LONDRES: Plus de 100 journalistes ont envoyé une lettre au secrétaire d'État américain Antony Blinken pour demander à l'administration Joe Biden d'imposer un embargo sur les armes à Israël, en réponse à ce qu'ils considèrent comme la poursuite des attaques contre les reporters palestiniens à Gaza.
La lettre, signée par 113 journalistes, sept organisations de défense de la liberté de la presse et 20 organes de presse, accuse les États-Unis de se rendre complices des actions d'Israël en raison de leur soutien indéfectible à Tel-Aviv.
“Depuis le 7 octobre 2023, Israël a tué plus de 160 journalistes palestiniens. Il s'agit du plus grand nombre de journalistes tués dans une guerre”.
“Alors que les bombardements indiscriminés d'Israël sur la zone densément peuplée de Gaza signifient qu'aucun civil n'est à l'abri, Israël a également (...) documenté à plusieurs reprises le ciblage délibéré de journalistes”, peut-on lire dans la lettre.
“Les actions militaires d'Israël ne sont pas possibles sans les armes, l'aide militaire et le soutien diplomatique des États-Unis. En fournissant les armes utilisées pour tuer délibérément des journalistes, vous vous rendez complice de l'un des plus graves affronts à la liberté de la presse aujourd'hui”.
La lettre accuse également Tel-Aviv de supprimer la couverture médiatique de ses actions à Gaza.
Ces mesures comprennent des coupures d'Internet, une censure militaire imposée aux journalistes nationaux et internationaux, l'interdiction pour les reporters étrangers d'entrer à Gaza et l'interdiction d'Al Jazeera dans le pays sous le prétexte de la sécurité nationale.
“Le ciblage délibéré des journalistes par Israël s'inscrit dans une tendance de longue date du gouvernement israélien à supprimer les informations véridiques sur la façon dont il traite les Palestiniens et sur la guerre qu'il mène à Gaza”, peut-on lire dans la lettre.
L'appel souligne la gravité des actions d'Israël à l'encontre des journalistes, qui ont été largement documentées bien avant le début du conflit actuel, le 7 octobre.
Il souligne que le fait de s'en prendre à des journalistes constitue un crime de guerre au regard du droit international. Il note également que la législation américaine interdit d'aider les forces étrangères impliquées dans des violations des droits de l'homme, en soulignant que le bilan d'Israël en matière d'exécutions extrajudiciaires de journalistes constitue une violation manifeste de cette interdiction.
Cet appel est le dernier d'une série d'appels à l'action largement ignorés.
En avril, plus de deux douzaines de journalistes palestiniens ont exhorté les journalistes américains à boycotter le dîner annuel des correspondants de la Maison Blanche.
En juillet, plus de 60 organisations ont demandé aux autorités israéliennes d'autoriser l'accès libre et sans restriction des médias à Gaza, en invoquant la “charge déraisonnable et insoutenable” imposée aux journalistes locaux pour documenter les événements.
Cette nouvelle coïncide avec un rapport de la Fédération internationale des journalistes révélant que les reporters qui couvrent le conflit meurent à un rythme nettement plus élevé que les autres professions.
Le rapport indique que plus de 12 pour cent des journalistes de Gaza ont été tués, suggérant que le taux de mortalité “anormalement élevé” indique que les travailleurs des médias sont délibérément ciblés par l'armée israélienne.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.co