Bayrou sous pression, réunion au sommet à Matignon

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Publié le Jeudi 19 décembre 2024

Bayrou sous pression, réunion au sommet à Matignon

  • Le Premier ministre invite à 14h00 les présidents de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et du Sénat Gérard Larcher, ainsi que "les présidents de partis et de groupes qui ont eu la responsabilité des affaires du pays
  • François Bayrou "méprise le Rassemblement national et ses millions d'électeurs", a fustigé le vice-président du parti Sébastien Chenu

PARIS: Au terme d'une première série de consultations, François Bayrou convie les forces politiques, sans LFI ni le RN, jeudi à Matignon, avant de finaliser son gouvernement, mais de nombreux obstacles demeurent.

Le Premier ministre invite à 14h00 les présidents de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et du Sénat Gérard Larcher, ainsi que "les présidents de partis et de groupes qui ont eu la responsabilité des affaires du pays à une période ou à une autre de la Ve République", écrit-il dans une lettre.

Une formulation qui exclut le Rassemblement national et son allié, l'UDR d'Éric Ciotti, ainsi que La France insoumise, fondée en 2016.

François Bayrou "méprise le Rassemblement national et ses millions d'électeurs", a fustigé le vice-président du parti Sébastien Chenu.

L'accueil est également frais chez certains invités.

Après avoir réservé leur participation, les Écologistes ont fait savoir jeudi matin qu'ils se rendraient à Matignon, en appelant toutefois à ne pas poursuivre une politique "désavouée par les électeurs".

Les premiers pas du Premier ministre sont "complètement ratés", a commenté Marine Tondelier mercredi sur BFMTV. Il est "la risée des Français" depuis son aller-retour dans sa ville de Pau, en pleine crise à Mayotte.

"Il faut qu'il bouge sur les retraites", "sur les services publics", "sur les impôts, sur la solidarité", a lancé le président des députés PS Boris Vallaud sur Sud radio, se disant "inquiet" des différents signaux reçus depuis cinq jours.

Un gouvernement dimanche ? 

Nommé vendredi, François Bayrou reçoit depuis responsables politiques et parlementaires rue de Varenne, groupe par groupe, en entretiens officiels ou plus informels.

Sa première semaine à Matignon a surtout été marquée par le tombereau de critiques sur sa présence lundi soir au Conseil municipal de Pau, ville dont il entend rester maire, alors qu'un cyclone venait de ravager Mayotte.

Il a dû s'en expliquer mardi pour sa première séance à l'Assemblée nationale, sans parvenir à faire taire les critiques. Le tout en multipliant les allers-retours à l'Élysée pour la formation du gouvernement.

Emmanuel Macron étant jeudi à Mayotte, avant de se rendre ensuite auprès des troupes françaises à Djibouti, plusieurs acteurs évoquent une annonce de gouvernement dimanche. Les deux maisons de l'exécutif ne donnent aucune date.

Dans sa lettre aux partis, M. Bayrou invoque, parallèlement à la crise politique et budgétaire, la situation de l'archipel de l'océan Indien, qui a subi "probablement la catastrophe naturelle la plus grave de l'histoire de France depuis plusieurs siècles".

Il évoque aussi la Nouvelle-Calédonie, estimant que "ces deux situations additionnées" placent les responsables politiques "devant des responsabilités inédites".

Suffisant pour emporter une forme d'union ? Sans majorité à l'Assemblée, le centriste, qui prône depuis des décennies un gouvernement rassemblant les diverses sensibilités, fait face aux exigences appuyées des Républicains (LR) à droite et à des velléités de censures croissantes à gauche.

Le format de réunion rappelle celui d'il y a neuf jours autour d'Emmanuel Macron à l'Élysée, où avaient été évoqués des scénarios de non-censure des oppositions, en échange d'une absence de recours au 49.3 par le gouvernement ou à la dissolution par le président.

"Une chimère" 

Mais les LR font monter la pression. Mercredi, François Bayrou a reçu le ministre de l'Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau, qui venait de déclarer que les conditions n'étaient "pas réunies" de son maintien place Beauvau.

"Je n'ai pas de ligne rouge", a cependant nuancé jeudi sur TF1 Gérard Larcher qui juge qu'il faut "apporter des remèdes sur le retour à l'équilibre budgétaire et la question de la sécurité". "Il y a urgence d'avoir un gouvernement", a-t-il insisté.

Même critique à front renversé venant de la gauche: "S'il vient pour nous proposer le même budget qu'avait proposé Monsieur Barnier (...), nous censurons", a insisté le communiste Fabien Roussel.

La réunion à Matignon est "une chimère", a lancé Mathilde Panot. La cheffe des députés de La France insoumise dit "croire" que les quatre composantes du Nouveau Front populaire (PS, PCF, Ecologistes et LFI) voteront la motion de censure que son groupe déposera le 14 janvier, après la déclaration de politique générale de François Bayrou.

"C'est le moment (...) qui décidera qui est dans l'opposition au gouvernement et qui soutient ce gouvernent", a-t-elle martelé sur RMC-BFMTV.

Le Premier ministre ne recueille que 36% de satisfaction selon un sondage Ifop pour Sud Radio jeudi, contre 52% et 53% pour ses prédécesseurs Michel Barnier et Gabriel Attal, à leurs débuts à Matignon.


Tirs dans la banlieue de Grenoble: un homme entre la vie et la mort

Depuis le début de l'année, une cinquantaine d'épisodes de violence par arme à feu liés au trafic de drogue ont été recensés sur le territoire de Grenoble et d'Echirolles, commune de 36.000 habitants limitrophe de la métropole alpine, les autorités n'hésitant plus à parler de "guerre des gangs". (AFP)
Depuis le début de l'année, une cinquantaine d'épisodes de violence par arme à feu liés au trafic de drogue ont été recensés sur le territoire de Grenoble et d'Echirolles, commune de 36.000 habitants limitrophe de la métropole alpine, les autorités n'hésitant plus à parler de "guerre des gangs". (AFP)
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  • Un homme a été blessé par balles jeudi matin à Echirolles, dans la banlieue de Grenoble, et son pronostic vital est engagé, a indiqué le parquet à l'AFP
  • Il a été découvert à 5h45 sur la voie publique de cette commune lourdement affectée par le trafic de drogues, a précisé la police

GRENOBLE: Un homme a été blessé par balles jeudi matin à Echirolles, dans la banlieue de Grenoble, et son pronostic vital est engagé, a indiqué le parquet à l'AFP.

Il a été découvert à 5h45 sur la voie publique de cette commune lourdement affectée par le trafic de drogues, a précisé la police.

L'homme avait des impacts de balles à la tête et dans le bas du dos et a été transféré à l'hôpital par les secours qui ont alerté les forces de l'ordre, a-t-elle ajouté.

L'enquête a été confiée à la Division criminalité organisée et spécialisée (DCOS).

Depuis le début de l'année, une cinquantaine d'épisodes de violence par arme à feu liés au trafic de drogue ont été recensés sur le territoire de Grenoble et d'Echirolles, commune de 36.000 habitants limitrophe de la métropole alpine, les autorités n'hésitant plus à parler de "guerre des gangs".


«Mayotte est morte»: dans un quartier précaire de l'île, ruines et désolation

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  • Selon un bilan provisoire du ministère de l'Intérieur, le cyclone a fait 31 morts et 1.373 blessés, même si les autorités anticipent un nombre de victimes beaucoup plus important
  • A la Vigie, où vivaient des milliers de personnes, les bangas (habitats précaires) ont été réduits à néant et l'on aperçoit désormais le bras de lagon séparant Petite terre, où Pamandzi se trouve, de Grande terre, où l’œil du cyclone est passé

PAMANDZI: "Mayotte est morte", lance tristement Moussa Hamidouni depuis un quartier précaire de l'archipel français de l'océan Indien, à Pamandzi. Autour de lui, le paysage n'est que ruines, végétation arrachée et désolation, alors que certains se faufilent dans les gravats pour récupérer ce qui peut encore l'être et d'autres tentent de reconstruire.

La Vigie, qui surplombe la commune de Pamandzi, s'est soudainement retrouvée à nu après le passage du cyclone Chido, le plus ravageur en près d'un siècle dans l'océan Indien. Les baraques de tôle et de bois ont été éparpillées par des vents de plus de 200 km/h. Les arbres sont déchiquetés.

"Quand je suis revenu ici, j'étais perdu", raconte cet agent hospitalier de 44 ans, réquisitionné durant la catastrophe et qui n'est arrivé qu'ensuite chez lui. Mais parvenu à 100 mètres de son domicile, "je ne savais plus où j'étais", poursuit-il.

De sa maison en dur, l'une des rares encore debout, devant laquelle des enfants sautent à la corde, un câble électrique arraché faisant office de corde, l'immensité de la destruction saisit. Dans les décombres partout autour, quelques vêtements sèchent - les rares possessions que certains ont pu sauver.

Des coups de marteaux résonnent. Ceux des victimes essayant de reconstruire leurs baraques.

"Mayotte est morte", s'alarme Moussa Hamidouni, qui, des outils à la main, tente  de récupérer des poutrelles. "Parce que ce n'est pas que mon quartier. Tout Mayotte est comme ça." Du nord au sud de l'île, affirme-t-il, "il n'y a plus d'arbres qui tiennent debout. Et même les semences, tout est brûlé."

Selon un bilan provisoire du ministère de l'Intérieur, le cyclone a fait 31 morts et 1.373 blessés, même si les autorités anticipent un nombre de victimes beaucoup plus important.

"Vide" 

A la Vigie, où vivaient des milliers de personnes, les bangas (habitats précaires) ont été réduits à néant et l'on aperçoit désormais le bras de lagon séparant Petite terre, où Pamandzi se trouve, de Grande terre, où l’œil du cyclone est passé et les dégâts sont immenses.

"Là, c'est vide. On voit tout se rapprocher, soupire le quadragénaire. On peut presque toucher le terrain de foot qui était à des kilomètres" avant.

"Je ressens maintenant toute la chaleur qui a triplé, témoigne son épouse Nasreddine Akilaby, salariée de la Croix-Rouge. Quand il y a le soleil, on le sent, parce qu'il n'y a plus d'arbres."

Et cette mère de quatre enfants de se remémorer son petit de 8 ans, recroquevillé "en mode fœtus" alors que les parpaings de l'étage supérieur de leur maison, en construction, tombaient les uns après les autres durant le cyclone.

"On avait l'impression que c'était un tremblement de terre", poursuit-elle, affirmant "s'estimer heureuse" car sa famille est indemne et "il y a beaucoup d'entraide et de la solidarité" entre les victimes de Chido.

Chez Nasreddine Akilaby et Moussa Hamidouni sont désormais hébergées trois familles voisines ayant tout perdu. L'une d'elles déplore le décès d'un homme, fauché par un arbre.

Amada Bakar raconte avoir transporté son cadavre dans un drap jusqu'au bas de la Vigie. Le visage hagard, ce travailleur du bâtiment est assis face aux ruines de sa baraque, dans laquelle il vivait depuis 5 ans, et qu'il n'aura pas l'argent pour reconstruire.

"Nulle part où aller" 

Alors que sa femme et leurs deux enfants sont hébergés à l'hôpital, ce Comorien, qui dit vivre depuis plus de quinze ans à Mayotte, mais être sans-papier, dort désormais à la belle étoile, sur l'ancien matelas du couple. "Je n'ai nulle part où aller", se lamente-t-il.

D'après l'Insee, 77% de la population de Mayotte vit sous le seuil de pauvreté, soit cinq fois plus que la moyenne nationale. Les Comoriens, qui constituent près de la moitié des 320.000 habitants de l'île, vivent nombreux dans l'habitat informel dévasté par Chido.

Saïda Asoumani Soubrata, Comorienne de 18 ans déjà bachelière, qui a obtenu une première carte de séjour l'année dernière, aurait pu en être sortie. A la rentrée, la jeune femme était inscrite dans une université parisienne, mais son visa n'est jamais venu, regrette-t-elle.

Son quotidien depuis le cyclone Chido est apocalyptique: "On vit dans la rue parce qu'on n'a nulle part où aller. On prend nos matelas, on les pose par terre et on dort. Pour pouvoir se lever le matin et essayer de reconstruire quelque chose."

Mais le soir venu, le sommeil ne vient pas, car les "cris" et les pleurs de ses proches, coincés comme elle pendant quatre heures sous des gravats, remontent.

Et il y a surtout la vision de son père et de son petit frère, fauchés par les vents, et qui ont subitement disparu de sa vue en plein cyclone. "C'est ça qui me choque le plus."

 


Ankara salue l'envoi de diplomates français à Damas

L'ambassade de France à Damas. (AFP)
L'ambassade de France à Damas. (AFP)
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  • La Turquie a rouvert samedi son ambassade à Damas, qui était fermée depuis 2012
  • "Au cours de l'entretien, le président Erdogan a déclaré (...) qu'il était satisfait de la décision de la France de rouvrir son ambassade en Syrie", a souligné la présidence turque dans un message diffusé sur X

ISTANBUL: Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui soutient le nouveau pouvoir syrien, a salué mercredi l'envoi d'une mission diplomatique française à Damas dans un entretien téléphonique avec son homologue français Emmanuel Macron, a annoncé Ankara.

"Au cours de l'entretien, le président Erdogan a déclaré (...) qu'il était satisfait de la décision de la France de rouvrir son ambassade en Syrie", a souligné la présidence turque dans un message diffusé sur X, même si, pour l'instant, Paris s'est borné à dépêcher à Damas des émissaires sans annoncer la réouverture officielle de la mission diplomatique française.

La Turquie a rouvert samedi son ambassade à Damas, qui était fermée depuis 2012.

La France a quant à elle envoyé mardi dans la capitale syrienne une équipe de quatre diplomates qui se sont entretenus avec les autorités de transition. Ils avaient aussi pour mission de se rendre à l'ambassade de France, fermée depuis 2012, "afin de travailler à la réouverture, en fonction des conditions politiques et sécuritaires, du dispositif diplomatique" français.

Outre la France, dont le drapeau flotte désormais sur son ambassade à Damas, l'Allemagne, le Royaume-Uni et l'ONU ont envoyé des émissaires dans la capitale syrienne afin de nouer des contacts avec les autorités de transition, dont les premiers pas au pouvoir sont observés avec prudence.

Les nouvelles autorités syriennes, dominées par des islamistes, s'emploient de leurs côtés à rassurer sur leur capacité à pacifier la Syrie, morcelée et dévastée par treize ans de guerre civile.

Au cous de leur conversation téléphonique, Emmanuel Macron "a précisé au président Erdogan que la France soutiendrait les efforts régionaux pour préserver l’unité et la souveraineté de la Syrie", a rapporté l'Elysée dans un communiqué.

"Les deux chefs d’Etat ont salué la chute du régime de Bachar al-Assad" qui a mis "un terme à des années de dictature, de violence et d’oppression pour le peuple syrien", selon la présidence française.

"Ils ont à cet égard indiqué leur souhait qu’une transition politique pacifique et représentative, conforme aux principes de la résolution 2254, respectueuse des droits fondamentaux de toutes les communautés en Syrie, soit conduite dans les meilleurs délais", a-t-elle ajouté.