NEW YORK: Les géants de la tech Amazon, Apple et Google ont décidé de couper les ponts avec le réseau social prisé des partisans de Donald Trump, Parler, menaçant ainsi de l'expulser d'internet juste au moment où sa fréquentation s'envolait.
Les trois grandes entreprises accusent la plateforme de continuer à relayer des messages d'incitation à la violence après l'assaut du Capitole par des fans du président mercredi.
Si Parler ne trouve pas de partenaires acceptant d'héberger ses données d'ici 08H00 GMT lundi, quand Amazon cessera ses services, son site ne pourra plus fonctionner.
Au lendemain de la décision prise par Twitter de supprimer de façon permanente le compte de Donald Trump, Parler était encore samedi l'application la plus téléchargée aux Etats-Unis sur la plateforme d'Apple.
Lancée en 2018, le réseau social fonctionne un peu comme Twitter, avec des profils à suivre et des «parleys» au lieu de tweets. La liberté d'expression est son leitmotiv.
Basé à Henderson, dans le Nevada, Parler a été lancée par John Matze, un ingénieur informatique, et Rebekah Mercer, une importante donatrice du parti républicain.
La plateforme attirait surtout à ses débuts des franges ultra-conservatrices, voire d'extrême-droite.
Mais elle accueille maintenant des voix républicaines plus traditionnelles.
Le présentateur vedette de Fox News Sean Hannity y a 7,6 millions d'abonnés; son collègue Tucker Carlson en a 4,4 millions.
Y sont aussi présents des responsables politiques républicains comme le parlementaire Devin Nunes ou la gouverneure du Dakota du Sud, Kristi Noem.
Déjà en plein essor, l'application a accueilli ces derniers jours de nombreux nouveaux abonnés ulcérés par la décision de Twitter de bannir Donald Trump.
D'autres réseaux grand public comme Facebook, Instagram, Snapchat ou Twitch ont aussi suspendu le profil du locataire de la Maison Blanche.
De nombreux fans du président américain se sont rués dans la foulée sur les plateformes conservatrices comme Parler ou Gab.
Le succès a attiré l'attention et Google a, dès vendredi soir, décidé de retirer Parler de sa plateforme de téléchargement d'applications en raison de la présence de messages «incitant à la violence» et d'une politique de modération trop laxiste.
Apple a suivi son exemple samedi soir.
Si ces décisions rendaient la vie plus compliquée pour Parler, elles n'empêchaient pas son fonctionnement: les abonnés ayant déjà l'application peuvent toujours y accéder tandis que les nouveaux venus peuvent utiliser des moyens détournés de l'installer sur leurs appareils ou aller sur internet.
Lâché par ses avocats
La décision d'Amazon menace en revanche directement la présence de Parler en ligne. Et son patron n'est pas très optimiste.
«Tous nos partenaires, ceux qui gèrent les textos, les courriels, nos avocats, nous ont laissé tomber le même jour», a expliqué John Matze dans une interview sur la chaîne Fox News dimanche.
«On va faire tout ce qu'on peut pour revenir en ligne le plus rapidement possible mais tous les fournisseurs que nous contactons nous disent qu'ils ne veulent pas travailler avec nous si Apple ou Google n'approuve pas», a-t-il expliqué. Et il est difficile de trouver «300 à 500 serveurs informatiques en 24 heures».
Maintenant que les géants de la tech ont clairement fait savoir qu'ils séviraient contre les sites et applications continuant à relayer des messages extrêmes, les réseaux sociaux conservateurs vont probablement devoir s'ajuster.
Le service de vidéos en direct DLive, utilisé par plusieurs manifestants lors de l'invasion du Capitole mercredi, a ainsi banni sept chaînes et retiré plus de 100 vidéos de son site.
Certains pourraient choisir de faire comme un autre réseau social en vogue chez les ultra-conservateurs, Gab.
La plateforme avait notamment fait polémique en 2018, quand il avait été découvert que l'auteur d'une fusillade qui avait fait 11 morts dans une synagogue de Pittsburgh y avait posté de nombreux messages antisémites.
Déjà indésirable chez Apple et Google, Gab a mis en place ses propres serveurs pour ne pas dépendre de sociétés extérieures.