«Nouveau Front Populaire» : comment la gauche a refait l'union en quatre jours

Le Nouveau Front Populaire annonce aussi vouloir un "protectionnisme écologique et social aux frontières de l'Europe" et "mettre fin aux accords de libre-échange".  (AFP)
Le Nouveau Front Populaire annonce aussi vouloir un "protectionnisme écologique et social aux frontières de l'Europe" et "mettre fin aux accords de libre-échange". (AFP)
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Publié le Vendredi 14 juin 2024

«Nouveau Front Populaire» : comment la gauche a refait l'union en quatre jours

  • Le Nouveau Front Populaire, alliance des principales forces de gauche, a dévoilé vendredi son programme pour les législatives
  • Il promet sur le plan national d'abroger les réformes des retraites, de l'assurance-chômage et de l'immigration

PARIS: En 2022, les négociations pour former la Nupes avaient duré 13 jours - et 13 nuits. En 2024, face au risque qui n'a jamais été aussi fort de voir l'extrême droite arriver au pouvoir, les partis de gauche auront réussi à s'entendre autour d'un "Nouveau Front populaire" en quatre jours. Non sans tensions.

"Il me faut une cigarette. J'ai pas dormi depuis deux nuits", soupire jeudi Sébastien Vincini, secrétaire national du PS, devant le siège des Ecologistes, rue des Petits Hôtels à Paris.

Dès dimanche soir, à peine le choc de la dissolution de l'Assemblée nationale passé, la patronne des Ecologistes Marine Tondelier annonce qu'elle "va prendre les uns et les autres, à deux, à trois" pour tenter de former une union à gauche face au Rassemblement national.

Un pari des plus risqués alors que depuis plusieurs mois et l'explosion de la Nupes, les relations sont au plus bas entre communistes, Insoumis, socialistes et Ecologistes. Voire exécrables.

Après des semaines de campagne pour les européennes où les Insoumis ont régulièrement attaqué Raphaël Glucksmann, tête de liste PS-Place publique, et tenté de siphonner le vote écologiste, les bises et les retrouvailles sont fraiches quand LFI arrive chez les écolos lundi après-midi.

"Laissez-les passer, on les a invités!", lance Marine Tondelier aux journalistes qui s'agglutinent autour de la délégation conduite par le coordinateur du mouvement Manuel Bompard et la cheffe des députés LFI, Mathilde Panot.

Retraites, ISF, Gaza... les principaux engagements du Nouveau Front Populaire

Le Nouveau Front Populaire, alliance des principales forces de gauche, a dévoilé vendredi son programme pour les législatives. Il promet sur le plan national d'abroger les réformes des retraites, de l'assurance-chômage et de l'immigration.

A l'international, il s'engage à oeuvrer pour "un cessez-le-feu immédiat à Gaza" et dénonce les "massacres terroristes" du Hamas. Le programme laisse certains points de désaccords en suspens, sur le nucléaire ou l'Otan par exemple.

Retraites, immigration : «rupture totale» avec Macron

Les forces de gauche promettent "une rupture totale avec la politique d'Emmanuel Macron", avec des mesures d'urgence dès les "15 premiers jours" : à commencer par l'abrogation des réformes de l'assurance chômage et de l'emblématique réforme des retraites d'Emmanuel Macron. A plus long terme, elles réaffirment un "objectif commun du droit à la retraite à 60 ans", alors que la question de l'âge de départ a divisé socialistes et insoumis durant les européennes.

D'ici à quelques mois, l'alliance de gauche s'engage à indexer les salaires sur l'inflation et à passer aux 32 heures hebdomadaires "dans les métiers pénibles ou de nuit".

Elle promet de "bloquer", dès les premières semaines, "les prix des biens de première nécessité", d'augmenter le Smic à "1.600 euros net" ou encore de garantir des prix plancher aux agriculteurs par une taxe sur "les superprofits des agro-industriels et de la grande distribution".

Le Nouveau Front Populaire entend aussi abroger "les lois asile et immigration" votées sous Emmanuel Macron, et s'engage à garantir l'"accès à l'aide médicale d'État", qui couvre les frais de santé des étrangers sans papiers, à consacrer un "droit du sol intégral" ou encore à créer "un statut de déplacé climatique".

Dans leur viseur également : la réforme constitutionnelle en Nouvelle-Calédonie ou les "dispositions liberticides des lois sécurité globale, séparatisme, et les lois qui instaurent un état d'urgence permanent".

«Cessez-le-feu» à Gaza, livraisons d'armes à l'Ukraine

Sur le plan international, les partis de gauche tentent de mettre de côtés les profondes divergences qui les ont opposés sur le Hamas, en dénonçant "les massacres terroristes" du mouvement islamiste et en promettant d'oeuvrer "pour la libération des otages détenus" depuis le 7 octobre.

Ils appellent à "imposer un cessez-le-feu immédiat à Gaza et à faire respecter l'ordonnance de la Cour Internationale de Justice (CIJ) qui évoque, sans ambiguïtés, un risque de génocide".

Le Nouveau Front Populaire s'engage aussi à "reconnaitre immédiatement l’État de Palestine aux côtés de l’État d’Israël".

Constatant que les "actes racistes, antisémites et islamophobes (...) connaissent une explosion inquiétante sans précédent", les partis de gauche appellent à un "plan interministériel contre l'antisémitisme et l'islamophobie".

Partagés sur le degré de soutien à l'Ukraine face à la Russie, ils s'entendent sur un dénominateur commun et promettent de "défendre indéfectiblement la souveraineté" ukrainienne "par la livraison d'armes nécessaires".

Ils ne règlent en revanche pas leurs désaccords sur l'Otan, que LFI souhaite quitter à terme par exemple, au contraire du PS.

ISF et «protectionnisme écologique»

Pour "abolir les privilèges des milliardaires" dès "le 4 août", l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) sera rétabli et "renforcé avec un volet climatique". La grille d'imposition sera revue avec 14 tranches et un "héritage maximum" instauré.

Le Nouveau Front Populaire annonce aussi vouloir un "protectionnisme écologique et social aux frontières de l'Europe" et "mettre fin aux accords de libre-échange". Il entend aussi "conditionner les aides aux entreprises au respect de critères environnementaux (et) sociaux".

Un encadrement des loyers sera également instauré "de manière obligatoire dans les zones tendues".

L'union de la gauche souhaite également un "moratoire sur les grands projets d'infrastructures autoroutières et les mégabassines".

L'accord ne tranche toutefois pas ses différends sur le mix énergétique français et la question cruciale de la part du nucléaire.

Sur le plan institutionnel, les partis de gauche promettent "d'instaurer la proportionnelle" aux élections législatives ou encore d"abroger le 49.3", pour mettre une VIe république sur les rails.

Pression populaire 

La délégation socialiste, conduite par le patron du PS Olivier Faure, le secrétaire général Pierre Jouvet et la maire de Nantes Johanna Rolland, forte du bon score de Raphaël Glucksmann la veille aux européennes, arrive deux heures plus tard. Non sans avoir envoyé auparavant ses conditions.

"Le premier temps pris par le PS pour formuler la liste de courses avec Place publique était décisif", admet une députée LFI.

Après des retrouvailles "franches" selon l'élue LFI Clémence Guetté, les discussions s'engagent.

Dix pizzas arrivent pour nourrir les participants, un bon signe pour les partisans de l'union, cela veut dire que personne n'a claqué la porte.

Sur les coups de 22h30, une manifestation contre l'extrême droite place de la République migre vers la rue des Petits Hôtels.

Depuis la salle René Dumont - du nom du premier candidat écologiste à une présidentielle - le tumulte du peuple unitaire de gauche, qui chante "la jeunesse exige le Front populaire!" se fait entendre.

Et "quand tout le monde est dans la rue, ça accélère les discussions", se félicite Marine Tondelier.

Dans la foulée, le "Nouveau Front populaire" publie son premier communiqué pour annoncer un accord de principe pour les législatives.

"Nous l'avons fait, nous avons réussi à nous mettre d'accord!" lance Marine Tondelier aux manifestants.

Place publique reste réticent. L'eurodéputée Aurore Lalucq, proche de Raphaël Glucksamnn, précise: "ce n’est pas un accord, juste une ouverture de discussion". Une écologiste confie: "je lui ai dit: +Aurore, je suis d’accord avec toi dans l’idéal, mais là il faut qu’on négocie dans le monde réel+".

«On se connait»

Mardi, les tractations s'accélèrent pour dégager dans l'urgence un programme commun et se répartir des circonscriptions.

Pour le programme, les Insoumis Clémence Guetté et Hadrien Clouet retrouvent au QG des Verts la patronne des députés écolos Cyrielle Chatelain, son homologue socialiste Boris Vallaud et Johanna Rolland et Aurore Lalucq.

Pour les circonscriptions, le LFI Paul Vannier, réputé très dur en négociations, retrouve le secrétaire général du PS Pierre Jouvet au QG de campagne de Raphaël Glucksmann, boulevard Saint-Martin. Les deux hommes ont déjà négocié ensemble la Nupes en 2022. Non sans quelques empoignades.

Cette fois, Paul Vannier reconnait des "discussions parfois vives", mais nie toute altercation. "On se connait maintenant", sourit-il.

Les discussions sont suspendues vers 6H00 du matin. Elles reprennent mercredi au siège du PCF, l'imposant bâtiment construit par le brésilien Oscar Niemeyer.

Avant un retour au QG des Ecologistes, jeudi où les négociations "entrent dans le dur". "C'est tendu" une partie de la journée entre PS et LFI, "du théâtre", analyse un écologiste auprès des journalistes qui glanent des informations à chaque sortie des négociateurs, pour prendre l'air ou fumer une cigarette.

Peu après 20H00, "le Nouveau front populaire" annonce dans un communiqué avoir scellé "un programme de gouvernement" commun.

Olivier Faure, Marine Tondelier, Fabien Roussel, Manuel Bompard, visiblement fatigués mais souriants, posent pour la photo, sous les applaudissements de quelques dizaines de militants.

Jean-Luc Mélenchon, salue l'accord, François Hollande se dit "favorable". Muré dans le silence toute la soirée, Raphaël Glucksamnn annonce vendredi matin le valider, malgré ses désaccords avec LFI.


Les anneaux olympiques ont été décrochés de la tour Eiffel

Des ouvriers regardent le démontage des anneaux olympiques de la Tour Eiffel à Paris, le 27 septembre 2024. (AFP)
Des ouvriers regardent le démontage des anneaux olympiques de la Tour Eiffel à Paris, le 27 septembre 2024. (AFP)
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  • Les anneaux olympiques accrochés sur la tour Eiffel depuis juin ont été retirés, en attendant en principe d'être remplacés par une structure plus pérenne pour y rester jusqu'en 2028 comme le veut la mairie de Paris
  • La Ville de Paris, propriétaire de la tour Eiffel, et le CIO, propriétaire du logo olympique, ont dit travailler à la construction de nouveaux anneaux pérennes, plus légers

PARIS: Les anneaux olympiques accrochés sur la tour Eiffel depuis juin ont été retirés, en attendant en principe d'être remplacés par une structure plus pérenne pour y rester jusqu'en 2028 comme le veut la mairie de Paris, a constaté un photographe de l'AFP.

Les anneaux aux cinq couleurs - 29 mètres de long, 15 mètres de haut - trônaient entre le premier et le deuxième étage de la Dame de fer.

La maire de Paris Anne Hidalgo souhaite que ce symbole de l'olympisme reste sur le monument emblématique de la capitale jusqu'aux Jeux olympiques de Los Angeles en 2028. Mais la structure en acier de trente tonnes n'a pas été conçue pour résister aux conditions météorologiques hivernales et devait être par contrat décrochée avant le 30 septembre.

La Ville de Paris, propriétaire de la tour Eiffel, et le CIO, propriétaire du logo olympique, ont dit travailler à la construction de nouveaux anneaux pérennes, plus légers.

Les anciens, fabriqués en acier recyclé vont être refondus une nouvelle fois dans un four électrique en France, de manière à produire des poutres en acier qui serviront pour la construction au Luxembourg du nouveau siège social de leur fabricant, ArcelorMittal, a indiqué le sidérurgiste vendredi.

Sur la Tour Eiffel, en attendant que les nouveaux anneaux soient installés, des plus petits ont été accrochés sur le pont d'Iéna, juste en face, pour "faire une continuité", selon la mairie.

Le projet de la maire socialiste de garder les anneaux jusqu'en 2028 sur la tour Eiffel a soulevé de vives critiques chez les défenseurs du patrimoine et les descendants de Gustave Eiffel.

Ces derniers estiment que leur maintien porterait atteinte à l'oeuvre de leur ancêtre érigée il y a 135 ans, qui n'a pas vocation à leurs yeux à afficher une "enseigne publicitaire", les anneaux étant une marque commerciale.

L'emblème des Jeux paralympiques, trois croissants rouge, bleu et vert, baptisés "Agitos", également en acier recyclé, a été décroché la semaine dernière de l'Arc de Triomphe et a été cédé au département de Seine Saint-Denis. Ils doivent être installés au Prisme, un nouveau centre de sport inclusif, unique en France, qui doit ouvrir cet hiver à Bobigny, notamment pour les entraînements et compétitions de haut niveau des parasportifs.


Démontage du village olympique: oreillers, matelas, mobilier en chemin pour une réutilisation

Cette photographie montre une vue partielle de la place du Village olympique de Paris 2024, à Saint-Denis, le 2 août 2024. (AFP)
Cette photographie montre une vue partielle de la place du Village olympique de Paris 2024, à Saint-Denis, le 2 août 2024. (AFP)
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  • Des milliers de matelas, oreillers, tables, matériel sportif ... le village olympique de Saint-Denis est presque déjà à moitié démonté et son mobilier prend la direction de sa seconde vie
  • Le fournisseur de matelas Airweave a rappelé que les 16.000 matelas du village des athlètes et du village des médias iront entre autres à l'armée, à l'école de l'Opéra de Paris ou encore à l'école hôtelière Tsuji

PARIS: Des milliers de matelas, oreillers, tables, matériel sportif ... le village olympique de Saint-Denis est presque déjà à moitié démonté et son mobilier prend la direction de sa seconde vie, ont détaillé jeudi les organisateurs.

Meubles et matelas vont être offerts notamment à Emmaus. "54.000 meubles", "9.000 matelas", "11.000 oreillers", a expliqué une représentante de la fondation CMA CGM, Marion Dupuy lors d'une visioconférence de presse, qui assurera la logistique transport via 420 camions.

"Cela représente un à deux ans de dons", a expliqué Gwendoline Lafarge, responsable projet JO pour Emmaüs Défi, citant 1.700 couettes.

Le fournisseur de matelas Airweave a rappelé que les 16.000 matelas du village des athlètes et du village des médias iront entre autres à l'armée, à l'école de l'Opéra de Paris ou encore à l'école hôtelière Tsuji.

Le directeur du village olympique, Laurent Michaud, a rappelé que le village qui a accueilli plus de 14.000 personnes au plus fort de l'été, a fermé le 10 septembre et que les clés doivent être remises aux promoteurs fin octobre.

Il faut aussi démonter les infrastructures temporaires comme le centre d'accueil ou le centre multi-confessionnel du village olympique, situé à cheval sur Saint-Denis, Saint-Ouen et l'Ile-Saint-Denis, a précisé M. Michaud.  "800 personnes travaillent actuellement" sur le démontage, avec un flux de 40 camions quotidiens, et plus insolite "une équipe de 10 personnes fait l'inventaire des 45.000 clés" du village.

De son côté, Pierre Cifarelli, dirigeant d'une entreprise solidaire basée à Aubervilliers, va récupérer des matériaux de construction du village et leur "trouver un nouvel usage", notamment "plusieurs tonnes de structure métallique du hall de restauration", des "toiles d'ombrage acoustique" qui seront proposées à une entreprise qui crée des "poufs en extérieur", ou encore "des milliers de mètres carrés de planchers en bois".

Les promoteurs, qui ont déjà commencé la commercialisation des appartements, ont quelques réaménagements à faire. La Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo) coordonne cette phase "héritage". "On part pour 14 mois pour assurer la pleine reconversion du projet urbain", avec les espaces publics et la transformation des bâtiments, a expliqué Henri Specht qui a supervisé la construction du village pour la Solideo avant de donner les clés au comité d'organisation (Cojo) début mars.

"On va maintenir des hauts standards de sécurité" sur le chantier, a-t-il assuré. Les premiers habitants de ce nouveau quartier "doivent arriver à l'automne 2025", a-t-il reprécisé.


Macron retrouve Trudeau au Canada où l'ambiance est aussi électrique

Emmanuel Macron va discuter jeudi matin de la relance de la francophonie au Canada, au-delà du Québec, avec des acteurs impliqués dans ce domaine, une semaine avant un Sommet de la Francophonie en France. Le Québec est la seule province canadienne à majorité francophone. (AFP)
Emmanuel Macron va discuter jeudi matin de la relance de la francophonie au Canada, au-delà du Québec, avec des acteurs impliqués dans ce domaine, une semaine avant un Sommet de la Francophonie en France. Le Québec est la seule province canadienne à majorité francophone. (AFP)
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  • Au sommet du G7 en Italie, peu après l'élection d'Emmanuel Macron en mai 2017, leur complicité affichée avait fait couler beaucoup d'encre
  • Une "bromance" (romance fraternelle), avaient alors lâché des commentateurs

CANADA: Même ascension, mêmes revers: Emmanuel Macron a retrouvé mercredi à Ottawa le Premier ministre canadien Justin Trudeau, tout juste rescapé d'une motion de censure, de quoi replonger le locataire de l'Elysée dans une ambiance aussi électrique qu'à domicile.

Le président français, arrivé de New York où il venait de prendre la parole à la tribune de l'Onu, a été reçu par son hôte dans sa résidence de Rideau Cottage à Ottawa, la capitale canadienne, pour un dîner en tête-à-tête.

Justin Trudeau, apparu sans cravate et décontracté sur le perron de sa demeure, a échappé peu avant à une motion de censure déposée par son principal rival, le conservateur Pierre Poilievre.

Le Premier ministre et son hôte présidentiel, qui incarnaient tout deux une nouvelle génération de dirigeants, jeunes et audacieux, connaissent aujourd'hui les mêmes déconvenues politiques.

Au sommet du G7 en Italie, peu après l'élection d'Emmanuel Macron en mai 2017, leur complicité affichée avait fait couler beaucoup d'encre. Une "bromance" (romance fraternelle), avaient alors lâché des commentateurs.

Sept ans plus tard, Emmanuel Macron a perdu les élections législatives qu'il avait lui-même convoquées et partage désormais le pouvoir avec un Premier ministre de droite.

Justin Trudeau, lâché par son principal allié de gauche, est extrêmement fragilisé, impopulaire et reste à la merci d'autres motions de censure, tout comme son homologue français Michel Barnier à Matignon.

Dans cette ambiance plombée, les deux dirigeants ont décidé de mettre l'accent sur le partenariat stratégique entre leur deux pays, liés par une longue proximité culturelle et linguistique, ainsi que sur des thèmes porteurs, francophonie et intelligence artificielle en tête.

"Le Canada est un pays extrêmement proche, l'un des plus proches en dehors de l'Union européenne", a rappelé la présidence française en amont de la visite.

« Vive le Québec »

Emmanuel Macron va discuter jeudi matin de la relance de la francophonie au Canada, au-delà du Québec, avec des acteurs impliqués dans ce domaine, une semaine avant un Sommet de la Francophonie en France. Le Québec est la seule province canadienne à majorité francophone.

L'ambition est de "faire contribuer le secteur privé au renforcement de nos actions en matière de francophonie, y compris l'enseignement, l'ouverture de nouvelles écoles", a souligné l'Elysée, en promettant des annonces en la matière.

Emmanuel Macron retrouvera ensuite Justin Trudeau pour un entretien officiel à Ottawa, suivi d'un déjeuner sur l'intelligence artificielle, auquel le Premier ministre participera également, et d'une conférence de presse commune à Montréal, où vivent quelque 200.000 Français.

Le Canada est un pays en pointe sur l'IA, ce qui intéresse particulièrement Paris, à quelques mois d'un sommet sur le sujet en février en France.

Emmanuel Macron vantera aussi "l'attractivité de la France" auprès d'investisseurs canadiens, comme il l'a fait mardi à New York lors d'échanges avec des grands noms de la finance, a souligné l'Elysée.

L'instabilité politique et les débats sur la hausse des impôts en France suscitent une inquiétude croissante dans le monde économique, y compris à l'international.

Rendez-vous incontournable, le président français s'entretiendra aussi avec le Premier ministre du Québec, François Legault. La rencontre aura lieu à Montréal, et non à Québec, ce qui a fait grincer des dents chez certains francophones, attachés au symbole de la "capitale" québecoise.

En 1967, c'est depuis le balcon de l'hôtel de ville de Montréal que le général Charles de Gaulle avait lancé le slogan des indépendantistes québécois : "Vive le Québec libre!", semant la consternation à Ottawa.

Autre symbole fort de cette visite, le président a convié Justin Trudeau à son traditionnel rendez-vous devant la communauté française à Montréal, l'une des plus grandes du monde.