France: le Premier ministre sous le feu des critiques pour ne pas être allé à Mayotte

François Bayrou espère à l'issue de ces consultations former un gouvernement "cette semaine". "Mais il faut que le président soit là", a-t-il ajouté, à propos de l'emploi du temps très chargé de M. Macron. (AFP)
François Bayrou espère à l'issue de ces consultations former un gouvernement "cette semaine". "Mais il faut que le président soit là", a-t-il ajouté, à propos de l'emploi du temps très chargé de M. Macron. (AFP)
Short Url
Publié le Mardi 17 décembre 2024

France: le Premier ministre sous le feu des critiques pour ne pas être allé à Mayotte

  • M. Bayrou, nommé vendredi, a pris un avion de la République très tôt mardi de Pau, ville du sud-ouest de la France dont il est maire, pour revenir à Paris poursuivre ses consultations des groupes politiques
  • Les députés ne manqueront pas de l'interroger sur son choix d'aller à Pau pour y défendre son poste de maire, plutôt que d'assister à une réunion de crise sur Mayotte - qu'il a suivie à distance

PARIS: Sous pression pour former un gouvernement rapidement, le nouveau Premier ministre français François Bayrou était critiqué de toutes parts mardi pour avoir choisi d'aller dans sa ville de Pau au lieu de l'archipel de Mayotte, en proie à une crise humanitaire majeure après un cyclone destructeur.

M. Bayrou, nommé vendredi, a pris un avion de la République très tôt mardi de Pau, ville du sud-ouest de la France dont il est maire, pour revenir à Paris poursuivre ses consultations des groupes politiques, avant de passer son premier grand oral à l'Assemblée nationale.

Les députés ne manqueront pas de l'interroger sur son choix d'aller à Pau pour y défendre son poste de maire, plutôt que d'assister à une réunion de crise sur Mayotte - qu'il a suivie à distance. Il sera aussi interpellé sur son souhait de revenir sur l'interdiction du cumul du mandat de parlementaire.

Face au conseil municipal de Pau dont il est l'édile depuis dix ans, M. Bayrou a qualifié lund soir d'"erreur" l'interdiction du cumul des mandats pour les parlementaires, une règle établie en 2014 sous la présidence du socialiste François Hollande.

Sa décision suscite une vive polémique jusque dans son camp.

La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, qui appartient au camp du président Emmanuel Macron (centre-droit), a affirmé qu'elle aurait "préféré que le Premier ministre, au lieu de prendre un avion pour Pau, prenne l'avion pour Mamoudzou", chef-lieu de Mayotte, dévastée par un cyclone qui aurait fait "plusieurs centaines", voire "quelques milliers" de morts, selon les autorités.

Elle a aussi redit son opposition au cumul de mandats: "ce n'est vraiment pas le moment" de "remettre ce sujet sur la table". "Aujourd'hui le sujet c'est le budget, c'est Mayotte".

Le patron du parti communiste Fabien Roussel a jugé "indécent de parler de cumul des mandats (...) alors qu'en ce moment on enterre des enfants, des habitants à Mayotte".

"Faute politique" 

Le Premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a jugé que le Premier ministre "s'égare" avec cette "sortie".

"En s'accrochant à ce poste de maire", "M. Bayrou fait une grave erreur" doublée d'une "faute politique importante" et "symboliquement dramatique", a estimé pour sa part le coordinateur du parti de gauche radicale La France insoumise, Manuel Bompard.

M. Bayrou, député de 2002 à 2012, devrait affronter à à 15H00 (14H00 GMT) les critiques à l'Assemblée, où il répondra pendant 45 minutes aux questions des présidents de groupe.

Rien dans la loi n'interdit le cumul entre une fonction ministérielle et un mandat local, mais Yaël Braun-Pivet a rappelé qu'une réforme constitutionnelle, inaboutie et prévoyant "le non-cumul des fonctions ministérielles et d'un exécutif local", avait été "votée à la quasi-unanimité" des députés en 2018.

Rare voix à venir à la rescousse du Premier ministre, Hervé Marseille, le chef des sénateurs centristes, défenseur du cumul, a estimé qu'il a "fait ce qu'il devait faire".

"Tout le monde ne va pas débarquer à Mayotte", où s'est rendu lundi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau et M. Macron est attendu dans les prochains jours. Les responsables de l'archipel "ont autre chose à faire que de recevoir les autorités", a insisté le président du parti UDI.

Gouvernement "cette semaine" 

Concernant la formation de son gouvernement, après l'extrême droite, le centre, les socialistes et la droite lundi, François Bayrou reçoit notamment mardi les représentants du centre, des écologistes et des indépendants.

Il s'agit pour lui de mesurer les soutiens dont il dispose pour former un gouvernement susceptible de faire passer, dans une Assemblée fracturée, un budget pour 2025, dont le pays est privé depuis la censure.

Emmanuel Macron a, à la surprise générale, dissous l'Assemblée en juin, après la déroute de son camp aux élections européennes face à l'extrême droite. Les législatives anticipées ont abouti à une Assemblée sans majorité absolue et fragmentée en trois blocs --alliance de gauche, macronistes et droite, extrême droite.

François Bayrou espère à l'issue de ces consultations former un gouvernement "cette semaine". "Mais il faut que le président soit là", a-t-il ajouté, à propos de l'emploi du temps très chargé de M. Macron.

L'entourage du chef de l'Etat semble avoir peu goûté l'allusion et incite François Bayrou à commencer à faire des propositions dès aujourd'hui. "Quand il sera prêt, nous nous le sommes", a assuré un proche.

M. Bayrou rencontrera le président mardi midi pour évoquer une "architecture de démarrage" pour le futur gouvernement, a rapporté Marc Fesneau, chef de file des députés de son parti, le MoDem.

Et il prononcera sa déclaration de politique générale devant le Parlement le 14 janvier, selon son entourage.

Analyse
Bayrou à Matignon: fidélité ne rime pas avec renoncement 
Par Arlette Khouri -
Gouvernement, budget: Bayrou consulte et compose
Par AFP -

France: face à des familles en colère, un maire annonce que les corps de 60 harkis ont été transférés en 1986

Des membres de familles harkies se tiennent près d'une stèle commémorative énumérant 146 noms de Harkis décédés, dont 101 enfants, à Rivesaltes, dans le sud-ouest de la France, le 21 février 2025. (AFP)
Des membres de familles harkies se tiennent près d'une stèle commémorative énumérant 146 noms de Harkis décédés, dont 101 enfants, à Rivesaltes, dans le sud-ouest de la France, le 21 février 2025. (AFP)
Short Url
  • Le maire André Bascou, en poste depuis 1983, a présenté vendredi ses excuses aux familles qui cherchent à savoir où ont été enterrés une soixantaine de corps et à leur offrir une "sépulture digne"
  • "Entre le 15 et le 19 septembre 1986, les corps ont été exhumés et inhumés au cimetière Saint-Saturnin. Je ne sais pas précisément où ils se trouvent", a déclaré le maire octogénaire, regrettant de ne pas avoir contacté les familles "à l'époque"

RIVESALTES: Les ossements de 60 harkis décédés et inhumés sans sépulture au camp de Rivesaltes, dans le sud de la France, entre 1962 et 1964, ont été transférés en 1986 dans un cimetière de la ville, a révélé vendredi le maire, face à des familles, en colère, à la recherche de corps, dont ceux de 52 bébés.

Après l'indépendance de l'Algérie en 1962, 21.000 harkis - ces Français musulmans recrutés comme auxiliaires de l'armée française pendant la guerre - et leurs familles ont transité par le camp de Rivesaltes, près de Perpignan.

A l'automne dernier, des tombes d'enfants harkis décédés entre 1962 et 1964 ont été découvertes lors de fouilles demandées par les familles, mais elles étaient dépourvues d'ossements.

Le maire André Bascou, en poste depuis 1983, a présenté vendredi ses excuses aux familles qui cherchent à savoir où ont été enterrés une soixantaine de corps et à leur offrir une "sépulture digne".

"Entre le 15 et le 19 septembre 1986, les corps ont été exhumés et inhumés au cimetière Saint-Saturnin. Je ne sais pas précisément où ils se trouvent", a déclaré le maire octogénaire, regrettant de ne pas avoir contacté les familles "à l'époque".

Dans la salle de la mairie de Rivesaltes, une trentaine de proches de ces enfants défunts ont montré colère et incompréhension, ont constaté des journalistes de l'AFP.

La ministre déléguée en charge de la Mémoire et des Anciens combattants, Patricia Mirallès, qui avait réclamé en octobre 2023 la tenue de fouilles sur le camp de Rivesaltes, a salué la tenue de cette réunion mais réclamé que le maire fasse "la lumière sur tout ce qui s'est passé, avec des archives que nous avons nous-mêmes retrouvées au ministère des Armées".

"Les dépouilles sont aujourd'hui dans le cimetière de Rivesaltes", a-t-elle ajouté devant la presse, "je crois qu'on est dans la reconnaissance".

Entre 1962 et 1965, environ 90.000 harkis et leurs familles ont fui les massacres de représailles en Algérie et ont été accueillis en France. Plusieurs dizaines de milliers furent parqués dans des "camps de transit et de reclassement" gérés par l'armée, aux conditions de vie déplorables et théâtre d'une surmortalité infantile.


France: face à la menace d'extinction des civelles, le pari du repeuplement

Ces très jeunes anguilles pêchées sur la Vie, un fleuve côtier de Vendée (ouest), sont acheminées par camion frigorifique dans les zones définies comme les plus propices à leur croissance. (AFP)
Ces très jeunes anguilles pêchées sur la Vie, un fleuve côtier de Vendée (ouest), sont acheminées par camion frigorifique dans les zones définies comme les plus propices à leur croissance. (AFP)
Short Url
  • Sous les couvercles, les civelles, petits poissons gris translucides de quelques centimètres, fins comme des vers, s'agitent dans un fond d'eau
  • Bottes en plastique aux pieds et parka sur le dos, les hydrobiologistes déversent délicatement les civelles en bordure du fleuve, sur une dizaine de kilomètres en aval de Saumur, dans l'ouest de la France

SAUMUR: D'une berge déserte, deux barques en acier chargées d'une montagne de boîtes s'élancent sur la Loire, plus long fleuve de France: à l'intérieur, 400 kg de civelles. Menacé d'extinction, cet alevin de l'anguille fait l'objet d'un programme de repeuplement au long cours.

Sous les couvercles, les civelles, petits poissons gris translucides de quelques centimètres, fins comme des vers, s'agitent dans un fond d'eau.

Bottes en plastique aux pieds et parka sur le dos, les hydrobiologistes déversent délicatement les civelles en bordure du fleuve, sur une dizaine de kilomètres en aval de Saumur, dans l'ouest de la France.

"Une partie des civelles sont marquées. Cela permet d'opérer un suivi à six mois, un an et trois ans pour vérifier leur développement, leur taux de croissance et leur répartition sur la zone", explique Yann Le Péru, hydrobiologiste du centre d'étude Fish Pass, prestataire scientifique du programme de repeuplement, porté par le comité régional des pêches (Corepem) et qui répond à un appel à projet du ministère français de la Transition écologique.

Ces très jeunes anguilles pêchées sur la Vie, un fleuve côtier de Vendée (ouest), sont acheminées par camion frigorifique dans les zones définies comme les plus propices à leur croissance.

"Dans les années 2000, avant les quotas de pêche, on a vraiment mesuré le déclin. Mais depuis trois ou quatre ans, on observe à nouveau une croissance des populations. On espère que c'est le repeuplement qui fonctionne", affirme Fabrice Batard, pêcheur en Loire depuis 22 ans, à la barre de l'une des embarcations.

Climat, pêche et pollution 

Depuis 2007, l'Union européenne prévoit que tout État membre autorisant la pêche à la civelle en affecte au moins 60% au repeuplement. En France, cela représente chaque année environ 30 tonnes des 50 tonnes pêchées.

Mais le cycle de vie de l'anguille, complexe et encore mal connu, rend sa protection particulièrement ardue.

Les anguilles européennes et américaines naissent dans la mer des Sargasses, dans l'Atlantique Nord, leurs larves (appelées leptocéphales) s'orientant ensuite vers les continents en s'aidant des courants marins.

"Les leptocéphales deviennent des civelles, qui vont remonter dans les cours d'eau. Elles grandissent dans les fleuves et lagunes pendant 5 à 35 ans, puis se métamorphosent une nouvelle fois et migrent à nouveau pour aller pondre en mer", retrace Eric Feunteun, professeur en écologie marine du Muséum national d'histoire naturelle à Paris.

Pour expliquer le déclin des populations d'anguilles, phénomène mondial, les scientifiques mettent en avant une conjonction de facteurs humains, la pêche en étant "un parmi d'autres", précise Éric Feunteun.

Les phénomènes océaniques liés au dérèglement climatique font évoluer les courants et déplacent les zones de ponte. En eau douce, les barrages et écluses perturbent les migrations. Les aménagements des fleuves et la bétonisation des berges jouent également un rôle majeur, tout comme la pollution. D'après Eric Feunteun, les anguilles les plus contaminées mesurent en moyenne vingt centimètres de moins que leurs congénères, ce qui pourrait altérer leur fécondité.

Braconnage 

Une autre menace de taille pèse depuis plusieurs années sur les civelles: le braconnage. Cet "or blanc" peut se vendre en Asie jusqu'à 5.000 euros le kg, selon l'Office français de la biodiversité (OFB).

D'après Europol, environ 100 tonnes de civelles sont braconnées chaque année dans l'Union européenne et acheminées en Asie via des filières illicites.

Pour le moment, considérant le long cycle de vie des anguilles, "il est encore difficile de prouver scientifiquement le bénéfice des programmes de repeuplement mis en place depuis dix ans, mais il y a des indices", explique Alexis Pengrech, du comité régional des pêches.

Co-auteur d'une analyse sur dix ans du repeuplement, Eric Feunteun considère que le repeuplement pourrait bien être efficace pour restaurer la population.

"On a pu montrer que la croissance des anguilles s'était améliorée mais pas, si ce n'est par déduction, que la mortalité a baissé. C'est intuitif, mais il faut encore consolider les études pour pouvoir le démontrer", affirme-t-il.

"On nous a dit il y a quinze ans que l'espèce pouvait disparaître", se souvient le pêcheur Fabrice Batard. "A nous tous de jouer pour que ça n'arrive pas."

 


Violence à l'école: fouilles inopinées des sacs à partir du printemps, annonce Borne

Avant les vacances d'hiver de la zone C, plus d'une vingtaine de collèges et lycées de Seine-Saint-Denis ont été placés sous la surveillance de 100 fonctionnaires de police, déployés pour "prévenir la réitération d'actes de violence" aux abords des établissements scolaires à la suite d'une série d'incidents. (AFP)
Avant les vacances d'hiver de la zone C, plus d'une vingtaine de collèges et lycées de Seine-Saint-Denis ont été placés sous la surveillance de 100 fonctionnaires de police, déployés pour "prévenir la réitération d'actes de violence" aux abords des établissements scolaires à la suite d'une série d'incidents. (AFP)
Short Url
  • Ces fouilles inopinées seraient réalisées avec des "forces de l'ordre puisque ça ne rentre pas dans les prérogatives des personnels de l'Education", a précisé la ministre, inquiète d'"un usage beaucoup plus répandu des armes blanches" chez les jeunes
  • A ce titre, elle a redit son intention de modifier le code de l'éducation pour que, si un port d'arme blanche est constaté dans un établissement scolaire, l'élève mis en cause "passe systématiquement devant un conseil de discipline"

PARIS: Des "fouilles inopinées de sacs" seront mises en place à partir du printemps pour tenter de lutter contre les violences à l'école ou aux abords des établissements scolaires, affirme vendredi la ministre de l'Education nationale Elisabeth Borne.

"Je souhaite qu'on puisse, avec le préfet, le procureur, le représentant de l'Education nationale, pouvoir organiser régulièrement des fouilles de sac à l'entrée des établissements" et ce à partir du printemps, a déclaré la ministre, interrogée sur BFMTV/RMC.

Ces fouilles inopinées seraient réalisées avec des "forces de l'ordre puisque ça ne rentre pas dans les prérogatives des personnels de l'Education", a précisé la ministre, inquiète d'"un usage beaucoup plus répandu des armes blanches" chez les jeunes.

A ce titre, elle a redit son intention de modifier le code de l'éducation pour que, si un port d'arme blanche est constaté dans un établissement scolaire, l'élève mis en cause "passe systématiquement devant un conseil de discipline".

Jusqu'ici "c'était à l'appréciation du chef d'établissement", a commenté Mme Borne.

Cela fera également "systématiquement" l'objet d'un signalement au procureur.

Début février, un lycéen de 17 ans a été grièvement blessé à l'arme blanche dans la cour de son établissement à Bagneux (Hauts-de-Seine).

Avant les vacances d'hiver de la zone C, plus d'une vingtaine de collèges et lycées de Seine-Saint-Denis ont été placés sous la surveillance de 100 fonctionnaires de police, déployés pour "prévenir la réitération d'actes de violence" aux abords des établissements scolaires à la suite d'une série d'incidents.