PARIS: Visages souriants, entraide... Un "quelque chose" en plus semble flotter dans l'air parisien, bercé entre les Jeux olympiques achevés et les Jeux paralympiques à venir, une prolongation que la ville et ses estivants entendent jouer, notamment dans les fan zones.
"On sent qu'il se passe quelque chose, qu'on est entre deux Jeux", s'enthousiasme Nathalie Croué, 47 ans, assise à la "terrasse des Jeux", la fan zone installée devant l'hôtel de ville de Paris, avec son mari et deux de leurs fils.
En cette fin d'après-midi du 15 août, son mari Grégory décrit même "un état de grâce" au milieu des près de 500 personnes qui déambulent entre les ateliers d'initiation aux sports et handisports.
La mairie de Paris s'est donnée pour "objectif une programmation continue", jusqu'au 8 septembre, dans 26 sites, pour "créer une ambiance de fête", explique Pierre Rabadan, l'adjoint au sport chargé des Jeux. Et aussi "profiter du succès de nos Jeux olympiques pour réussir" l'accueil des Jeux paralympiques.
En tout, 1,5 million de personnes ont été accueillies pendant les JO sur les fan zones, jusqu'à 25.000 par jour devant l'hôtel de Ville.
- "Les traces des Jeux" -
Nathalie et Grégory sont arrivés à Paris le week-end de la cérémonie de clôture, après avoir passé la quinzaine olympique à domicile, dans le pays de Gex (Ain), "plantés devant la télé" et s'émerveillant devant les médailles obtenues par la France et le décor des épreuves, racontent-ils.
Le couple se sent "sur les traces des Jeux" : "on se promène devant le Louvre, on pense aux athlètes qui ont couru avant d'allumer la flamme, on se promène sur les quais de Seine, on voit (la Conciergerie) où un groupe de rock a coupé la tête des rois (sic)" lors de la cérémonie d'ouverture, énumère la quadragénaire.
En début de soirée, de l'autre côté du fleuve, dans le quartier Latin, les arènes de Lutèce baignent dans une ambiance musicale digne du Buena Vista Social Club.
Près de 120 personnes, des groupes d'amis d'une trentaine d'années, sont assis sur les bancs et transats disposés sur le sable des arènes ou jouent au badminton sur fond de musiques cubaines et argentines, pendant qu'un groupe local s'installe sur une scène.
Durant les Jeux, "tout a été plus agréable que d'habitude, dans les transports, l'ambiance était détendue, on s'est senti plus en sécurité, et pour la propreté la mairie a fait un effort", note Bruno Bosc, un Parisien de 37 ans attablé avec deux amis.
"Ca se voyait sur les visages, dans les regards, les gens étaient plus ouverts, ils avaient envie que ce soit une fête", estime-t-il.
- Jusqu'à quand la trêve? -
"Les JO ont levé une pression", après la dissolution de l'Assemblée nationale et les élections législatives, se rappelle à ses côté Mohamed Trahore, 24 ans, qui émet le souhait que cela dure "jusqu'après les Paralympiques".
A la fin des JO, "du jour au lendemain, il y a eu un effet rideau", avec bien moins d'animation la journée, déplore de son côté Mattieu Chileri, un des nombreux pongistes du parc de Choisy, dans le 13e arrondissement, où une fan zone a été installée.
Peu après 20H00, les transats géants installés par la ville sur la pelouse sont pris d'assaut par des groupes de jeunes gens, devant une petite scène et un écran géant alors éteint, avec un remix électro d'une chanson de Lana del Rey comme fond sonore.
"Il y toujours plein de monde ici", décrit cet habitué des lieux, qui reconnaît à cette fan zone le mérite d'avoir "permis à ceux qui ne pouvaient pas acheter de places et qui ne partaient pas en vacances" de quand même vivre les Jeux.