JERUSALEM: Des centaines de milliers d'habitants se sont réfugiés dans des abris et les écoles ont fermé dimanche dans le nord d'Israël, où les échanges de tirs entre le Hezbollah libanais et l'armée israélienne se sont encore intensifiés, poussant le Moyen-Orient au bord de la "catastrophe", selon l'ONU.
Après presque un an de guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas palestinien, le front s'est déplacé ces derniers jours vers la frontière nord d'Israël avec le Liban, en pleine escalade militaire entre l'armée et le puissant Hezbollah, allié du Hamas et soutenu par l'Iran.
Tôt dimanche, l'armée israélienne a annoncé qu'elle menait des frappes sur des cibles du Hezbollah au Liban, après que le mouvement a tiré, selon elle, plus de cent roquettes sur des zones habitées dans le nord d'Israël, qui ont provoqué des incendies.
Le Hezbollah a affirmé avoir ciblé des installations de production militaire israéliennes, "dans une première réponse" aux explosions meurtrières, mardi et mercredi, de ses appareils de transmission à travers le Liban.
"Des centaines de milliers de personnes ont dû se réfugier dans des abris antiaériens dans le nord d'Israël", a déclaré à l'AFP le lieutenant-colonel Nadav Shoshani, porte-parole de l'armée.
La défense passive israélienne a ordonné la fermeture de toutes les écoles jusqu'à lundi 18H00 dans les régions du nord du pays, dont certaines sont situées jusqu'à 80 kilomètres de la frontière libanaise.
« Pression grandissante »
"Nous subissons une pression grandissante du Hezbollah et inversement. A Haïfa de nombreuses écoles sont fermées et les bureaux sont vides. Cela me rappelle le 7 octobre, quand tout le monde est resté à la maison", a témoigné à l'AFP Patrice Wolff, un habitant de cette ville du nord d'Israël, en évoquant l'attaque sanglante menée par le Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre.
L'armée israélienne avait annoncé samedi soir avoir "lancé une vaste attaque dans le sud du Liban après avoir identifié des préparatifs du Hezbollah pour tirer" sur Israël, engageant "des dizaines d'avions" dans cette opération.
Les échanges de tirs se sont multipliés depuis la vague d'explosions spectaculaires des appareils de transmission du Hezbollah, attribuée à Israël, qui a fait 39 morts et 2.931 blessés dans les bastions du mouvement au Liban, selon les autorités du pays. Israël n'a jamais commenté ces attaques.
Puis vendredi, une frappe israélienne sur un immeuble de la banlieue sud de Beyrouth a porté un nouveau coup de massue au Hezbollah, décapitant sa force d'élite, l'unité Radwan, dont 16 membres ont été tués.
Parmi eux se trouvaient Ibrahim Aqil, le chef de l'unité, et Ahmed Mahmoud Wahbi, chargé d'opérations militaires jusqu'au début de cette année.
La frappe a fait 45 morts au total, dont des civils, selon les autorités libanaises.
"Alors que la région est au bord d'une catastrophe imminente, nous ne pouvons pas le dire assez: il n'y a PAS de solution militaire pour rendre l'un ou l'autre côté plus sûr", a averti dimanche la coordinatrice spéciale des Nations unies pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert.
En Irak, des groupes armés pro-iraniens ont revendiqué dimanche des tirs de drone vers Israël, qui a de son côté annoncé avoir intercepté "plusieurs objets volants suspects" venus d'Irak.
L'escalade à la frontière israélo-libanaise a poussé le Premier ministre libanais Najib Mikati à annuler son déplacement à l'ONU à New York en appelant "à la fin des terribles massacres israéliens".
Face à "la nature imprévisible du conflit en cours", les Etats-Unis ont "exhorté" samedi leurs ressortissants au Liban à quitter le pays.
« Objectif clair »
Après l'échec de toutes les tentatives de médiation pour parvenir à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, Israël avait annoncé mardi qu'il étendait ses objectifs de guerre jusqu'au front nord, c'est-à-dire la frontière avec le Liban, pour permettre le retour chez eux de dizaines de milliers d'habitants déplacés par les violences.
Les principaux objectifs affichés jusqu'à présent étaient la destruction du Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et considéré comme une organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne, et le retour des otages retenus dans le territoire palestinien.
"Nos objectifs sont clairs et nos actions parlent d'elles-mêmes", a déclaré, après la frappe de vendredi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
La veille, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait averti que "le front du Liban avec Israël resterait ouvert jusqu'à la fin de l'agression à Gaza".
Dans la bande de Gaza, assiégée par Israël, la Défense civile a fait état samedi de 21 morts dont "13 enfants et six femmes" dans une frappe sur l'école Al-Zaytoun à Gaza-ville, dans le nord.
L'armée israélienne a affirmé avoir visé des combattants du Hamas.
La guerre a éclaté le 7 octobre 2023, quand des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque sans précédent sur le sol israélien, qui a entraîné la mort de 1.205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres officiels israéliens qui inclut les otages morts ou tués en captivité dans la bande de Gaza.
Sur les 251 personnes enlevées pendant l'attaque, 97 sont toujours retenues à Gaza, dont 33 ont été déclarées mortes par l'armée.
Au moins 41.391 Palestiniens ont été tués dans l'offensive israélienne lancée en représailles sur la bande de Gaza, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas à Gaza, jugées fiables par l'ONU.
A Tel-Aviv, des milliers d'Israéliens ont de nouveau manifesté samedi soir pour réclamer à leur gouvernement un accord qui permettrait la libération des otages.