KHAN YOUNES: Tête en arrière, bouche ouverte: à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, dévastée par onze mois de guerre, des enfants reçoivent une dose de vaccin antipolio, dans le cadre de la deuxième phase d'une campagne de vaccination lancée jeudi.
"J'ai été vacciné", lancent cinq enfants brandissant fièrement un petit doigt marqué à l'encre comme preuve.
Le ministère de la Santé de Gaza avait rapporté le mois dernier un premier cas de polio en 25 ans dans le territoire palestinien ravagé par la guerre entre Israël et le Hamas et en proie à un désastre humanitaire.
Dans les camps de déplacés, les écoles transformées en abris et les centres de santé, des parents sont venus avec leurs enfants - du plus jeune âge aux adolescents - pour leur faire administrer le vaccin par voie buccale.
"Je vis dans une tente qui se trouve près d'eaux usées, où il y a de sérieux problèmes de maladies contagieuses", décrit à l'AFP Amani Ashour, 37 ans, venu faire vacciner son fils Abdelrahmane, âgé d'un an.
Comme presque tous les habitants de la bande de Gaza, la famille a été déplacée au moins une fois et a trouvé refuge dans le quartier al-Amal de Khan Younès.
Son enfant, comme beaucoup d'autres, est tombé malade à cause des maladies qui se propagent dans les abris de fortune.
Les habitants de Gaza craignent la propagation de maladies en raison de la surpopulation et l'insalubrité dans les camps et abris.
"J'étais inquiète pour mon fils et je suis venu le faire vacciner", affirme Safaa al-Balbisi, 34 ans, à propos de son fils Yahya, âgé de deux ans.
"La guerre, le manque de propreté, la vie sous les tentes et dans les rues, ainsi que les problèmes d'égouts partout ont contribué à la propagation des maladies".
C'est sur les réseaux sociaux que Raafat Touman, 46 ans, a appris l'existence de la campagne de vaccination. Il est alors venu à l'hôpital Nasser de Khan Younès avec son fils Adam, 2 ans.
"J'ai décidé de faire vacciner mon enfant pour le protéger de (la polio) et autres maladies", avance-t-il.
Des centaines de familles se sont rassemblées dans une école transformée en abri, en attendant l'arrivée des vaccins.
« Une heure sans bombes »
Jeudi marque le cinquième jour de vaccination contre la polio dans la bande de Gaza, et le premier dans le sud du territoire palestinien assiégé.
Louise Wateridge, porte-parole de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), a affirmé que l'objectif est de vacciner 200.000 enfants contre la maladie au cours de cette phase.
Jusqu'à présent, la campagne de vaccination se déroule comme prévu, a déclaré Majdi Daher, chargé de la campagne antipolio au sein du ministère de la Santé.
La campagne dans le centre de la bande de Gaza est "très réussie, dépassant l'objectif fixé, ce qui est très positif", a-t-il dit espérant le même résultat pour le sud du territoire côtier.
La campagne, qui a pour objectif d'administrer les deux doses du vaccin à plus de 640.000 enfants dans la bande de Gaza, se déroule en trois phases: dans le centre, puis le sud et enfin le nord.
Toutefois, "dans le sud, il sera plus difficile d'atteindre une grande partie de la population (...) des milliers de personnes" concernées étant en dehors de la zone humanitaire désignée --où Israël a accepté de ne pas frapper pendant la campagne, prévient Mme Wateridge.
Une accalmie relative dans les combats dans ces zones a offert un bref répit aux familles après des semaines de bombardements et de combats intenses.
"Il y a encore eu beaucoup de frappes ce matin et pendant la nuit", a déclaré Mme Wateridge, "mais j'ai remarqué hier qu'une heure s'est écoulée sans que l'on entende une bombe. Et on s'en rend compte."