Les habitants de Gaza méritent un avenir libre de toute peur

Comment peut-on faire la fête lorsque les Palestiniens de Gaza enterrent leurs proches? Comment peut-on ressentir de la joie au milieu de ce chagrin inimaginable? (AFP)
Comment peut-on faire la fête lorsque les Palestiniens de Gaza enterrent leurs proches? Comment peut-on ressentir de la joie au milieu de ce chagrin inimaginable? (AFP)
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Publié le Lundi 31 mars 2025

Les habitants de Gaza méritent un avenir libre de toute peur

Les habitants de Gaza méritent un avenir libre de toute peur
  • Comment peut-on faire la fête lorsque les Palestiniens de Gaza enterrent leurs proches? 
  • Comment peut-on ressentir de la joie au milieu de ce chagrin inimaginable?

Lorsque le croissant de lune a commencé à se lever, signalant l'arrivée de l'Aïd el-Fitr, des millions de personnes à travers le monde musulman se sont préparées à faire la fête. En cette période habituellement joyeuse, les rues sont ornées de lumières colorées, les familles se réunissent autour de repas festifs et les enfants courent dans les quartiers, leurs rires résonnant dans la nuit. Mais à Gaza, il n'y a pas de célébration. Seuls le silence, le chagrin et le bruit incessant des avions de guerre qui survolent la ville résonnent. Les seules lumières qui percent l'obscurité sont celles des explosions, les seuls rassemblements sont des funérailles et la seule chose que les enfants reçoivent est le traumatisme insupportable de la guerre.

Comment peut-on faire la fête lorsque les Palestiniens de Gaza enterrent leurs proches? Comment peut-on ressentir de la joie au milieu de ce chagrin inimaginable? Le contraste est trop douloureux pour être ignoré. L'Aïd est censé être un moment de réflexion, de gratitude et de renouveau de la foi. Il marque la fin du Ramadan, un mois de patience, de sacrifice et de dévotion. Mais pour les habitants de Gaza, le jeûne n'a pas été choisi – il leur a été imposé par un siège implacable, par des boulangeries bombardées, par un étranglement économique destiné à les affamer jusqu'à la soumission.

Pendant des décennies, le peuple palestinien a enduré la dépossession, le déplacement et la violence systématique. Mais ce dont le monde est témoin aujourd'hui est une escalade de la brutalité qui dépasse même les horreurs du passé. Des hôpitaux ont été transformés en cimetières. Des familles entières ont été éliminées. Les enfants qui ont survécu à un bombardement se réveillent orphelins après le suivant. La terre sous leurs pieds est brûlée, leurs rêves brisés avant même qu'ils n'aient eu la chance d'imaginer un avenir.

Pourtant, malgré l'ampleur de la tragédie, la réponse d'une grande partie du monde reste terriblement inadéquate. Les déclarations d'indignation inondent les réseaux sociaux, mais le blocus demeure intact. Des manifestations éclatent dans les capitales du monde entier, mais les gouvernements hésitent encore à prendre des mesures décisives.

La pression diplomatique ne suffit plus. Les sanctions économiques, les embargos sur les armes et l'isolement politique doivent être mis sur la table.

- Hani Hazaimeh

La souffrance de Gaza n'est pas un accident de guerre. Elle est le résultat d'une stratégie délibérée d'occupation, de blocus et de punition collective. Chaque frappe aérienne, chaque bâtiment démoli, chaque restriction sur la nourriture, l'eau et les fournitures médicales fait partie d'un effort calculé pour briser la volonté de tout un peuple. Et pourtant, malgré les preuves évidentes de crimes de guerre, les puissances occidentales continuent de fournir à Israël des armes, une couverture diplomatique et un soutien politique inébranlable.

Où est l'action décisive qui correspond à la gravité du moment? La pression diplomatique ne suffit plus. Des sanctions économiques, des embargos sur les armes et un isolement politique devraient être mis sur la table. Il doit y avoir des conséquences pour un régime qui commet des crimes de guerre en toute impunité. Si les puissances occidentales refusent d'agir en raison de leurs propres intérêts stratégiques, c'est au monde arabe et islamique qu'il incombe de montrer la voie.

L'Organisation de la coopération islamique, la Ligue arabe et d'autres organismes régionaux doivent prendre des mesures coordonnées et concrètes, que ce soit par une action en justice devant la Cour pénale internationale, par la rupture des relations économiques et commerciales ou par la fourniture d'un soutien direct et durable aux Palestiniens. Le monde doit comprendre que la lutte des Palestiniens n'est pas seulement une question régionale, mais qu'il s'agit d'une crise morale et humanitaire qui exige une intervention mondiale.

Si les gouvernements et les institutions portent la plus grande responsabilité, les individus ne peuvent se permettre d'être des observateurs passifs. Le silence est synonyme de complicité. Le pouvoir de l'action collective a déjà montré sa force. Les manifestations organisées dans les villes du monde entier ont permis de maintenir la Palestine dans la conscience mondiale. Les mouvements étudiants, les syndicats et les groupes de la société civile se sont mobilisés de manière à remettre en cause la complicité des gouvernements et des entreprises. Le mouvement de boycott, de désinvestissement et de sanctions a prouvé que la pression économique fonctionne. La lutte pour la libération de la Palestine ne s'arrête pas avec un cessez-le-feu – elle ne s'arrête que lorsque l'occupation, l'apartheid et l'oppression sont démantelés.

Les enfants de Gaza méritent de vivre, de rire et de faire la fête, comme tout enfant. Ils méritent plus qu'une aide temporaire; ils méritent un avenir où ils seront libérés de la peur, où ils ne seront pas piégés dans une prison à ciel ouvert, où ils pourront rêver au-delà de la prochaine frappe aérienne. Jusqu'à ce que ce jour arrive, notre joie sera toujours incomplète et nos célébrations porteront le poids de leur souffrance.

Hani Hazaimeh est un rédacteur principal basé à Amman. 

X: @hanihazaimeh

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com