Pressions internationales pour tenter d'éviter une escalade au Liban

Un passager pousse un chariot chargé à ll'aéroport international Rafic Hariri à Beyrouth, le 29 juillet 2024 (Photo AFP)
Un passager pousse un chariot chargé à ll'aéroport international Rafic Hariri à Beyrouth, le 29 juillet 2024 (Photo AFP)
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Publié le Lundi 29 juillet 2024

Pressions internationales pour tenter d'éviter une escalade au Liban

  • Cette attaque a relancé les craintes d'un embrasement de la région. Lundi, plusieurs compagnies aériennes, dont Air France et Lufthansa, ont annoncé suspendre leurs vols vers Beyrouth.
  • Depuis le début de la guerre à Gaza, le Hezbollah échange quotidiennement des tirs avec l'armée israélienne le long de la frontière israélo-libanaise.

BEYROUTH : La communauté internationale multiplie les efforts lundi pour contenir une contagion au Liban de la guerre dans la bande de Gaza, après une frappe meurtrière sur le plateau syrien du Golan annexé, imputée par Israël au Hezbollah libanais.

Dans le centre du territoire palestinien assiégé, des centaines de civils ont fui après un nouvel ordre d'évacuation émis par l'armée, qui poursuit son offensive lancée le 7 octobre en riposte à l'attaque du mouvement islamiste Hamas contre Israël.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, s'est rendu lundi dans la petite ville druze de Majdal Shams, dans le Golan, un plateau syrien en grande partie annexé par Israël, où un tir de roquette samedi sur un terrain de football a tué 12 garçons et filles âgés de dix à seize ans.

Cette attaque a relancé les craintes d'un embrasement de la région. Lundi, plusieurs compagnies aériennes, dont Air France et Lufthansa, ont annoncé suspendre leurs vols vers Beyrouth.

A Majdal Shams, des centaines de Druzes ont assisté aux funérailles d'un garçon de 12 ans tué samedi, après l'enterrement dimanche des autres victimes.

Israël et les Etats-Unis ont accusé le Hezbollah, soutenu par l'Iran et allié du Hamas palestinien, d'être l'auteur de ce tir. Le mouvement islamiste libanais a nié.

Le Hezbollah paiera "le prix fort", a averti dimanche Benjamin Netanyahu, qui a reçu, avec son ministre de la Défense Yoav Gallant, le feu vert du cabinet de sécurité pour "décider de la manière et du moment pour répondre à l'organisation terroriste du Hezbollah".

Lundi, le mouvement libanais a annoncé avoir lancé "des dizaines de roquettes Katioucha" sur une position militaire israélienne, "en riposte" à "l'assassinat" de deux de ses combattants.

Plusieurs pays, dont la France et les Etats-Unis, tentent de contenir les risques d'escalade, a déclaré dimanche le chef de la diplomatie libanaise, Abdallah Bou Habib. "Nous avons reçu des assurances (...) selon lesquelles Israël va procéder à une escalade limitée", et à son tour, "le Hezbollah ripostera de manière limitée", a-t-il dit.

- "Quoi de plus?" -

Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a indiqué que "les contacts se poursuivaient avec plusieurs parties internationales, européennes et arabes pour protéger le Liban".

L'Iran avait mis en garde Israël dimanche contre les risques d'une "aggravation" de la guerre en cas d'attaque de représailles au Liban.

Depuis le début de la guerre à Gaza, le Hezbollah échange quotidiennement des tirs avec l'armée israélienne le long de la frontière israélo-libanaise.

Dimanche, le mouvement a évacué des positions dans l'est et le sud du Liban après les menaces d'Israël, selon une source proche du Hezbollah.

Dans le centre de Beyrouth, des habitants interrogés par l'AFP semblaient résignés. "Cela fait partie de nos vies", a témoigné Elie Rbeiz, un commerçant âgé d'une soixantaine d'années. "Toute notre vie nous avons connu des guerres. Que pourrait-il se passer de plus?", a-t-il ajouté.

Les États-Unis travaillent à une solution diplomatique le long de la frontière entre Israël et le Liban, a indiqué la Maison Blanche dimanche. La France s'est dite "pleinement engagée à tout faire pour éviter une nouvelle escalade".

- "Ravages et panique" -

Dans la bande de Gaza, des témoins ont signalé des bombardements notamment dans la ville de Gaza, dans le nord.

Des centaines de personnes, bagages et matelas entassés dans des remorques, fuyaient les secteurs d'al-Bureij et al-Shuhada, dans le centre, où l'armée a affirmé qu'elle allait intervenir "avec force".

Dans le sud, l'armée a annoncé poursuivre ses "opérations ciblées" à Rafah et Khan Younès, ajoutant que des frappes aériennes avaient visé "35 cibles terroristes" en 24 heures à travers le territoire.

Le chef de l'Unrwa, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, Philippe Lazzarini, a déclaré sur X que "seulement 14% des secteurs de Gaza ne sont pas soumis actuellement à des ordres d'évacuation".

"Chaque jour, les autorités israéliennes émettent ces ordres obligeant les gens à fuir", a-t-il affirmé dimanche, accusant Israël de provoquer "des ravages et de la panique".

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par l'attaque de commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de 1.197 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Sur 251 personnes alors enlevées, 111 sont toujours retenues à Gaza, dont 39 sont mortes, selon l'armée.

En riposte, Israël a promis de détruire le Hamas, qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne. Son armée a lancé une offensive qui a fait jusqu'à présent 39.363 morts, dont au moins 39 en 24 heures, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas, qui ne donne pas d'indications sur le nombre de civils et de combattants morts.

Après des mois de négociations indirectes restées vaines sur une trêve associée à une libération d'otages, une réunion de représentants des pays médiateurs avec le chef du renseignement israélien, David Barnea, a eu lieu dimanche à Rome.

Les négociations "se poursuivront dans les prochains jours", selon le bureau du Premier ministre.


Dans Gaza affamée, des Palestiniens se rabattent sur la viande de tortue

(Photo AFP)
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  • Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.
  • « La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

KHAN YOUNES, TERROIRES PALESTINIENS : Dans une bande de Gaza où les protéines sont rares, certains se résignent à manger des tortues marines.

« Les enfants étaient réticents, on leur a dit que c'était aussi délicieux que du veau », explique Majida Qanan, qui surveille les morceaux de viande rouge mijotant sur un feu de bois.

« Certains en ont mangé, d'autres pas. »

Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

Depuis 18 mois de guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, le territoire et ses 2,4 millions d'habitants se trouvent dans une situation humanitaire critique.

« La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

Depuis le 2 mars, Israël bloque toute livraison humanitaire, accusant le Hamas de détourner l'aide. Le mouvement palestinien dément ces accusations et accuse en retour Israël d'utiliser « la famine comme arme de guerre ».

Selon le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), la bande de Gaza est aujourd'hui probablement plongée dans « la pire » situation humanitaire depuis le début de la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël.

En juin dernier, les acteurs du secteur humanitaire avaient évoqué des Palestiniens si démunis qu'ils en étaient parfois réduits à se nourrir d'aliments pour animaux ou d'herbe, et à boire l'eau des égouts.

Entretemps, une trêve, entrée en vigueur le 19 janvier, a permis d'augmenter les livraisons humanitaires, jusqu'au nouveau blocage israélien du 18 mars, suivi de la reprise de ses opérations militaires.

Les tortues, elles, sont tuées selon les rites halal, c'est-à-dire conformément aux préceptes de la religion musulmane, affirme Abdul Halim Qanan.

« S'il n'y avait pas de famine, on n'en mangerait pas, mais il faut bien compenser le manque de protéines avec quelque chose ».


Le président syrien reçoit un membre républicain du Congrès américain

Le président Al-Sharaa rencontre Cory Mills, membre du Congrès américain, à Damas. (Courtesy : SANA)
Le président Al-Sharaa rencontre Cory Mills, membre du Congrès américain, à Damas. (Courtesy : SANA)
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  • En janvier, les États-Unis ont annoncé un allègement temporaire des sanctions pour « ne pas entraver » la fourniture de services essentiels à la population syrienne. Ils ont cependant précisé qu'ils n'envisageraient pas d'assouplir davantage les sanctions
  • C'est la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

DAMAS : Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est entretenu à Damas avec un membre du Congrès américain, a indiqué samedi la présidence syrienne, ce qui constitue la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Cory Mills, membre du parti républicain, est arrivé vendredi en Syrie, accompagné de Marlin Stutzman, également membre du parti de Donald Trump.

Le nouveau président a rencontré M. Mills au palais présidentiel à Damas en présence de son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est entretenu à Damas avec un membre du Congrès américain, a indiqué samedi la présidence syrienne, ce qui constitue la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Cory Mills, membre du parti républicain, est arrivé vendredi en Syrie, accompagné de Marlin Stutzman, également membre du parti de Donald Trump.

Le nouveau président a rencontré M. Mills au palais présidentiel à Damas en présence de son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Peu après l'arrivée d'Ahmed Chareh, Washington avait annoncé ne plus proposer de récompense pour son arrestation, après avoir reçu des « messages positifs » lors de la première visite officielle de diplomates américains à Damas après l'éviction de M. Assad.

Le nouveau gouvernement syrien cherche à obtenir une levée des sanctions internationales imposées à l'époque de Bachar al-Assad afin de relancer l'économie du pays, exsangue après 14 années de guerre civile.

Toutefois, certains pays souhaitent attendre de voir si les nouvelles autorités vont respecter les droits humains. 

En janvier, les États-Unis ont annoncé un allègement temporaire des sanctions pour « ne pas entraver » la fourniture de services essentiels à la population syrienne. Ils ont cependant précisé qu'ils n'envisageraient pas d'assouplir davantage les sanctions tant que des progrès sur des priorités telles que la lutte contre le « terrorisme » n'auront pas été constatés.

Les sanctions économiques ont un impact lourd sur le pays, où 90 % des Syriens vivent sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU.

Une délégation ministérielle syrienne et le gouverneur de la Banque centrale doivent participer à des réunions avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale à Washington la semaine prochaine, ont récemment indiqué deux sources proches des participants.

La visite des deux élus américains intervient alors que les États-Unis ont annoncé le retrait prochain d'environ un millier de soldats américains déployés en Syrie pour lutter contre les jihadistes.

Washington a également mis en garde le même jour contre le risque d'attaques « imminentes » en Syrie, selon un message diffusé sur le site de l'ambassade américaine, fermée depuis 2012.


Les États-Unis annoncent réduire de moitié leurs effectifs militaires en Syrie

Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
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  • Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.
  • La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

WASHINGTON : Les États-Unis ont annoncé vendredi qu'ils allaient réduire de moitié leur présence militaire en Syrie, estimant avoir lutté avec « succès » contre le groupe État islamique (EI), même si des groupes djihadistes demeurent actifs dans un pays encore fragile.

Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.

Les États-Unis sont présents sur le sol syrien depuis des années, notamment dans le cadre de la coalition internationale contre l'EI.

La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

« Cette consolidation démontre les progrès considérables réalisés pour réduire l'attrait et les capacités opérationnelles du groupe Etat islamique, tant dans la région que dans le monde », a-t-il dit, évoquant plus globalement « le succès des États-Unis contre l'EI ».

Arrivé au pouvoir à Washington le 20 janvier, Donald Trump est depuis longtemps sceptique sur la présence militaire en Syrie. Et la chute fin décembre de Bachar al-Assad, remplacé à la tête du pays par une coalition menée par des islamistes, n'a pas changé la donne.

La prise de contrôle de pans entiers de la Syrie et de l'Irak par l'EI à partir de 2014 a déclenché l'intervention d'une coalition internationale menée par les États-Unis, dont l'objectif principal était de soutenir les unités de l'armée irakienne et les Kurdes qui combattaient l'EI au sol par les airs.

Mais Washington a alors aussi déployé des milliers de ses soldats pour soutenir ces troupes locales et mener ses propres opérations militaires.
« L'armée américaine va rester prête à mener des frappes contre ce qu'il reste de l'EI en Syrie », a déclaré vendredi le porte-parole du Pentagone, qui dit maintenir « des capacités importantes dans la région ».

Les États-Unis disposent actuellement d'environ 2 500 soldats en Irak, un chiffre appelé à diminuer.

La sécurité en Syrie reste précaire depuis la chute de Bachar al-Assad, après près de 14 ans d'une guerre déclenchée par la répression violente de manifestations antigouvernementales en 2011.

À la tête de forces de sécurité dominées par d'anciens rebelles islamistes, les autorités syriennes de transition ont la lourde tâche de maintenir la sécurité dans un pays multiethnique et multiconfessionnel où de nombreux groupes armés, parmi lesquels des djihadistes, sont encore présents.