France : premier Conseil des ministres de Bayrou, qui voit « un chemin » pour sortir de l'instabilité

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, la ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche Elisabeth Borne, le président de la République Emmanuel Macron, le Premier ministre François Bayrou, le ministre de la Justice Gérald Darmanin, le ministre de l'Outre-mer Manuel Valls, le ministre des Armées Sébastien Lecornu, assis au début de leur premier conseil des ministres depuis leur nomination le 24 décembre 2024, au palais présidentiel de l'Elysée à Paris, le 3 janvier 2025. (Photo / POOL / AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, la ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche Elisabeth Borne, le président de la République Emmanuel Macron, le Premier ministre François Bayrou, le ministre de la Justice Gérald Darmanin, le ministre de l'Outre-mer Manuel Valls, le ministre des Armées Sébastien Lecornu, assis au début de leur premier conseil des ministres depuis leur nomination le 24 décembre 2024, au palais présidentiel de l'Elysée à Paris, le 3 janvier 2025. (Photo / POOL / AFP)
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Publié le Samedi 04 janvier 2025

France : premier Conseil des ministres de Bayrou, qui voit « un chemin » pour sortir de l'instabilité

  • le Premier ministre François Bayrou a assuré vendredi qu'il existait « un chemin » pour sortir de l'instabilité politique en France.
  • Le président Emmanuel Macron a pour sa part appelé les ministres à « l'unité » et à « l'audace », a rapporté la porte-parole du gouvernement Sophie Primas.

PARIS : En amont de son premier Conseil des ministres, lors duquel le président Emmanuel Macron a appelé à « l'unité » et à « l'audace », notamment pour faire adopter rapidement un budget après la censure du précédent gouvernement, le Premier ministre François Bayrou a assuré vendredi qu'il existait « un chemin » pour sortir de l'instabilité politique en France.

« Il existe un chemin » pour sortir de « cette période d'instabilité », « il est même mieux défini qu'on ne le croit », a-t-il assuré à ses ministres, selon son entourage.

Le Premier ministre centriste, âgé de 73 ans, avait placé 2025 sous les auspices d'un triptyque : « réconciliation, action, stabilité ».

Le président Emmanuel Macron a pour sa part appelé les ministres à « l'unité » et à « l'audace », a rapporté la porte-parole du gouvernement Sophie Primas.

Il a également exprimé sa « préoccupation quant aux instabilités que vivent les démocraties », a ajouté une source gouvernementale, et a exprimé son souhait qu'il n'y ait « pas de laisser-aller vers des manœuvres politiques qui mettraient en danger le pays ».

M. Bayrou est le quatrième Premier ministre en 2024. Son prédécesseur n'a tenu que trois mois, avant d'être renversé par une alliance des députés de gauche et d'extrême droite, ce qui constitue une instabilité inédite en France depuis des décennies.

L'Assemblée nationale est fracturée en trois blocs (gauche/centre droit et droite/extrême droite), aucun ne disposant de la majorité absolue.

Le premier défi pour le nouveau gouvernement sera de faire adopter un budget pour 2025 par l'Assemblée nationale, sous la pression des oppositions et des marchés financiers.

Catherine Vautrin, ministre en charge notamment du Travail et de la Santé, a expliqué sur RTL que « la France fonctionne en service minimum » parce que le pays est privé de loi de finances depuis le 1^(er) janvier. « Si on n'a pas de budget, on ne va pas pouvoir s'occuper des habitants des quartiers », a pour sa part souligné la nouvelle ministre de la Ville, Juliette Méadel, sur TF1.

Avec un déficit qui devrait nettement dépasser les prévisions cette année, s'élevant à 6,2 % du PIB, la France figure parmi les cancres en Europe. Elle affiche la pire performance des Vingt-Sept, à l'exception de la Roumanie, avec un déficit bien supérieur au plafond de 3 % autorisé par les règles de l'UE.

Selon le journal Le Monde, M. Bayrou se serait fixé un objectif de déficit à 5,4 % du PIB.

Il présentera le 14 janvier sa déclaration de politique générale, alors qu'il affiche une cote de popularité historiquement basse.

Et selon un sondage Odoxa-Backbone Consulting pour Le Figaro publié vendredi, une large majorité de Français (61 %) se disent favorables à une démission d'Emmanuel Macron, soit 2 points de plus qu'en décembre, et 7 points de plus qu'en septembre, selon cette enquête réalisée les 2 et 3 janvier 2025.


Selon Macron, l'Algérie se « déshonore » en ne libérant pas l'écrivain Boualem Sansal

Le président français Emmanuel Macron prononce son discours devant les ambassadeurs de France en poste dans le monde, le 6 janvier 2025 au palais de l'Élysée à Paris. (Photo AFP)
Le président français Emmanuel Macron prononce son discours devant les ambassadeurs de France en poste dans le monde, le 6 janvier 2025 au palais de l'Élysée à Paris. (Photo AFP)
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  • "L'Algérie que nous aimons tant et avec laquelle nous partageons tant d'enfants et tant d'histoires entre dans une histoire qui la déshonore, à empêcher un homme gravement malade de se soigner.
  • Ce n'est pas à la hauteur de ce qu'elle est", a-t-il asséné devant les ambassadeurs français réunis à l'Elysée.

PARIS : Le président français Emmanuel Macron a estimé lundi que l'Algérie se "déshonore" en ne libérant pas l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, arrêté à la mi-novembre à Alger.

"L'Algérie que nous aimons tant et avec laquelle nous partageons tant d'enfants et tant d'histoires entre dans une histoire qui la déshonore, à empêcher un homme gravement malade de se soigner. Ce n'est pas à la hauteur de ce qu'elle est", a-t-il asséné devant les ambassadeurs français réunis à l'Elysée.

"Et nous qui aimons le peuple algérien et son histoire, je demande instamment à son gouvernement de libérer Boualem Sansal", a-t-il ajouté. Ce "combattant de la liberté" est "détenu de manière totalement arbitraire par les responsables algériens", a-t-il martelé.

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a évoqué pour la première fois son arrestation le 29 décembre, le qualifiant d'« imposteur » envoyé par la France.

L'auteur de 2084: la fin du monde, naturalisé français en 2024, est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de M. Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, dans lesquelles il reprenait la position du Maroc selon laquelle le territoire du pays aurait été tronqué sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son arrestation s'ajoute à la nouvelle crise entre Paris et Alger, initiée en juillet par la décision d'Emmanuel Macron de reconnaître le Sahara occidental comme relevant de la souveraineté marocaine.

L'ex-colonie espagnole du Sahara occidental, considérée comme un « territoire non autonome » par l'ONU, oppose depuis un demi-siècle le Maroc aux indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par Alger.


Budget : le gouvernement s'attend à un dialogue plus « fécond » avec la gauche qu'avec le RN

Le ministre de l’Économie et des Finances, Eric Lombard (C), est accueilli par le ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie, Antoine Armand (R), lors de la cérémonie de passation au ministère de l’Économie et des Finances (Bercy) à Paris, le 23 décembre 2024. (Photo AFP)
Le ministre de l’Économie et des Finances, Eric Lombard (C), est accueilli par le ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie, Antoine Armand (R), lors de la cérémonie de passation au ministère de l’Économie et des Finances (Bercy) à Paris, le 23 décembre 2024. (Photo AFP)
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  • « Je pense qu'il y a plus de perspectives d'un dialogue fécond avec les partis de gauche qu'avec le Rassemblement national », a déclaré M. Lombard sur France Inter, malgré le refus de LFI de l'entendre.
  • L'objectif est de préparer le budget pour 2025, car la France est dépourvue de budget en raison de la censure du gouvernement de Michel Barnier, le 4 décembre.

PARIS : Éric Lombard, ministre de l'Économie, a estimé lundi que le dialogue s'annonçait « fécond » avec les partis de gauche plutôt qu'avec le Rassemblement national, alors que débutent les consultations avec les forces politiques pour préparer le budget 2025.

« Je pense qu'il y a plus de perspectives d'un dialogue fécond avec les partis de gauche qu'avec le Rassemblement national », a déclaré M. Lombard sur France Inter, malgré le refus de LFI de l'entendre.

Il a souligné qu'il ne s'aligneraient « pas nécessairement » sur les lignes rouges de la cheffe de file des députés du RN, Marine Le Pen, car « la démarche par lignes rouges est une démarche qui coince tout le monde (...), il n'y a pas de solution avec les lignes rouges ».

Avec la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin, le ministre de l'Économie Éric Lombard reçoit les forces politiques jusqu'à la déclaration de politique générale du Premier ministre François Bayrou, le 14 janvier. L'objectif est de préparer le budget pour 2025, car la France est dépourvue de budget en raison de la censure du gouvernement de Michel Barnier, le 4 décembre.

Marc Fesneau, président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale, est reçu à 9 heures. Suivront à 12 heures Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, Boris Vallaud, président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, et Patrick Kanner, son homologue au Sénat. Les écologistes et les communistes devraient être reçus mercredi.

Vendredi, ce sera au tour du RN, selon Éric Lombard.

« Nous allons, avec le Premier ministre et les autres membres du gouvernement concernés, notamment Catherine Vautrin qui gère les questions de retraites, regarder (...) quelle politique nous paraît conforme aux objectifs que nous nous sommes donnés et qui répond à leurs demandes aussi », a-t-il expliqué.

Pour 2025, le gouvernement vise un déficit public compris entre 5 % et 5,5 % du produit intérieur brut, après un niveau « autour de 6,1 % » attendu pour 2024, selon le ministre de l'Économie. Cela nécessitera un effort budgétaire « autour de 50 milliards d'euros », moins que les 60 milliards qu'ambitionnait le gouvernement précédent, qui passera « essentiellement » par des économies.


Soupçons de financement libyen: Nicolas Sarkozy attendu lundi au tribunal

Le président français Nicolas Sarkozy (à gauche) accueille le dirigeant libyen Moamer Kadhafi au palais de l'Élysée, à Paris, le 10 décembre 2007. (AFP)
Le président français Nicolas Sarkozy (à gauche) accueille le dirigeant libyen Moamer Kadhafi au palais de l'Élysée, à Paris, le 10 décembre 2007. (AFP)
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  • L'ancien président, 69 ans, sera présent pour l'ouverture de son procès à 13H30, assure son entourage, le disant "combatif" et "déterminé" à prouver son innocence face à ce qu'il a toujours qualifié de "fable"
  • Il est accusé d'avoir passé fin 2005, notamment avec l'aide de ses très proches Brice Hortefeux et Claude Guéant, un "pacte de corruption" avec le richissime dictateur libyen tombé en 2011, pour qu'il "soutienne" financièrement son accession à l'Elysée

PARIS: Un nouveau procès pour Nicolas Sarkozy: l'ex-chef de l'Etat est attendu au tribunal de Paris lundi après-midi, cette fois pour répondre, pendant quatre mois et aux côtés de trois anciens ministres, d'accusations de financement illégal de sa campagne de 2007 par la Libye de Mouammar Kadhafi.

L'ancien président, 69 ans, sera présent pour l'ouverture de son procès à 13H30, assure son entourage, le disant "combatif" et "déterminé" à prouver son innocence face à ce qu'il a toujours qualifié de "fable".

Il est accusé d'avoir passé fin 2005, notamment avec l'aide de ses très proches Brice Hortefeux et Claude Guéant, un "pacte de corruption" avec le richissime dictateur libyen tombé en 2011, pour qu'il "soutienne" financièrement son accession à l'Elysée.

Jugé pour corruption, recel de détournement de fonds publics, financement illégal de campagne et association de malfaiteurs, il encourt 10 ans de prison et 375.000 euros d'amende, ainsi qu'une privation des droits civiques (donc une inéligibilité) allant jusqu'à 5 ans.

L'accusation sera portée par le Parquet national financier (PNF).

"J'ai la conviction d'une culpabilité qui conduit à un procès", tirée "d'auditions, de témoins, de retraçage de flux financiers, d'éléments d'entraide qui nous ont été fournis par 21 pays au total", a déclaré le procureur financier Jean-François Bohnert lundi matin sur BFMTV/RMC.

Mais cette thèse, "qui sera combattue par la défense", "doit être partagée par celles et ceux qui décident, les juges", qui trancheront après les quatre mois de procès, a-t-il ajouté.

"Notre travail n'est pas un travail politique, nous ne sommes pas engagés politiquement", a-t-il aussi déclaré. "Nous n'avons qu'une seule boussole, c'est la loi".

C'est le cinquième procès en cinq ans de Nicolas Sarkozy, condamné en première instance et en appel dans le dossier Bygmalion (sur le financement de sa campagne de 2012, il a formé un pourvoi en cassation), et dans le dossier Bismuth.

Dans cette dernière affaire, dite "des écoutes", son pourvoi a été rejeté mi-décembre, rendant définitive sa condamnation à un an de prison ferme sous bracelet électronique, une sanction inédite pour un ancien président.

Il ne porte pas encore de bracelet - cela peut prendre plusieurs semaines - ce qui lui a permis de passer ses vacances aux Seychelles, avec sa femme, la chanteuse Carla Bruni, et leur fille.

Kadhafi à Paris 

Le procès débutera avec l'appel des 12 prévenus, des parties civiles et des témoins, avant les questions de procédures, qui devraient occuper le tribunal toute la première semaine.

Les audiences auront lieu les lundi, mercredi et jeudi après-midi, jusqu'au 10 avril. Nicolas Sarkozy sera selon son entourage présent à chaque audience pendant le premier mois, consacré aux soupçons de financement. Des volets annexes seront abordés les semaines suivantes.

"Il va combattre la construction artificielle imaginée par l'accusation. Il n'y a aucun financement libyen de la campagne", a déclaré son avocat, Me Christophe Ingrain.

Pour l'accusation, le "pacte de corruption" s'est noué à l'automne 2005 à Tripoli, sous la tente de Mouammar Kadhafi, connu pour être très généreux avec ses visiteurs étrangers.

Nicolas Sarkozy était alors un ambitieux et très médiatique ministre de l'Intérieur pensant à la présidentielle "pas simplement quand (il se) rase". Sa visite en Libye était officiellement consacrée à l'immigration clandestine.

L'accusation n'a pas pu établir un montant total exact du financement présumé. Mais après 10 ans d'enquête, un "faisceau d'indices" a convaincu les juges d'instruction de l'existence de ce soutien financier, qui serait passé par Claude Guéant et Brice Hortefeux, alors garde rapprochée de Nicolas Sarkozy.

Les contreparties supposées ? D'abord une réhabilitation internationale: Kadhafi sera accueilli en grande pompe par Nicolas Sarkozy fraîchement élu président lors d'une visite controversée à Paris, première depuis trois décennies.

Mais aussi la signature de gros contrats et un coup de main judiciaire à Abdallah Senoussi, directeur des renseignements libyens condamné à perpétuité en son absence en France pour son rôle dans l'attentat du DC-10 d'UTA en 1989, qui a coûté la vie à 170 personnes dont 54 Français. Une vingtaine de proches sont parties civiles au procès.

Parmi les prévenus figurent l'ex-ministre Eric Woerth, trésorier de la campagne, dans laquelle du cash d'origine inconnue a circulé selon l'enquête. Ainsi que deux hommes de l'ombre, rompus aux négociations internationales parallèles: le discret Alexandre Djouhri et le sulfureux et versatile Ziad Takieddine - aujourd'hui en fuite au Liban.