GENEVE : La Suisse devrait envisager une approche plus flexible de sa neutralité historique et chercher à renforcer sa coopération en matière de défense avec l'Otan et l'Union européenne, préconise dans un rapport paru jeudi une commission créée par le ministère suisse de la Défense.
Cette commission, chargée en juillet 2023 de définir une politique de sécurité adaptée aux menaces actuelles, souligne que la situation sécuritaire en Europe s'est fortement détériorée, notamment en raison de l'invasion russe de l'Ukraine.
Selon elle, cette guerre ouvre la porte à un conflit plus vaste avec l'Alliance atlantique et la neutralité de la Suisse ne garantit pas qu'elle ne sera pas attaquée.
Son rapport contient plus de 100 recommandations, principalement concernant la neutralité, la coopération internationale, la politique d'armement et l'orientation de la stratégie de sécurité de la Confédération helvétique.
"La Suisse ne peut pas représenter une faille de sécurité en Europe. Sa situation géographique au milieu de l’UE rend évidente la nécessité d’une coopération en matière de défense", peut-on y lire.
"La neutralité ne fait pas obstacle à une coopération avec l’Otan en matière de politique de sécurité", poursuit la commission, selon laquelle "la politique de neutralité doit être révisée, davantage axée sur sa fonction de sécurité et appliquée de manière plus flexible".
La coopération avec l'Alliance atlantique et l'Union européenne doit être "encore approfondie" dans le sens d'une "capacité de défense commune", prône-t-elle à cet égard.
"Comme tous les autres pays européens", la Suisse "n’est guère à l’abri des menaces hybrides", estime la Commission.
Selon le rapport, la guerre hybride constitue même "la principale menace" pesant sur le pays, qui représente "une cible intéressante" en raison de ses importantes infrastructures dans les domaines de l'énergie ou des paiements internationaux, "également cruciales pour l’Europe".
En conséquence, "l'accès aux projets de coopération de l'UE et de l'Otan devrait être assuré", conclut-elle.
La position de longue date de la Suisse est celle d'une neutralité militaire tout en étant armée.
Ce pays enclavé n'est membre ni de l'Alliance atlantique ni de l'Union européenne, tandis que l'Allemagne, l'Italie et la France voisines en font partie et que l'Autriche est aussi membre de l'UE.
Dans son rapport, la commission appelle également à intensifier les efforts diplomatiques en matière de contrôle international des armements et de régulation des nouvelles technologies.
Elle recommande en outre d'augmenter le budget de la défense pour le faire passer à 1% du produit intérieur brut d'ici à 2030.