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Le président Aoun: Le Liban apprécie le soutien de l'Arabie saoudite à sa stabilité
Le prince Mohammed ben Abdelrahman ben Abdelaziz, vice-gouverneur de Riyad, a reçu le président libanais Joseph Aoun à son arrivée à l'aéroport international du roi Khaled. (SPA)
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Publié le Mardi 04 mars 2025
Najia Houssari
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Le président Aoun: Le Liban apprécie le soutien de l'Arabie saoudite à sa stabilité
Le président Aoun a exprimé sa gratitude pour le rôle joué par le Royaume dans le soutien à la stabilité, à la sécurité et au fonctionnement des institutions libanaises
Le prince héritier Mohammed ben Salmane a reçu M. Aoun au palais Al-Yamamah à Riyad lors d'une cérémonie officielle
Publié le Mardi 04 mars 2025
Najia Houssari
BEYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a déclaré, lundi, que sa visite en Arabie saoudite était l'occasion de réaffirmer la profondeur des liens entre les deux nations.
Il a exprimé sa gratitude pour le rôle joué par le Royaume dans le soutien à la stabilité, à la sécurité et au fonctionnement des institutions libanaises, ainsi que pour les diverses formes d'assistance fournies par Riyad.
Le prince héritier Mohammed ben Salmane a reçu M. Aoun au palais Al-Yamamah à Riyad lors d'une cérémonie officielle.
Les deux hommes ont discuté des dernières évolutions au Liban et dans la région, ainsi que des moyens de renforcer les relations bilatérales.
M. Aoun, qui effectue son premier voyage à l'étranger en tant que président, espère que les discussions avec le prince héritier renforceront davantage la coopération entre les deux nations.
Le président libanais a déclaré que c'était «l'occasion d'exprimer notre gratitude au Royaume pour avoir accueilli des Libanais qui sont venus il y a des années et qui ont contribué à son développement urbain et économique».
M. Aoun est arrivé à l'aéroport international du roi Khaled de Riyad dans l'après-midi, accompagné du ministre des Affaires étrangères, Youssef Raji.
M. Aoun et sa délégation doivent se rendre au Caire mardi pour participer au sommet arabe extraordinaire.
À Beyrouth, le Premier ministre Nawaf Salam a souligné, lors de sa visite à Dar ql-Fatwa et de sa rencontre avec le Grand Mufti Cheikh Abdul Latif Deryan, que le gouvernement avait engagé des réformes au Liban à la suite du vote de confiance de la semaine dernière.
M. Salam a déclaré que tout serait mis en œuvre pour mettre fin aux opérations militaires israéliennes au Liban et que «les citoyens connaîtront un nouveau niveau de performance et de services gouvernementaux dans les mois à venir».
«Notre principale préoccupation sera le bien-être du peuple libanais, l'allègement de ses charges, le rétablissement du Liban dans son rôle de leader et le développement des meilleures relations avec les frères arabes et les nations amies attachées à l'État du Liban, à ses institutions et à son peuple.»
M. Salam a déclaré que le gouvernement donnerait la priorité aux questions essentielles «en mettant l'accent sur les conditions de vie, ainsi que sur les questions essentielles telles que l'eau, l'électricité, les routes et la situation économique, sociale et financière, en particulier les fonds des déposants».
Il a souligné que «le gouvernement garantira la justice dans tous les cas, nommera les personnes les plus qualifiées pour occuper les postes vacants, maintiendra l'équilibre et protégera les droits de chacun».
Il s'est engagé à s'occuper «du sort des détenus qui n'ont pas été jugés depuis des années, dont certains ont dépassé la durée de leur procès, en particulier les détenus dits islamistes. La justice doit finir par prévaloir, les délinquants doivent être punis et les innocents libérés».
Le ministère de l'Intérieur a renforcé les mesures de sécurité pour maintenir l'ordre public et assurer la sécurité des citoyens après une réunion de sécurité présidée par le ministre de l'Intérieur Ahmad al-Hajjar lundi, soulignant l'importance de la coordination entre les agences de sécurité.
Dimanche soir, Bourj al-Barajneh a été le théâtre d'une fusillade qui a entraîné la mort d'une personne non impliquée dans l'altercation.
Le maire de Bourj al-Barajneh, Atef Mansour, a déclaré que Mohammed Wissam al-Itawi avait été tué par des tirs échangés entre gangs.
M. Mansour a appelé l'État à travailler «par l'intermédiaire de son appareil de sécurité pour trouver une solution immédiate et décisive à ces dangereux actes récurrents d'anarchie».
Ces attaques coûtent la vie à des innocents en raison des affrontements entre gangs impliqués dans le vol, la drogue et la violence, a-t-il déclaré.
«Il est urgent d'agir rapidement et d'une main de fer pour mettre fin à cette menace», a-t-il ajouté.
«Il est temps de mettre fin à cette situation en déployant efficacement l'armée et les forces de sécurité intérieure pour protéger les citoyens. C'est une exigence partagée par tous, sans exception.»
«Tout le monde demande que les rues soient sécurisées et que les criminels corrompus soient confrontés. Les citoyens ne peuvent plus tolérer cette anarchie et la destruction des biens par les hors-la-loi.»
«Les citoyens doivent sentir la présence de l'État et sa capacité à les protéger des gangs armés violents qui n'ont aucun respect pour la vie humaine. L'État est la seule entité capable d'assurer la sécurité de ses citoyens dans tout le Liban et de les protéger de cette dure réalité», a ajouté le maire.
Récemment, le long de la frontière sud, un citoyen libanais a été blessé par des tirs israéliens alors qu'il tentait d'inspecter sa maison dans la ville frontalière de Kfar Kila.
L'armée israélienne, qui reste positionnée sur cinq collines libanaises stratégiques, a érigé une nouvelle barrière de terre sur la route menant à la ville d'Odaisseh afin d'empêcher les habitants d'accéder à leurs propriétés.
De plus, les soldats israéliens ont effectué une incursion dans la plaine frontalière d'Al-Abbassieh, détenant un fermier qui travaillait sur ses terres, avant de le relâcher.
Ceci survient après que les forces israéliennes ont ouvert le feu sur un groupe de citoyens voyageant sur la route Odaisseh-Kfar Kila dimanche soir.
Lundi matin, un drone militaire israélien a survolé Mansouri et Byout al-Saiyad dans le district de Tyr, diffusant un enregistrement audio accusant le Hezbollah d'entraver l'application par l'armée libanaise de la résolution 1701 de l'ONU.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
L'aide humanitaire est devenue "la première source de revenu" du Hamas dans la bande de Gaza, a affirmé lundi le ministre des Affaires étrangères israélien Gideon Saar, en justifiant la décision de son pays de couper l'entrée de toute marchandise ou équipement à destination du territoire palestinien.
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AFP
Publié le 04 mars 2025
L'aide humanitaire est devenue "la première source de revenu" du Hamas dans la bande de Gaza, a affirmé lundi le ministre des Affaires étrangères israélien Gideon Saar
"C'est devenu la première source de revenu, recette budgétaire, du Hamas à Gaza", a déclaré M. Saar lors d'une conférence de presse à Jérusalem
Publié le Mardi 04 mars 2025
AFP
04 mars 2025
JERUSALEM: L'aide humanitaire est devenue "la première source de revenu" du Hamas dans la bande de Gaza, a affirmé lundi le ministre des Affaires étrangères israélien Gideon Saar, en justifiant la décision de son pays de couper l'entrée de toute marchandise ou équipement à destination du territoire palestinien.
"C'est devenu la première source de revenu, recette budgétaire, du Hamas à Gaza", a déclaré M. Saar lors d'une conférence de presse à Jérusalem. "Ils s'en servent comme d'un moteur pour continuer la guerre contre Israël", a-t-il ajouté. "Cela ne peut pas continuer et cela ne va pas continuer."
Le sommet se concentre sur une réponse arabe unifiée qui protège les droits des Palestiniens et rend Gaza à nouveau habitable. (AFP)
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Arab News
Publié le 04 mars 2025
Le sommet de la Ligue arabe au Caire abordera les plans de Trump pour Gaza et les efforts pour protéger les droits des Palestiniens
Le plan de reconstruction de l'Égypte comprend le redressement, la restauration des infrastructures et une solution à deux États, mais des problèmes de financement subsistent
Publié le Mardi 04 mars 2025
Arab News
04 mars 2025
DUBAÏ: Un sommet d'urgence de la Ligue arabe se tiendra au Caire mardi pour contrer les plans du président américain Donald Trump pour Gaza.
Organisé par l'Égypte, ce sommet vise à répondre aux propositions de M. Trump de prendre le contrôle de Gaza et de réinstaller les Palestiniens, ainsi qu'à la position du Premier ministre israélien de mettre fin au cessez-le-feu et de reprendre les hostilités à Gaza.
Le sommet se concentrera sur une réponse arabe unifiée qui protège les droits des Palestiniens et rend la bande de Gaza à nouveau habitable.
Le plan de l'Égypte
L'Égypte n'a pas encore publié tous les détails de sa proposition, mais l'ancien diplomate égyptien Mohamed Hegazy a présenté un plan en trois phases techniques sur une période de trois à cinq ans.
La première phase, d'une durée de six mois, serait axée sur le redressement rapide et l'enlèvement des débris. La deuxième phase comprendrait une conférence internationale pour établir des plans de reconstruction détaillés et restaurer les infrastructures.
La dernière phase comprendrait la fourniture de logements et de services, ainsi que l'établissement d'une voie politique pour la mise en œuvre d'une solution à deux États, avec une Palestine indépendante aux côtés d'Israël.
Selon le plan égyptien, une mission d'aide à la gouvernance remplacerait le gouvernement du Hamas à Gaza pour une période intérimaire non précisée et serait chargée de l'aide humanitaire et du lancement de la reconstruction de l'enclave, qui a été ravagée par la guerre.
L'Égypte et la Jordanie formeront le personnel de la police palestinienne en vue de son déploiement dans la bande de Gaza.
Le plan exigera également qu'Israël mette fin à toutes les activités de colonisation, à l'annexion de terres et à la démolition de maisons palestiniennes.
Les experts s'interrogent sur le financement du plan, les Nations unies estimant le coût de la reconstruction de Gaza à plus de 50 milliards de dollars (1 dollar = 0,95 euro).
Le sommet proposera un plan qui vise à contrer la déclaration du président américain Trump le mois dernier, dans laquelle il proposait de prendre le contrôle de Gaza et de réinstaller les Palestiniens en Égypte et en Jordanie.
Les tensions se sont accrues depuis qu'Israël a bloqué toute aide humanitaire à Gaza le 1er mars, invoquant le refus du Hamas de prolonger le cessez-le-feu, qui était censé entamer sa deuxième phase.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
Le dialogue national syrien a marqué un moment important dans la transition politique du pays, mais les sanctions imposées par les États-Unis entravent la reprise économique et nuisent aux Syriens fatigués par la guerre. (AFP)
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Anan Tello
Publié le 04 mars 2025
La reconstruction syrienne suspendue aux décisions occidentales
Les experts alertent sur les risques d'un retour au conflit
Publié le Mardi 04 mars 2025
Anan Tello
04 mars 2025
LONDRES: À la veille du dialogue national syrien organisé à Damas le 25 février, l'Union européenne a posé un geste significatif en levant partiellement les sanctions imposées au régime déchu de Bachar el-Assad.
Toutefois, la suppression complète et durable de l'ensemble des sanctions reste incertaine, les dirigeants occidentaux demeurant sceptiques quant à la mise en place d'une administration véritablement inclusive et réformatrice.
Le 24 février, Bruxelles a annoncé la suspension immédiate des restrictions visant les secteurs pétrolier, gazier, électrique et des transports syriens, tout en assouplissant l'interdiction des relations bancaires pour faciliter les transactions humanitaires, la reconstruction et les échanges énergétiques.
Cinq entités financières - la Banque industrielle, la Banque populaire de crédit, la Banque d'épargne, la Banque coopérative agricole et les Lignes aériennes arabes syriennes - ont été retirées de la liste de gel des avoirs, permettant aux fonds d'atteindre la banque centrale syrienne.
Cette décision est intervenue la veille du lancement du dialogue national par le gouvernement intérimaire syrien, lors duquel le président Ahmad Al-Sharaa, nommé en décembre pour diriger jusqu'au 1er mars, s'est engagé à constituer un gouvernement transitoire inclusif.
Les agences d'aide et les économistes avertissent que de nouveaux retards dans la levée des sanctions pourraient faire plus de mal que de bien. (AFP)
Al-Sharaa et son groupe armé, Hayat Tahrir Al-Sham (HTS), qui a renversé le régime d'Assad le 8 décembre après une offensive éclair depuis Idlib, ont présenté ce forum comme une étape cruciale vers la démocratie et la reconstruction.
Malgré les critiques dénonçant une préparation précipitée, l'événement a réuni environ 600 délégués et marqué une avancée significative vers l'élaboration d'une nouvelle constitution, la réforme des institutions et une feuille de route économique.
Pour que ces initiatives aboutissent, organisations de défense des droits et experts appellent à la levée des sanctions pesant sur la Syrie, particulièrement les restrictions américaines, condition préalable indispensable à la reprise économique, sociale et politique.
"La levée des sanctions est aujourd'hui cruciale pour favoriser une transition politique stable et pacifique en Syrie," affirme, à Arab News, Nanar Hawach, analyste senior pour la Syrie à l'International Crisis Group.
Ibrahim Al-Assil, chercheur principal au Middle East Institute, souligne que "reconstruire la classe moyenne syrienne est essentiel pour toute transition politique significative" - un objectif irréalisable sans allègement des sanctions.
"La dévastation économique limite considérablement la capacité des Syriens à participer à la transition politique," explique-t-il.
"Les sanctions ont gravement endommagé l'économie syrienne et paralysé le fonctionnement de la société. Prolonger ces mesures risque de compromettre la fragile transition du pays et pourrait anéantir les efforts visant à construire un avenir stable et inclusif."
"Les Syriens ont besoin de soutien, pas de restrictions économiques prolongées, pour avancer," ajoute-t-il.
Human Rights Watch alerte également sur le fait que les sanctions occidentales "entravent la reconstruction et aggravent les souffrances de millions de Syriens qui peinent à accéder à des droits fondamentaux, comme l'électricité et un niveau de vie décent."
En février, l'organisation rapportait que plus de la moitié des Syriens manquaient d'accès à une alimentation adéquate, tandis qu'au moins 16,5 millions nécessitaient une aide humanitaire.
"Il est extrêmement difficile d'évaluer la gravité réelle de la situation," confie Karam Shaar, chercheur principal au New Lines Institute for Strategy and Policy.
"Sans levée des sanctions ou injection massive de fonds étrangers, comme l'a promis le Qatar, la situation pourrait imploser à tout moment."
Les préoccupations concernant la poursuite des sanctions américaines ont récemment conduit Doha à reporter le versement de fonds destinés au secteur public syrien, qui devait bénéficier d'une augmentation salariale de 400%.
L'UE fait également preuve de prudence, précisant dans sa déclaration du 24 février que la pérennité de l'allègement des sanctions dépendra des performances du gouvernement intérimaire. Bruxelles avertit que ces mesures pourraient être réimposées si les nouvelles autorités syriennes ne mettent pas en œuvre les réformes nécessaires.
"Si tout ne se déroule pas comme prévu, nous sommes prêts à rétablir les sanctions," prévient Kaja Kallas, haute représentante de l'UE pour les affaires étrangères, ajoutant que "tout gouvernement doit être pleinement inclusif et prendre en compte l'ensemble des composantes de la société syrienne."
Alors qu'un gouvernement technocratique n'a pas été formé comme prévu le 1er mars, Al-Sharaa a annoncé le 2 mars la création d'un comité de sept membres chargé d'élaborer une constitution provisoire.
"Le nouveau dirigeant syrien fait face au défi colossal de concilier les attentes des factions libérales et ultraconservatrices," analyse Camille Otrakji, expert syro-canadien. "Bien que les inclinations personnelles d'Al-Sharaa le rapprochent des conservateurs, il ne peut ignorer les recommandations pressantes de ses interlocuteurs occidentaux et arabes modérés."
"Jusqu'à présent, sa réponse reste largement symbolique - nomination de représentants chrétiens au sein des comités et invitation de groupes minoritaires aux sessions de dialogue," observe-t-il, soulignant que "ces gestes symboliques ne suffiront pas."
Selon des sources médiatiques, la formation du gouvernement pourrait être repoussée jusqu'à fin mars, voire au-delà, retardant potentiellement l'assouplissement de nouvelles sanctions.
Organismes humanitaires et économistes mettent en garde contre les conséquences néfastes de nouveaux délais dans la levée des sanctions, particulièrement durant cette phase critique de transition.
Des tentes abritant des réfugiés syriens sont photographiées dans un camp à Arsal, dans l'est du Liban, avant d'être démantelées pour le retour en Syrie. (AFP)
"Plutôt qu'une attitude attentiste qui risquerait de compromettre cette opportunité historique pour une nouvelle Syrie, les gouvernements occidentaux devraient lever les sanctions dès maintenant, sous condition que le pays poursuive dans une voie respectueuse des droits," préconise Kenneth Roth, ancien directeur exécutif de Human Rights Watch.
"Malgré quelques assouplissements, notamment pour l'aide humanitaire, les sanctions persistantes constituent un obstacle majeur au progrès économique," ajoute Roth, dont l'ouvrage "Righting Wrongs" s'ouvre sur un chapitre consacré à Idlib. "Si nous célébrons la chute du brutal régime d'Assad, la Syrie demeure néanmoins dans une situation précaire."
Humam Aljazaeri, conseiller économique syrien, partage cet avis : "Nous comprenons la volonté internationale de conditionner la levée des sanctions aux progrès politiques, notamment vers un gouvernement représentatif, mais il pourrait bientôt être trop tard."
Hawach de l'International Crisis Group met en garde contre le risque d'une reprise des hostilités en l'absence d'allégement des restrictions économiques et commerciales.
"Après plus d'une décennie de conflit, les nouveaux dirigeants sont confrontés à l'immense défi de reconstruire les institutions et stabiliser l'économie," souligne-t-il. "Si la Syrie veut avoir une chance de réussir, elle a besoin d'un allégement des sanctions, faute de quoi le pays risque de sombrer dans de nouveaux cycles de violence."
Tout en reconnaissant que "les efforts européens pour assouplir les sanctions vont dans la bonne direction," Al-Assil du Middle East Institute rappelle que "les sanctions américaines demeurent l'obstacle principal. Sans leur levée, les autres gouvernements et institutions financières hésiteront à s'engager avec la Syrie."
Le dirigeant intérimaire de la Syrie, Ahmed al-Sharaa, rend visite à des habitants d'un camp abritant des personnes déplacées par la guerre civile. (AFP)
La Syrie subit des sanctions occidentales depuis plus de quatre décennies, les plus sévères ayant été imposées après la répression du soulèvement populaire de 2011 et l'utilisation présumée d'armes chimiques contre des civils.
Ces mesures comprennent de vastes restrictions commerciales et financières, ainsi que le gel ciblé d'avoirs et des interdictions de déplacement.
Les sanctions américaines, particulièrement rigoureuses, interdisent pratiquement toutes les transactions commerciales et financières avec Damas, hormis une aide humanitaire limitée. La loi César, promulguée en 2019, a étendu ces restrictions aux entreprises étrangères collaborant avec le régime.
Après plus de 13 ans de guerre civile, environ 90% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Le conflit a ravagé les infrastructures essentielles - écoles, hôpitaux, routes, réseaux hydrauliques et électriques - paralysant les services publics et provoquant l'effondrement de l'économie.
Malgré la chute d'Assad le 8 décembre, la majorité des sanctions occidentales demeurent en vigueur, entravant la reconstruction post-conflit.
Le 6 janvier, le Trésor américain a émis la licence générale n°24 (GL 24) pour la Syrie, autorisant les transactions avec le gouvernement transitoire, allégeant les restrictions sur les opérations énergétiques et permettant le traitement des transferts de fonds personnels.
Valable jusqu'au 7 juillet 2025, cette licence pourrait être prolongée selon l'évolution de la situation, a indiqué le Trésor américain le 27 février.
EN CHIFFRES
• 250 milliards de dollars Coût projeté de la reconstruction de la Syrie.
• 923 milliards de dollars Coût estimé de la guerre civile syrienne. (Sources : HRW et PNUD)
"Le plus urgent serait de réactiver les transactions financières avec la Syrie," estime Shaar du New Lines Institute. "Actuellement, malgré la GL 24 américaine et les exemptions européennes, aucune mesure n'est suffisante pour réintégrer le secteur bancaire syrien dans le système mondial. C'est l'enjeu principal."
Otrakji se montre pessimiste quant à un assouplissement significatif des sanctions américaines à court terme. "Tout recul majeur reste improbable dans l'immédiat. L'histoire nous enseigne que les sanctions, une fois instaurées, tendent à perdurer - celles imposées à l'Irak après l'invasion du Koweït en 1990 sont restées largement en place pendant deux décennies, avec seulement un allègement partiel accordé en 2010 et un assouplissement supplémentaire en 2013."
Malgré les préoccupations quant aux effets contre-productifs d'une conditionnalité trop stricte, les responsables occidentaux souhaitent voir l'administration dirigée par HTS honorer ses engagements d'inclusivité et de protection des différentes communautés ethniques et religieuses.
De nombreux Alaouites, Chrétiens, Druzes et Kurdes craignent pour leur avenir face aux informations faisant état de représailles et de violences sectaires depuis la prise de pouvoir de HTS et ses alliés.
"Al-Sharaa tient un discours inclusif et respectueux des droits," reconnaît l'ancien directeur de Human Rights Watch. "Néanmoins, son passé extrémiste et la présence de nombreux djihadistes au sein de HTS sont indéniables."
L'assouplissement des sanctions est vital pour le redressement de la Syrie et pour aider sa population à surmonter une décennie de dévastation économique. (AFP)
HTS, issu du Front al-Nosra, est désigné comme organisation terroriste par la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l'ONU adoptée en 2015. Anciennement affilié à Al-Qaïda, le groupe a depuis rompu avec les extrémistes, et Al-Sharaa prône désormais la coexistence.
"La question est de savoir quelle direction prendra Al-Sharaa," s'interroge Roth. "Sa capacité à résister aux pressions extrémistes dépendra largement de son aptitude à apporter des améliorations économiques concrètes aux Syriens, mais les sanctions, initialement destinées à Assad et non au nouveau gouvernement, constituent un obstacle majeur."
Si les sanctions occidentales visaient à empêcher le régime déchu de commettre des violations des droits humains, elles ont considérablement aggravé les conditions de vie des Syriens ordinaires. Leur maintien après la chute d'Assad ne fait qu'approfondir la crise.
Avant son renversement, le régime bénéficiait du soutien de ses alliés politiques, principalement l'Iran et la Russie, offrant un certain répit à un pays dévasté par la guerre. L'évolution de cette dynamique ces trois derniers mois pourrait avoir créé un vide, rendant d'autant plus urgente la levée des sanctions occidentales.
"Avant sa chute, le régime s'appuyait sur un réseau de commerçants, d'affidés et sur le soutien politique de ses alliés pour contourner les sanctions," explique le conseiller économique Aljazaeri. "Cela permettait au gouvernement de maintenir une certaine stabilité économique, notamment grâce à l'approvisionnement continu en ressources énergétiques."
Des forces de sécurité dépendant du gouvernement transitoire syrien patrouillent dans les rues de Dummar, une banlieue de la capitale syrienne Damas. (AFP)
"Bien que cette stabilité ait été progressivement compromise par une corruption grandissante et des politiques économiques défaillantes, particulièrement après 2019, elle contribuait néanmoins à préserver le statu quo," poursuit-il.
"Aujourd'hui, en l'absence de ce réseau et de ces intermédiaires, que ce soit pour maintenir les flux financiers ou l'approvisionnement en produits essentiels, notamment en énergie et en blé, et malgré le large soutien politique dont bénéficie l'administration actuelle, l'économie et, par conséquent, la stabilité sociale et politique sont exposées à un risque croissant de fragmentation."
"Dans ce contexte, lever les sanctions, même progressivement mais substantiellement, est absolument crucial pour atteindre un certain équilibre."
Hawach de l'International Crisis Group souligne également l'importance d'assouplir les sanctions pour le redressement de la Syrie et l'amélioration des conditions de vie de sa population.
"L'allègement de ces restrictions stimulerait non seulement la reprise économique et réduirait la dépendance à l'économie informelle, mais renforcerait également la gouvernance, offrant aux Syriens de meilleures conditions de vie et davantage d'opportunités."
"Pour le peuple syrien, la levée des sanctions se traduirait par des améliorations concrètes dans leur quotidien."
Si l'analyste Otrakji reconnaît l'importance cruciale de lever les sanctions pour la reconstruction syrienne, il souligne que cette mesure seule "ne suffira pas à reconstruire le pays et sa société."
"La nouvelle administration de Damas doit prendre l'initiative - mais cela comporte des risques considérables," conclut-il, ajoutant que tout échec dans cette nouvelle orientation "révélerait les profondes divisions entre Syriens, qui restent polarisés et meurtris après 14 années de conflit."
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com