BEYROUTH : La communauté internationale multiplie les efforts lundi pour contenir une contagion au Liban de la guerre dans la bande de Gaza, après une frappe meurtrière sur le plateau syrien du Golan annexé, imputée par Israël au Hezbollah libanais.
Dans le centre du territoire palestinien assiégé, des centaines de civils ont fui après un nouvel ordre d'évacuation émis par l'armée, qui poursuit son offensive lancée le 7 octobre en riposte à l'attaque du mouvement islamiste Hamas contre Israël.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, s'est rendu lundi dans la petite ville druze de Majdal Shams, dans le Golan, un plateau syrien en grande partie annexé par Israël, où un tir de roquette samedi sur un terrain de football a tué 12 garçons et filles âgés de dix à seize ans.
Cette attaque a relancé les craintes d'un embrasement de la région. Lundi, plusieurs compagnies aériennes, dont Air France et Lufthansa, ont annoncé suspendre leurs vols vers Beyrouth.
A Majdal Shams, des centaines de Druzes ont assisté aux funérailles d'un garçon de 12 ans tué samedi, après l'enterrement dimanche des autres victimes.
Israël et les Etats-Unis ont accusé le Hezbollah, soutenu par l'Iran et allié du Hamas palestinien, d'être l'auteur de ce tir. Le mouvement islamiste libanais a nié.
Le Hezbollah paiera "le prix fort", a averti dimanche Benjamin Netanyahu, qui a reçu, avec son ministre de la Défense Yoav Gallant, le feu vert du cabinet de sécurité pour "décider de la manière et du moment pour répondre à l'organisation terroriste du Hezbollah".
Lundi, le mouvement libanais a annoncé avoir lancé "des dizaines de roquettes Katioucha" sur une position militaire israélienne, "en riposte" à "l'assassinat" de deux de ses combattants.
Plusieurs pays, dont la France et les Etats-Unis, tentent de contenir les risques d'escalade, a déclaré dimanche le chef de la diplomatie libanaise, Abdallah Bou Habib. "Nous avons reçu des assurances (...) selon lesquelles Israël va procéder à une escalade limitée", et à son tour, "le Hezbollah ripostera de manière limitée", a-t-il dit.
- "Quoi de plus?" -
Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a indiqué que "les contacts se poursuivaient avec plusieurs parties internationales, européennes et arabes pour protéger le Liban".
L'Iran avait mis en garde Israël dimanche contre les risques d'une "aggravation" de la guerre en cas d'attaque de représailles au Liban.
Depuis le début de la guerre à Gaza, le Hezbollah échange quotidiennement des tirs avec l'armée israélienne le long de la frontière israélo-libanaise.
Dimanche, le mouvement a évacué des positions dans l'est et le sud du Liban après les menaces d'Israël, selon une source proche du Hezbollah.
Dans le centre de Beyrouth, des habitants interrogés par l'AFP semblaient résignés. "Cela fait partie de nos vies", a témoigné Elie Rbeiz, un commerçant âgé d'une soixantaine d'années. "Toute notre vie nous avons connu des guerres. Que pourrait-il se passer de plus?", a-t-il ajouté.
Les États-Unis travaillent à une solution diplomatique le long de la frontière entre Israël et le Liban, a indiqué la Maison Blanche dimanche. La France s'est dite "pleinement engagée à tout faire pour éviter une nouvelle escalade".
- "Ravages et panique" -
Dans la bande de Gaza, des témoins ont signalé des bombardements notamment dans la ville de Gaza, dans le nord.
Des centaines de personnes, bagages et matelas entassés dans des remorques, fuyaient les secteurs d'al-Bureij et al-Shuhada, dans le centre, où l'armée a affirmé qu'elle allait intervenir "avec force".
Dans le sud, l'armée a annoncé poursuivre ses "opérations ciblées" à Rafah et Khan Younès, ajoutant que des frappes aériennes avaient visé "35 cibles terroristes" en 24 heures à travers le territoire.
Le chef de l'Unrwa, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, Philippe Lazzarini, a déclaré sur X que "seulement 14% des secteurs de Gaza ne sont pas soumis actuellement à des ordres d'évacuation".
"Chaque jour, les autorités israéliennes émettent ces ordres obligeant les gens à fuir", a-t-il affirmé dimanche, accusant Israël de provoquer "des ravages et de la panique".
La guerre a été déclenchée le 7 octobre par l'attaque de commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de 1.197 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
Sur 251 personnes alors enlevées, 111 sont toujours retenues à Gaza, dont 39 sont mortes, selon l'armée.
En riposte, Israël a promis de détruire le Hamas, qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne. Son armée a lancé une offensive qui a fait jusqu'à présent 39.363 morts, dont au moins 39 en 24 heures, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas, qui ne donne pas d'indications sur le nombre de civils et de combattants morts.
Après des mois de négociations indirectes restées vaines sur une trêve associée à une libération d'otages, une réunion de représentants des pays médiateurs avec le chef du renseignement israélien, David Barnea, a eu lieu dimanche à Rome.
Les négociations "se poursuivront dans les prochains jours", selon le bureau du Premier ministre.