PARIS : Pas plus d'un «quart d'heure» d'abattement: l'état d'esprit d'Hervé face à l'arrêt des concerts, en pleine crise sanitaire, se retrouve chez Lous and the Yakuza, Yseult ou Hatik, nouvelles voix déterminées à faire vivre leur musique.
«Quand le confinement arrive, le premier ou le deuxième, je le vis très mal, mais ça ne dure qu'un quart d'heure, après c'est ok, faut qu'on fasse un live filmé, si on peut le faire à l'Olympia (sans public), on le fait», raconte à l'AFP Hervé, remarqué pour son album «Hyper».
Le jeune chanteur aux cheveux ras et à l'enthousiasme XXL est nominé aux Victoires de la musique, le 12 février, dans la catégorie révélation masculine (aux côtés d'Hatik et Noé Preszow; Clou, Lous and the Yakuza et Yseult sont en lice pour la révélation féminine).
Pour lui, «impossible de rester à se morfondre, alors on sort le single "Si bien du mal", on sort des clips, on va se démerder, je reprends mes facultés de monteur (pour les vidéos), certains aiment sortir des trucs avec de gros budgets, je peux faire des trucs dans ma chambre avec mon téléphone».
L'énergie comme parade à la déprime. «Sortir un album et démarrer dans ce métier maintenant, avec ce contexte, c'est extrêmement difficile, on n'a jamais vu l'équivalent de cette situation», admet devant une poignée de journalistes Romain Vivien, président des Victoires. Mais celui qui est aussi directeur général de la structure musicale Believe refuse de parler de génération sacrifiée: «à nous producteurs et écosystème de trouver des solutions pour exposer les artistes».
«Mon bateau»
Quand ce ne sont pas les intéressés qui prennent leur destin en mains. C'est le cas d'Yseult, rencontrée par la presse en marge de la révélation des nominés des Victoires. «Je manage et produis mon projet, j'ai créé mon propre label, je ne suis plus dans les rouages de la grosse industrie, c'est moi qui mène mon bateau, mon attachée de presse, ma cheffe de projet, mon directeur marketing, attendent un mot de ma part, ma stratégie».
La jeune chanteuse -repérée avec les mini-albums «Noir» et «Brut»- incarne cette nouvelle vague qui n'attend pas le coup de téléphone d'un producteur. «Je n'ai pas eu peur, de toute façon, je n'ai pas de plan B, je me dois de réussir, à moi de créer de nouveaux modèles pour développer mon projet dans le temps».
«La nouvelle génération, elle a tellement d'armes pour faire de la musique, il faut juste trouver la bonne idée, confinement ou pas confinement», analyse pour l'AFP Hatik, rappeur salué sur disque avec «Chaise pliante» et sur écran dans la série «Validé».
«Autre type de tout»
«Via les réseaux sociaux, la nouvelle génération se construit différemment des générations précédentes, il y a eu énormément d'évènements en digital en confinement, la transition entre tout et rien n'a jamais existé chez moi, je suis passée de tout à un autre type de tout, je travaille énormément tous les jours», prolonge Lous and the Yakuza -dans la lumière avec son album «Gore»- devant quelques journalistes.
Le parcours non-linéaire de ces nouveaux talents (Lous a vécu un temps dans la rue avant de percer, Hatik et Hervé ont cumulé des petits boulots) leur a aussi permis d'encaisser les coups et d'anticiper des jours meilleurs.
«Quand le premier confinement arrive, j'ai fait deux dates et après une semaine de repos, je dois aller faire des concerts à Nantes et Rennes, se souvient Hatik. Le mini-bus est en bas de chez moi et j'apprends qu'il n'y aura pas de concert». «En septembre, la tournée est encore annulée: le seul truc que je me dis c'est faisons un bel album (prévu pour mars) pour offrir de la musique aux gens en 2021, comme ça on aura encore plus de musique à chanter en concert».