillants se sont ensuite enfuis dans un véhicule sans plaque d'immatriculation.

Il y a un mois, la maison d'Ayhan Sefer Ustun, membre du même parti, a été la cible d’une attaque par un assaillant armé dans le nord-ouest de la province de Sakarya, pendant qu'Ustun et sa famille étaient absents.

Ustun est également vice-président du parti du « Futur » et ancien vice-président de l'AKP au pouvoir.

Erdgan v/s Davutoglu

Fondé par l'ancien Premier ministre turc Ahmet Davutoglu en 2019, le parti « Futur » est le premier mouvement politique qui s’est détaché de l'AKP et qui a vivement provoqué la colère du président Recep Tayyip Erdogan.

La base électorale du parti du nouveau s’élargit progressivement et séduit les électeurs désabusés de l’AKP et du MHP.

S'adressant à Arab News, Ustun, qui dirigeait auparavant la Commission parlementaire des droits de l'homme, a souligné que la Turquie connait une polarisation croissante.

«Nous avons été témoins d'actes de violence à plusieurs reprises ces dernières annees. Le gouvernement et ses alliés de la coalition ne font qu’alimenter systématiquement ce dangereux désengagement politique au sein de la société », a révélé Ustun.

L’homme politique turc a également affirmé que « les gangs criminels sont libérés des prisons et les groupes mafieux se sont afflués dans les rues pour agresser à leur guise », citant une loi d'amnistie adoptée l'année dernière en vertu de laquelle des dizaines de milliers de prisonniers ont été libérés des prisons surpeuplées de la Turquie. Parmi ces anciens prisonniers, selon Ustun, figurent des membres de bandes criminelles ultranationalistes bien organisés. L'idée de d’une telle amnistie avait d'abord été soulevée par le MHP.

À l'époque, les opposants avaient mis en garde contre l’effet pervers de cette loi qui profiterait  aux gangs associés au MHP, et leur garantirait un retour dans les rues. Parmi les anciens prisonniers figure Alaattin Cakici, qui servait des peines pour assassinats, blanchiment d'argent ainsi que la formation et la direction d’un groupe armé.

Juste après sa libération, Cakici était rapidement revenu à la charge, menaçant le chef du principal parti d’opposition, le Parti républicain du peuple, Kemal Kilicdaroglu, à qui il a conseillé   «surtout de surveiller ses arrières».

Selon Ustun, « ces gangs qui osent battre les gens en pleines rues de la capitale se sentent au-dessus de la loi, et le gouvernement en porte une grande responsabilité ». Pour cet opposant, «le gouvernement encourage consciemment ces gangs à ne pas rendre des comptes pour leurs actes abominables, ce qui pousse à poser la question de savoir où va exactement la Turquie ». « Ces gangs sont parmi nous comme des grenades à main dégoupillées», a conclu Ustun.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

Short Url
  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Short Url
  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

Short Url
  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".