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Washington retient son souffle jusqu'à l'investiture du président élu Donald Trump, lundi, en raison de ce qu'il a menacé de faire dès le premier jour de son mandat. Lors d'une réunion publique en 2023, Trump a déclaré que, s'il était élu pour un second mandat présidentiel, il ne serait pas un dictateur «sauf le premier jour». Lors de sa campagne, il a ajouté qu'il voulait «fermer la frontière et forer à tout va» dès le premier jour. Ces mots résonnent dans les esprits et on attend de savoir quel Trump se présentera dans le Bureau ovale.
Les avis divergent sur ce à quoi il faut s'attendre le premier jour. Ses alliés politiques, tout comme ses opposants, s'accordent à dire que ce ne sera pas un jour comme les autres à la Maison Blanche. Le sénateur républicain John Barrasso, chef de la majorité au Sénat, a promis «choc et effroi» ainsi qu'un «déluge de décrets». Bien que tous les présidents signent des décrets dès leur premier jour dans le bureau ovale, Trump devrait en avoir une énorme pile, plus de 100 selon certaines sources. D'autres prédisent que cette vantardise sera plus choquante qu'effroyable, mais même dans ce cas, il ne s'agira pas d'une journée normale.
Le programme de Trump sera vaste, mais il a ses priorités et ce sont les questions sur lesquelles il est censé agir immédiatement.
L'immigration est une priorité absolue pour Trump. Il estime que c'est ce qui l'a fait élire et cette question devrait figurer en tête de liste des décrets. Il a déclaré qu'il utiliserait son pouvoir pour «fermer la frontière». Son attachée de presse, Karoline Leavitt, a confirmé que l'immigration et la frontière avec le Mexique seraient une priorité.
Elle a déclaré: «Nous savons qu’ il lancera, dès le premier jour, la plus grande déportation massive d'immigrés clandestins de l'histoire américaine». Toutefois, la nouvelle administration devra relever un défi de taille, tant sur le plan financier que logistique, et les millions de personnes concernées devront payer un lourd tribut humain.
Selon le ministère de la Sécurité intérieure, on estime à 11 millions le nombre d'immigrés qui, en 2022, n'avaient pas de statut légal permanent aux États-Unis et pourraient donc être expulsés. L'American Immigration Council a calculé le coût de l'expulsion de ces personnes, ainsi qu'une «estimation de l'impact de l'expulsion de 2,3 millions de personnes supplémentaires» qui sont entrées illégalement aux États-Unis par la frontière sud et ont été libérées par le ministère de la Sécurité intérieure entre janvier 2023 et avril 2024. Le coût de l'expulsion de ces deux groupes est estimé à 315 milliards de dollars (1 dollar = 0,97 euro), tout en précisant qu'il s'agit d'une estimation prudente.
Trump espérait qu'un cessez-le-feu à Gaza entrerait en vigueur avant son entrée en fonction et son vœu a été exaucé dimanche.
-Amal Mudallali
Il s'agirait d'une opération de grande envergure. Mais il faut faire quelque chose au sujet de l'immigration pour tenir la promesse faite par le président élu aux électeurs.
Une autre priorité de Trump est de gracier les émeutiers du 6 janvier qui ont été condamnés pour s'être introduits dans le Capitole en 2021. Il s'est engagé à les gracier, mais il n'est pas certain qu'il le fasse dès le premier jour. Trump a récemment évité de donner des détails sur cette question, laissant les gens se demander s'il graciera uniquement les émeutiers non violents ou s'il y aura une grâce générale. Le vice-président J.D. Vance a semblé exclure la possibilité de gracier les délinquants violents et a fait une distinction entre eux et les manifestants pacifiques.
La privation du droit à la citoyenneté automatique, ou droit de naissance, pour les étrangers nés aux États-Unis est un autre décret qui pourrait être étudié dès le premier jour. Le 14e amendement accorde à toutes les personnes nées ou naturalisées aux États-Unis la citoyenneté américaine instantanée, mais Trump veut changer cela. Cette modification entraînera certainement de nombreuses actions en justice de la part de ceux qui s'y opposent et pourrait aboutir devant la Cour suprême.
Trump envisage également d'aborder un autre décret dès le premier jour de son mandat, qui empêcherait l'application de l'interdiction de TikTok. Cela donnerait le temps à la célèbre plateforme de partage de vidéos de trouver une solution, soit par le biais d'une vente ou d'une autre alternative, après que le Congrès a adopté une loi l'interdisant l'année dernière.
Mais qu'en est-il des guerres au Moyen-Orient et en Ukraine? Trump espérait qu'un cessez-le-feu à Gaza entrerait en vigueur avant son entrée en fonction, et son vœu a été exaucé dimanche. Il a également déclaré, à plusieurs reprises pendant la campagne, qu'il pourrait mettre fin à la guerre en Ukraine par un accord dès le premier jour de son mandat, bien qu'il ait récemment fait marche arrière et commencé à utiliser l'expression «très rapidement . Les conseillers du président élu ont admis, la semaine dernière, que la fin de la guerre prendrait des mois, voire «encore plus longtemps».
Mais Trump est déterminé à tenir ses promesses et le monde découvrira bientôt à quoi ressemblera l'Amérique au cours des quatre prochaines années.
Dr Amal Mudallali est consultante sur les questions mondiales. Elle a été ambassadrice du Liban auprès des Nations unies.
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
