SANNAA : Le gouvernement yéménite a appelé l'ONU à transférer ses locaux dans la capitale provisoire Aden, après la saisie de son bureau à Sanaa par les rebelles houthis et la détention de dizaines de travailleurs d'organisations internationales.
"Nous réitérons l'appel à la Mission des Nations unies, à toutes les agences de l'ONU, aux organisations internationales opérant au Yémen (...) à déplacer immédiatement leur siège vers la capitale provisoire, Aden, et les zones libérées", a déclaré le ministre de l'Information, Moammar Al-Eryani, dans un communiqué publié mardi soir par l'agence Saba.
Les Houthis, soutenus par l'Iran, se sont emparés de la capitale Sanaa en 2014 et contrôlent depuis de larges pans du territoire, malgré l'intervention en 2015 d'une coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite pour soutenir le gouvernement reconnu par la communauté internationale.
Mardi, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme a affirmé que les rebelles avaient pénétré le 3 août dans ses locaux à Sanaa et obligé le personnel à lui remettre les clés ainsi que tous ses biens.
"Ce grave développement intervient près de deux mois après la vague d'enlèvements menée par la milice houthie" et représente "une escalade dans sa politique d'oppression des organisations internationales", a dénoncé Moamar Al-Iryani.
Début juin, les rebelles ont arrêté 13 membres du personnel de l'ONU, un employé d'une ambassade et plus de 50 travailleurs d'ONG, selon les Nations unies. Deux autres employés du bureau des droits de l'homme de l'ONU sont également détenus respectivement depuis novembre 2021 et août 2023.
Les Houthis ont affirmé avoir arrêté les membres d'un "réseau d'espions américano-israélien" opérant sous la couverture d'organisations humanitaires, des accusations que l'ONU a rejetées catégoriquement.
Le ministre yéménite a exhorté la communauté internationale à prendre "des mesures fortes et dissuasives" à l'encontre des insurgés et à les "désigner comme une organisation terroriste mondiale".
La guerre au Yémen a fait des centaines de milliers de morts et provoqué l'une des pires crises humanitaires au monde. Les combats se sont considérablement réduits depuis la négociation d'une trêve sous l'égide de l'ONU en avril 2022, bien que celle-ci ait officiellement pris fin six mois plus tard.
Depuis novembre, les Houthis multiplient les attaques contre des navires au large du Yémen en disant agir en solidarité avec les Palestiniens dans le cadre de la guerre à Gaza, déclenchée le 7 octobre par une attaque du Hamas en Israël.