PARIS : Le président Emmanuel Macron prend à nouveau la parole dimanche soir à la télévision pour tenter d'affirmer la place de la France sur la carte mondiale de l'intelligence artificielle, à la veille du sommet de Paris sur cette technologie qui doit réunir des dirigeants politiques et des chefs d'entreprise.
Le chef de l'État doit s'exprimer à 20 h 30 sur la chaîne France 2, deux jours après avoir présenté devant la presse régionale les grandes lignes de sa stratégie dans ce domaine, que le grand public a découvert il y a deux ans avec ChatGPT, le robot conversationnel de l'entreprise américaine OpenAI, capable de répondre à toutes sortes de questions posées par les utilisateurs.
Un autre outil développé par la même start-up, DALL-E, est capable de générer des images à partir de descriptions textuelles, tandis que d'autres modèles permettent de créer du son ou des vidéos.
L'IA a depuis bouleversé de nombreux pans de la société et la France — et plus largement l'Union européenne — tente de se faire une place dans la bataille face aux mastodontes américains et chinois.
« Si l'Europe se saisit de ce sujet, si elle simplifie et accélère les choses, elle a une carte à jouer. Aujourd'hui, tout est possible si nous avons une stratégie », a estimé vendredi Emmanuel Macron, tout en assurant vouloir rester vigilant face aux potentielles menaces que l'IA peut représenter.
L'entretien de dimanche soir sera donc une nouvelle occasion pour celui qui fut surnommé le président de la « startup nation » d'affirmer son soutien au développement de cette technologie, après l'annonce par l'exécutif de la création de 35 sites « prêts à l'emploi » pour accueillir des data centers, ces gigantesques bâtiments conçus notamment pour permettre l'entraînement des modèles d'IA.
Pour l'occasion, Emmanuel Macron sera également interrogé par le journaliste indien Matteo Giammarresi, l'Inde étant co-organisatrice du Sommet sur l'IA qui se tient lundi et mardi dans la capitale française.
- Régulation -
À cette occasion, des chefs d'État et de gouvernement, ainsi que des dirigeants du secteur, seront réunis pour débattre de multiples questions relatives aux intelligences artificielles, qu'elles soient diplomatiques, politiques, économiques, éthiques ou encore juridiques.
La participation d'une centaine de pays est annoncée, avec notamment le Premier ministre indien Narendra Modi, le vice-président des États-Unis J. D. Vance, le vice-Premier ministre chinois Zhang Guoqing, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le chancelier allemand Olaf Scholz.
Côté chefs d'entreprise, on attend notamment le fondateur de Mistral AI, Arthur Mensch, la pépite française du secteur, ainsi que le dirigeant d'OpenAI, Sam Altman.
Dans une tribune publiée samedi par le journal Le Monde, ce dernier a jugé que la France « est l'un des leaders mondiaux de cette technologie ».
« Ce succès français repose sur des politiques visant à encourager l'innovation et à créer les conditions permettant à nos entreprises de prospérer », a-t-il poursuivi.
Au-delà de l'enthousiasme qu'elle a pu faire naître, l'IA suscite aussi parfois des réserves en raison des menaces potentielles qui l'accompagnent.
Quels emplois va-t-elle détruire ? Quelles données personnelles récolte-t-elle et où vont-elles ? L'intelligence artificielle n'accroît-elle pas le risque de désinformation, d'arnaques en ligne et d'autres fléaux d'Internet ? Ne creuse-t-elle pas les inégalités culturelles, économiques ou générationnelles ?
Face à des acteurs privés très ambitieux, la demande de régulation est forte. Le président français a promis, pour la fin du sommet, mardi, une déclaration « avec des principes forts sur la protection des droits, l'environnement, l'intégrité de l'information, la propriété intellectuelle ».
Autant de sujets qui font écho aux inquiétudes manifestées samedi par une partie du monde culturel, réuni pour des débats liés à l'IA, et qui s'est notamment inquiété de l'utilisation de ses créations par ces outils sans rémunérer les ayants droit.