PARIS: Ancienne ministre et présidente de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée, Marielle de Sarnez, décédée mercredi à 69 ans, a été le bras droit de François Bayrou, et a notamment joué un rôle essentiel dans la définition d'un MoDem affranchi du clivage droite-gauche.
L'éphémère ancienne ministre des Affaires européennes, une des principales figures du centrisme en France, qui souffrait d'une leucémie, est morte à l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière, a annoncé le président du MoDem qui, très ému, a rendu hommage à une femme « si talentueuse et si courageuse ».
Une minute de silence a été respectée à l'Assemblée nationale où avait lieu un débat sur le déploiement des Maisons France Services. « L'Assemblée nationale perd une de ses membres éminentes, la diplomatie parlementaire une grande représentante », a réagi son président, Richard Ferrand, exprimant son « immense tristesse ».
Née à Paris dans le VIIIe arrondissement, Marielle de Sarnez y avait mené une grande partie de sa carrière. Présidente de la fédération UDF de Paris en 2006 puis du MoDem Paris en 2008, elle a été élue conseillère de Paris en 2001 dans le XIVe arrondissement sur une liste d'union RPR-UDF.
Cette européenne convaincue avait ensuite été élue députée européenne en 2009.
Ministre des Affaires européennes
Sa nomination en mai 2017 dans le premier gouvernement d'Edouard Philippe comme ministre des Affaires européennes aurait dû être le couronnement de sa carrière. Mais elle ne restera en poste qu'un mois et quatre jours.
L'ouverture en juin suivant d'une enquête préliminaire du parquet dans l'affaire des emplois présumés fictifs des assistants des députés européens du parti centriste la conduit à démissionner, tout comme François Bayrou, éphémère ministre de la Justice.
Investie dans la foulée aux législatives par LREM, elle avait été élue députée de Paris (11e circonscription) et avait pris la présidence de la prestigieuse commission des Affaires étrangères de l'Assemblée.
A l'annonce de sa mort, de nombreuses personnalités politiques de tous bords lui ont rendu hommage, notamment les membres du gouvernement : « Femme de tête et femme de cœur, militante de la construction européenne, Marielle de Sarnez vient de partir et elle nous manque déjà », a fait valoir le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, alors que son successeur au portefeuille des Affaires européennes, Clément Beaune, a salué « une engagée de l'Europe, une femme d’immense courage ».
Boussole de Bayrou
Reconduite en décembre 2020 à la fonction de 1ere vice-présidente du MoDem, elle n'était jamais très loin de son président François Bayrou, et formait avec lui un couple politique assez singulier. « Marielle, c'est mon alter ego. Elle est la personne de ma vie politique dans le jugement de laquelle j'ai le plus confiance. Sa boussole est juste à 95% », disait d'elle en 2017 celui devenu depuis Haut-commissaire au Plan.
« Notre relation est humaine avant d'être professionnelle. Sa présence m'est tout à fait précieuse. On parle de tout et la plupart du temps, on se comprend sans avoir besoin de rien se dire. Nous avons des intuitions accordées », ajoutait le dirigeant centriste.
Cette femme de l'ombre des grands combats présidentiels de François Bayrou a souvent été décrite comme autoritaire par certains des anciens amis du leader centriste.
Entrée en politique en 1973 avec un bac en poche, comme simple secrétaire à mi-temps chez les jeunes républicains, Marielle de Sarnez s'est immergée dans le bain électoral un an plus tard en soutenant la campagne présidentielle de Valéry Giscard d'Estaing.