Face à la bataille de Rafah, la «ligne rouge» fluctuante de Biden

Les Palestiniens fuient le quartier de Tal al-Sultan à Rafah avec leurs affaires à la suite de nouvelles frappes israéliennes dans la ville du sud de la bande de Gaza le 28 mai 2024, dans le contexte du conflit en cours entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas. (AFP)
Les Palestiniens fuient le quartier de Tal al-Sultan à Rafah avec leurs affaires à la suite de nouvelles frappes israéliennes dans la ville du sud de la bande de Gaza le 28 mai 2024, dans le contexte du conflit en cours entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas. (AFP)
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Publié le Mercredi 29 mai 2024

Face à la bataille de Rafah, la «ligne rouge» fluctuante de Biden

  • Selon John Kirby, la Maison Blanche ne voyait toujours pas d'«opération terrestre majeure» contre Rafah, et que par conséquent il n'y aurait «pas de changement de la politique» américaine de soutien à Israël
  • Depuis l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre sur le sol israélien, Joe Biden a offert à Israël un soutien quasiment inconditionnel

WASHINGTON: Où est vraiment la "ligne rouge" de Joe Biden? Alors que Rafah subit des bombardements incessants, la Maison Blanche continue de juger qu'Israël n'a pas lancé contre cette ville du sud de la bande de Gaza une offensive "majeure", susceptible de remettre en cause le soutien américain.

"Le mot +tragique+ ne suffit pas à décrire" ce qui s'est passé, a réagi mardi la vice-présidente Kamala Harris, interrogée sur la frappe aérienne israélienne qui a fait dimanche soir 45 morts, selon le ministère de la Santé à Gaza, et mis le feu à des tentes occupées par des Palestiniens dans un camp de déplacés.

Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain John Kirby a lui déploré mardi une "perte horrible de vies humaines", et a indiqué attendre les résultats de l'enquête menée par les Israéliens.

Il a toutefois ajouté que la Maison Blanche ne voyait toujours pas d' "opération terrestre majeure" contre Rafah, et que par conséquent il n'y aurait "pas de changement de la politique" américaine de soutien à Israël.

"Une opération terrestre majeure, ce serait des milliers et des milliers de militaires" agissant "de manière coordonnée contre plusieurs objectifs sur le terrain" a-t-il dit.

«Pas une grosse bombe»

"Les Israéliens ont dit qu'ils utilisaient (à Rafah) des bombes de 37 livres" soit environ 17 kilos, "des munitions guidées de précision", a encore indiqué John Kirby, ajoutant "37 livres ce n'est pas une grosse bombe".

"Si c'est cela qu'ils utilisent, cela indique certainement un effort pour être ciblé et précis", a-t-il jugé.

Le président américain ne s'est pas exprimé lui-même sur la frappe de dimanche, qui a suscité une vague d'indignation internationale.

"Dans une année électorale, les lignes rouges (de Joe Biden) sont de plus en plus brouillées", constate Colin Clarke, du centre de recherches new-yorkais Soufan Group.

"Il est sous la pression des démocrates progressistes à cause du bilan toujours plus lourd de victimes civiles palestiniennes, et sous celle des démocrates pro-Israël", explique-t-il, en prédisant que le démocrate de 81 ans, qui briguera un second mandat en novembre, va "continuer à louvoyer (...) au gré des événements sur le terrain".

"Je l'ai dit clairement à Bibi (Benjamin Netanyahu, ndlr) et au cabinet de guerre, ils n'auront pas notre soutien s’ils entrent vraiment dans les centres de population" de Rafah, avait expliqué le président américain le 8 mai sur CNN, en se disant prêt à interrompre certaines livraisons d'armes à Israël.

"C'est une ligne rouge", avait-il déclaré, le 9 mars 2024, sur la chaîne MSNBC, à propos d'une offensive majeure à Rafah.

Election 

Depuis l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre sur le sol israélien, Joe Biden a offert à Israël un soutien quasiment inconditionnel, tout en critiquant ponctuellement la manière dont l'armée israélienne mène ses opérations à Gaza.

Ce positionnement a suscité la colère de l'électorat d'origine arabe et d'une partie de l'électorat progressiste contre Joe Biden.

"Le président est l'un de ces rares politiciens qui agit selon sa conviction profonde plutôt que pour son propre bénéfice électoral", avance Gordon Gray, professeur à la George Washington University, en notant que "toute (sa) carrière avait été marquée par un soutien sans ambiguïté à Israël".

Le démocrate de 81 ans n'est pas le premier président américain à buter ainsi sur une "ligne rouge" exprimée publiquement en matière de politique internationale.

Son prédécesseur Barack Obama (2009-2017) avait déclaré en 2012 que l'utilisation d'armes chimiques par le président syrien Bachar al-Assad en serait une, qui exigerait une réponse militaire américaine.

Un an plus tard, quand près de 1.500 personnes, dont des centaines d'enfants, étaient mortes dans une attaque chimique près de Damas, imputée au régime, il n'avait pourtant pas déclenché de frappes américaines.


Les Etats-Unis ont frappé des installations Houthies au Yémen à l'aide de bombardiers B-2

Un bombardier furtif B-2 survole le Washington Monument sur le National Mall, lors des célébrations de la fête de l'indépendance à Washington DC, le 4 juillet 2020. Le 16 octobre 2024, les États-Unis ont mené plusieurs frappes de bombardiers B-2 sur des installations de stockage d'armes dans des zones du Yémen contrôlées par les rebelles huthis soutenus par l'Iran, selon l'armée et le ministère de la défense américains. (AFP)
Un bombardier furtif B-2 survole le Washington Monument sur le National Mall, lors des célébrations de la fête de l'indépendance à Washington DC, le 4 juillet 2020. Le 16 octobre 2024, les États-Unis ont mené plusieurs frappes de bombardiers B-2 sur des installations de stockage d'armes dans des zones du Yémen contrôlées par les rebelles huthis soutenus par l'Iran, selon l'armée et le ministère de la défense américains. (AFP)
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  • Les Etats-Unis ont frappé cinq dépôts souterrains de munitions des rebelles Houthis au Yémen à l'aide de bombardiers stratégiques furtifs B-2
  • Il s'agit du premier emploi connu à ce jour de bombardiers B-2 par les forces américaines depuis le début de leurs frappes contre les Houthis

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont frappé cinq dépôts souterrains de munitions des rebelles Houthis au Yémen à l'aide de bombardiers stratégiques furtifs B-2, a annoncé mercredi soir le ministre de la Défense américain Lloyd Austin.

"Les forces américaines ont ciblé plusieurs installations souterraines des Houthis abritant plusieurs types d'armes que les Houthis ont utilisé pour cibler des navires civils et militaires dans toute la région", a indiqué M. Austin dans un communiqué.

Il s'agit du premier emploi connu à ce jour de bombardiers B-2 par les forces américaines depuis le début de leurs frappes contre les Houthis, un groupement soutenu par l'Iran.

"L'emploi de bombardiers furtifs à long rayon d'action B-2 Spirit de l'armée de l'air américaine prouve la capacité de frappe" américaine "à tout moment et en tout lieu", s'est félicité M. Austin, évoquant une "démonstration sans pareille".

Les Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen, mènent depuis des mois des attaques contre Israël et les navires qui leur seraient liés, en affirmant agir en solidarité avec le mouvement islamiste palestinien Hamas, opposé à Israël dans la bande de Gaza depuis un an.

En réponse, les Etats-Unis et le Royaume-Uni procèdent régulièrement à des frappes contre des installations houthies, mais sans être parvenus à ce stade à anéantir la capacité opérationnelle du mouvement.


L'agence atomique iranienne juge « improbable » une attaque d'Israël sur des sites nucléaires.

Installations d'enrichissement atomique au centre de recherche nucléaire de Natanz, en Iran. (AFP/File)
Installations d'enrichissement atomique au centre de recherche nucléaire de Natanz, en Iran. (AFP/File)
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  • Mercredi, l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA) a estimé qu'une éventuelle attaque israélienne contre ses installations nucléaires « ne réussirait pas »
  • Mardi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé que son pays déciderait seul des éventuelles cibles à frapper en Iran

TEHERAN : Mercredi, l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA) a estimé qu'une éventuelle attaque israélienne contre ses installations nucléaires « ne réussirait pas » ou ne causerait pas de « sérieux dommages », tout en jugeant un tel scénario « improbable ».

Ces déclarations interviennent sur fond d'escalade entre l'Iran et Israël. L'Iran a lancé le 1^(er) octobre quelque 200 missiles sur Israël, qui a juré d'y riposter.

« Il est très improbable » qu'une attaque se produise, a affirmé le porte-parole de l'OIEA, Behrouz Kamalvandi, dans une interview accordée à l'agence de presse iranienne Nournews, estimant qu'il s'agirait d'un acte « stupide ».

« Dans le cas d'une attaque sur un site clé, soyez sûrs, elle ne réussira pas » et il « est très peu probable qu'ils (Israël) nous causent de sérieux dommages », a-t-il ajouté, précisant que l'Iran serait en mesure de « rapidement compenser » tout dégât potentiel.

Les tirs de missiles du 1er octobre ont été présentés par l'Iran comme des représailles à l'assassinat en juillet à Téhéran du chef du Hamas palestinien, Ismaïl Haniyeh, imputé à Israël, et à celui de Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah libanais pro-iranien, tué dans une frappe israélienne le 27 septembre près de Beyrouth.

Mardi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé que son pays déciderait seul des éventuelles cibles à frapper en Iran, malgré les appels du président américain Joe Biden à épargner les sites pétroliers et nucléaires.

« Toute attaque contre les infrastructures iraniennes entraînera une réponse plus forte », a mis en garde mardi le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, cité par la télévision d'État.


Des entreprises israéliennes interdites au salon Euro naval de novembre à Paris

Le porte-avions français Charles de Gaulle (Photo, AFP)
Le porte-avions français Charles de Gaulle (Photo, AFP)
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JERUSALEM : Mercredi, Israël a accusé le président Emmanuel Macron de faire « honte » à la France après la décision du gouvernement français d'interdire à des entreprises israéliennes d'exposer leurs matériels lors du salon de défense Euronaval début novembre, près de Paris.

« Les actes du président français Macron sont une honte pour la France et les valeurs du monde libre qu'il affirme vouloir protéger », a affirmé sur X le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant.

« La décision de discriminer une nouvelle fois l'industrie de la défense israélienne en France profite aux ennemis d'Israël en temps de guerre », a-t-il ajouté.

Il a également accusé M. Macron de vouloir « mettre en place un embargo sur les armes » après que le président français a appelé la semaine dernière à « cesser les exportations d'armes » utilisées par Israël à Gaza et au Liban.

La France « a adopté et ne cesse de mettre en œuvre une politique hostile envers Israël », a estimé le ministre israélien.

Les organisateurs du salon Euronaval, consacré au secteur naval de défense, avaient auparavant indiqué que celui-ci n'accueillerait ni stands ni matériels israéliens lors de sa prochaine édition, à la demande du gouvernement français.

« Le gouvernement français a fait part le mardi 15 octobre à Euronaval de sa décision de valider la participation des délégations israéliennes au salon Euronaval 2024, sans stands ni exposition de matériels », a précisé dans un communiqué l'organisation du salon, selon laquelle « sept entreprises israéliennes sont concernées par cette décision ».

- Le ton monte - 

« Conformément à la décision du gouvernement français, les entreprises et les ressortissants israéliens qui le souhaitent seront accueillis au salon selon les modalités précitées », a-t-on ajouté.

« Euronaval se prépare à accueillir chaque entreprise et chaque visiteur dans le respect des directives internationales et gouvernementales. Près de 500 entreprises et 22 000 visites sont attendues pour la 29^e édition du salon, du 4 au 7 novembre au Parc des expositions de Paris-Nord Villepinte (dans la banlieue nord de Paris), ont rappelé les organisateurs.

Fin mai, la présence des industriels israéliens de la défense au salon Eurosatory avait été annulée par décision du gouvernement, sur fond d'offensive israélienne dans la bande de Gaza. Cette décision avait ensuite été contredite par la justice.

La décision concernant Euronaval intervient dans un contexte où le ton est monté ces derniers jours entre Emmanuel Macron et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, alors que les opérations israéliennes se poursuivent à Gaza, un an après l'attaque meurtrière du groupe palestinien Hamas en Israël et contre le Hezbollah au Liban.

Le 5 octobre, M. Macron avait déjà estimé que « la priorité » pour un cessez-le-feu était « qu'on revienne à une solution politique, qu'on cesse de livrer les armes pour mener les combats sur Gaza ».

Ses déclarations avaient suscité la colère de M. Netanyahu, qui les avait qualifiées de « honte ».

Paris appelle avec insistance à un cessez-le-feu à la fois à Gaza et au Liban. Le pays dénonce les frappes israéliennes ainsi que les tirs israéliens jugés « délibérés » contre des positions des Casques bleus de la force de paix de l'ONU dans le sud du Liban (Finul), dont plusieurs ont été blessés.