L'expansion des colonies israéliennes en Cisjordanie constitue non seulement une violation du droit international, mais aussi une atteinte directe à la vie quotidienne, à la dignité et à l'avenir du peuple palestinien. Avec chaque nouvelle colonie illégale, des familles palestiniennes sont chassées de chez elles, leurs terres sont volées et leurs communautés sont fragmentées. Les conséquences sont dévastatrices: des générations entières grandissent sous la menace constante d'un déplacement, leurs moyens de subsistance étant systématiquement érodés par une politique d'État conçue pour rendre la vie insupportable. Le monde doit faire face à cette injustice, non pas comme une question politique abstraite, mais comme une campagne implacable de déplacements forcés qui détruit la société palestinienne.
Dans toute la Cisjordanie, des familles palestiniennes sont chassées de chez elles par une combinaison d'ordres militaires, de violence de la part des colons et d'étranglement économique. Le village de Khan al-Ahmar, par exemple, est devenu le symbole de cette injustice. Malgré la condamnation internationale, Israël a tenté à plusieurs reprises de démolir la communauté, obligeant ses habitants – dont beaucoup sont des Bédouins qui ont déjà été déplacés à plusieurs reprises – à vivre dans l'incertitude permanente.
De même, à Masafer Yatta, plus de 1 000 Palestiniens sont menacés d'expulsion imminente après qu'un tribunal israélien a décidé que leur terre pouvait être transformée en zone d'entraînement militaire. Il ne s'agit pas d'incidents isolés; ils s'inscrivent dans une stratégie calculée visant à chasser les Palestiniens de leurs terres ancestrales pour faire place aux colons israéliens qui s'y installent avec le soutien total de l'État et la protection de l'armée.
L'impact des colonies illégales va au-delà de la destruction immédiate de maisons palestiniennes. Des communautés entières sont coupées de leurs terres agricoles, de leurs sources d'eau et même des infrastructures de base comme les routes et les écoles. Les colons israéliens, encouragés par les politiques gouvernementales, attaquent régulièrement les agriculteurs palestiniens, déracinent les oliviers et bloquent l'accès aux ressources essentielles.
Israël crée systématiquement une réalité dans laquelle les Palestiniens se retrouvent sans terre, sans droits et sans avenir.
-Hani Hazaimeh
Le bilan économique est immense. Les familles palestiniennes qui cultivent leurs terres depuis des générations sombrent dans la pauvreté, incapables de maintenir leur mode de vie. Dans les villes, les entreprises souffrent des restrictions de circulation, tandis que les démolitions de maisons et les révocations de permis de séjour continuent de priver les Palestiniens de leurs droits. L'objectif est clair: rendre l'existence des Palestiniens en Cisjordanie intenable, en forçant davantage de familles à se déplacer.
Les répercussions de ces déplacements forcés ne se limitent pas à la seule Palestine. Si les colonies continuent de s'étendre sans contrôle, c'est toute la région qui en subira les conséquences, la Jordanie étant le pays le plus directement touché. La Jordanie a déjà absorbé de nombreuses vagues de réfugiés palestiniens et un nouveau déplacement massif mettrait à rude épreuve son économie, ses infrastructures et son équilibre démographique. Les politiques d'Israël rendent plus plausible la théorie de la «patrie alternative», une notion dangereuse qui suggère que la Jordanie devrait absorber en permanence les Palestiniens déplacés. Ce n'est pas seulement inacceptable, c'est aussi une menace directe pour la souveraineté et la stabilité de la Jordanie.
Sous le regard silencieux du monde entier, Israël crée systématiquement une réalité dans laquelle les Palestiniens se retrouvent sans terre, sans droits et sans avenir. Il ne s'agit pas d'un conflit entre deux parties égales, mais du déplacement d'un peuple entier par un État qui jouit de l'impunité. La communauté internationale doit agir de manière décisive pour mettre un terme à l'expansion des colonies, faire en sorte que les responsables des violences commises par les colons répondent de leurs actes et faire respecter les droits fondamentaux des Palestiniens à vivre sur leur propre terre. Toute autre attitude revient à se rendre complice d'une politique d'épuration ethnique lente mais délibérée.
Hani Hazaimeh est un rédacteur en chef basé à Amman.
X : @hanihazaimeh
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com