JO-2024: "la fête ne va pas être gâchée" même si le RN accède au pouvoir, assure Hidalgo

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Publié le Mardi 02 juillet 2024

JO-2024: "la fête ne va pas être gâchée" même si le RN accède au pouvoir, assure Hidalgo

La fête des Jeux olympiques, qui démarrent le 26 juillet, ne "va pas être gâchée" à Paris, "ville de résistance à l'extrême droite", a assuré mardi sur France 2 la maire PS Anne Hidalgo face à la perspective d'accession au pouvoir du RN.

"Nous avons passé neuf députés de gauche au premier tour à Paris" dimanche, a souligné la maire de Paris. "C'est cette ville-là, éprise de liberté, c'est une maire libre que je suis qui va accueillir les Jeux", a-t-elle ajouté.

"La fête ne va pas être gâchée, la fête va être belle. Je dis aux visiteurs du monde entier: +venez, parce que Paris est cette ville qui continue de revendiquer sa liberté et qui est une ville de résistance à l'extrême droite+", a-t-elle encore dit.

Interrogée si elle accepterait d'être à côté de Jordan Bardella pendant les JO, s'il accédait à Matignon, la maire de la capitale a répondu qu'elle n'avait "pas à définir le protocole républicain", mais qu'elle n'entendait pas "pactiser, discuter avec ces personnes qui sont les ennemis de la démocratie".

"Il faut tout faire pour que ça n'arrive pas. On peut, on doit empêcher l'accession de l'extrême droite", synonyme, selon elle d'"années de souffrance, notamment pour les plus fragiles".

L'élue socialiste, opposante d'Emmanuel Macron, a aussi fustigé le "coup de tête" ou "coup de folie" du président, qui a "joué l'avenir du pays" avec la dissolution.

"Macron est évidemment le grand responsable de ce chaos et il le paye" avec la claque reçue par ses candidats au premier tour, a souligné Mme Hidalgo.


Ancien ministre de Mitterrand et figure du barreau, Roland Dumas est mort

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Le "dandy de la République" est mort: ex-ministre des Affaires étrangères et fidèle de François Mitterrand, figure du barreau et ancien président du Conseil constitutionnel éclaboussé par le scandale Elf, Roland Dumas s'est éteint mercredi à l'âge de 101 ans.

Avec sa personnalité de négociateur roué, d'esthète et de séducteur, il a traversé la seconde partie du XXe siècle dans les prétoires et sous les ors de la République.

Une carrière exceptionnelle, mais ternie par le scandale Elf. Sa condamnation pénale dans le dossier de la succession du sculpteur Giacometti et des sorties flirtant avec l'antisémitisme au milieu des années 2010 ont aussi jeté une ombre sur cette figure du mitterrandisme.

Malgré ces condamnations et polémiques, "il a marqué de son empreinte l'histoire de la Ve République", a salué le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti.

"Roland Dumas avait construit sa vie comme un roman d'aventures", a relevé l'ancien président socialiste François Hollande. "Il restera dans nos mémoires comme le ministre des Affaires étrangères de François Mitterrand qui a joué un rôle décisif lors de la chute de Berlin puis dans la première guerre d'Irak".

Jacques Attali, ancien conseiller spécial de François Mitterrand à l'Elysée, a rappelé qu'"après avoir vu son père être fusillé par les nazis, (Roland Dumas) fut un grand acteur de la relation franco-allemande".

La vie de Roland Dumas, né à Limoges le 23 août 1922, a basculé en mars 1944, lorsque son père a été fusillé.

 

- "Personnage de roman" -

 

Lui-même ancien résistant, il rencontre François Mitterrand durant l'après-guerre. Les deux hommes, qui partagent le même goût pour les arts et la séduction, deviennent proches après l'élection en 1956 de Roland Dumas comme député de la Haute-Vienne.

Me Dumas est ensuite est aux premières loges de nombreux dossiers. En pleine décolonisation, il  défend l'organisateur des réseaux du financement du Front de libération nationale (FLN) algérien ou plaide pour la partie civile dans l'enlèvement de l'opposant marocain Ben Barka.

L'avocat collectionne les clients médiatiques: les peintres Marc Chagall ou Pablo Picasso, le psychanalyste Jacques Lacan ou l'écrivain Jean Genet, pour qui il nourrit une affection particulière.

Homme de réseaux, il rejoint la loge maçonnique du Grand Orient en 1980.

"C'était un personnage de roman. En tant qu'avocat, il était le talent et l'humilité: quand vous le rencontriez, vous appreniez quelque chose", a pour sa part commenté auprès de l'AFP l'avocat Marcel Ceccaldi, un de ses compagnons de prétoire.

En mai 1981, il est le seul fidèle que François Mitterrand n'appelle pas au gouvernement, préférant en faire son émissaire secret auprès du Libyen Mouammar e Kadhafi ou du Gabonais Omar Bongo.

D'abord européen frileux, il est nommé ministre des Affaires européennes en 1983. Anticolonialiste, Roland Dumas devient diplomate.

 

- "Envie d'en finir" -

 

"J'en garde le souvenir d’un personnage de roman qui a beaucoup fait parler de lui par ses aventures amoureuses, certaines frasques, mais qui était aussi un homme courageux dans la Résistance, d'une fidélité exceptionnelle à l'égard de François Mitterrand", a réagi Jean Glavany, président de l'Institut François Mitterrand, auprès de l'AFP.

M. Dumas a incarné "une part de notre histoire collective, l'histoire des socialistes bien sûr, mais aussi l'histoire de France", a réagi Olivier Faure, premier secrétaire du PS.

En 1995, François Mitterrand le nomme à la présidence du Conseil constitutionnel pour succéder à Robert Badinter. Froidement accueilli par les Sages, il parvient à les séduire et à les convaincre de valider les comptes de campagne de la présidentielle de 1995, malgré de lourds soupçons.

Trois ans plus tard, l'affaire Elf éclate. Soupçonné d'avoir favorisé l'embauche d'une de ses nombreuses maîtresses, Christine Deviers-Joncour, dans des sociétés du groupe pétrolier pour des salaires de complaisance, Roland Dumas est mis en examen.

Il démissionne de la présidence du Conseil constitutionnel en mars 2000, une première. Condamné en première instance, le "dandy de la République" est relaxé en appel en 2003.

Il avouera avoir eu "l'effroyable envie d'en finir" pendant cette affaire mais estimera plus tard "avoir vécu pleinement".


Prix de l'électricité: le Sénat prône une baisse de fiscalité mais limitée et ciblée

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La baisse du prix de l'électricité doit passer par "une baisse ciblée" de la fiscalité, estime un rapport spécial du Sénat, relevant qu'"une baisse générale et indifférenciée de la TVA serait très coûteuse pour (les) finances publiques et particulièrement injuste".

Pour baisser la facture des Français, la commission d'enquête sénatoriale sur l'électricité prône notamment une réduction fiscale via trois taxes, mais seulement pour un volume limité d'électricité consommée, en l'occurrence la "consommation de base" des ménages.

A l'initiative des centristes, cette commission transpartisane, installée au terme d'une crise de l'énergie qui a vu en 2022 les factures s'envoler, a entendu plus de 140 personnes en six mois.

Son rapport est publié jeudi alors que le sujet anime la campagne des législatives: le RN notamment promet de réduire la TVA sur les énergies à 5,5% de manière indifférenciée.

La commission du Sénat, elle, "exclut une baisse indifférenciée de la TVA", et s'attaque à trois leviers fiscaux.

La réduction proposée concernerait la "consommation de base" d'un ménage, soit 4,5 mégawattheures par an (MWh/an) s'il n'y a pas chauffage électrique et 6 MWh/an avec chauffage électrique. Sous ce volume, la TVA serait abaissée de 20% à 5,5%, l'accise sur l'électricité passerait de 21 euros actuellement à 9,5 euros/MWh, et la contribution d'acheminement (CTA) serait supprimée.

Cette mesure coûterait 3,5 milliards d'euros annuels, selon le sénateur centriste Vincent Delahaye -- contre 12 milliards pour une baisse générale, estime Bercy.

"L'idée est de baisser de façon ciblée et non générale car cela peut coûter très cher, et ce n'est pas juste", souligne M. Delahaye. "Tout le monde en bénéficie, sur un certain volume, qu'on pourrait appeler la +consommation de première nécessité+, pour éclairer, cuisiner... Après, si vous avez une piscine chauffée ou autre, là on ne vous aide pas particulièrement."

Cette proposition, associée à l'instauration de contrats sur le nucléaire d'EDF, réduirait la facture électrique des Français de plus de 40% pour la consommation de base, d'après le rapport.


Peut- on gouverner la France à vingt-huit ans?

Le président du parti d'extrême droite Rassemblement national (RN) et principal eurodéputé Jordan Bardella se tient derrière son lactern avant le début d'un débat politique avec le premier secrétaire du Parti socialiste de gauche (PS) et député Olivier Faure et le Premier ministre français Gabriel Attal, diffusé sur la chaîne de télévision française France 2, à Paris le 27 juin 2024, avant les élections anticipées de la France pour une nouvelle assemblée nationale. (Photo: AFP)
Le président du parti d'extrême droite Rassemblement national (RN) et principal eurodéputé Jordan Bardella se tient derrière son lactern avant le début d'un débat politique avec le premier secrétaire du Parti socialiste de gauche (PS) et député Olivier Faure et le Premier ministre français Gabriel Attal, diffusé sur la chaîne de télévision française France 2, à Paris le 27 juin 2024, avant les élections anticipées de la France pour une nouvelle assemblée nationale. (Photo: AFP)
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  • Il est jeune, le visage lisse, le physique athlétique, grand avec une allure particulièrement soignée et élégante. C’est lui le président du Rassemblement National, parti d’extrême droite
  • C’est lui l’égérie de ce parti raciste, xénophobe, souverainiste et eurosceptique, fondé par Jean-Marie Le Pen en 1972 et longtemps isolé et boudé par les Français, car perçu comme un mouvement de repli et de conservatisme rétrograde

PARIS: Il est jeune, le visage lisse, le physique athlétique, grand avec une allure particulièrement soignée et élégante.

C’est lui le président du Rassemblement National, parti d’extrême droite, Jordan Bardella qui aspire à juste vingt-huit ans à prendre la tête du gouvernement français si les électeurs lui donnent une majorité absolue à l’issue du second tour des législatives anticipées prévue en France Dimanche prochain.

C’est lui l’égérie de ce parti raciste, xénophobe, souverainiste et eurosceptique, fondé par Jean-Marie Le Pen en 1972 et longtemps isolé et boudé par les Français, car perçu comme un mouvement de repli et de conservatisme rétrograde.

Succédant à son père à la tête de ce parti en 2011, Marine Le Pen entame une politique de « dédiabolisation », éliminant méthodiquement et patiemment les aspérités qui le rendaient infréquentable aux yeux de la classe politique et de l’opinion publique.

Pari réussi puisque Le Pen arrive à accéder à deux reprises au second tour des élections face au président Emmanuel Macron, en 2017 et en 2022, en surfant sur le rejet de plus en plus marqué de la classe politique traditionnelle par les français, et sur les difficultés économiques et la paupérisation qui les accompagnent.

L’année 2022 marque il est vrai son deuxième échec à la présidentielle mais, cet échec est compensé par les élections législatives et l’entrée fracassante de son parti à l’Assemblée nationale, avec un bloc parlementaire de taille.

Le plafond de verre était déjà fissuré par des succès électoraux divers dans les années précédentes, mais cette fois il est définitivement brisé.

Fini le temps où les représentants du Rassemblement National sont tenus à l’écart des plateaux de télévisions, fini le temps où la classe politique refusait de débattre avec eux.

Ils ont désormais leur place sur l’échiquier politique français tout comme les autres représentants légitimes du peuple français.

Le Pen peut se targuer d’avoir dépoussiéré l’image de son parti, tout en se débarrassant de ses figures historiques clivantes, et c’est à ce niveau-là qu’intervient Bardella, qui lui doit son ascension politique fulgurante.

Bardella n’est certainement pas le cerveau de l’extrême droite française, il en est juste l’image de marque, façonnée par d’habiles communicants politiques pour servir un dessein politique précis : remettre les clés de l’Elysée à Le Pen en 2027.

Depuis leur rencontre en 2016, Le Pen a repéré le potentiel de Bardella fraichement élu comme conseiller régional, et lui propose de rejoindre son équipe de campagne pour la présidentielle de 2017.

Depuis ce jour-là Le Pen et Bardella se disent « complices » et « complémentaires », d’ailleurs elle n’eut de cesse de couver d’un œil bienveillant son évolution dans les sphères du rassemblement.

Le journaliste d’investigation Pierre Stephane Fort qui lui a consacré un livre publié récemment sous le titre « Le grand remplaçant » décrit Bardella comme « un séducteur professionnel » nanti d’une aisance et d’une prestance qui lui permette de faire des médias « son fonds de commerce, sa spécialité ».

En 2018 et seulement à l’âge de 22 ans il devient l’un des portes paroles de Le Pen, et il poursuit sa progression en 2019, où il est désigné tête de liste pour les élections européennes qu’il gagne et arrive en tête des forces politiques françaises.

Le compte de fée continue pour ce jeune homme qui se dit d’origine italienne, et fils d’une famille modeste, né dans une banlieue française renommée, la seine Saint-Denis, un condensé de tous les maux que connait la société française, maux qui ont forgé l’idéologie de l’extrême droite, la pauvreté, l’insécurité, le chômage, l’immigration et pour finir l’islamisation.

Dans un tel contexte la solution est déjà trouvée dès l’âge de 16 ans.

Il adhère au Front National, le nom que portait naguère le parti d’extrême droite, et qui sera sa seule et unique famille politique, au sein de laquelle il gravit successivement les échelons.

En 2021 il est propulsé à la présidence du Rassemblement National, à la suite d’une élection interne qui l’a opposé à Louis Aliot compagnon de Le Pen à l’époque, en obtenant plus de 80 pour cent des voix des adhérents.

Un franc succès pour Bardella un franc succès également pour Le Pen, puisque son protégé a gagné non seulement la confiance du parti mais également celle de l’opinion publique.

Le compte de fée continue pour ce jeune homme qui se dit d’origine italienne, et fils d’une famille modeste, né dans une banlieue française renommée, la seine Saint-Denis, un condensé de tous les maux que connait la société française, maux qui ont forgé l’idéologie de l’extrême droite, la pauvreté, l’insécurité, le chômage, l’immigration et pour finir l’islamisation.

Un sondage IFOP où il est le seul homme politique à figurer, le donne en trentième place parmi les personnalités préférées des Français, son acharnement à soigner son image et sa communication à éviter selon le livre de Fort « tout scandale ou casseroles » et « présenter un profil le plus lisse et le plus rassurant possible » à payer.

Mais il suffit de craquer un peu le vernis, pour voir la réalité du personnage.

La maitrise totale de son image est un bouclier pour camoufler ses lacunes culturelles, puisque Bardella n’a que le baccalauréat pour tout diplôme, et occulter ses lacunes politiques et idéologiques puisque sa seule expérience dans ce domaine se limite à son parti.

On peut même qu’il a également un côté imposteur médiatique, puisqu’il s’attarde en public sur l’évocation de sa mère chargée de l’entretien d’une cantine scolaire, aux ressources très limitées.

En réalité il n’a pas vécu dans la pauvreté puisque son père chef d’entreprise a subvenu à ses besoins en l’inscrivant dans des écoles privées payantes, en finançant ses voyages à l’étranger puis en lui achetant un appartement à 20 ans.

Mais ce père passe à la trappe, car l’image du jeune immigré italien pauvre lui attire la sympathie des jeunes dans la même situation et colle mieux à l’image de parti du peuple revendiquée par le rassemblement.

Imposteur également puisqu’il ne mentionne que ses origines italiennes alors que deux enquêtes séparées menées par le magazine « Jeune Afrique » et le journal « Le Monde » montrent que sa grand-mère maternelle Rejan Mada est algérienne et que son grand père Guerrino Bardella installé à ce jour au Maroc s’est convertit à l’Islam, pour épouser en secondes noces une citoyenne marocaine.

Imposteur parce qu’il prétend présider un parti tout â la défense des moins nantis et des travailleurs, sachant qu’il n’a jamais travaillé et qu’il a passé toute sa vie dans les différents appareils du parti.

Pourtant, sauf surprise dimanche prochain, Bardella grand vainqueur du premier tour des législatives anticipées, risque d’être le prochain locataire de Matignon siège du premier ministre français, à la suite de la décision calamiteuse de Macron de dissoudre le parlement (le 10 juin) poussant la France au bord de l’abime.