PARIS : Valentino a présenté la haute couture dans des toilettes publiques, l’un des décors les plus provocateurs de la saison, en particulier pour une maison aussi classique que Valentino.
L’influenceuse libanaise et designer de lunettes Karen Wazen était présente, vêtue d’un ensemble Valentino entièrement crème, complété par des gants à pois. Parmi les invités assis dans la lumière cramoisie du décor figuraient Chappell Roan, Parker Posey, Jared Leto et Barry Keoghan.

La reconstitution méticuleuse restait fidèle à l’esthétique d’une toilette publique commune, avec son carrelage, ses distributeurs de savon, ses miroirs et ses interminables rangées de cabines, le tout baigné dans une lumière rouge troublante, presque sordide.
Partiellement inspiré par David Lynch, cet espace a donné le ton à la nouvelle vision audacieuse d’Alessandro Michele. Issu du monde du costume, Michele insuffle à ses collections des influences théâtrales et cinématographiques, créant des narrations autant que des vêtements.
Michele choisit souvent des lieux chargés d’histoire ou de culture — comme des palais — rendant ainsi ce décor de toilettes publiques d’autant plus subversif, même par rapport à son propre style. Le résultat ? Un spectacle explorant les frontières entre public et privé, intimité et exposition, et les identités floues de la mode contemporaine.

Les mannequins ont émergé des cabines de toilettes, certains s’arrêtant pour inspecter leurs visages dans les miroirs, brouillant la frontière entre l’intime et le spectacle. Les vêtements étaient purement théâtraux : des casquettes, des capuches et des lunettes noires cachaient les visages, tandis que des hauts en tissu transparent laissaient entrevoir le corps — un contraste direct entre dissimulation et révélation.
Les créations de Michele se caractérisent par un mélange kaléidoscopique de différentes époques et cultures, fusionnant des éléments historiques pour créer une esthétique unique. Il se considère comme un « archéologue de l’art », explorant l’évolution de l’ornementation et de l’embellissement à travers les siècles.

Le public était en effervescence. « Il révolutionne Valentino comme Demna l’a fait chez Balenciaga », a confié un invité au premier rang. Les applaudissements furent nourris, la réaction immédiate. Ce n’était pas qu’une collection, c’était une déclaration, disruptive et irrévérencieuse, propulsant une maison classique vers un territoire nouveau et inattendu.