DJEDDAH: La période de confinement en 2020 a offert à beaucoup l’occasion d'explorer de nouveaux horizons et elle a incité de nombreux Saoudiens à devenir DJ. Arab News s'est entretenu à la fois avec des nouveaux-venus et avec des experts ayant des années d'expérience dans ce domaine.
L'ingénieur industriel saoudien Abdelrahman Hakem, âgé de 30 ans, est DJ depuis près d'un an. «J'ai toujours été intéressé par la musique et j'ai toujours manifesté un goût unique pour la musique. C’est ce qui m'a donné envie d'explorer le métier de DJ», confie-t-il à Arab News.
Il a ainsi acheté un petit set de DJ et a commencé à apprendre le métier. «La période de confinement a été pour moi une occasion en or: j’ai été libre pendant plusieurs mois. J'ai beaucoup appris pendant mon temps libre grâce à des tutoriels vidéos et des programmes, et j'ai élargi ma playlist», ajoute le DJ.
Évoquant les réformes sociales et le soutien de l'Autorité générale saoudienne du divertissement et celui du ministère du Tourisme, Hakem affirme qu'elles ont donné aux talents locaux de nombreuses opportunités pour apprendre ce métier.
«Avant les réformes sociales, nous n'avions jamais entendu parler de DJ saoudiens ou de Saoudiens intéressés par le domaine de la musique; ils n'étaient qu'une minorité. Maintenant, nous avons de nombreux événements, et la présence d'un DJ est recherchée pour toutes ces occasions», explique-t-il.
Il prédit que de nombreux DJ saoudiens doués d’un beau potentiel émergeront.
«Je pense que chaque fois que nous en avons le temps ou l'opportunité, nous sommes en mesure d'explorer notre côté créatif.»
DJ Viva
«Le Royaume promeut le tourisme. Nous sommes toujours dans la première étape sur ce sujet. Un pays comme l'Arabie saoudite est grand, et il va pouvoir organiser tant d'événements, dans différents domaines», se réjouit-il, avant d’ajouter: «Je vois cela comme une occasion en or pour nous, les Saoudiens, de faire nos preuves sur ce terrain.»
Il considère que le tourisme «stimulera l'économie dans les années à venir», et indique, enthousiaste: «Nous améliorerons constamment l'industrie.»
Hakem révèle que de nombreux Saoudiens hésitent à devenir DJ, craignant une réaction négative de la société; mais il constate que tous ceux qu'il a rencontrés ont du respect pour lui, ainsi que pour ses efforts. «Personne n'a essayé de me saper le moral. Je n'ai reçu que de l'amour, des encouragements et de la joie.»
«Personne n'a essayé de me saper le moral. Je n’ai reçu que de l’amour, des encouragements et de la joie.»
Abdelrahman Hakem
Les premiers supporters de Hakem ont été ses amis et sa famille, qui ont encouragé sa passion et l’ont incité à en apprendre davantage sur cette discipline. Il affirme d’ailleurs qu’il ne se considère pas comme quelqu'un qui aurait atteint l’apogée de son art, car il est toujours en train d’apprendre et de s'améliorer.
Les réactions positives qu'il reçoit sur les réseaux sociaux lui apportent de la joie et l’incitent à aller plus loin. «Quiconque voudrait suivre cette voie bénéficie de tous mes encouragements et de mon soutien.»
Farouq al-Adawi, étudiant égypto-saoudien âgé de 20 ans et influenceur sur les médias sociaux, est DJ depuis sept mois. «En 2020, tout le monde était à la recherche de nouveaux loisirs et d’autres activités. J'ai adoré la musique toute ma vie et, en ce qui concerne la mise en quarantaine, le confinement m'a fait découvrir ce nouveau passe-temps», déclare Al-Adawi à Arab News.
DJ Viva, d'origine latino-canadienne et saoudienne, travaille dans l'industrie depuis un peu plus de deux ans. Elle est mariée à DJ Zerone, l'un des premiers DJ saoudiens, qui a commencé sa carrière en 1999.
«Un certain nombre de ‘Covid-19 DJ’ sont nés en 2020», explique-t-elle à Arab News. «Je pense que chaque fois que nous en avons le temps ou l'opportunité, nous sommes en mesure d'explorer notre côté créatif et de voir quels talents se cachent sous la surface de notre vie quotidienne. La période de confinement a apporté cette opportunité à beaucoup de personnes.»
Elle ajoute: «Les gens ont commencé à chercher des cours de DJ et de production musicale, ou simplement à se renseigner sur cette profession.»
L'artiste souligne les résultats positifs pour les producteurs de musique en 2020. Beaucoup y voient un effet thérapeutique. «Le confinement a également offert à de nombreuses personnes qui commençaient tout juste le temps de s'entraîner et d’améliorer leurs capacités. Maintenant, c'est extraordinaire de les regarder jouer en direct et performer, et c'est une conséquence tout à fait positive de la pandémie.»
DJ Viva a récemment réalisé une collaboration de remix avec un artiste, Nktorious de Riyad, qui a déclaré qu'elle considérait l'exploration des effets sur une table de mixage DJ comme «thérapeutique en ces temps chaotiques».
Elle dit avoir constaté une augmentation du nombre de femmes s’initiant au DJing. «Je crois que le temps est venu de briller. L’industrie saoudienne de la musique et du divertissement a fait d’immenses progrès avec la nouvelle Vision 2030 du pays, tout cela en très peu de temps. C’est formidable de voir les talents saoudiens grandir et être davantage respectés.»
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com