Immigration: Retailleau détaille sa loi, malaise tenace dans l'aile gauche des Macronistes

Lors de l'examen de la dernière loi immigration, députés et ministres de l'aile gauche de la macronie avaient déjà exprimé leurs réticences. (AFP)
Lors de l'examen de la dernière loi immigration, députés et ministres de l'aile gauche de la macronie avaient déjà exprimé leurs réticences. (AFP)
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Publié le Mardi 15 octobre 2024

Immigration: Retailleau détaille sa loi, malaise tenace dans l'aile gauche des Macronistes

  • "Il y a une loi qui a été votée à une écrasante majorité, il y a à peu près un an, par l'Assemblée nationale", "cette loi a été censurée pour des motifs de pure forme par le Conseil constitutionnel"
  • Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a affirmé mardi qu'il souhaitait présenter un texte identique à la loi immigration votée l'année dernière puis partiellement censurée

PARIS: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a affirmé mardi qu'il souhaitait présenter un texte identique à la loi immigration votée l'année dernière puis partiellement censurée, des déclarations qui ne vont pas apaiser un malaise déjà bien installé dans l'aile gauche de la macronie.

"Il y a une loi qui a été votée à une écrasante majorité, il y a à peu près un an, par l'Assemblée nationale", "cette loi a été censurée pour des motifs de pure forme par le Conseil constitutionnel", a déclaré le ministre.

"Je ne propose rien de plus que ce qui a déjà été voté par la majorité de Gabriel Attal", a-t-il ajouté, alors que l'ancien Premier ministre lui avait recommandé la veille de mettre complètement en application la loi de 2024, avant d'en envisager un autre.

A ce titre, la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a précisé que neuf des treize décrets d'application "ont déjà été pris". Mais cette "mise en œuvre", a-t-elle justifié lors du compte-rendu du conseil des ministres, "n'empêche pas de continuer à avancer".

Lors de l'examen de la dernière loi immigration, députés et ministres de l'aile gauche de la macronie avaient déjà exprimé leurs réticences. Le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, avait démissionné mais les parlementaires étaient pour la plupart rentrés dans le rang au moment du vote - seules 20 voix contre dans le groupe Renaissance qui comprenait 170 députés à l'Assemblée.

Début 2025, ce sera rebelote, mais dans un tout autre contexte. Le parti Les Républicains qui avait très largement contribué à durcir le précédent texte détient désormais Matignon et Beauvau, tandis que le RN laisse planer des menaces de censure.

Bruno Retailleau a répété mardi vouloir reprendre les mesures les plus sévères qui avaient finalement été censurées par le Conseil constitutionnel.

Parmi celles-ci, la diminution des droits sociaux des migrants afin que le pays soit "moins attractif", avec l'allongement par exemple de la durée de résidence nécessaire aux étrangers pour bénéficier des prestations familiales ou la transformation de l'aide médicale d'État, qui prend en charge certains soins médicaux, en aide "d'urgence".

Des mesures assimilées par la gauche à la "préférence nationale", défendue de longue date par le Rassemblement national.

Le ministre de l'Intérieur entend de plus prolonger de 90 à 210 jours le délai maximum en centre de rétention administrative pour les étrangers "dangereux", ce qui n'est possible pour le moment que pour les infractions terroristes. Il veut enfin durcir les conditions du regroupement familial.

"Mon souhait, c'est que la France ne soit pas plus attractive en matière d'immigration que le reste des pays d'Europe", a-t-il insisté.

« Ficelle un peu grosse »

Proposer une nouvelle loi, "pourquoi ? Pour diviser le Parlement ? Pour hystériser les débats ? Je me pose la question", a interrogé dans Les Échos l'ancien ministre de l'Industrie Roland Lescure, qui avait déjà - discrètement - exprimé ses doutes l'année dernière.

Il dit espérer "qu'il ne s'agit pas d'un appel du pied au Rassemblement national". "A l'aube de l'examen du budget", la "ficelle" serait "un peu grosse".

Avant de passer à une nouvelle loi "il faut se donner le temps d'évaluer l'existant et surtout de mettre en œuvre l'existant", a abondé son remplaçant au portefeuille de l'Industrie, Marc Ferracci, un très proche d'Emmanuel Macron.

Pour celui qui appartient à la fragile coalition gouvernementale conduite par Michel Barnier, "l'immigration et en particulier l'immigration de travail est une nécessité".

"Ca commence à bien faire", s'est agacé dans Sud-Ouest le président de la commission des Lois, Florent Boudié.

« Inenvisageable »

A gauche, l'eurodéputée LFI Manon Aubry a dénoncé une "diversion" à l'heure où le gouvernement prévoit des dizaines de milliards d'économies sur la dépense publique.

"Ils vont acheter le soutien du RN, en copiant-collant leur projet et leur programme", a-t-elle martelé sur Europe1-Cnews.

"Le RN ordonne, le gouvernement obéit", a commenté le député Sacha Houlié, en rupture avec la macronie.

Dans l'ombre alors qu'elle est jugée pour "détournement de fonds publics" du Parlement européen, Marine Le Pen a regretté sur X que le projet de budget 2025 prévoit de "réduire le remboursement des consultations médicales des Français... Et en même temps, augmenter de près de 10% l'enveloppe dédiée à l'Aide médicale d'État".

"Il serait inenvisageable que les budgets alloués à l'immigration continuent d'augmenter", a-t-elle prévenu.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".