Le président américain Donald Trump a-t-il raison? Dans une certaine mesure, peut-être. Gaza est un «enfer» et ce, depuis des années, en raison des bombardements israéliens précédents. La reconstruction de Gaza sera un véritable défi. Les Nations unies estiment qu'il y a environ 50 millions de tonnes de décombres, entremêlés d'une multitude de munitions non explosées. Techniquement, il serait plus facile de vider temporairement Gaza.
Le problème, c'est que ce n'est pas ce que Trump suggérait. Trump veut une bande de Gaza sans Palestiniens pour assouvir ses rêves immobiliers. Il a clairement indiqué que les Palestiniens ne seraient pas autorisés à revenir, ce qui constitue une violation du droit international et le déplacement forcé d'une population civile. Ce plan ne témoigne d'aucune compréhension de l'expérience historique des Palestiniens, dont 70% sont devenus des réfugiés entre 1947 et 1949, des centaines de milliers ont été à nouveau déplacés en 1967 et, au cours des 16 derniers mois, 90% de la population de Gaza a été à nouveau déplacée de force. Il ne s'agit pas d'une grande proposition humanitaire, comme la Maison Blanche a tenté de le faire croire.
Les Palestiniens ont depuis longtemps démontré leur détermination à ne pas être à nouveau déplacés de force. Ils ont le droit de rester sur leur terre. Ils ne montrent aucun signe de vouloir la quitter.
Les groupes anti-palestiniens affirment que les Palestiniens de Gaza pourraient partir volontairement. Il n'y a rien de volontaire à partir dans une situation où ils ont déjà été bombardés et affamés jusqu'à l'oubli presque.
Ce rêve n'est pas le fruit du hasard. Le gendre de Trump, Jared Kushner, a tenu des propos similaires sur le nettoyage de Gaza l'année dernière. On a montré à Trump des plans ambitieux pour le développement de la «Riviera» de Gaza, conçus par un professeur d'économie de l'université George Washington, Joseph Pelzman.
Pourquoi les Palestiniens ne peuvent-ils pas rêver de leur Riviera sur la Méditerranée à Gaza? Est-ce si absurde?
Tout comme la plupart des pays du monde ont soutenu que toute solution pour la République arabe syrienne devait être dirigée par les Syriens, toute solution pour la Palestine doit être dirigée par les Palestiniens. Gaza appartient aux Palestiniens et tous les projets concernant l'avenir de la bande doivent être conçus par eux, pour eux et avec eux. Le document de Pelzman n'est décidément pas de cet acabit et se lit comme s'il avait été rédigé par un comité de colons pogromistes israéliens. Il indique que l'administration de Gaza serait «sous-traitée aux investisseurs sélectionnés et/ou à leurs représentants». Le programme d'enseignement serait basé sur celui d'autres États.
Gaza est pour les Palestiniens et tous les projets concernant l'avenir de la bande doivent être conçus par eux, pour eux et avec eux.
Chris Doyle
Les États arabes s'empressent d'élaborer leurs propres plans. L'État de Palestine en fait partie. Il s'agit là d'un point essentiel, étant donné la nécessité de démontrer qu'il existe une alternative viable – et c'est certainement le cas – aux suggestions émanant de la Maison Blanche.
Les coûts seront astronomiques. L'ONU estime qu'ils s'élèveront à environ 50 milliards de dollars. Toutefois, tant qu'une évaluation correcte n'aura pas été réalisée, il ne s'agira que de suppositions éclairées.
Aucun État donateur ne financera ce projet, et les entreprises privées n'investiront pas non plus tant qu'elles n'auront pas la garantie absolue qu'Israël n'écrasera pas à nouveau Gaza. Qui oserait même suggérer qu'Israël verse des indemnités, et encore moins qu'il contribue aux coûts de reconstruction, comme il se doit?
Il faut bien comprendre que Gaza n'était pas, comme l'a décrit Trump, un «chantier de démolition». Elle a été bombardée et réduite en ruines dans le cadre d'une stratégie israélienne délibérée. Israël a une responsabilité, même si peu de gens suggèrent qu'Israël devrait offrir un abri temporaire aux Palestiniens qui n'ont plus de maison.
La reconstruction nécessite la levée du blocus et l'entrée sans entrave des matériaux et équipements de construction. Le système à double usage appliqué par Israël doit être abandonné, car il empêche l'importation de matériaux de construction essentiels. La destruction systématique du système de santé par Israël signifie que les hôpitaux doivent être reconstruits. Le scolasticide orchestré par Israël a également vu le bombardement de tous les sites universitaires de Gaza, tandis que 87% des écoles ont été endommagées ou détruites. Cela signifie que le système éducatif doit également être reconstruit. L'ensemble des infrastructures d'eau, d'assainissement et d'électricité doit être reconstruit. Pour encourager le retour d'une vie économique normale à Gaza, qui a été étouffée par des décennies d'occupation et de siège, il faut un port, un aéroport et un passage sûr vers la Cisjordanie, autant d'éléments qui ont été décidés dans le cadre des accords d'Oslo.
Le système politique doit également être reconstruit. Il faut une administration palestinienne à Gaza qui, d'abord et avant tout, aura le soutien des Palestiniens. Elle doit également attirer la confiance de la communauté internationale. Il est peu probable que ce soit le Hamas. Alors, qui? Un ordre politique palestinien renouvelé est un projet à moyen ou long terme pour les Palestiniens, mais un gouvernement technocrate serait un début.
Israël ne devrait pas avoir de droit de veto, pas plus que les États-Unis. Si Israël veut la sécurité et non un territoire, une bande de Gaza prospère est certainement dans son intérêt.
Les Palestiniens sont capables de reconstruire Gaza eux-mêmes, si on les y autorise, même si une véritable assistance internationale serait la bienvenue. Ils ont les compétences, la motivation et l'expérience nécessaires. Mais ils ne peuvent pas le faire avec le fardeau permanent de l'occupation israélienne qui entrave tout effort.
Chris Doyle est directeur du Council for Arab-British Understanding à Londres.
X: @Doylech
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com