PARIS : À Saint-Ouen, ville populaire située de l’autre côté du périphérique nord de Paris, il souffle comme un vent de fraîcheur. Depuis l’élection de Karim Bouamrane, l’un des premiers édiles d’origine maghrébine à diriger une ville de plus de 50 000 habitants, ces derniers - dont un tiers est issu de l’immigration - ont repris espoir.
Lors de son discours d’investiture, le 4 juillet dernier, l’enfant de la ville a tenu à jouer cartes sur table en rendant hommage à ses parents, venus du Maroc en 1969. « Je m’appelle Karim Bouamrane, fils de Sadia et Allal Bouamrane, et je suis le nouveau maire de Saint-Ouen », a-t-il déclaré. Simple et efficace.
Motivation positive
La campagne électorale a pourtant été tout sauf une partie de plaisir. C’est au bout du suspense, à l’issue d’une triangulaire extrêmement tendue, que la cité audonienne est repassée à gauche. Mais il faut « savoir transformer les attaques haineuses [qu’on a] reçues en motivation positive », a récemment affirmé Karim Bouamrane sur son compte Twitter. De son enfance passée dans une cité HLM de Saint-Ouen, il a en effet conservé une certaine combativité. Et cette habitude de ne jamais rien lâcher…
Il faut dire que ce cadre en cybersécurité, aujourd’hui âgé de 47 ans, n’en est pas à son coup d’essai en matière de politique locale. Ce socialiste qui fut adjoint aux sports de l’ancienne maire communiste Jacqueline Rouillon (1999-2014) est un militant de terrain qui a l’habitude, dit-il, de « souffrir en silence ».
Le Red Star dans le cœur
Par sa connaissance du territoire et des quartiers qui composent la cité rouge, il entend redonner espoir à toute une génération métissée fourmillant de projets entrepreneuriaux. Selon lui, il est important de faire émerger « une élite populaire » et de retrouver un certain apaisement.
De la réhabilitation de certains quartiers à la construction d’un campus hospitalo-universitaire, en passant par le développement des docks, Karim Bouamrane ne manque pas de projets pour la ville du célèbre marché aux Puces. Alors que la municipalité propose aux jeunes un grand nombre d’activités cet été, elle étudiera dès le mois de septembre la possibilité d’installer à Saint-Ouen des stations Vélib’.
Grand amateur de ballon rond, Karim Bouamrane suit également de très près le dossier de la rénovation du stade Bauer, l’enceinte mythique du Red Star. Dans la perspective des Jeux olympiques Paris 2024, il souhaite voir émerger un stade écologique au service d’un club de football populaire et familial, misant sur la formation des jeunes. L’équipe ambitionne d’ailleurs une remontée en Ligue 2 dès la saison prochaine.