Munther Isaac, pasteur de l’Église évangélique luthérienne à Bethléem «horrifié» que la guerre de Gaza se poursuive

Le pasteur palestinien de l’Église évangélique luthérienne de Noël à Bethléem, a déclaré, dans un entretien accordé à Arab News, que sa source durable d’espoir est sa «foi en Dieu et la résilience de notre peuple palestinien». (Photo: Arab News)
Le pasteur palestinien de l’Église évangélique luthérienne de Noël à Bethléem, a déclaré, dans un entretien accordé à Arab News, que sa source durable d’espoir est sa «foi en Dieu et la résilience de notre peuple palestinien». (Photo: Arab News)
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Publié le Mercredi 25 décembre 2024

Munther Isaac, pasteur de l’Église évangélique luthérienne à Bethléem «horrifié» que la guerre de Gaza se poursuive

  • «Beaucoup ont pris conscience pour la première fois de l’occupation de la Palestine», déclare le révérend Munther Isaac dans un entretien accordé à Arab News
  • Le pasteur partage sa foi inébranlable dans la résilience palestinienne alors qu'on s’apprête à fêter un deuxième Noël, en toute discrétion, compte tenu de la guerre à Gaza

BETHLEEM: À la lumière des souffrances qui se poursuivent à Gaza, le révérend Munther Isaac, pasteur palestinien de l’Église évangélique luthérienne de Noël à Bethléem, a déclaré, dans un entretien accordé à Arab News, que sa source durable d’espoir est sa «foi en Dieu et la résilience de notre peuple palestinien».

Isaac, qui a attiré l’attention du monde entier, à Noël l’année dernière, après que son église a dévoilé une crèche représentant l’enfant Jésus drapé dans un keffieh au milieu d’un tas de décombres, représentant la guerre à Gaza, a déclaré avoir été surpris par la réaction mondiale à cette initiative.

«Cela fait un an que nous avons installé le Christ sous les décombres de notre église, ici à Bethléem, et honnêtement, je suis profondément choqué et horrifié que cette guerre se poursuive toujours et que tous nos efforts, en plus des manifestations à travers le monde, des cris et des photos de personnes et d’enfants tués n’aient pas réussi à mettre fin à cette guerre», a-t-il déclaré.

Israël a lancé une opération militaire dévastatrice à Gaza en représailles à l’attaque menée par le Hamas le 7 octobre 2023 contre le sud d’Israël, qui a tué quelque 1 200 personnes, dont la plupart sont des civils israéliens. Par ailleurs, environ 250 personnes ont été prises en otage, dont des dizaines de ressortissants étrangers.

Le bombardement de Gaza et la mainmise sur les flux d’aide dans le territoire assiégé ont entraîné plus de 43 000 morts, dont 70% de femmes et d’enfants, selon les responsables du ministère de la Santé, ce qui a conduit à des accusations de génocide.

Isaac a déclaré que la répulsion généralisée inspirée par le conflit avait favorisé l’émergence d’un mouvement mondial de soutien à la cause palestinienne, plusieurs églises du monde entier ayant copié l’image de Jésus sous les décombres pour témoigner de leur soutien.

«Je reçois encore ces jours-ci, un an après, des images d’églises du monde entier qui ont suivi une démarche similaire, que ce soit dans leurs églises ou dans les manifestations. Des dirigeants d’église portent des pancartes avec l’image de Jésus sous les décombres ou le slogan selon lequel si Jésus était né aujourd’hui, il serait retrouvé sous les décombres», a-t-il déclaré.

Le pasteur palestinien dit avoir été «bouleversé» par cette réponse et par l’attention des médias.

«Je suis reconnaissant que cela nous ait permis de parler de la souffrance de notre peuple et d’essayer autant que possible d’humaniser notre message selon lequel il s’agit d’enfants, de vraies personnes», a-t-il déclaré.

«Nous voyons des gens s’unir dans les églises et parfois dans les synagogues dans le but de convaincre les seigneurs de guerre, comme ils les appellent, de mettre fin à cette guerre.»

Mais ce natif de la ville de Beit Sahour, dans le district de Bethléem, où s’est déroulée l’histoire biblique des bergers surveillant leur troupeau la nuit, a appelé les partisans et ceux qui peuvent faire preuve de solidarité avec les Palestiniens à se rendre dans les territoires occupés.

Isaac, qui est également le doyen du Bethlehem Bible College, a supervisé, en mai, une conférence internationale intitulée «Le Christ au point de contrôle», qui a attiré des centaines de participants en provenance du monde entier.

«C’était formidable de voir des gens venir du monde entier pour exprimer leur soutien et leur solidarité, pour séjourner dans nos hôtels et pour se rendre dans nos restaurants et nos boutiques», a déclaré Isaac.

L’industrie touristique de Bethléem a été durement touchée par le déclin spectaculaire du nombre de visiteurs depuis le déclenchement de la guerre à Gaza en octobre 2023. Avant le conflit, plus d’un million de pèlerins et de touristes visitaient le lieu de naissance de Jésus chaque année.

Isaac est devenu une voix mondiale pour les chrétiens et les Palestiniens, participant à des réunions avec des responsables de la sécurité nationale à la Maison Blanche et à des manifestations propalestiniennes à Londres. Il s’est par ailleurs récemment exprimé dans une mosquée d’Afrique du Sud.

Il a été très sévère dans son évaluation des nouveaux membres du cabinet du président élu américain Donald Trump, notamment envers le nouvel ambassadeur américain en Israël, Michael Huckabee, qui a déclaré qu’il ne croyait pas à l’occupation israélienne.

«À les entendre dire qu’il n’y a pas d’occupation, que c’est la Judée et la Samarie (plutôt que la Cisjordanie), cela montre clairement leur réalité imaginaire de la Palestine à partir de leur compréhension biblique, éloignée de toute réalité sur le terrain, qu’il s’agisse du droit international ou de la réalité dans laquelle nous vivons», a déclaré Isaac.

«Il affirme qu’il n’y a pas d’occupation. J’aimerais qu’il m’accompagne lorsque nous emmenons nos enfants à l’école tous les jours et que nous passons devant un poste de contrôle où les soldats (israéliens) braquent leurs armes sur nous.»

Isaac soutient que le plus dangereux chez les adeptes de cette idéologie est qu’ils «vivent dans une réalité totalement différente. Ce sont les temps bibliques imaginés. Dieu a donné la terre à Israël, qu’importe ce que dit le droit international».

«Peu importe que les Palestiniens vivent sur cette terre depuis des générations. Pour eux, la seule réalité qui compte est la façon dont ils comprennent la Bible.»

«Je trouve étrange que ce soient les mêmes personnes qui prêchent au monde la séparation de l’État et de la religion tout en imposant, à notre peuple et à moi, leurs propres croyances religieuses. Ils veulent que nous tous au Moyen-Orient acceptions non seulement leur religion, mais aussi la façon dont ils interprètent la Bible, ce sur quoi tous les chrétiens ne sont pas d’accord.»

«Et ils veulent imposer leurs croyances aux Arabes, aux Palestiniens, et même aux chrétiens palestiniens, au mépris total de la réalité ou du droit international.»

Cependant, Isaac a déclaré qu’il constatait des changements, ou ce qu’il appelle des «fissures dans le mur», dans la façon dont les chrétiens réagissent. «Je reçois beaucoup de messages et je commence à voir ce changement. Les crimes qu’Israël commet sont si difficiles à ignorer», a-t-il déclaré.

Dans son sermon de Noël de l’année dernière, Isaac a déclaré que le conflit à Gaza avait divisé le monde. Il affirme aujourd’hui que Gaza «a également créé une division parmi les chrétiens dans leur vision de la guerre».

«Certains continuent de croire et de soutenir le récit occidental selon lequel Israël se défend et qu’il s’agit d’une guerre légitime, ou encore le discours sioniste chrétien qui dit que c’est la terre d’Israël, alors que d’autres, plus préoccupés par la justice et les droits de l’homme, commencent à s’exprimer», soutient-il.

«Beaucoup en ont pris conscience pour la première fois. N’oublions pas que nombreux sont ceux qui, en Occident, ne se rendent même pas compte que les chrétiens palestiniens existent. Ainsi, lorsqu’ils voient et entendent des pasteurs dire que même l’église de Gaza a été attaquée et que des chrétiens de Gaza ont été tués et que des femmes ont été abattues dans la cour de l’église, cela remet en question leur point de vue selon lequel ce changement ne suffit pas à mettre fin à la guerre.»

Isaac affirme qu’il existe de nombreux parallèles entre l’histoire de Noël et ce que vivent les Palestiniens aujourd’hui.

«Jésus est né sous l’occupation, est devenu un réfugié et a survécu au massacre d’enfants», a-t-il déclaré. «Toutes ces histoires sont dans l’Évangile. Lorsque nous regardons Jésus, nous trouvons de l’espoir. Quand nous nous tournons vers Dieu, qui est juste et bon, nous avons de l’espoir.»

«C’est pourquoi, en cette période de Noël, notre espoir émane de notre foi. Nous continuerons à prier.»

Comme l’année dernière, les décorations festives de Bethléem seront à nouveau plus discrètes en signe de respect à l’égard de ceux qui ont été tués et qui souffrent à Gaza. «Oui, il n’y aura ni arbres de Noël ni pères Noël allumés», a déclaré Isaac. «Cela nous permet de parler de la véritable signification de Noël.»

Les chefs des différentes églises de Jérusalem ont également appelé les dirigeants des églises à partager des messages d’espoir pendant les célébrations de Noël de cette année. «Notre foi est mise à l’épreuve. Nous devons nous y accrocher», a déclaré Isaac.

«C’est là que le christianisme est né. Il y a une présence chrétienne continue à Bethléem, à Jérusalem et à Nazareth depuis 2 000 ans et je crois qu’il y aura une présence chrétienne après cela.»

«Tant que nous nous engageons à témoigner du lieu où tout a commencé, je suis convaincu que nous pourrons surmonter cette période.»

 Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Syrie: le nouveau pouvoir annonce un accord avec les groupes armés pour leur dissolution

Le chef de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), Ahmed al-Sharaa (également connu sous le nom d'Abu Mohammad al-Jolani), arrive à Damas le 22 décembre 2024 pour une réunion avec des responsables druzes du Parti socialiste progressiste (PSP) libanais en visite. (File/AFP)
Le chef de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), Ahmed al-Sharaa (également connu sous le nom d'Abu Mohammad al-Jolani), arrive à Damas le 22 décembre 2024 pour une réunion avec des responsables druzes du Parti socialiste progressiste (PSP) libanais en visite. (File/AFP)
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  • Les nouvelles autorités syriennes à Damas ont annoncé mardi un accord avec "tous les groupes armés" pour leur dissolution, précisant qu'ils allaient être intégrés au ministère de la Défense
  • Cet accord ne concerne cependant pas les puissantes Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes, appuyées par les Etats-Unis, et qui contrôlent de vastes territoires dans le nord-est du pays

DAMAS: Les nouvelles autorités syriennes à Damas ont annoncé mardi un accord avec "tous les groupes armés" pour leur dissolution, précisant qu'ils allaient être intégrés au ministère de la Défense.

Cet accord ne concerne cependant pas les puissantes Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes, appuyées par les Etats-Unis, et qui contrôlent de vastes territoires dans le nord-est du pays.

"Une réunion des chefs des groupes" armés avec le nouveau dirigeant de la Syrie Ahmad al-Chareh "a abouti à un accord sur la dissolution de tous les groupes et leur intégration sous la tutelle du ministère de la Défense", ont indiqué les nouvelles autorités sur leur compte Telegram.

L'annonce intervient plus de deux semaines après la prise du pouvoir le 8 décembre par une coalition armée conduite par le groupe radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), dirigé par Ahmad al-Chareh, de son nom de guerre Abou Mohammad al-Jolani.

L'armée du président Bachar al-Assad s'est effondrée, et ses membres sont appelés à régulariser leur situation auprès des nouvelles autorités.

Ahmad al-Chareh avait affirmé dimanche qu'il ne "permettrait absolument pas que des armes échappent au contrôle de l'Etat".

Il avait ajouté lors d'une conférence de presse que cette décision s'appliquerait également aux "factions présentes dans la zone des FDS".

- "Discussions" directes? -

Interrogé par l'AFP, le porte-parole de ces forces, Farhad Chami, a affirmé que "la question de l'adhésion des FDS à l'armée syrienne doit être discutée directement" entre leur commandement et Damas, "loin de la domination des puissances régionales et de leur tutelle sur la décision syrienne".

La Turquie, très proche des nouvelles autorités en place à Damas, considère les FDS comme une extension de son ennemi juré, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, kurde turc).

"Les FDS pourraient être le noyau de l'armée syrienne et ce serait un facteur de force pour toute la Syrie", a ajouté M. Chami, assurant que ses forces "préfèrent le dialogue avec Damas pour résoudre toutes les questions" en suspens.

Les photos publiées par l'agence officielle Sana et le compte Telegram des autorités montrent M. Chareh entouré des chefs de plusieurs factions armées, pour la plupart des groupes islamistes.

- Combats près de Manbij -

Le chef militaire de HTS, Mourhaf Abou Qasra, connu sous son nom de guerre d'Abou Hassan al-Hamwi, avait affirmé à l'AFP la semaine dernière que "la prochaine étape" après la prise du pouvoir serait la dissolution des factions armées, à commencer par la sienne, pour les fondre au sein de la future institution militaire.

Ce responsable militaire a affirmé que le nouveau pouvoir voulait étendre son autorité sur les zones du nord-est de la Syrie, contrôlées par l'administration kurde semi-autonome.

Les FDS ont été le fer de lance de la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI), défait en 2019 en Syrie.

Depuis fin novembre, les combattants kurdes font face à une offensive de groupes armés syriens proturcs dans le nord-est de la Syrie, qui ont pris le contrôle de l'enclave stratégique de Tal Rifaat (nord) et de Manbij (nord-est), zone à majorité arabe.

Dans un communiqué mardi, les FDS ont fait état de "violents combats" à l'est de la ville de Manbij ayant fait 16 morts dans leurs rangs, sans préciser quand les combattants avaient été tués.

Les Kurdes avaient profité de l'affaiblissement du pouvoir central de Bachar al-Assad avec la guerre en Syrie, déclenchée en 2011, pour proclamer une "région autonome" dans le nord, s'attirant l'hostilité de la Turquie voisine.

Treize ans de guerre ont fait plus d'un demi-million de morts et morcelé le vaste pays en zones d'influence contrôlées par différents belligérants soutenus par des puissances régionales et internationales.

Ces derniers jours plusieurs délégations, notamment occidentales et arabes, se sont rendues à Damas pour rencontrer les nouveaux dirigeants qui cherchent à établir un nouvel équilibre diplomatique --le pouvoir d'Assad ayant été surtout étroitement lié à la Russie et à l'Iran.

Evoquant de récentes "déclarations" iraniennes sans toutefois les identifier, le chef de la diplomatie syrienne Assaad Hassan al-Chibani a "mis en garde" Téhéran mardi soir sur X contre "la propagation du chaos" en Syrie, appelant l'Iran à respecter la souveraineté syrienne.

Lundi, affirmant ne "pas (avoir) de contact direct" avec les nouveaux dirigeants syriens, la diplomatie iranienne a appelé la Syrie à ne pas "devenir un repaire pour le terrorisme". Mais à cette occasion Téhéran a aussi appelé à "préserver la souveraineté et l'intégrité" du pays.


Plus de 25.000 Syriens sont rentrés en Syrie depuis la Turquie en 15 jours, selon Ankara

Des Syriens vivant en Turquie font la queue au poste frontière de Cilvegozu avant d'entrer en Syrie dans le district de Reyhanli à Hatay, le 9 décembre 2024. (AFP)
Des Syriens vivant en Turquie font la queue au poste frontière de Cilvegozu avant d'entrer en Syrie dans le district de Reyhanli à Hatay, le 9 décembre 2024. (AFP)
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  • Plus de 25.000 réfugiés syriens ont traversé la frontière turque pour rentrer dans leur pays au cours des quinze derniers jours
  • La Turquie, qui partage une frontière de plus de 900 km avec la Syrie, accueille toujours sur son sol quelque 2,92 millions de Syriens ayant fui la guerre

ISTANBUL: Plus de 25.000 réfugiés syriens ont traversé la frontière turque pour rentrer dans leur pays au cours des quinze derniers jours, a affirmé mardi le ministre turc de l'Intérieur Ali Yerlikaya.

Un précédent nombre communiqué par les autorités turques faisait état de 7.621 retours depuis la Turquie entre les 9 et 13 décembre, les quatre jours ayant suivi la chute de Bachar al-Assad.

La Turquie, qui partage une frontière de plus de 900 km avec la Syrie, accueille toujours sur son sol quelque 2,92 millions de Syriens ayant fui la guerre qui a meurtri leur pays à partir de 2011, a précisé M. Yerlikaya.

Parmi eux, plus de 500.000 résident à Istanbul, la plus grande ville de Turquie, a-t-il ajouté à l'agence de presse étatique Anadolu.

Le ministre turc a déclaré que des bureaux de gestion des migrations seraient créés au sein de l'ambassade de Turquie à Damas et du consulat de Turquie à Alep afin de faciliter les démarches des réfugiés rentrant en Syrie.

Les autorités turques, qui espèrent le retour en Syrie d'importants contingents de réfugiés afin d"atténuer le fort sentiment anti-Syriens dans la population, permettront également à un membre de chaque famille de réfugiés de se rendre en Syrie et revenir à trois reprises au cours du premier semestre 2025 afin de préparer leur réinstallation.

Les réfugiés syriens pourront également emporter avec eux leur véhicule, ce qui leur était jusqu'ici impossible, a ajouté M. Yerlikaya.


Les chrétiens syriens célèbrent Noël dans un climat d’incertitude

Les églises syriennes continuent de célébrer librement la messe de Noël, à l'occasion des fêtes de fin d'année organisées par le gouvernement de transition après la chute d'Assad. (AFP)
Les églises syriennes continuent de célébrer librement la messe de Noël, à l'occasion des fêtes de fin d'année organisées par le gouvernement de transition après la chute d'Assad. (AFP)
Des Syriens passent devant des décorations de Noël sur un marché de la capitale Damas, le 23 décembre 2023. (Photo LOUAI BESHARA / AFP)
Des Syriens passent devant des décorations de Noël sur un marché de la capitale Damas, le 23 décembre 2023. (Photo LOUAI BESHARA / AFP)
Des Syriens passent devant des décorations de Noël sur un marché de la capitale Damas, le 23 décembre 2023. (Photo LOUAI BESHARA / AFP)
Des Syriens passent devant des décorations de Noël sur un marché de la capitale Damas, le 23 décembre 2023. (Photo LOUAI BESHARA / AFP)
Des fidèles chrétiens assistent à une messe à l'église catholique romaine de Saint-François d'Assise (également connue sous le nom de cathédrale latine) dans la ville d'Alep, dans le nord de la Syrie, le 12 décembre 2024. Près d'une semaine s'est écoulée depuis qu'une offensive éclair menée par les rebelles islamistes a renversé l'ancien président Bachar al-Assad, les nouveaux dirigeants du pays rassurant les minorités religieuses de la Syrie. (Photo Ozan KOSE / AFP)
Des fidèles chrétiens assistent à une messe à l'église catholique romaine de Saint-François d'Assise (également connue sous le nom de cathédrale latine) dans la ville d'Alep, dans le nord de la Syrie, le 12 décembre 2024. Près d'une semaine s'est écoulée depuis qu'une offensive éclair menée par les rebelles islamistes a renversé l'ancien président Bachar al-Assad, les nouveaux dirigeants du pays rassurant les minorités religieuses de la Syrie. (Photo Ozan KOSE / AFP)
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  • Avec la chute d’Assad, les minorités religieuses sont confrontées à un avenir incertain sous de nouveaux dirigeants et une constitution changeante
  • Les célébrations de Noël dans une Syrie épuisée par la guerre restent modérées en raison des difficultés économiques, des pénuries de carburant et des coupures de courant

DUBAÏ: Pour le père Iyad Ghanem, prêtre catholique de l’archidiocèse syriaque de Homs et Hama, deux des quatre plus grandes villes de Syrie, ce Noël représente à la fois un nouveau départ et la fin d’un chapitre sombre de l’histoire de la Syrie.

Au lendemain des événements dramatiques qui ont conduit à l’éviction du président syrien Bachar el-Assad le 8 novembre, les chrétiens du pays célèbrent Noël pour la première fois sous le gouvernement de transition de Hayat Tahrir al-Cham (HTC).

HTC, un groupe rebelle dirigé par Ahmad al-Charaa, le leader de facto de la Syrie, a cherché à rassurer les communautés minoritaires, notamment les Kurdes, les Alaouites et les chiites, tout en se distanciant de ses racines islamistes radicales. Pour de nombreux chrétiens, la fin de l’ère Assad est arrivée comme un véritable cadeau de Noël.

«Nos églises sont en paix et nous, en tant que clercs, sommes libres de célébrer nos messes. Pourtant, il est trop tôt pour que la paroisse porte un jugement sur HTC. L’atmosphère demeure incertaine et beaucoup de choses restent à découvrir», a déclaré le père Iyad, dans un entretien accordé à Arab News.

«Notre pays et notre communauté ont beaucoup souffert au cours des 13 dernières années. En cette nouvelle ère, nous devons nous libérer de la peur, trouver les voix qui ont été réduites au silence pendant si longtemps et éliminer le radicalisme sous toutes ses formes. Tout cela est un territoire inconnu et nous sommes encore en train de nous adapter.»

La Syrie fait partie d’une région souvent appelée le «berceau du christianisme», ce qui en fait l’un des premiers endroits au monde à accueillir une communauté chrétienne. Dans la ville de Maaloula, une poignée de villages parlent encore aujourd’hui l’araméen, l’ancien dialecte du Christ.

La population chrétienne de Syrie, qui comptait autrefois plus d’un million de personnes, n’est plus que de 3% en raison de la guerre prolongée qui a commencé en 2011 et de la montée en puissance de Daech en 2014. La violence et la persécution les ont rendus vulnérables, les forçant à un exode massif vers les pays occidentaux.

Rassem Sairafi, un chrétien de Homs, s’est dit optimiste quant à l’avenir de la Syrie et espère une nation démocratique et libre.

«De nombreux Syriens instruits reviennent de l’étranger. Si ces personnes font partie du nouveau gouvernement, je pense que nous serons entre de bonnes mains», a-t-il déclaré à Arab News.

«Historiquement, la majorité sunnite de la Syrie était modérée. Ce n’est que pendant la guerre qui a commencé en 2011 que le sectarisme a pris racine. J’espère que nous pourrons laisser cela derrière nous et veiller à ne pas remplacer une dictature par une autre.»

Le régime d’Assad a laissé la Syrie dans un état de ruines. Son héritage est clairement évident dans les infrastructures décimées, un système politique profondément corrompu et une économie en faillite qui a poussé 90% de la population sous le seuil de pauvreté.

Dans un reportage pour la chaîne publique américaine PBS du 12 décembre, la correspondante Simona Foltyn a déclaré: «Les rues sont de plus en plus fréquentées de jour en jour et les magasins et les institutions gouvernementales reprennent lentement leur travail.»

«L’opposition a pris le contrôle des institutions gouvernementales dans la capitale, Damas, et a commencé à gouverner le pays, en s’appuyant sur son expérience à Idlib. Mais administrer un pays entier, par opposition à une province, est une autre affaire et il reste à voir dans quelle mesure cela peut être facilement mis en œuvre.»

Elle ajoute: «Outre la joie et le soulagement, le travail pratique mais vital de faire fonctionner un pays est la tâche numéro un pour de nombreuses personnes.»

Avec la chute d’Assad, les chrétiens sont confrontés à une incertitude supplémentaire en tant que minorité religieuse quant à leur sort sous les nouveaux dirigeants du pays. Ils ont le sentiment que leur avenir dépend de l’équilibre délicat d’une nouvelle ère et d’une nouvelle constitution.

La communauté chrétienne, comme tous les Syriens, a enduré de graves difficultés sous le régime d’Assad et aborde donc le nouveau gouvernement avec un mélange de prudence et d’optimisme.

«Nous sommes inquiets parce que nous ne sommes pas sûrs. Nous ne savons pas ce que l’avenir nous réserve», a déclaré Rawaa, une chrétienne de Damas. «Mais nous sommes conscients de l’histoire de HTC. Bien que leurs récentes décisions législatives soient réconfortantes, nous sommes impatients de voir comment ils tiendront leurs engagements à l’avenir.»

HTC a été qualifié de «libérateur» de la Syrie et, malgré les récents efforts d’Al-Charaa pour se refaire une image – abandonnant son personnage militaire d’Abou Mohammad al-Golani pour adopter l’image d’un homme d’État –, la stabilité et la reprise économique du pays restent précaires.

HTC est toujours considéré comme un groupe terroriste par l’ONU, les États-Unis, l’UE et le Royaume-Uni, entre autres, car il a commencé comme un groupe dissident d’Al-Qaïda, dont il s’est séparé en 2016.

Autrefois confiné dans la région surpeuplée et appauvrie d’Idlib, au nord-ouest du pays, mais agissant désormais comme gouvernement intérimaire auto-imposé à Damas, HTC est confronté à un défi de taille: celui de reconstruire une nation dévastée par des années de corruption et de mauvaise gestion sous Assad.

Pour éviter le chaos, Al-Charaa a pris des mesures pour rétablir les services de base dans certaines régions, a appelé à la préservation des institutions de l’État et a promu la vision d’une société inclusive et d’une transition pacifique vers une nouvelle gouvernance.

Les hauts dirigeants du gouvernement de transition continuent de rencontrer des représentants de diverses communautés religieuses, soulignant leur engagement à protéger les droits des minorités dans le cadre d’efforts plus vastes visant à rassurer à la fois les Syriens et la communauté internationale.

Le père Iyad et Rawaa ont tous deux exprimé leur aversion à l’utilisation du terme «minorité» pour décrire leur communauté, insistant sur le fait qu’ils font partie intégrante du tissu syrien et qu’ils constituent l’un des éléments essentiels qui définissent le pays.

Cette année, dans diverses régions du pays, seules les églises ont orné leurs portes et leurs places de décorations de Noël – un geste que Rawaa interprète comme un signe d’espoir pour l’avenir. Cependant, les célébrations restent discrètes. Beaucoup, y compris la famille et les amis de Rawaa, optent pour des rassemblements privés.

«Mon quartier n’a pas installé de décorations de Noël depuis le début de la guerre il y a 13 ans et cette année ne fait pas exception à la règle», a déclaré Rawaa à Arab News.

« Mais ce n’est pas par peur du HTC. C’est à cause des pénuries auxquelles nous sommes confrontés et des difficultés que nous endurons. «Nous manquons d’électricité, de carburant et de ressources financières. La population est en difficulté et l’esprit de fête est difficile à trouver dans de telles conditions.»

«Nous célébrerons nos fêtes chez nous, avec nos proches et nos amis», a déclaré Rawaa. «C’est une nouvelle expérience pour nous. Bien que nous n’ayons pas été persécutés par HTC, nous avançons avec prudence. Le gouvernement de transition a promis de lancer des campagnes de sensibilisation pour combattre le radicalisme si nécessaire. Le temps nous dira s’il tiendra sa promesse.»

Mary Bitar, une chrétienne de Damas, voit des raisons d’être optimiste au milieu des adversités qui ont précédé Noël.

«Les gens sont partout. Personne n’est victime de harcèlement. Nous manquons peut-être d’illuminations de Noël à cause des coupures d’électricité, mais nous sommes comblés et nous gardons espoir», a-t-elle déclaré.

Dans ses propos, le père Iyad a souligné que les actes de terrorisme isolés doivent être traités avant qu’ils ne dégénèrent, citant un incident récent à Hama où des hommes armés ont profané un cimetière chrétien et incendié des croix sur les places de la ville.

«Les petites factions affiliées à HTC doivent être contrôlées», a-t-il déclaré à Arab News. «Ceux qui cherchent à semer le chaos doivent être arrêtés. Nous ne tolérerons aucun comportement radical.»

Malgré ces défis, le père Iyad reste inébranlable dans son message d’espoir. «Mon souhait est l’unité – une législation juste qui accorde des droits égaux à tous les Syriens. Une Syrie pacifique et belle pour tous.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com