LONDRES: Le nouveau Premier ministre britannique Keir Starmer se rend en Ecosse dimanche, première étape de son tour des différentes nations du Royaume-Uni, avec la volonté de "réinitialiser" les relations parfois tendues ces dernières années entre Londres et les gouvernements locaux.
Keir Starmer doit s'entretenir en fin d'après-midi avec James Swinney, le Premier ministre écossais, dont le parti indépendantiste, le SNP, a sombré aux élections législatives, ne conservant que 9 députés, contre 48 précédemment.
Avec sa victoire écrasante aux législatives, le parti travailliste a reçu "un mandat clair" dans tout le Royaume-Uni, a affirmé Keir Starmer samedi en conférence de presse à l'issue de son premier conseil des ministres.
Mais il veut "définir une manière de travailler à travers le Royaume-Uni qui soit différente et meilleure (que par le passé) et reconnaître les contributions de nos quatre nations", a-t-il insisté.
Dans le système politique britannique, les gouvernements écossais, gallois et nord-irlandais sont compétents sur de nombreux domaines, comme l'éducation, la santé et l'environnement, tandis que le gouvernement britannique, basé à Londres, conserve notamment les pouvoirs de défense et de politique étrangère.
Le gouvernement travailliste de Tony Blair (1997-2007) est l'architecte de ce système, baptisé "dévolution", mais sous les conservateurs au pouvoir ces 14 dernières années, les gouvernements locaux ont souvent accusé Londres de les marginaliser.
L'ancienne Premier ministre écossaise Nicola Sturgeon avait critiqué la communication laborieuse avec Boris Johnson pendant la pandémie de Covid-19 et avait regretté que celle qui lui avait succédé, Liz Truss, ne l'ait pas directement contactée plus d'un mois après son arrivée à Downing Street.
Dans un communiqué publié en amont de son arrivée en Ecosse, Keir Starmer a affirmé vouloir mettre en place "une réinitialisation immédiate" de ses relations avec les chefs des gouvernements locaux.
"Une coopération centrée sur le respect sera clé pour mettre en place le changement à travers le Royaume-Uni", a-t-il défendu. "Ensemble, nous pouvons commencer à reconstruire notre pays", a-t-il insisté.
Après l'Ecosse, Keir Starmer doit se rendre au Pays de Galles, gouverné par le Premier ministre travailliste Vaughan Gething, et en Irlande du Nord, où la Première ministre est la républicaine du Sinn Fein Michelle O'Neill.
- "Conseil" de Tony Blair -
Après sa victoire écrasante aux législatives de jeudi, Keir Starmer s'est dit samedi "impatient" de mettre en oeuvre le changement qu'il a promis pour le Royaume-Uni.
Les défis sont nombreux, avec une économie à la peine, des services publics en grande difficulté, ou encore les répercussions toujours importantes de la crise du coût de la vie.
Durant la campagne, le thème de l'immigration est aussi ressorti comme une des préoccupations majeures des électeurs.
Le parti anti-immigration et anti-système Reform UK en a fait le principal axe de sa campagne, qui l'a vu rassembler plus de 14% des voix et entrer au Parlement avec 5 députés, dont son chef Nigel Farage.
Dimanche, l'ancien Premier ministre travailliste Tony Blair a appelé Keir Starmer a préparer "un plan pour contrôler l'immigration", estimant que la montée de Reform UK "pose un défi au Labour aussi", même s'il a surtout pris des voix aux conservateurs.
"Les sujets culturels, autant si ce n'est plus que les sujets économiques, sont au coeur" de ce vote, a estimé Tony Blair, ajoutant que sur ce point, "la politique britannique a beaucoup en commun avec la politique européenne", évoquant la situation en France et en Italie.
M. Starmer avait confirmé samedi qu'il n'était "pas prêt" à poursuivre le projet du précédent gouvernement conservateur d'expulser des migrants au Rwanda.
Pendant ce temps, le nouveau ministre des Affaires étrangères, David Lammy, a entamé une tournée en Europe, qui l'a conduit en Allemagne samedi, avant la Pologne et la Suède.
Dans une tribune publiée dimanche sur le site internet spécialisé The Local Europe, il a affirmé que Londres souhaite désormais "améliorer" ses relations avec l'Union européenne.
Si la remise en cause du Brexit ou le retour à une libre-circulation des personnes n'est pas d'actualité pour le nouveau gouvernement, le ministre du Commerce Jonathan Reynolds a affirmé dimanche sur Sky News que le Royaume-Uni devait "explorer" les moyens de "lever certaines barrières" au commerce avec l'UE.