RDC: le M23 progresse dans l'est, "soutien indéfectible" de la SADC à Kinshasa

Des soldats guatémaltèques de la Mission de stabilisation de l'Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUSCO) montent dans un pick-up alors que les habitants commencent à s'aventurer dans les rues de Goma, le 31 janvier 2025. (AFP)
Des soldats guatémaltèques de la Mission de stabilisation de l'Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUSCO) montent dans un pick-up alors que les habitants commencent à s'aventurer dans les rues de Goma, le 31 janvier 2025. (AFP)
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Publié le Samedi 01 février 2025

RDC: le M23 progresse dans l'est, "soutien indéfectible" de la SADC à Kinshasa

  • Après avoir conquis Goma dans l'est de la RDC, le groupe armé antigouvernemental M23 et l'armée rwandaise progressent dans la province voisine du Sud-Kivu
  • Le président français Emmanuel Macron s'est entretenu avec ses homologues angolais, ougandais et burundais pour tenter d'arrêter les hostilités, a dit la présidence française vendredi

Goma, RD Congo: Après avoir conquis Goma dans l'est de la RDC, le groupe armé antigouvernemental M23 et l'armée rwandaise progressent dans la province voisine du Sud-Kivu, alors que les dirigeants des pays d'Afrique australe (SADC), réunis vendredi en sommet, ont exprimé leur "soutien indéfectible" à Kinshasa.

Dans ce conflit qui dure depuis plus de trois ans, la République démocratique du Congo (RDC) accuse le Rwanda de vouloir piller ses nombreuses richesses naturelles dans la région. Le Rwanda affirme, lui, vouloir éradiquer des groupes armés, notamment créés par d'ex-responsables hutu du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, qui menacent selon lui sa sécurité.

De manière plus générale, l'est de la RDC est déchiré depuis des décennies par les violences de multiples groupes armés, exacerbées après le génocide au Rwanda.

A l'issue d'un sommet extraordinaire de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) à Harare, au Zimbabwbe, les dirigeants des États membres ont affirmé leur "engagement indéfectible à continuer de soutenir la RDC dans sa quête de sauvegarde de son indépendance, de sa souveraineté et de son intégrité territoriale".

La SADC, qui a réclamé un sommet conjoint avec la Communauté de l'Afrique de l'Est (EAC) pour régler la situation sécuritaire, a une force de maintien de la paix déployée dans l'est de la RDC (SAMIDRC), tout comme l'ONU (Monusco).

- Armée ougandaise -

Goma, capitale de la province du Nord-Kivu coincée entre le lac Kivu et la frontière rwandaise, est tombée ces derniers jours au terme d'une offensive éclair, lancée après l'échec mi-décembre d'une tentative angolaise de médiation entre la RDC et le Rwanda.

Selon l'ONU, au moins 700 personnes ont été tuées et 2.800 blessées lors des combats pour le contrôle de la ville entre dimanche et jeudi.

Vendredi, quelques dizaines d'habitants de Goma, sous la garde étroite de combattants armés du M23 qui avaient invité la presse, ont brandi dans les rues des banderoles affirmant "Nous sommes fatigués avec Tshisekedi", en référence au président congolais Félix Tshisekedi.

Depuis la chute de la grande cité, le M23 et les troupes rwandaises ont progressé dans la province voisine du Sud-Kivu vers Kavumu.

Cette localité abrite un aéroport militaire stratégique et l'armée congolaise y a établi sa principale ligne de défense, à 40 km au nord de la ville de Bukavu et son million d'habitants, selon des sources locales.

Parallèlement, sur fond de craintes d'un embrasement régional, l'armée ougandaise a annoncé vendredi qu'elle allait "renforcer ses défenses" dans l'est de la RDC, où elle aussi est présente.

Objectif: "dissuader" et "empêcher les nombreux autres groupes armés" opérant dans la région "d'exploiter la situation, et protéger et sécuriser les intérêts de l'Ouganda".

- "Prêt à mourir" -

Répondant à l'appel pressant des autorités congolaises, plusieurs centaines de volontaires prêts à aller combattre au côté de l'armée congolaise sont venus s'enregistrer vendredi dans le stade de Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu, a constaté un journaliste de l'AFP.

"Je suis prêt à mourir pour mon pays", a assuré l'un deux, Juvenal Bahati Muhigirwa Ndagano, avant de rejoindre un bataillon désordonné de futurs miliciens en tenues dépenaillées.

Dans la capitale, Kinshasa, des dizaines de personnes ont fait don de leur sang à l'appel du ministère de la Santé, pour les militaires et civils blessés dans la région de Goma, où des combats sporadiques se poursuivent dans la périphérie nord.

L'ONU a exprimé son inquiétude face aux violences généralisées perpétrées par chaque camp, citant des exécutions sommaires et des cas de violences sexuelles.

Les combats ont par ailleurs aggravé une crise humanitaire chronique dans une région où, selon l'ONU, plus de 500.000 personnes ont été déplacées depuis début janvier.

L'offensive sur Goma a suscité de nombreux appels internationaux à la fin des combats et au retrait des troupes rwandaises.

Le président français Emmanuel Macron s'est entretenu avec ses homologues angolais, ougandais et burundais pour tenter d'arrêter les hostilités, a dit la présidence française vendredi.

La Belgique a demandé à l'Union européenne d'envisager des sanctions contre le Rwanda.

M. Tshisekedi a, lui, condamné "le silence" et "l'inaction" de la communauté internationale face à "la barbarie du régime de Kigali", mettant en garde contre "une escalade aux conséquences imprévisibles" dans la région des Grands Lacs.


"Beaucoup de preuves" des crimes d'Assad en Syrie (enquêteurs ONU)

Un homme passe à vélo devant la tour de l'horloge de la ville de Hama, au centre de la Syrie, le 27 janvier 2025. (AFP)
Un homme passe à vélo devant la tour de l'horloge de la ville de Hama, au centre de la Syrie, le 27 janvier 2025. (AFP)
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  • En dépit de la destruction de documents et d'autres indices sur les crimes commis en Syrie sous le régime de Bachar al-Assad, les enquêteurs de l'ONU ont souligné vendredi que "beaucoup de preuves" restaient intactes
  • La chute soudaine du président Bachar al-Assad le mois dernier après des décennies de dictature a permis à la commission d'obtenir un accès au pays, alors qu'elle s'efforçait depuis le début de la guerre civile en 2011 d'enquêter à distance sur ces crimes

Genève, Suisse: En dépit de la destruction de documents et d'autres indices sur les crimes commis en Syrie sous le régime de Bachar al-Assad, les enquêteurs de l'ONU ont souligné vendredi que "beaucoup de preuves" restaient intactes.

"On a trouvé dans le pays beaucoup de preuves, et nous n'éprouverons pas de très grande difficulté à obtenir que soit rendue justice", a dit Hanny Megally, membre de la Commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie.

La chute soudaine du président Bachar al-Assad le mois dernier après des décennies de dictature a permis à la commission d'obtenir un accès au pays, alors qu'elle s'efforçait depuis le début de la guerre civile en 2011 d'enquêter à distance sur ces crimes.

"Cela a été fascinant d'être à Damas, alors que la Commission était restée depuis le début privée d'accès au pays", a ajouté M. Megally devant l'association des correspondants accrédités Acanu, après une récente visite en Syrie.

Décrivant ses visites de prisons à Damas, il a reconnu que "beaucoup de preuves" ont été "abîmées ou détruites" depuis que la population s'est ruée vers les prisons et centres de détention après la chute de Bachar al-Assad.

La célèbre prison de Saydnaya, lieu d'exécutions extrajudiciaires et de tortures qui symbolise les atrocités commises contre les opposants au régime, "est pratiquement vidée de tous documents", a encore déclaré le membre de la Commission d'enquête.

M. Megally a souligné qu'il y avait des signes évidents de "destruction délibérée des preuves", probablement par des proches d'Assad avant leur fuite, citant notamment deux lieux où avaient manifestement été brûlés des documents.

Mais il a estimé que l'Etat syrien sous Assad était un "système qui gardait probablement des doubles de tout, ce qui fait que si des preuves ont été détruites, elles existent à un autre endroit".

D'autres bâtiments recèlent de nombreuses preuves, a-t-il ajouté.

"Il semble qu'il y ait beaucoup de preuves qui sont maintenant à l'abri, et qui pourront, nous l'espérons, être utilisées à l'avenir" pour que justice soit rendue, a-t-il conclu.

Sa collègue Lynn Welchman a estimé que les nouvelles autorités syriennes semblaient "chercher à garantir la préservation des preuves pour l'avenir".

"L'une des choses les plus importantes pour l'avenir sera de garantir que ce qui s'est passé en Syrie ne s'y reproduise plus jamais", a-t-elle jugé. "Il y a beaucoup de travail à faire pour essayer d'en savoir plus sur ce qui s'est passé, afin que toutes les composantes de la société syrienne puissent aller de l'avant."


Meta accepte de payer 25 millions de dollars à Trump après sa plainte sur la suspension de ses comptes

Le PDG de Meta, Mark Zuckerberg (C), assiste à la cérémonie d'investiture de Donald Trump en tant que 47e président des États-Unis dans la rotonde du Capitole à Washington, DC, le 20 janvier 2025. (AP)
Le PDG de Meta, Mark Zuckerberg (C), assiste à la cérémonie d'investiture de Donald Trump en tant que 47e président des États-Unis dans la rotonde du Capitole à Washington, DC, le 20 janvier 2025. (AP)
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  • Meta a accepté de payer 25 millions de dollars de dédommagements à Donald Trump pour mettre fin à ses poursuites engagées après la suspension en 2021 de ses comptes Facebook et Instagram
  • Le président américain avait porté plainte contre Meta et son fondateur, Mark Zuckerberg, en estimant être victime de censure après avoir été exclu de Facebook et d'Instagram le 7 janvier 2021

WASHINGTON: Meta a accepté de payer 25 millions de dollars de dédommagements à Donald Trump pour mettre fin à ses poursuites engagées après la suspension en 2021 de ses comptes Facebook et Instagram, a annoncé mercredi à l'AFP un porte-parole du groupe.

Le président américain avait porté plainte contre Meta et son fondateur, Mark Zuckerberg, en estimant être victime de censure après avoir été exclu de Facebook et d'Instagram le 7 janvier 2021, lors de son premier mandat, pour avoir encouragé ses partisans lors de l'assaut du Capitole à Washington la veille.

Le Wall Street Journal a été le premier à faire état de cet accord, dont un porte-parole de Meta a ensuite confirmé la teneur à l'AFP.

La décision sans précédent de Meta avait été imitée à l'époque par la plupart des réseaux sociaux grand public, dont Twitter.

Meta avait annoncé deux ans plus tard mettre fin à la suspension des comptes de Donald Trump.

Depuis son retour à la Maison Blanche le 20 janvier, le républicain a beaucoup misé sur les magnats de la technologie, oubliant sa rancune à l'égard de Mark Zuckerberg, qui a assisté à sa cérémonie d'ouverture.

Le patron du groupe californien a multiplié les annonces ce mois-ci pour aligner sa société avec la nouvelle administration américaine.

Il a nommé plusieurs alliés du président à des postes clefs et mis fin à des programmes (anti-désinformation, pro-diversité, pro-modération des contenus) très critiqués par les conservateurs.


Suède: l'homme ayant brûlé des exemplaires du Coran en 2023 tué par balles

Salwan Momika, un Irakien de 38 ans qui avait organisé plusieurs incendies et profanations de Coran en Suède, a été tué lors d'une fusillade. (FILE/AFP)
Salwan Momika, un Irakien de 38 ans qui avait organisé plusieurs incendies et profanations de Coran en Suède, a été tué lors d'une fusillade. (FILE/AFP)
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  • Salwan Momika, qui avait déclenché des manifestations de colère dans des pays musulmans en 2023 en brûlant des exemplaires du Coran en Suède, a été tué par balles au sud-ouest de Stockholm dans la nuit de mercredi à jeudi
  • Une enquête pour meurtre a été ouverte et la police a annoncé en milieu de matinée que cinq personnes avaient été arrêtées

STOCKHOLM: Salwan Momika, qui avait déclenché des manifestations de colère dans des pays musulmans en 2023 en brûlant des exemplaires du Coran en Suède, a été tué par balles au sud-ouest de Stockholm dans la nuit de mercredi à jeudi.

Un tribunal de Stockholm devait rendre son jugement jeudi sur les accusations d'incitation à la haine portées contre lui. Il a indiqué avoir reporté sa décision au 3 février "suite à la confirmation du décès de M. Momika".

La police a expliqué avoir été appelée pour des tirs mercredi soir dans un immeuble d'habitation à Sodertälje, à 40 km au sud-ouest de Stockholm, où vivait cet Irakien de confession chrétienne.

A son arrivée dans l'immeuble, elle a trouvé "un homme touché par balles qui a été emmené à l'hôpital", avant d'indiquer plus tard qu'il était mort, sans citer son nom.

Une enquête pour meurtre a été ouverte et la police a annoncé en milieu de matinée que cinq personnes avaient été arrêtées.

"Je peux confirmer que nous enquêtons sur le meurtre de Salwan Momika", a dit de son côté le procureur Rasmus Öman à l'AFP.

"Nous n'en sommes qu'au stade initial, cela ne fait même pas 24 heures. Il y a donc beaucoup d'informations à recueillir. Cinq personnes soupçonnées d'être impliquées dans cette affaire ont été arrêtées", a-t-il ajouté.

Selon plusieurs médias, Momika était en direct sur les réseaux sociaux et son meurtre a peut-être été filmé. Le quotidien Aftonbladet affirme que le meurtrier a pu s'infiltrer dans l'immeuble par le toit.

En août, Momika, ainsi qu'un autre homme, Salwan Najem, ont été renvoyés en jugement pour "agitation contre un groupe ethnique" à quatre reprises au cours de l'été 2023.

Selon l'acte d'accusation, le duo a profané le Coran, y compris en le brûlant tout en faisant des remarques désobligeantes sur les musulmans, notamment une fois à l'extérieur d'une mosquée de Stockholm.

"Je suis le prochain sur la liste", a dit Salwan Najem sur X après la mort de Momika.

-Permis de séjour révoqué-

En mars 2023, Momika s'était rendu en Norvège après la révocation de son permis de séjour suédois mais il avait été expulsé du pays et était revenu en Suède.

L'agence suédoise des Migrations avait révoqué le permis de séjour de Momika, disant qu'il leur avait fourni de fausses informations lors de sa demande d'asile. Un permis temporaire lui avait cependant été octroyé, faute de pouvoir le renvoyer en Irak.

Les relations entre la Suède et plusieurs pays du Moyen-Orient se sont déteriorées à l'été 2003 en raison des actes de profanation du Coran perpétrés par les deux hommes.

En juillet 2023, des manifestants irakiens ont pris d'assaut l'ambassade de Suède à Bagdad à deux reprises, déclenchant la seconde fois des incendies dans l'enceinte de la représentation diplomatique.

En août de la même année, le service de renseignement suédois Sapo avait relevé son niveau de menace à quatre sur une échelle de cinq, les profanations du Coran ayant fait du pays une "cible prioritaire".

Le gouvernement suédois a condamné ces profanations tout en rappelant que la liberté d'expression et de réunion était protégée par la Constitution.

En octobre 2023, un tribunal suédois a reconnu un homme coupable d'incitation à la haine pour avoir brûlé le Coran en 2020, première condamnation de ce type.

Auparavant, la justice estimait qu'un tel geste était protégé par la liberté d'expression mais depuis lors, il peut également être considéré comme une "agitation contre un groupe ethnique".

Le meurtre de Momika intervient en pleine vague de violence en Suède, marquée par une recrudescence d'attaques à l'explosif. Plus de 30 attaques à l'engin explosif ont été commises depuis le début de l'année, liées selon la police à des tentatives d'extorsion et d'intimidation.