Janet Yellen opposée au projet d'une taxation mondiale des plus riches

La secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen (Photo, AFP).
La secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 23 mai 2024

Janet Yellen opposée au projet d'une taxation mondiale des plus riches

  • L'administration Biden a ainsi proposé pour le budget 2025 un impôt minimum de 25% pour les "0,01% les plus riches
  • Le gouvernement brésilien s'est inspiré des travaux menés par l'économiste français Gabriel Zucman sur la taxation des plus riches

 

STRESA, Italie: La secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen s'est prononcée jeudi contre des négociations internationales sur une taxation mondiale des plus riches, un projet défendu par le Brésil à l'occasion de sa présidence du G20 et soutenu par la France.

"Je ne suis pas favorable à des négociations internationales qui impliqueraient que tous les pays acceptent de le faire et de redistribuer les recettes entre les pays, éventuellement sur la base du climat et des dommages subis du fait du climat", a-t-elle déclaré en marge du G7 Finances à Stresa dans le nord de l'Italie.

"Il est clair que le président Biden et moi-même sommes attachés à la progressivité de l'impôt. Nous estimons que la charge fiscale pesant sur les hauts revenus et les entreprises est trop faible", a-t-elle fait valoir devant la presse.

L'administration Biden a ainsi proposé pour le budget 2025 un impôt minimum de 25% pour les "0,01% les plus riches, ceux dont la fortune est supérieure à 100 millions de dollars".

"Ce n'est donc pas que j'aie une quelconque objection à imposer un niveau raisonnable d'imposition et certainement un niveau minimum d'imposition aux personnes à très hauts revenus aux États-Unis", a-t-elle poursuivi.

Le gouvernement américain reconnaît selon elle "que les pays à faible revenu et les pays émergents ont besoin d'un soutien financier".

Mme Yellen a estimé que "le Brésil, qui dirige le G20, a raison de s'inquiéter de l'adéquation des flux de ressources pour soutenir le développement" de ces pays et "le climat".

"Mais je ne suis pas favorable" à régler le problème des flux de ressources "dans le cadre d'une négociation fiscale internationale", a-t-elle expliqué.

Le gouvernement brésilien s'est inspiré des travaux menés par l'économiste français Gabriel Zucman sur la taxation des plus riches.

Selon ce dernier, si les 3.000 milliardaires de la planète payaient au moins l'équivalent de 2% de leur fortune en impôts sur le revenu, cet impôt mondial pourrait rapporter 250 milliards de dollars supplémentaires.

Pour le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire, le projet de taxation minimale des plus grandes fortunes figure parmi les priorités du G7 à Stresa.

"Nous voulons continuer à porter cette idée d'un troisième pilier sur la fiscalité internationale portant sur les plus fortunés, de façon à garantir l'équité de la fiscalité internationale", a-t-il déclaré mercredi à la presse.

Près de 140 Etats se sont accordés à la fin 2021 sur une taxation minimale des multinationales sous l'égide de l'OCDE, consistant en deux piliers, le premier visant une meilleure répartition de la fiscalité des géants du numérique et le second une imposition minimale à 15% sur les sociétés.

Le deuxième pilier a été mis en place le 1er janvier dernier dans de nombreux Etats, dont l'Union européenne, mais un accord sur le pilier 1 peine encore à être avalisé par l'ensemble des pays.

 


L'UE dénonce des restrictions au commerce et aux investissements en Algérie

Un drapeau algérien est déployé sur un petit bateau (Photo, AFP).
Un drapeau algérien est déployé sur un petit bateau (Photo, AFP).
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  • La procédure annoncée vendredi est prévue dans le cadre de cet accord
  • L'UE considère que les mesures restrictives introduites par Alger depuis 2021 violent ses engagements dans le cadre de l'Accord d'association UE-Algérie

BRUXELLES: Bruxelles a ouvert vendredi une procédure contre l'Algérie, accusée de restreindre depuis 2021 les exportations et investissements de l'Union européenne et a réclamé des consultations avec les autorités du pays.

"L'UE a lancé une procédure de règlement des différends contre l'Algérie", a annoncé la Commission européenne dans un communiqué. "L'objectif est d'engager un dialogue constructif en vue de lever les restrictions dans plusieurs secteurs allant des produits agricoles aux véhicules automobiles", a précisé l'exécutif européen.

Bruxelles dénonce en particulier "un système de licences d'importation ayant des effets équivalents à une interdiction d'importation, des subventions conditionnées à l'utilisation de pièces fabriquées localement pour les constructeurs automobiles et un plafond de la participation étrangère dans les entreprises important des biens en Algérie".

"Compte tenu des efforts infructueux pour résoudre la question à l'amiable, l'UE a pris cette initiative pour préserver les droits des entreprises et exportateurs européens exerçant en Algérie qui sont affectés. Les mesures algériennes nuisent également aux consommateurs algériens en raison d'un choix de produits indûment restreint", plaide la Commission.

L'UE considère que les mesures restrictives introduites par Alger depuis 2021 violent ses engagements dans le cadre de l'Accord d'association UE-Algérie.

Cet accord a été signé en 2002 et est entré en vigueur en 2005. Il établit un cadre de coopération dans tous les domaines, y compris le commerce.

La procédure annoncée vendredi est prévue dans le cadre de cet accord. Si aucune solution n'est trouvée, l'UE sera en droit de demander la mise en place d'un panel d'arbitrage. Tous les accords commerciaux de l'UE incluent un mécanisme de règlement des différends.

L'Union européenne est le plus grand partenaire de l'Algérie et représentait environ 50,6% du commerce international du pays en 2023. Ces dernières années, la valeur totale des exportations de l'UE vers l'Algérie a régulièrement diminué, passant de 22,3 milliards d'euros en 2015 à 14,9 milliards d'euros en 2023, selon des chiffres communiqués par la Commission européenne.


Le marché de l'art dans le creux de la vague malgré de grosses ventes à Art Basel

Un visiteur prend une photo de "The Extended Line" 2023/2024, de l'artiste japonaise Chiharu Shiota exposée dans le secteur Unlimited de la foire d'art moderne et contemporain Art Basel, à Bâle, dans le nord de la Suisse, le 11 juin 2024. (Photo Valentin Flauraud AFP)
Un visiteur prend une photo de "The Extended Line" 2023/2024, de l'artiste japonaise Chiharu Shiota exposée dans le secteur Unlimited de la foire d'art moderne et contemporain Art Basel, à Bâle, dans le nord de la Suisse, le 11 juin 2024. (Photo Valentin Flauraud AFP)
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  • «La foire a été très bonne», a réagi James Koch, directeur exécutif et associé de la galerie zurichoise Hauser & Wirth, qui présentait aussi bien de grandes signatures du XXème siècle que des artistes récents
  • « Pour l'instant, le marché est dans le creux de la vague. Comme dans l'immobilier, les acheteurs attendent, reportent les investissements à plus tard», a noté Julie Hugues, responsable du marché de l'art chez l'assureur Hiscox en France

BÂLE, Suisse : Art Basel, la foire de l'art contemporain qui se tient cette semaine en Suisse, a une fois encore été marquée par de très grosses ventes qui masquent toutefois une évolution disparate du marché de l'art, toujours dans le «creux de la vague», selon certains experts.

La foire - qui se tient jusqu'à dimanche à Bâle - s'est ouverte cette année sur une note incertaine après un recul du marché de l'art en 2023, refroidi par les taux d'intérêt, les incertitudes macro-économiques et les tensions géopolitiques.

Lors des journées réservées aux collectionneurs, de grandes galeries ont pourtant scellé des ventes à huit chiffres. Mardi, la galerie David Zwirner a trouvé preneur pour une toile de l'artiste américaine Joan Mitchell, intitulée Sunflowers (Tournesols), pour 20 millions de dollars (près de 18,7 millions d'euros).

La galerie zurichoise Hauser & Wirth a vendu une œuvre au fusain et pastel d'Arshile Gorky pour 16 millions de dollars, un tableau de Georgia O'Keeffe pour 13,5 millions de dollars et une huile sur toile de Philip Guston pour 10 millions de dollars.

«La foire a été très bonne», a réagi auprès de l'AFP James Koch, directeur exécutif et associé de cette galerie zurichoise, qui présentait aussi bien de grandes signatures du XXème siècle que des artistes récents, dont Amy Sherald, qui s'est fait connaître du grand public à travers son portrait de Michelle Obama.

La foire a été l'occasion de rencontrer des «collectionneurs sérieux», qui achètent «à long terme», le marché ayant «un peu perdu son aspect spéculatif», constate-t-il. «Ce qui est très bien parce la conversation se concentre à nouveau sur l'art».

Ces grosses transactions ne sont toutefois «pas représentatives de toute la foire», précise Hans Laenen, spécialiste du marché de l'art chez l'assureur AXA XL pour l'Europe et l'Asie-Pacifique.

«Certaines années, il y a une tendance très claire qui se dégage de la foire», a-t-il déclaré à l'AFP. Mais «cette année, il est plus difficile de se prononcer», reconnaît-il, l'impression générale étant cette fois plus floue.

«Il y a toujours des transactions assez significatives» mais «certains galeristes semblent dire que le marché est un peu plus difficile», observe-t-il. Dans l'ensemble, le marché semble «assez stable», «sans détérioration, ni amélioration», considère-t-il.

- Report des investissements -

«Pour l'instant, le marché est dans le creux de la vague. Comme dans l'immobilier, les acheteurs attendent, reportent les investissements à plus tard», a noté Julie Hugues, responsable du marché de l'art chez l'assureur Hiscox en France, lors d'un entretien avec l'AFP.

«Dans une situation économique instable comme aujourd'hui, la tendance est de se tourner vers des valeurs refuges, comme l'or ou l'art», mais plutôt vers «des valeurs sûres», comme «l'art ancien ou moderne» que vers «l'art contemporain qui est sujet à de fortes fluctuations», décrypte-t-elle.

Elle remarque cependant de «bonnes affaires» dans les segments de prix dits «accessibles», «à partir de 50.000 euros», ce qui fournit un point d'entrée pour «regarder les jeunes artistes émergents» en repérant ceux que «les grandes galeries font entrer dans leur catalogue».

D'après une étude de la banque UBS et du cabinet Arts Economics, le marché de l'art a reculé de 4% en 2023, aux environs de 65 milliards de dollars, les collectionneurs se montrant plus prudents avant de dépenser de grosses sommes ou de mettre en vente des pièces onéreuses. Les segments de prix abordables sont toutefois restés dynamiques, selon ce rapport.

«C'est une chance pour les jeunes artistes», estime Thomas Uetwiller, souscripteur en assurance d'art chez Baloise, l'un des partenaires de la foire.

Ce groupe suisse d'assurances y décerne chaque année un prix qui ouvre les portes de grands musées à de jeunes artistes, récompensant cette année l'artiste hongkongaise Tiffany Sia et l'artiste soudanais-norvégien Ahmed Umar.

«Art Basel est un événement unique», rappelle toutefois M. Uetwiller, compte tenu de la qualité des œuvres qui y sont présentées.

«C'est la pointe de l'iceberg du marché de l'art», dit-il, estimant qu'il est difficile d'en tirer des conclusions pour l'ensemble du marché.


Le FMI salue la «transformation économique sans précédent» de l'Arabie saoudite dans un rapport élogieux

Le FMI a décrit le secteur financier de l'Arabie saoudite comme reposant sur une « base solide ». Shutterstock
Le FMI a décrit le secteur financier de l'Arabie saoudite comme reposant sur une « base solide ». Shutterstock
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  • Dans un rapport consacré à l'évolution du paysage économique du Royaume, l'organisation a souligné que la demande intérieure croissante, les réformes financières en cours et les politiques environnementales constituaient des points forts
  • Le rapport fait également état des initiatives environnementales de l'Arabie saoudite, affirmant que le Royaume « reste déterminé » à parvenir à des émissions nettes nulles d'ici 2060

RIYAD : La « transformation économique sans précédent » de l'Arabie saoudite progresse bien grâce à des politiques gouvernementales prudentes et à des efforts de diversification fructueux, selon le Fonds monétaire international.

Dans un rapport consacré à l'évolution du paysage économique du Royaume, l'organisation a souligné que la demande intérieure croissante, les réformes financières en cours et les politiques environnementales constituaient des points forts.

Ces conclusions interviennent quelques jours seulement après que l'Organisation de coopération et de développement économiques a publié des chiffres montrant que l'économie saoudienne a connu une croissance supérieure à la moyenne du G20 au cours des trois premiers mois de l'année.

Dans un communiqué marquant la fin d'une visite officielle du FMI au Royaume, l'organisation prévoit que la croissance globale du PIB de l'Arabie saoudite s'accélérera pour atteindre environ 4,5 % en 2025 avant de se stabiliser à 3,5 % par an à moyen terme.

Elle anticipe que la croissance non pétrolière atteindra 3,5 % en 2024 « avant de se redresser à partir de 2025 ».

Le FMI salue la « transformation économique sans précédent » de l'Arabie saoudite dans un rapport élogieux.

Il ajoute : « La production de pétrole devrait se contracter de 4,6 % en 2024 mais augmenter de 5,1 % en 2025, reflétant une extension des réductions de la production de pétrole en 2024 et une reprise progressive jusqu'à 10 mbpj en 2025. »

Se penchant sur les politiques de transformation entreprises par le gouvernement saoudien, le FMI note que « les efforts de diversification de l'économie ont commencé à porter leurs fruits ».

Le rapport ajoute : « Sur la base de ces succès, il sera important de maintenir la dynamique de croissance non pétrolière, de préserver la stabilité du secteur financier, de continuer à atténuer les risques de surchauffe, d'inverser la baisse de la productivité totale des facteurs et de garantir l'équité entre les générations. »

Le FMI a salué le « récent recalibrage » des besoins de financement associés aux objectifs de Vision 2030, et a également fait l'éloge de la volonté du Royaume de devenir un havre pour le développement du secteur privé.

« Les réformes visant à améliorer l'environnement des affaires de l'Arabie saoudite et son attractivité pour les investissements étrangers progressent bien », a déclaré le FMI, notant que l'Arabie saoudite a grimpé de 15 échelons dans le classement mondial de la compétitivité de l'IMD en deux ans, atteignant la 17e position mondiale en 2023.

« Les travaux en cours pour stimuler le capital humain par le biais du programme de développement des capacités humaines, de nouvelles augmentations de la participation des femmes à la population active, des avancées significatives dans la transformation numérique et la préparation à l'IA, la rationalisation des frais et des prélèvements, la promotion de l'accès à la terre et à la finance, et une gouvernance plus forte renforceraient davantage la croissance du secteur privé, aideraient à attirer plus d'IDE, et contribueraient à la croissance de la productivité totale des facteurs », ajoute le rapport.

Le FMI a décrit le secteur financier de l'Arabie saoudite comme reposant sur une « base solide », notant que la croissance du crédit bancaire – principalement au secteur des entreprises – continue de dépasser celle des dépôts et devrait se maintenir à environ 10 % en 2024.

« Les efforts continus de la SAMA pour moderniser les cadres de réglementation et de supervision sont essentiels pour préserver la stabilité financière », indique le rapport, qui ajoute : « La SAMA devrait continuer à utiliser des outils macro prudentiels pour prévenir les risques possibles découlant d'un boom des prêts. »

Le rapport fait également état des initiatives environnementales de l'Arabie saoudite, affirmant que le Royaume « reste déterminé » à parvenir à des émissions nettes nulles d'ici 2060.

« Les autorités continuent d'investir dans les énergies renouvelables, l'efficacité énergétique, l'hydrogène propre et les technologies de capture du carbone », a déclaré le FMI, ajoutant : « L'élimination des subventions à l'énergie encouragerait les économies d'énergie et améliorerait le rendement des investissements dans les énergies renouvelables. L'augmentation du portefeuille actif de financement vert – y compris par la mise en œuvre du cadre de financement vert annoncé en mars 2024 et par une émission inaugurale d'obligations vertes souveraines prévue pour cette année –  serait essentielle pour mobiliser des capitaux privés. »

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com