WASHINGTON: C'est en levant le poing en solidarité avec les manifestants pro-Trump que le jeune républicain Josh Hawley était entré au Congrès mercredi, pour s'opposer à la certification de la victoire du futur président américain Joe Biden.
Les violences au Capitole ont depuis fait de ce sénateur, qui ne cache pas ses ambitions présidentielles, la cible de vives critiques, un journal l'accusant même d'avoir «du sang sur les mains».
En quelques heures, la carrière de l'ancien procureur général du Missouri toujours tiré à quatre épingles, arrivé au Sénat en janvier 2019, a plongé dans la tempête.
Son éditeur Simon & Schuster a annulé jeudi le contrat d'un livre à paraître, «après son rôle dans ce qui s'est converti en menace dangereuse pour notre démocratie et la liberté», tandis que d'anciens mentors et donateurs s'en sont détournés avec des mots très durs.
Ce conservateur de 41 ans fut le premier à la chambre haute à annoncer qu'il ferait objection à la certification de la victoire du démocrate Joe Biden, lors d'une séance au Congrès le 6 janvier. Plusieurs élus l'avaient précédé à la Chambre des représentants mais leur initiative avait besoin du Sénat pour prospérer.
Une dizaine de sénateurs pro-Trump, dont l'influent Ted Cruz également pressenti pour la présidentielle de 2024, ont rapidement suivi, convertissant cette procédure qui relève d'ordinaire d'une formalité en rendez-vous explosif.
Derrière leur ralliement: les 70 millions d'électeurs de Donald Trump, qui reste très populaire chez les républicains.
«Personne, à part le président Donald Trump lui-même, n'est davantage responsable de la tentative de coup d'Etat de mercredi au Capitole américain qu'un certain Joshua David Hawley», a écrit l'équipe éditoriale du Kansas City Star, journal de son Etat du Missouri. Son titre: Josh Hawley «a du sang sur les mains».
«Hawley devrait démissionner», a renchéri le St Louis Post-Dispatch, l'autre grand journal de cet Etat conservateur. Ses ambitions présidentielles? Elles ont disparu «dans les oubliettes».
«Complices»
A son arrivée à la mi-journée mercredi, les manifestants rassemblés au pied du Capitole n'avaient pas encore déferlé sur le vénérable bâtiment, siège du Congrès. Et Donald Trump venait de leur livrer un long discours devant la Maison Blanche, les encourageant à défiler jusqu'ici.
Rien de surprenant donc à ce que sénateur pro-Trump salue ces partisans chaleureusement.
Mais les images de sympathisants forçant l'entrée du Congrès, la «maison du peuple», puis de l'hémicycle du Sénat tandis que du côté de la Chambre des représentants, des élus se terraient, des policiers armés tentant de protéger les portes, ont radicalement changé la donne au sein du parti républicain.
Apparaissant auparavant soucieux, pour certains, de ne pas provoquer l'ire de Donald Trump et de ses partisans, les élus du Grand Old Party critiques de sa croisade, sans fondement, contre les résultats de l'élection présidentielle du 3 novembre donnent désormais de la voix plus librement.
«Certains sénateurs, par intérêt politique, ont trompé des sympathisants sur leur capacité à changer les résultats de l'élection», a écrit jeudi le républicain Tom Cotton, autre jeune sénateur conservateur pressenti pour la présidentielle de 2024, et jusqu'à récemment un fidèle allié de Donald Trump.
Grand ennemi de Donald Trump, le sénateur républicain Mitt Romney a éreinté mercredi soir les élus qui continuaient de faire échos aux allégations du milliardaire, une fois de retour dans l'hémicycle après les violences qui ont fait cinq morts.
«Ceux qui choisissent de continuer à soutenir sa manœuvre en faisant objection aux résultats d'une élection légitime et démocratique seront pour toujours perçus comme des complices de cette attaque sans précédent contre notre démocratie», a-t-il lancé.
Le même soir, Josh Hawley a dénoncé l'assaut contre le Congrès. «Ce n'est pas avec la violence qu'on fait changer les choses», a-t-il plaidé dans l'hémicycle.
Mais tout en maintenant son objection à la certification de la victoire de Joe Biden. Il faut enquêter sur les «irrégularités, la fraude», a-t-il expliqué.
Assis derrière lui, face caméra: Mitt Romney. Dont le regard fixe, apparemment furieux, n'a échappé à personne en cette nuit historique.