L'armée israélienne dit avoir tué trois «  terroristes du Hamas » au 3e jour de son opération en Cisjordanie

Dans le camp de Nour Chams, à Tulkarem, des habitants observaient vendredi les dégâts après le retrait israélien, devant des bâtiments détruits et des routes impraticables. (Reuters)
Dans le camp de Nour Chams, à Tulkarem, des habitants observaient vendredi les dégâts après le retrait israélien, devant des bâtiments détruits et des routes impraticables. (Reuters)
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Publié le Vendredi 30 août 2024

L'armée israélienne dit avoir tué trois «  terroristes du Hamas » au 3e jour de son opération en Cisjordanie

  • "C'est quoi la différence entre Gaza et nous?", se lamente Nayef Alaajmeh, qui contemple, incrédule, les dégâts: "On est une deuxième Gaza".
  • L'armée israélienne a indiqué de son côté qu'un avion avait frappé une "cellule terroriste" dans la région de Jénine et dit avoir tué trois "terroristes du Hamas"

JENINE: L'armée israélienne a annoncé vendredi avoir tué trois combattants palestiniens au troisième jour de l'opération dans le nord de la Cisjordanie occupée, assurant qu'ils appartenaient au Hamas, en guerre contre Israël dans la bande de Gaza depuis l'attaque meurtrière du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre.

Des témoins ont rapporté à l'AFP une frappe israélienne sur une voiture à Zababdeh, au sud-est de Jénine. Ils assurent que des soldats israéliens ont inspecté la voiture après la frappe. Un journaliste de l'AFP sur place a vu des restes humains sortis de la voiture par des ambulanciers.

L'armée israélienne a dit avoir tué 19 combattants mercredi et jeudi. Le ministère palestinien de la Santé a également recensé 19 morts, parmi lesquels deux adolescents de 13 et 17 ans, selon le Croissant-Rouge palestinien.

Le Hamas et le Jihad islamique ont annoncé pour au moins 13 d'entre eux qu'ils étaient des combattants de leurs branches armées.

« Deuxième Gaza »

Vendredi, les forces israéliennes n'opéraient qu'à Jénine, après leur retrait de Toubas et Tulkarem au cours des deux derniers jours, ont indiqué des habitants à l'AFP.

Des témoins ont rapporté une frappe israélienne sur une voiture à Zababdeh, au sud-est de Jénine. Un journaliste de l'AFP sur place a vu des restes humains sortis de la voiture par des ambulanciers.

L'armée israélienne a indiqué de son côté qu'un avion avait frappé une "cellule terroriste" dans la région de Jénine et dit avoir tué trois "terroristes du Hamas".

A Jénine, un photographe de l'AFP rapporte que la route menant à l'hôpital reste bloquée par une jeep blindée de l'armée israélienne. Seules les ambulances peuvent y accéder sous le contrôle de l'armée. Tout est fermé, il n'y a ni voitures ni piétons dans les rues.

Dans le camp de Nour Chams, à Tulkarem, des habitants observaient vendredi les dégâts après le retrait israélien, devant des bâtiments détruits et des routes impraticables.

"C'est quoi la différence entre Gaza et nous?", se lamente Nayef Alaajmeh, qui contemple, incrédule, les dégâts: "On est une deuxième Gaza".

Londres s'est dit "profondément préoccupé par les méthodes employées par Israël et par les informations faisant état de pertes civiles et de destruction d’infrastructures civiles" en Cisjordanie, et a appelé à une "désescalade urgente".

L'Espagne a dénonçé pour sa part "une flambée de violence qui est clairement inacceptable".

Les incursions israéliennes sont quotidiennes en Cisjordanie occupée, mais rarement d'une telle ampleur.

Cisjordanie: les opérations israéliennes «  aggravent  » la situation affirme Paris

Les opérations militaires israéliennes en Cisjordanie occupée "aggravent un climat d'instabilité et de violence inédits" s'est inquiétée vendredi la France, "fortement préoccupée" par la dégradation de la situation en général dans les Territoires palestiniens.

Israël mène depuis trois jours une vaste opération militaire qualifiée d'"antiterroriste" en Cisjordanie occupée qui a causé la mort d'au moins 19 Palestiniens, en marge de la guerre contre le Hamas à Gaza.

Dans une déclaration du ministère des Affaires étrangères, Paris réitère aussi son opposition à la colonisation en Cisjordanie occupée, "qui doit cesser immédiatement".

A Gaza, où Israël est en guerre contre le Hamas palestinien, "l'intensité des attaques israéliennes visant notamment des écoles ou des abris de personnes déplacées conduit à un nombre inacceptable de victimes civiles", écrit le Quai d'Orsay.

"L’impératif du respect du droit international humanitaire s’impose à tous, y compris à Israël", ajoute la diplomatie française, jugeant "inacceptables" les attaques visant des personnels humanitaires.

Enfin à Jérusalem, "la remise en cause désormais systématique du statu quo sur l’Esplanade des Mosquées crée un risque d'embrasement généralisé", alerte Paris.

"La France condamne également les propos irresponsables de M. Ben Gvir (Itamar Ben Gvir, ministre israélien d'extrême droite), qui appelle ouvertement et de manière répétée à des actions contraires au statu quo", ajoute la déclaration.

« Qu'est-il advenu de notre humanité? »

Les violences meurtrières en Cisjordanie ont flambé depuis le début le 7 octobre de la guerre dans la bande de Gaza, où les secours font état vendredi de nouvelles frappes israéliennes, recensent au moins trois morts dans l'est de Khan Younès (sud), et deux autres parmi lesquels un enfant, dans le camp de réfugiés de Jabaliya (nord).

L'armée a indiqué avoir tué des "dizaines" de combattants dans le sud et le centre de la bande de Gaza au cours des dernières 24 heures.

La guerre a été déclenchée par l'attaque du Hamas en Israël le 7 octobre, qui a entraîné côté israélien la mort de 1.199 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles.

Sur 251 personnes enlevées ce jour-là, 103 sont toujours retenues à Gaza, dont 33 déclarées mortes par l'armée.

Les représailles israéliennes à Gaza ont fait au moins 40.602 morts, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, et provoqué un désastre humanitaire et sanitaire dans le territoire palestinien.

La plupart des 2,4 millions d'habitants du territoire palestinien ont été déplacés en près de 11 mois de guerre.

Seule lueur d'espoir: l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a annoncé le début prévu dimanche d'une campagne de vaccination des enfants contre la polio, à la faveur de "pauses humanitaires" de trois journées chacune acceptées par Israël, à la suite d'un premier cas confirmé après 25 ans d'absence.

L'ambassadeur américain adjoint à l'ONU Robert Wood a appelé Israël à "s'abstenir d'opérations militaires" pendant ces périodes, et à "éviter de nouveaux ordres d'évacuation".

Des ordres d'évacuation que la cheffe par intérim de l'Ocha, Joyce Msuya, a dénoncés devant le Conseil de sécurité -- 16 depuis début août --, forçant la population à se déplacer sans cesse, vivant "dans l'incertitude, sans savoir quand le prochain ordre arrivera".

"Les civils ont faim. Ils ont soif. Ils sont malades. Ils sont sans abri. Ils ont été poussés au-delà des limites de leur résistance, au-delà de ce que tout être humain devrait endurer".

"Ce dont nous avons été témoins ces 11 derniers mois (...) remet en question l'engagement du monde envers le droit international créé pour empêcher ces tragédies", a-t-elle déploré.

"Cela nous force à demander: qu'est-il advenu de notre humanité élémentaire?"


Macron à Beyrouth: soutien ferme aux Libanais et leurs nouveaux dirigeants, pour une ère nouvelle

Le président français Emmanuel Macron serre la main de son homologue libanais Joseph Aoun au palais présidentiel de Baabda le 17 janvier 2025. Le 17 janvier, M. Macron a annoncé que Paris accueillerait dans les prochaines semaines une conférence internationale « pour la reconstruction du Liban » après une guerre entre le groupe militant Hezbollah et Israël. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron serre la main de son homologue libanais Joseph Aoun au palais présidentiel de Baabda le 17 janvier 2025. Le 17 janvier, M. Macron a annoncé que Paris accueillerait dans les prochaines semaines une conférence internationale « pour la reconstruction du Liban » après une guerre entre le groupe militant Hezbollah et Israël. (AFP)
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  • Pour affronter ces défis et amorcer l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour le pays, le président français estime qu’il faut s’adosser à trois piliers : restaurer la souveraineté, mettre le Liban sur la voie de la prospérité
  • C’est ce credo que Macron a déroulé lors de ses entretiens avec Aoun et qu’il a réitéré durant ses rencontres avec Salam et le chef du parlement libanais Nabih Berry

PARIS: En se rendant à Beyrouth, quelques jours après l’élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la désignation du nouveau premier ministre Nawaf Salam, le président français Emmanuel Macron a voulu confirmer que la France se tient fermement aux côtés du Liban et des Libanais, dans cette nouvelle ère qui s’ouvre.

C’est une ère porteuse de grands espoirs, pour un pays qui semblait voué au chaos, à cause de l’ineptie de sa classe politique et de ses luttes internes. C’est ce qu’il a voulu constater par lui-même en allant au contact des nouveaux dirigeants et du peuple libanais.

Mais c’est également une ère de défis complexes et difficiles, tant le Liban est fragilisé au niveau de ses institutions, de son économie et de son tissu social par des pratiques mercantiles et communautaires, les ingérences externes, puis récemment une guerre avec Israël qui a laissé une partie de son territoire en lambeaux.

Pour affronter ces défis et amorcer l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour le pays, le président français estime qu’il faut s’adosser à trois piliers : restaurer la souveraineté, mettre le Liban sur la voie de la prospérité et consolider son unité.

C’est ce credo que Macron a déroulé lors de ses entretiens avec Aoun et qu’il a réitéré durant ses rencontres avec Salam et le chef du parlement libanais Nabih Berry.

S’exprimant devant les journalistes à la suite de son tête-à-tête avec Aoun au palais présidentiel de Baabda il a souligné que la souveraineté passe par le respect du cessez-le-feu instauré entre le Liban et Israël le 26 novembre dernier et qu’il a qualifié de «succès diplomatique historique qui a permis de sauver des vies». Avec pour effet la nécessité de consolider le mécanisme de surveillance dont la France fait partie.

Cela implique une application stricte des engagements pris par les autorités israéliennes et libanaises dans le cadre de l'accord et dans les délais prévus.

 Soulignant que « des résultats ont été obtenus » à ce niveau, Macron a estimé qu’ils « doivent se fédérer, se confirmer dans la durée », avec « un retrait total des forces israéliennes, et un monopole total de l'armée libanaise sur les armes ».

C'est pourquoi ajoute Macron « nous soutenons, avec force la montée en puissance des forces armées libanaises et leur déploiement dans le sud du pays » tout en continuant à « consolider l'appui international en matière d'équipement de formation, et de soutien financier ».

Cet effort est soutenu par, la France à titre bilatéral et « je sais aussi que nos amis, l'arabie saoudite le Qatar les pays de la région sont prêts à faire davantage » ajoute-t-il, tout en travaillant « avec vous à la démarcation de la ligne bleue pour dégager une solution pérenne au bénéfice de la sécurité de tous ».

Macron a par ailleurs rappelé que cette souveraineté ne concerne pas que le sud du Liban, et que le contrôle des autres frontières, notamment dans le contexte du bouleversement en cours en Syrie, « constitue aussi un enjeu majeur ». 

L’autre pilier étant la prospérité au bénéfice de tous, il exprimé l’espoir d’une formation rapide du nouveau gouvernement pour mener à bien cette tâche et subvenir à l’urgence humanitaire qui n’est pas révolue.

La nécessité de réformer

La France assure t-il veille à ce que les engagements pris le 24 octobre à Paris soient tenus et qu'ils se traduisent matériellement au profit des populations déplacées par la guerre, Mais « au-delà des réponses d'urgence, la communauté internationale doit anticiper un soutien massif à la reconstruction des infrastructures des habitations détruites par la guerre, tout particulièrement au sud, où le million de déplacés libanais sont rentrés pour trouver leur maison et leur village réduits en cendres ».

À ce propos Macron a précisé qu’une conférence internationale pour la reconstruction se tiendra à Paris dans quelques semaines, lors d’une visite qu’effectuera le président libanais.

La prospérité suppose également des réformes, elles sont « attendues et connues » et s’adressant à Aoun dans des termes empreints d’une chaleur amicale « vous les portez, et vous les défendez », la réforme de la justice, la réforme bancaire, la réforme du marché de l'énergie, la lutte contre la corruption, « toutes ces réformes nécessaires, c'est le gouvernement à venir qui le portera, elles sont indissociables de cette reconstruction ». 

L'ensemble de ces points poursuit Macron doit servir le troisième objectif, « celui d'une nation libanaise, réconciliée et unie dans son pluralisme », car la plus grande des appartenances « est celle à une république qui croit dans l'universel, et d'un pluralisme qui respecte toutes les religions, toutes les communautés leur donnent à chacune sa place ».

Ce n'est que dans cette unité, assure-t-il dans « ce pluralisme réconcilié que le chemin est possible », rendant hommage au peuple libanais, aux milliers de victimes que le pays a déploré depuis le déclenchement de la guerre, « une guerre dans laquelle le Liban a été plongé, malgré lui par l'irresponsabilité de quelques uns ».

Avant sa rencontre avec Aoun au palais de Baabda Macron avait déposé une gerbe au monument du soldat inconnu, puis il s’est livré à un exercice qu’il affectionne particulièrement, en déambulant dans le quartier de Gemayzeh, qui avait été dévasté par l’explosion du port de Beyrouth en 2020

Évoluant au milieu d’une foule de libanais qui l’ont accueilli par des applaudissements chaleureux, il a siroté un café puis il a regardé des livres sur la reconstruction de ce quartier, qu’il avait visité juste au lendemain de l’explosion.

Il a échangé en toute spontanéité avec les personnes qui l’entouraient, il a fait des selfies, bu des jus de fruits, partagé une pizza en écoutant attentivement les personnes qui s'adressent à lui.

« Vous êtes adorable » lui lance une vieille dame, « aidez le Liban » lui demande un homme, une autre personne lui fait part de sa crainte d’une reprise de la guerre.

« Bon courage » et « garder le moral », assène le président français à ses interlocuteurs, avant de souligner que l’ère qui s’ouvre est une ère d’espoir où chacun a sa part à accomplir.

Macron avait commencé sa visite par une rencontre avec le premier ministre libanais en exercice Najib Mikati, et deux entretiens avec le chef d’état major de la FINUL, le général Jean-Jacques Fatinet, puis avec le commandant des opérations spéciales au sein du mécanisme de surveillance du cessez le feu le Général Jasper Jeffers et du représentant de la France au sein de ce mécanisme le général Guillaume Pin Hun.

 


Le procureur de la CPI, Karim Khan, rencontre le nouveau dirigeant syrien 

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  • Le président déchu, Bachar al-Assad, qui a fui à Moscou, refusait de coopérer avec la CPI, ne reconnaissant pas sa compétence sur son territoire
  • M. Chareh et le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, ont rencontré "une délégation de la Cour pénale internationale, dirigée" par Karim Khan, a déclaré Sana, qui a également publié des images de la réunion

DAMAS: Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, a été reçu vendredi par le nouveau dirigeant syrien, Ahmad al-Chareh, qui a pris le pouvoir après la chute de Bachar al-Assad accusé de crimes durant la guerre civile, a indiqué l'agence de presse officielle Sana.

M. Chareh et le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, ont rencontré "une délégation de la Cour pénale internationale, dirigée" par Karim Khan, a déclaré Sana, qui a également publié des images de la réunion.

Le président déchu, Bachar al-Assad, qui a fui à Moscou, refusait de coopérer avec la CPI, ne reconnaissant pas sa compétence sur son territoire.

Le groupe islamiste de M. Chareh, Hayat Tahrir al-Sham (HTS), a mené une coalition qui a renversé Assad le 8 décembre, plus de 13 ans après la répression sanglante de manifestations anti-Assad ayant déclenché une guerre qui a fait plus de 500.000 morts.

Les nouvelles autorités ont promis de rendre justice aux victimes des atrocités commises durant les décennies de règne du clan Assad, s'engageant à juger les responsables impliqués dans la torture des détenus.

Elles ont exhorté la communauté internationale à leur remettre les personnes recherchées qui ont fui.

La CPI, basée à La Haye, n'a pas été en mesure d'enquêter sur la Syrie car le pays n'a jamais ratifié le Statut de Rome, son traité fondateur.

En 2014, la Russie et la Chine ont opposé leur veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité visant à renvoyer le dossier syrien devant la CPI.

 


Explosion au port de Beyrouth: le juge reprend ses enquêtes après deux ans de suspension

Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes". (AFP)
Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes". (AFP)
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  • M. Bitar, juge indépendant, avait dû interrompre son enquête en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah, ainsi qu'à une série de poursuites judiciaires
  • La reprise de ses investigations intervient après l'élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la nomination de Nawaf Salam comme Premier ministre, permises par un affaiblissement du Hezbollah après sa guerre dévastatrice contre Israël

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar, chargé d'enquêter sur la  gigantesque explosion meurtrière au port de Beyrouth a repris ses investigations et engagé des poursuites contre dix nouvelles personnes jeudi, a indiqué à l'AFP une source judiciaire.

Le 4 août 2020, l'une des plus grandes explosions non nucléaires de l'histoire a dévasté des pans entiers de la capitale du Liban, tuant plus de 220 personnes et en blessant plus de 6.500.

M. Bitar, juge indépendant, avait dû interrompre son enquête en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah, ainsi qu'à une série de poursuites judiciaires.

La reprise de ses investigations intervient après l'élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la nomination de Nawaf Salam comme Premier ministre, permises par un affaiblissement du Hezbollah après sa guerre dévastatrice contre Israël et la chute de Bachar al-Assad en Syrie.

M. Aoun et M. Salam se sont engagés à garantir l'indépendance du pouvoir judiciaire et à empêcher toute ingérence dans le travail du juge, dans un pays où la culture de l'impunité prévaut.

Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes".

Il a précisé que les interrogatoires débuteront à partir du 7 février. Des séances d'interrogatoire sont également prévues en mars et avril avec d'autres inculpés, parmi lesquels des anciens ministres et députés.

Selon la même source, M. Bitar prévoit ensuite de clore l'enquête et de la transmettre au procureur général près la Cour de cassation pour qu'il examine l'affaire, en vue de formuler un acte d'accusation.

"Espoir" 

"Les promesses faites par le président et le Premier ministre, puis la reprise de l'enquête (...) aujourd'hui, nous donnent l'impression qu'il y a un espoir que les droits des victimes, pour lesquels nous n'avons cessé de lutter, ne seront pas oubliés", a déclaré à l'AFP Cécile Roukoz, l'une des avocates des familles des victimes, qui a perdu son frère dans l'explosion.

Jeudi, le Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Volker Türk a appelé à la "reprise d'une enquête indépendante", insistant sur la nécessité que les responsables "rendent des comptes" et proposant l'aide de son Bureau à cette fin.

La déflagration a été provoquée par un incendie dans un entrepôt où étaient stockées sans précaution des tonnes de nitrate d'ammonium, malgré des avertissements répétés aux plus hauts responsables.

Un premier juge chargé en 2020 de l'enquête avait dû jeter l'éponge, après avoir inculpé l'ex-Premier ministre, Hassan Diab, et trois anciens ministres.

Tarek Bitar s'était à son tour attaqué à des responsables politiques, mais a été confronté aux mêmes obstacles et à une demande du Hezbollah qu'il soit démis de ses fonctions.

Il avait repris son travail à la surprise générale en janvier 2023, inculpant plusieurs personnalités de haut rang, avant d'être poursuivi pour insubordination par le procureur général, une première dans l'histoire du Liban.

Les proches de victimes et de nombreuses ONG internationales ont demandé à plusieurs reprises la formation d'une commission d'enquête internationale, mais s'étaient heurtés à un refus officiel du Liban.

Dans son premier discours mardi, M. Salam a dit qu'il ferait "tout son possible pour rendre justice aux victimes de l'explosion".