Blinken en Egypte pour parler d'une trêve à Gaza, six corps d'otages récupérés

Le Secrétaire d'Etat américain Antony Blinken s'adresse à la presse à l'hôtel David Kempinski à Tel Aviv le 19 août 2024.  (Photo AFP)
Le Secrétaire d'Etat américain Antony Blinken s'adresse à la presse à l'hôtel David Kempinski à Tel Aviv le 19 août 2024. (Photo AFP)
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Publié le Mardi 20 août 2024

Blinken en Egypte pour parler d'une trêve à Gaza, six corps d'otages récupérés

  • Israël et le mouvement islamiste Hamas s'accusent mutuellement de bloquer un accord de trêve dans le territoire palestinien assiégé.
  • Mardi, l'armée israélienne a annoncé avoir récupéré les corps de six otages, lors d'une opération menée avec le renseignement intérieur à Khan Younès.

EL ALAMEIN :Le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, a entamé mardi ses entretiens en Egypte avant de se rendre au Qatar, pour pousser à un accord de cessez-le-feu à Gaza, les Etats-Unis accentuant la pression sur le Hamas pour accepter une proposition de compromis.

Au 11e mois de la guerre, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas palestinien contre Israël le 7 octobre, l'armée israélienne a annoncé avoir récupéré dans la bande de Gaza les corps de six otages enlevés lors de cette attaque, dont cinq avaient déjà été annoncés comme décédés.

Israël et le mouvement islamiste Hamas s'accusent mutuellement de bloquer un accord de trêve dans le territoire palestinien assiégé, où une offensive de représailles israélienne a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué un désastre humanitaire et sanitaire.

La Défense civile dans la bande de Gaza a annoncé mardi la mort d'au moins sept Palestiniens dont deux enfants dans une frappe israélienne sur une école abritant des déplacés à Gaza-Ville (nord). L'armée a affirmé avoir mené une frappe "sur des terroristes cachés dans l'école".

Pour son neuvième voyage dans la région depuis le 7 octobre, M. Blinken a entamé à El-Alamein, en Egypte un entretien avec le président Abdel Fattah al-Sissi. Il doit ensuite se rendre à Doha.

La veille en Israël, le secrétaire d'Etat a estimé qu'il s'agit "peut-être de la dernière occasion de ramener les otages chez eux" et "d'obtenir un cessez-le-feu".

Il a affirmé que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lui avait "confirmé qu'Israël acceptait le plan de compromis" de Washington pour une trêve, et a appelé le Hamas à "faire de même".

Le président américain Joe Biden a lui accusé mardi le Hamas "de faire machine arrière", tout en jugeant un accord "toujours possible."

Washington avait soumis une nouvelle proposition en vue d'un accord vendredi, lors d'un nouveau cycle de négociations à Doha entre Israël et les médiateurs américain, qatari et égyptien.

Mais celle-ci a immédiatement été rejetée par le Hamas, qui a accusé la partie américaine d'avoir intégré de "nouvelles conditions" d'Israël, dont le maintien de ses troupes à la frontière de Gaza avec l'Egypte et "un droit de veto" sur les prisonniers palestiniens susceptibles d'être échangés contre les otages.

- Retenus dans un tunnel -

Le mouvement palestinien refuse de négocier davantage et exige un calendrier pour appliquer le plan annoncé le 31 mai par le président américain Joe Biden, qu'il a accepté début juillet.

Ce plan prévoit dans une première phase une trêve de six semaines accompagnée d'un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza et de la libération d'otages enlevés le 7 octobre, et dans sa deuxième phase, notamment un retrait total israélien de Gaza.

M. Netanyahu a maintes fois dit vouloir poursuivre la guerre jusqu'à la destruction du Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et considéré comme une organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne.

L'attaque lancée le 7 octobre par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël a entraîné la mort de 1.199 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles.

Sur 251 personnes enlevées ce jour-là, 105 sont toujours retenues à Gaza dont 34 déclarées mortes par l'armée.

La campagne de bombardements aériens et l'offensive terrestre lancées par Israël en représailles ont fait au moins 40.173 morts et près de 93.000 blessés, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas.

Ce dernier ne détaille pas le nombre des civils et des combattants tués mais selon l’ONU, la plupart des morts sont des femmes et mineurs.

Mardi, l'armée israélienne a annoncé avoir récupéré les corps de six otages, lors d'une opération menée avec le renseignement intérieur à Khan Younès (sud). Il s'agit de Alex Dancyg, Chaim Peri, Yagev Buchshtab, Yoram Metzger, Nadav Popplewell, tous annoncés morts ces derniers mois, et de celui d'Avraham Munder dont le décès a été annoncé mardi. Selon une ex-otage, ils étaient retenus ensemble dans un tunnel.

- "Un sentiment d'urgence" -

Dans la bande de Gaza dévastée, où la quasi-totalité des 2,4 millions habitants ont été déplacés, les bombardements meurtriers israéliens ne connaissent pas de répit.

Outre la frappe sur l'école, six Palestiniens ont été tués à Rafah (sud) dont quatre à bord d'une voiture visée par l’armée israélienne, selon des sources médicales.

Dans le nord d'Israël et sur le plateau syrien annexé du Golan, l'armée israélienne a fait état de dizaines de roquettes tirées par le Hezbollah, sans faire de victime. Le mouvement libanais pro-iranien a ouvert le 8 octobre dans le secteur un front en "soutien" au Hamas.

Pour les Etats-Unis, un cessez-le-feu à Gaza doit aussi aider à éviter une éventuelle attaque contre Israël de l'Iran et de ses alliés, Hezbollah, Hamas et rebelles yéménites houthis.

Ces derniers ont menacé de riposter à l'assassinat, imputé à Israël, du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh à Téhéran le 31 juillet, et à celui du chef militaire du Hezbollah, Fouad Chokr, tué la veille dans une frappe israélienne près de Beyrouth.

Pour M. Blinken il y a "un sentiment d'urgence dans toute la région", face au risque d'un embrasement.


Liban: 20 morts et plus de 450 blessés dans une nouvelle vague d'explosions d'appareils de transmission du Hezbollah

Des personnes réagissent après l'explosion d'un appareil pendant les funérailles des personnes tuées lors de l'explosion de centaines d'appareils de radiomessagerie dans une vague meurtrière à travers le Liban la veille, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 18 septembre 2024. (AFP)
Des personnes réagissent après l'explosion d'un appareil pendant les funérailles des personnes tuées lors de l'explosion de centaines d'appareils de radiomessagerie dans une vague meurtrière à travers le Liban la veille, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 18 septembre 2024. (AFP)
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  • Une nouvelle vague d'explosions d'appareils de transmission du Hezbollah a fait mercredi 20 morts et plus de 450 blessés à travers le Liban
  • Cette nouvelle vague intervient au lendemain d'une attaque similaire survenue après l'annonce par Israël qu'il étendait les objectifs de la guerre contre le Hamas palestinien dans la bande de Gaza à sa frontière nord avec le Liban

BEYROUTH: Une nouvelle vague d'explosions d'appareils de transmission du Hezbollah a fait mercredi 20 morts et plus de 450 blessés à travers le Liban, exacerbant les craintes d'une guerre totale avec Israël avant un discours jeudi du chef de l'organisation pro-iranienne.

Hassan Nasrallah, qui n'a pas été blessé dans cette séquence selon une source proche du mouvement, doit s'exprimer jeudi à 17H00 (14H00 GMT) sur ces explosions imputées à Israël et qui ont été fatales à plusieurs cadres de son mouvement.

Mercredi, le ministère libanais de la Santé a indiqué que "la vague d'explosions ennemies ayant visé les talkies-walkies" avait "tué 20 personnes et en a blessées plus de 450".

Cette nouvelle vague intervient au lendemain d'une attaque similaire survenue après l'annonce par Israël qu'il étendait les objectifs de la guerre contre le Hamas palestinien dans la bande de Gaza à sa frontière nord avec le Liban.

Sans évoquer les explosions au Liban, le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a estimé que le "centre de gravité" de la guerre se déplace "vers le nord" où les échanges de tirs meurtriers quasi-quotidiens avec le Hezbollah ont entraîné le déplacement de dizaines de milliers d'habitants des deux côtés de la frontière.

A Beyrouth, des talkies-walkies ont explosé simultanément mercredi dans la banlieue sud, au moment où se déroulaient les obsèques de quatre membres du Hezbollah tués la veille dans l'explosion de bipeurs, selon une source proche du mouvement libanais et des secouristes.

Les détonations ont semé la panique pendant les funérailles, de nombreuses personnes se précipitant pour se mettre à l'abri, selon des images de l'AFPTV.

Mardi, des explosions simultanées de bipeurs, un système de radiomessagerie utilisé par le mouvement islamiste pro-iranien, ont fait douze morts et entre 2.750 et 2.800 blessés, selon le ministère libanais.

Dès le début de la guerre à Gaza en octobre 2023, le Hezbollah a ouvert un front à la frontière avec Israël disant soutenir le Hamas.

Israël n'a fait aucun commentaire sur ces explosions mais le sujet a été à la Une des ses médias. Selon Amos Harel du quotidien de gauche Haaretz, les explosions des appareils de transmission du mouvement libanais ont placé "Israël et le Hezbollah au bord d'une guerre totale".

- "Préprogrammés pour exploser" -

De son côté, le chef de la diplomatie libanaise, Abdallah Bou Habib, a estimé que l'attaque de mardi pourrait être le présage d'une guerre plus large au Moyen-Orient.

Une source proche du Hezbollah a indiqué à l'AFP que "les bipeurs qui ont explosé provenaient d'une cargaison récemment importée par le Hezbollah de 1.000 appareils".

Selon une enquête préliminaire menée par les autorités libanaises, "les appareils étaient préprogrammés pour exploser et contenaient des matériaux explosifs placés à côté de la batterie", a déclaré à l'AFP un responsable libanais de la sécurité.

Charles Lister, expert au Middle East Institute, a estimé sur X que "le Mossad (service de renseignement extérieur israélien) a infiltré la chaîne d'approvisionnement" du Hezbollah.

Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunira en urgence vendredi pour discuter de la série d'explosions au Liban.

Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a condamné mercredi les "attaques" aux bipeurs, se disant "extrêmement préoccupé" par la situation. L'ONU a déploré une "escalade extrêmement inquiétante" et  Washington a mis en garde contre toute "escalade".

Le Hamas a accusé Israël d'être responsable de la nouvelle vague d'explosions au Liban, évoquant une "menace" contre la stabilité régionale.

Israël avait annoncé sa décision d'étendre les objectifs de la guerre jusqu'à la frontière israélo-libanaise, afin de permettre le retour des déplacés dans le nord d'Israël.

Les principaux objectifs affichés jusqu'à présent étaient la destruction du Hamas au pouvoir à Gaza depuis 2007, et le retour des otages retenus dans le territoire palestinien.

"Nous menons nos tâches simultanément" au nord et au sud, et "notre tâche est claire: assurer le retour des habitants du nord sains et saufs chez eux", a souligné M. Gallant. Ses propos ont été repris par le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et le chef d'état-major israélien, le général Herzi Halevi, dans des déclarations séparées.

- "Volonté politique" -

Dans ce contexte explosif, le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, en visite au Caire, a appelé Israël et le Hamas à faire preuve de "volonté politique" pour parvenir à un accord de cessez-le-feu, après des mois de négociations infructueuses.

De leur côté, des représentants de la diplomatie américaine, française, allemande, italienne et britannique se réuniront jeudi à Paris pour faire le point sur l'état des négociations pour une trêve à Gaza et la situation au Liban, selon des sources diplomatiques.

Pendant ce temps, la guerre ne connaît pas de répit dans le territoire palestinien assiégé et frappé par une catastrophe humanitaire.

Selon la Défense civile de Gaza, au moins cinq personnes ont été tuées mercredi par une frappe aérienne israélienne sur une école transformée en refuge pour déplacés, dans un quartier de l'est de Gaza-ville (nord).

L'armée a confirmé la frappe, affirmant que les combattants du Hamas utilisaient l'école "pour planifier et mener des activités terroristes".

Mercredi, le Canada a annoncé de nouvelles sanctions pour "combattre les activités terroristes" du Hamas et "contrecarrer ses réseaux financiers", ainsi que contre des colons israéliens "extrémistes" ayant commis des "actes de violence" à l'encontre de civils palestiniens en Cisjordanie occupée.

Le 7 octobre 2023, des commandos du Hamas ont mené une attaque sans précédent sur le sol israélien, qui a entraîné la mort de 1.205 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres officiels israéliens qui inclut les otages morts ou tués en captivité dans la bande de Gaza.

Sur les 251 personnes enlevées pendant l'attaque, 97 sont toujours retenues à Gaza, dont 33 ont été déclarées mortes par l'armée.

Plus de 41.272 Palestiniens ont été tués dans la campagne militaire israélienne de représailles sur la bande de Gaza, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.


Le ministre saoudien des affaires étrangères se rend en Jordanie pour une réunion sur Gaza

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, prince Faisal ben Farhan Al-Saud, assiste à une réunion de coordination du groupe de contact de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), à Amman, en Jordanie, le 18 septembre 2024. (Reuters)
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, prince Faisal ben Farhan Al-Saud, assiste à une réunion de coordination du groupe de contact de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), à Amman, en Jordanie, le 18 septembre 2024. (Reuters)
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DUBAÏ: Le ministre saoudien des Affaires étrangères, prince Faisal ben Farhan, a déclaré mercredi que la situation dangereuse à Gaza exigeait que toutes les parties redoublent d'efforts pour faire face aux derniers développements.

Prince Faisal a fait ces remarques alors qu'il participait à une réunion du comité ministériel du sommet arabo-islamique en Jordanie, axée sur l'arrêt du conflit à Gaza.

Par ailleurs, le ministre jordanien des affaires étrangères a déclaré qu'Israël poussait l'ensemble du Moyen-Orient au bord d'un conflit régional en maintenant une escalade dangereuse sur plusieurs fronts.

Ayman Safadi a déclaré à l'issue de la réunion que la paix ne prévaudrait pas sans une solution à deux États.

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Le ministre jordanien des Affaires étrangères, Ayman Safadi, rencontre des ministres des Affaires étrangères et des fonctionnaires lors d'une réunion de coordination du groupe de contact de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), à Amman, en Jordanie, le 18 septembre 2024. (Reuters)

Selon l'Agence de presse jordanienne (Petra), le comité arabo-islamique, créé pour coordonner une réponse globale, envisagera une action lors des prochaines réunions de haut niveau de la 79e session de l'Assemblée générale des Nations unies à New York.

Il comprend des représentants de la Palestine, de la Jordanie, de l'Égypte, du Qatar, de la Turquie, de l'Indonésie, du Nigeria et de Bahreïn, ainsi que les secrétaires généraux de la Ligue arabe et de l'Organisation de la coopération islamique.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Israël/Gaza: le Hezbollah libanais promet de continuer le combat malgré l'attaque aux bipeurs

Des proches pleurent Fatima Abdallah, une fillette de 10 ans tuée par l'explosion de centaines d'appareils de radiomessagerie lors d'une vague meurtrière au Liban, lors de ses funérailles dans le village de Saraain, dans la vallée de la Bekaa, le 18 septembre 2024. (AFP)
Des proches pleurent Fatima Abdallah, une fillette de 10 ans tuée par l'explosion de centaines d'appareils de radiomessagerie lors d'une vague meurtrière au Liban, lors de ses funérailles dans le village de Saraain, dans la vallée de la Bekaa, le 18 septembre 2024. (AFP)
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  • L'explosion simultanée mardi à travers le Liban de ces bipeurs utilisés par le mouvement islamiste pro-iranien a fait neuf morts et près de 2.800 blessés
  • Israël n'a pas commenté ces explosions, survenues dans plusieurs places fortes du Hezbollah quelques heures après l'annonce par ce pays qu'il étendait les objectifs de la guerre contre le Hamas

BEYROUTH: Le Hezbollah libanais a promis mercredi de poursuivre ses opérations de soutien au Hamas palestinien, malgré la vague meurtrière d'explosions de bipeurs qui l'a visé et qu'il impute à Israël.

L'explosion simultanée mardi à travers le Liban de ces bipeurs utilisés par le mouvement islamiste pro-iranien a fait neuf morts et près de 2.800 blessés, dont des centaines de membres du Hezbollah, selon le ministère de la Santé, un événement sans précédent.

Israël n'a pas commenté ces explosions, survenues dans plusieurs places fortes du Hezbollah quelques heures après l'annonce par ce pays qu'il étendait les objectifs de la guerre contre le Hamas dans la bande de Gaza à sa frontière nord avec le Liban.

Depuis le début de la guerre, déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du Hamas en Israël, la frontière libano-israélienne est le théâtre d'échanges de tirs presque quotidiens entre l'armée israélienne et le Hezbollah, entraînant le déplacement de dizaines de milliers de civils de part et d'autre.

Une source proche du Hezbollah a expliqué mardi que "des centaines de membres" de la formation libanaise avaient été blessés par l'explosion simultanée de leurs bipeurs, un système de radiomessagerie, dans la banlieue sud de Beyrouth ainsi que dans le sud et l'est du Liban.

Le Hezbollah a accusé Israël d'être "entièrement responsable", prévenant qu'il allait "recevoir son juste châtiment".

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui n'a pas été blessé dans les explosions selon une source proche du mouvement, doit s'exprimer jeudi à 17H00 (14H00 GMT) sur ces évènements.

- "Jamais vu ça" -

Le Hezbollah, qui a ouvert le front à la frontière avec Israël au lendemain du déclenchement de la guerre entre Israël et le Hamas, a réaffirmé mercredi qu'il "continuera" ses opérations de soutien à Gaza malgré cette attaque.

Après l'attaque, des dizaines d'ambulances transportant des blessés ont afflué vers les hôpitaux à Beyrouth, dans la Békaa (est) ainsi qu'à Saïda (sud).

Dans la banlieue sud de Beyrouth, des tentes ont été installées pour accueillir des habitants qui se sont précipités pour donner leur sang.

"De ma vie, je n'ai jamais vu ça", a témoigné à l'AFP Moussa, qui a demandé à être identifié par son seul prénom. "Ca a explosé d'un coup (...) j'ai trouvé devant moi des gens allongés par terre".

Parmi les morts figure une fillette de dix ans tuée par l'explosion du bipeur de son père, ainsi que le fils d'un député du Hezbollah.

L'ambassadeur d'Iran à Beyrouth, Mojtaba Amani, a été blessé, selon la télévision iranienne.

Le ministre de l'Education libanais, Abbas Halabi, a annoncé la fermeture mercredi des écoles et des universités, pour condamner "cet acte criminel commis par l'ennemi israélien".

- "Pas au courant" -

Les Etats-Unis, premier allié d'Israël, n'étaient "pas au courant" à l'avance des explosions, a affirmé le département d'Etat, en exhortant l'Iran à éviter tout acte qui aggraverait les tensions dans la région.

L'impact de ces explosions sur les communications du Hezbollah n'était pas clair dans l'immédiat.

Une source proche de la formation libanaise a indiqué à l'AFP que "les bipeurs qui ont explosé concernent une cargaison récemment importée par le Hezbollah de 1.000 appareils", qui semblent avoir été "piratés à la source".

"D'après les enregistrements vidéo (...), un petit explosif de type plastic a certainement été dissimulé à côté de la batterie (des bipeurs) pour un déclenchement à distance via l'envoi d'un message", a estimé sur X Charles Lister, expert au Middle East Institute (MEI).

Pour lui, "le Mossad (service secret extérieur israélien, ndlr) a infiltré la chaîne d'approvisionnement".

Cette série d'explosions marque une "escalade extrêmement inquiétante", a affirmé l'ONU.

Le groupe taïwanais Gold Apollo a affirmé mercredi que les bipeurs piégés, portant sa marque, avaient été produits et vendus par son partenaire hongrois BAC, démentant des informations du New York Times selon lesquelles Gold Apollo avait lui-même fabriqué les appareils.

Israël avait annoncé mardi sa décision d'étendre les objectifs de la guerre jusqu'à la frontière israélo-libanaise, afin de permettre le retour des déplacés dans le nord d'Israël. Les principaux objectifs affichés jusqu'à présent étaient la destruction du Hamas, au pouvoir depuis 2007 à Gaza, et le retour des otages retenus dans le territoire palestinien.

Mardi soir, la compagnie aérienne allemande Lufthansa a annoncé la suspension, au moins jusqu'à jeudi, de ses vols de et vers Tel-Aviv et Téhéran. Air France suspend de son côté ses liaisons avec Beyrouth et Tel-Aviv, également jusqu'au 19 septembre.

- Blinken au Caire -

Dans ce contexte très tendu, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken est arrivé mercredi au Caire pour discuter d'une nouvelle proposition en vue d'un cessez-le-feu à Gaza et d'une libération des otages.

Après des mois de négociations infructueuses, Washington a dit toujours travailler avec les médiateurs, le Qatar et l'Égypte, pour finaliser une proposition d'accord susceptible de convenir aux deux parties.

Le 7 octobre 2023, des commandos du Hamas ont mené une attaque sans précédent sur le sol israélien, qui a entraîné la mort de 1.205 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres officiels qui inclut les otages tués en captivité.

Sur les 251 personnes enlevées pendant l'attaque, 97 sont toujours retenues à Gaza, dont 33 ont été déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a promis de détruire le Hamas, qu'il considère comme une organisation terroriste de même que l'Union européenne et les Etats-Unis.

Son armée a lancé une offensive qui a fait au moins 41.252 morts, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas à Gaza, qui ne détaille pas les combattants et les civils tués.

Quatre soldats ont été tués dans des combats mardi dans le sud de la bande de Gaza, a annoncé mercredi l'armée israélienne, ajoutant que six autres avaient été blessés dont trois grièvement.