Scholz et sa «coalition de perdants» fragilisés après la débâcle aux européennes

 Après sa cinglante défaite aux européennes, la coalition allemande d'Olaf Scholz, déjà à couteaux tirés, apparaît plus fragile que jamais. (AFP)
 Après sa cinglante défaite aux européennes, la coalition allemande d'Olaf Scholz, déjà à couteaux tirés, apparaît plus fragile que jamais. (AFP)
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Publié le Lundi 10 juin 2024

Scholz et sa «coalition de perdants» fragilisés après la débâcle aux européennes

  • Face aux coupes exigées par le ministre libéral des Finances Christian Lindner, la bataille promet d'être sans pitié avec les écologistes et les sociaux-démocrates
  • Les sociaux-démocrates (SPD) ont encaissé une défaite historique qui pourrait sérieusement remettre en cause une nouvelle candidature d'Olaf Scholz lors des législatives prévues à l'automne 2025

BERLIN: Après sa cinglante défaite aux européennes, la coalition allemande d'Olaf Scholz, déjà à couteaux tirés, apparaît plus fragile que jamais et les appels à un changement de cap, voire des législatives anticipées, se multiplient.

Réclamé par l'extrême droite et des ténors conservateurs, l'idée d'un scrutin anticipé n'a été envisagée "à aucun moment, pas une seconde", s'est empressé de répliquer lundi le porte-parole du chancelier Steffen Hebestreit, pointant la différence entre les systèmes politiques français et allemand.

Les sociaux-démocrates (SPD) ont encaissé une défaite historique qui pourrait sérieusement remettre en cause une nouvelle candidature d'Olaf Scholz lors des législatives prévues à l'automne 2025.

Avec 13,9% des suffrages, selon des résultats provisoires, les sociaux-démocrates ont essuyé leur plus mauvais résultat à un scrutin national depuis 1949, pire que leur score aux européennes de 2019 (15,8%), en chute libre par rapport aux législatives de 2021 (25,7%).

Ils sont devancés par les conservateurs (30%) et l'extrême droite, l'AfD (15,9%), dont les électeurs n'ont pas été dissuadés par le discours radical du parti et une récente série de scandales.

Pour les partenaires de gouvernement de M. Scholz, les Verts (11,9%) et les libéraux (5,2%), la réveil est tout aussi brutal.

Cette "coalition des perdants", comme la désigne le quotidien de centre-gauche Süddeutsche Zeitung, obtient des résultats encore plus calamiteux dans l'est de l'Allemagne où se tiendront, pour trois Länder, des élections régionales en septembre. L'extrême droite arrive largement en tête du scrutin de dimanche dans ces régions.

«Risque de paralysie»

"Scholz s'est fortement investi dans cette campagne et cela n'a servi à rien. Au contraire, sa forte présence a peut-être même renforcé la tendance à la baisse" pour son parti, assène l'hebdomadaire Der Spiegel. "Après cette défaite personnelle, il doit dire comment il veut continuer à diriger (...) Sinon le pays risque la paralysie", prévient-il.

Contrairement au président Emmanuel Macron, Olaf Scholz n'a pas réagi dimanche aux résultats.

"Pour Olaf Scholz, les mots +conséquences+ et +grandeur+ sont du chinois en ce qui concerne son rôle de chancelier", fustige le quotidien conservateur Die Welt.

"Emmanuel Macron a montré ce que cela signifie de tirer les conséquences (...) Olaf Scholz devrait suivre. Un chancelier ne peut pas être issu d'un parti qui fait un score de 14%", ajoute-t-il.

Lundi, le conservateur bavarois Markus Söder a appelé à l'organisation d'élections "le plus rapidement possible" et "un nouveau départ pour notre pays".

M. Scholz doit "ouvrir la voie à de nouvelles élections - au lieu de gouverner une année de plus contre une grande majorité de la population", a jugé quant à elle la co-présidente de l'AfD Alice Weidel sur son compte X.

Jusqu'ici, le plus vieux parti d'Allemagne serrait les rangs derrière son chef. Mais le score de dimanche a relancé le débat: "Avec 14%, personne n'a la prétention incontestée de diriger le SPD", a déclaré l'ancien chef des sociaux-démocrates, Sigmar Gabriel.

Meilleur candidat à la chancellerie 

Parmi les potentiels remplaçants, le populaire ministre de la Défense, Boris Pistorius. La question de savoir si ce dernier ne serait pas le meilleur candidat pour 2025 "va revenir en force", estime Süddeutsche Zeitung.

Pour les écologistes, le résultat montre que le climat ne mobilise plus: ils avaient obtenu près de 9 points de plus à 20,5% en 2019.

"Le combat contre le changement climatique était il y a cinq ans un sujet qui permettait de marquer des points, maintenant c'est un poids", constate Der Spiegel.

La coalition d'Olaf Scholz va être très rapidement confrontée aux premières séquelles de son échec, avec les négociations pour le budget 2025 qui doit être présenté début juillet.

Face aux coupes exigées par le ministre libéral des Finances Christian Lindner, la bataille promet d'être sans pitié avec les écologistes et les sociaux-démocrates. Sous le regard des électeurs qui ont exprimé dimanche leur lassitude de ces joutes de pouvoir.


L'Otan en plein doute sur son avenir face à la tempête Trump

Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
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  • Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer.
  • les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

BRUXELLES : Les tirs de barrage américains contre les pays européens de l'Otan ébranlent jusqu'aux fondements de l'Alliance atlantique, qui a cependant toutes les peines du monde à imaginer un avenir sans les États-Unis.

Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer. Un diplomate interrogé sous couvert d'anonymat décrit l'agressivité de la nouvelle administration américaine comme un « traumatisme ».

Ce changement se fera-t-il avec ou sans les États-Unis ? La question agite les couloirs du siège de l'Alliance à Bruxelles.

« On connaît la direction : moins d'États-Unis et plus d'Europe », résume un diplomate sous couvert d'anonymat. Cependant, de nombreuses questions restent en suspens.

En deux mois, Donald Trump s'en est pris au Canada qu'il entend voir devenir le 51ᵉ État américain, et au Danemark, dont il revendique l'un des territoires, le Groenland. 

Plusieurs responsables américains, dont le vice-président J. D. Vance, n'ont pas caché leur mépris à l'égard des Européens, considérés comme des « profiteurs » et des passagers clandestins d'une alliance où, dénoncent-ils, ils ne paient pas leur dû.

Depuis le 20 janvier, date du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, « l'optimisme est de moins en moins de mise », confie un diplomate. « Les États-Unis n'ont pas encore pris de décisions concrètes, mais on dirait que chaque jour est porteur d'un nouveau coup contre les fondations de l'Alliance. »

- Transition « désordonnée » -

Pour Camille Grand, ancien secrétaire général adjoint de l'Otan et chercheur auprès de l'ECFR, trois scénarios sont possibles.

Celui de la transition ordonnée : les Américains se désengagent, mais en bon ordre, à la suite d'une négociation qui donne aux Européens le temps de se préparer. « Cela permet d'éviter les incertitudes », assure-t-il dans un entretien avec l'AFP.

Celui de la transition « désordonnée » : les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

Le retrait se fait « en mode crise », avec des « menaces et des annonces désordonnées ». C'est « le scénario dominant » aujourd'hui, estime l'analyste.

Il y a aussi le scénario cauchemar pour nombre d'Alliés : le retrait « de facto ou de jure ». Les États-Unis se désintéresseront de la défense du continent européen.

Donald Trump exige que les Européens et les Canadiens consacrent au moins 5 % de leur PIB à cette défense, alors qu'ils sont à moins de 2 % pour l'Italie ou l'Espagne. La marche est très haute. Mais tous savent qu'il faudra « annoncer » quelque chose au sommet de l'OTAN en juin, selon un diplomate.

Le Secrétaire général de l'Alliance Mark Rutte a évoqué un chiffre entre 3,5 et 3,7 %. Ce sera difficile, mais c'est une question de priorités dans les dépenses nationales, ajoute-t-il. 

Personne ne sait si ce chiffre sera suffisant pour Donald Trump.

- "Cinq ans" -

En attendant, beaucoup à Bruxelles et dans les autres capitales européennes s'interrogent sur un "après" Etats-Unis.

"Nous avons toujours su que le moment viendrait où l'Amérique se retirerait en quelque sorte et où l'Europe devrait faire davantage", rappelle ainsi Jamie Shea, ancien porte-parole de l'Otan et expert auprès du think tank londonien Chatam House.

Et le calendrier est très serré. Les Européens ont "cinq ans" pour recréer une dissuasion face à la menace russe, juge ainsi Camille Grand. Un calcul basé sur le temps jugé nécessaire, selon plusieurs services de renseignement, pour que la Russie reconstitue son armée et soit en mesure de menacer un pays de l'Otan, explique-t-il. 

Selon cet expert français, les Européens en sont capables, même si un investissement substantiel sera nécessaire pour combler l'apport américain en termes de renseignement, de satellites ou de logistique. « Il n'y a pas de raison que 500 millions d'Européens ne puissent pas dissuader 140 millions de Russes », assure-t-il.

Plusieurs pays en doutent. « Les États-Unis restent indispensables pour une dissuasion crédible », estime ainsi un diplomate européen auprès de l'Otan.


Le Wisconsin, théâtre d'une première défaite électorale pour Trump et Musk

 Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin,
  • En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias

WASHINGTON : Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin, un scrutin habituellement d'ampleur locale, marqué cette fois-ci par la forte implication d'Elon Musk.

Selon les projections de plusieurs médias américains, Susan Crawford, soutenue par les démocrates, a remporté un siège pour dix ans à la Cour suprême de cet État de la région des Grands Lacs.

Elle faisait face à Brad Schimel, soutenu par Donald Trump et par le multimilliardaire Elon Musk, et dont la victoire aurait fait basculer la haute instance du Wisconsin du côté conservateur.

En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias.

Mardi soir, le président a mis à profit sa plateforme Truth Social pour se féliciter des deux « larges » victoires de son camp en Floride, mettant en avant son « soutien » aux candidats.

Il n'a en revanche pas commenté le résultat pour la Cour suprême du Wisconsin, préférant y retenir l'adoption, par un référendum organisé le même jour, d'une mesure obligeant les électeurs à présenter une pièce d'identité avec photo afin de pouvoir voter.

« C'est une grande victoire pour les républicains, peut-être la plus grande de la soirée », a-t-il écrit.

« Le plus important » 

Elon Musk n'a pas non plus réagi à la défaite de Brad Schimel, et a plutôt salué l'issue du référendum local. « C'était le plus important », a-t-il affirmé sur son réseau social X.

Le patron de Tesla et Space X s'inquiétait d'un potentiel rééquilibrage par la Cour suprême locale dans le découpage des circonscriptions électorales, en faveur des démocrates. État pivot, le Wisconsin avait été remporté par Donald Trump à la présidentielle de novembre.

« C'est l'une de ces situations étranges où une petite élection en apparence pourrait déterminer le destin de la civilisation occidentale », avait lancé Elon Musk mardi.

Le président républicain avait, lui, publié lundi sur Truth Social un message de soutien à Brad Schimel. Il s'en était surtout pris à Susan Crawford, qui serait, selon lui, « un désastre pour le Wisconsin et pour les États-Unis d'Amérique ».

Un peu plus de deux mois après le début de son mandat, les enquêtes d'opinion indiquent une baisse relative de la popularité de Donald Trump. Ces élections dans le Wisconsin et en Floride étaient les premières véritables épreuves auxquelles il faisait face dans les urnes depuis novembre.

Campagne onéreuse 

Mardi, le trumpiste Randy Fine a bien remporté le siège en jeu à la Chambre des représentants face au démocrate Josh Weil, mais avec une avance bien plus mince qu'il y a quelques mois.

Ces résultats ont « de quoi donner des sueurs froides à mes collègues républicains », a déclaré sur la chaîne MSNBC Hakeem Jeffries, responsable de la minorité démocrate à la Chambre des représentants. Cela fait écho à la difficulté de l'opposition à se faire entendre depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Dans le Wisconsin, les deux camps avaient sorti l'artillerie lourde pour une élection qui, d'ordinaire, passe inaperçue dans le reste du pays.

Selon le Centre Brennan de l'université de New York, c'est « le scrutin judiciaire le plus coûteux de l'histoire américaine », avec plus de 98 millions de dollars déversés dans la campagne, dont 53 millions en faveur du candidat conservateur.

Elon Musk n'est pas étranger à cela.

« Il a dépensé plus de 25 millions de dollars pour essayer de m'empêcher de siéger à la Cour suprême du Wisconsin », a lancé dimanche Susan Crawford lors d'un rassemblement.

Son équipe de campagne avait récemment accusé Elon Musk de vouloir « acheter un siège à la Cour suprême du Wisconsin afin d'obtenir une décision favorable » dans des poursuites engagées par Tesla, son entreprise de véhicules électriques, contre les autorités du Wisconsin.


Amnesty International demande à la Hongrie d'arrêter M. Netanyahou

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le Premier ministre israélien doit se rendre cette semaine dans un pays membre de la Cour pénale internationale
  • Cette visite " ne doit pas devenir un indicateur de l'avenir des droits humains en Europe "

LONDRES : Amnesty International a demandé à la Hongrie d'arrêter le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, à la suite d'informations selon lesquelles il se rendra dans cet État membre de l'UE mercredi à l'invitation de son homologue hongrois Viktor Orban.

M. Netanyahou fait l'objet d'un mandat d'arrêt délivré en novembre par la Cour pénale internationale en raison de la conduite d'Israël à Gaza.

M. Orban, proche allié de M. Netanyahu, a déclaré qu'il n'exécuterait pas le mandat. En tant qu'État membre, la Hongrie est tenue d'exécuter tout mandat d'arrêt délivré par la CPI.