PARIS: Trois policiers poursuivis pour des faits de violence commise en réunion ont été condamnés jeudi à de la prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Paris.
Les trois policiers, qui comparaissaient pour avoir agressé trois personnes d'origine étrangère devant un bar parisien en mai 2024 alors qu'ils n'étaient pas en service, ont écopé de peines allant de huit à 10 mois de prison avec sursis.
Le tribunal les a en outre condamnés à l'interdiction de porter une arme pendant cinq ans et a demandé que leur condamnation figure sur leur casier judiciaire.
L'affaire, révélée par Libération, remonte au 4 mai 2024.
Une rixe avait éclaté devant un bar du Quartier Latin à Paris. Une riveraine avait appelé la police, puis transmis des vidéos qui ont permis d'identifier deux agents du commissariat du 5e arrondissement, Clément B, 29 ans, et Maxime D., 26 ans. Un autre policier, Romain B., 26 ans, frère de Clément, impliqué dans la rixe, avait également été interpellé.
Mis en cause dans une autre affaire de violences commises lors d'une garde à vue, Clément B. et Maxime D., absent à l'audience, ont déjà été condamnés et sont actuellement suspendus de leur fonction.
Les deux frères ont raconté à la barre qu'ils avaient été insultés et menacés par des personnes en état d'ébriété. "On allait vers le RER mais trois individus nous ont suivis et se sont montrés menaçants", a dit Romain B.
La présidente rappelle qu'une vidéo montre les policiers en civil frapper un homme à terre, lui asséner un violent coup à la tête par derrière, donner des coups de pied au visage d'un homme allongé. "C'étaient des coups extrêmement violents", affirme-t-elle, rappellant que des remarques racistes ont été proférées par les prévenus.
"C'étaient des violences réciproques", répond Romain B. "J'ai donné des coups", admet-il mais "j'en ai aussi reçus". Il ne se souvient pas des remarques racistes comme "sale chien" ou "ici on est en France, on parle français".
"Un policier, même hors service, n'a pas à se comporter ainsi", souligne la présidente. "C'était complètement disproportionné", convient Clément B. qui dit comprendre "que des gens ont été choqués".
Les victimes n'ont pas pu être identifiées.
"Ce sont des faits qui sont loin d'être anodins", estime le procureur qui en appelle à "l'exemplarité" de la police. "Ce n'est pas une rixe mais un lynchage", dit-il, avant de réclamer deux ans de prison avec sursis contre les deux frères et deux ans dont six mois ferme contre Maxime D.
May Sarah Vogelhut, avocate de Maxime D., parle d'un "homme à terre" qui vit "une longue descente aux enfers". Son client, sans famille et sans ressources, a depuis l'affaire perdu son travail et son domicile.
Grégory Hania, avocat des deux frères, souligne que ses clients "ont conscience que c'est allé trop loin".
"On présente nos excuses aux victimes. On est loin d'être des personnes violentes", affirme Romain B.