Le Niger, nouvel Eldorado des mercenaires proturcs de Syrie

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), un millier de combattants syriens venant des régions sous contrôle turc sont partis au Niger depuis un an. (AFP).
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), un millier de combattants syriens venant des régions sous contrôle turc sont partis au Niger depuis un an. (AFP).
Comme des centaines d'autres combattants proturcs, Omar a quitté le nord de la Syrie pour le Niger, acheminé dans ce nouvel Eldorado des mercenaires syriens par une société de conseil militaire privée turque. (AFP).
Comme des centaines d'autres combattants proturcs, Omar a quitté le nord de la Syrie pour le Niger, acheminé dans ce nouvel Eldorado des mercenaires syriens par une société de conseil militaire privée turque. (AFP).
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Publié le Jeudi 16 mai 2024

Le Niger, nouvel Eldorado des mercenaires proturcs de Syrie

  • Depuis la Turquie, un avion militaire a transporté Omar et ses camarades au Burkina Faso, d'où ils ont été acheminés par la route vers le Niger, où le régime militaire est confronté à la violence jihadiste
  • Sa famille reçoit son salaire, sur lequel la faction proturque dont il fait partie prélève 350 dollars par mois

BEYROUTH: Comme des centaines d'autres combattants proturcs, Omar a quitté le nord de la Syrie pour le Niger, acheminé dans ce nouvel Eldorado des mercenaires syriens par une société de conseil militaire privée turque.

"Les conditions difficiles en Syrie m'ont poussé au départ", dit cet homme de 24 ans, joint au téléphone par l'AFP au Niger et qui a eu recours à un nom d'emprunt.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), un millier de combattants syriens venant des régions sous contrôle turc sont partis au Niger depuis un an pour y "protéger des intérêts et des projets turcs".

Certains n'en sont pas revenus, d'après cette ONG qui dénombre au moins neuf tués parmi ces mercenaires.

Dans les régions du nord de la Syrie contrôlée par la Turquie, où l'enrôlement au sein de factions pro-Ankara constitue le principal débouché selon Omar, son salaire mensuel ne dépassait pas les 46 dollars.

"Ici au Niger, on nous paye 1.500 dollars", ajoute le jeune homme, qui fait vivre sa mère et ses frères et soeurs: "J'espère pouvoir abandonner le combat à mon retour et ouvrir un petit commerce".

Omar faisait partie d'un premier groupe de plus de 200 combattants qui ont quitté le nord de la Syrie à la mi-août pour la Turquie.

Le jeune homme et deux autres combattants syriens proturcs joints par l'AFP ont indiqué s'être portés volontaires pour partir au Niger auprès du groupe Sultan Mourad, la principale faction proturque dans le nord de la Syrie.

Au quartier général du groupe, ils ont signé des contrats de six mois avec une société de conseil militaire privée turque, Sadat, qui protège des intérêts turcs, notamment des mines, au Niger.

Arme secrète

"Des officiers de Sadat sont entrés dans la pièce et nous avons signé le contrat avec eux", a témoigné pour sa part Ahmed (également un nom d'emprunt), qui se prépare à se rendre au Niger.

"Ils s'occupent de tout, des mesures de protection, des modalités de voyage...", ajoute l'homme de 30 ans.

Sadat est considérée comme l'arme secrète de la Turquie pour ses opérations extérieures, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, même si son chef l'a démenti lors d'un entretien avec l'AFP en 2021.

En 2020, un rapport du Département américain de la Défense affirmait que Sadat avait envoyé des équipes en Libye former des combattants syriens pour soutenir le gouvernement de Tripoli.

Le Centre syrien pour la justice et la responsabilité affirme que Sadat était également "responsable du transport aérien international de mercenaires" vers la Libye et l’Azerbaïdjan, en guerre contre l'Arménie, via la Turquie.

Interrogé par l'AFP, le ministère turc de la Défense a affirmé que "toutes ces allégations étaient fausses".

Présence discrète

Depuis la Turquie, un avion militaire a transporté Omar et ses camarades au Burkina Faso, d'où ils ont été acheminés par la route vers le Niger, où le régime militaire est confronté à la violence jihadiste.

Omar affirme avoir d'abord été chargé de protéger une position proche d'une mine, alors que d'autres de ses camarades ont été envoyés combattre le groupe armé Boko Haram ou chargés d'une mission à Lomé au Togo. Il n'a pas été précisé d'où venait les instructions qui leur ont été données.

Actuellement, Omar a achevé sa mission et se trouve dans une position proche de la frontière avec le Burkina Faso, où il attend impatiemment son rapatriement.

Sa famille reçoit son salaire, sur lequel la faction proturque dont il fait partie prélève 350 dollars par mois.

Ahmed, qui se prépare à partir, indique de son côté que sa mission au Niger consisterait, après avoir suivi un entraînement militaire, en des opérations de garde.

Le combattant, qui confond le Niger et le Nigéria, dit qu'il pourrait également prendre part à "des combats", sans savoir contre qui.

Ce père de trois enfants, qui porte les armes depuis 2014, a indiqué avoir déjà passé six mois en Libye, touchant plus de 2.000 dollars par mois.

La présence de ces mercenaires est très discrète, et tous les combattants qui se sont enrôlés ou qui se sont rendus au Niger ont parlé à l’AFP sous couvert d'anonymat pour des raisons de sécurité.

Influence accrue

La Turquie multiplie les initiatives en direction des régimes militaires du Sahel, et notamment du Niger, pays clé car situé à la frontière sud de la Libye, où Ankara est accusé d'avoir envoyé des milliers de mercenaires.

Le régime militaire du Niger, issu d'un coup d'Etat perpétré le 26 juillet 2023, a réorienté sa politique étrangère, dénonçant des accords de coopération militaire avec la France et les Etats-Unis, alors que la Russie avance ses pions dans ce pays.

Pour sa part, la Turquie a accru au cours de la dernière décennie son influence au Niger par le biais "de l'aide humanitaire, du développement et du commerce", explique Gabriella Körling, analyste à l’Agence suédoise de recherche pour la défense.

La TRT, la chaîne publique turque, a ainsi ouvert l'an dernier une chaîne en français destinée à l’Afrique.

"La composante défense de la relation entre le Niger et la Turquie est devenue plus importante avec la signature d'un accord de coopération militaire en 2020 et la vente de drones armés", ajoute-t-elle.

Pour l'analyste, le coup d'Etat de 2023 n'a pas affecté les relations diplomatiques, et le premier attaché militaire turc au Niger a été nommé en mars dernier, selon le ministère turc de la Défense.

Niamey, qui veut rompre avec les pays occidentaux, cite souvent la Turquie, la Russie et la Chine comme des "partenaires respectueux de la souveraineté du Niger", souligne Gabriella Körling.

Pour le directeur de l'OSDH Rami Abdel Rahmane, la Turquie "exploite" les combattants des zones sous son contrôle et la dégradation de leurs conditions de vie pour "les recruter comme mercenaires dans des opérations militaires qui servent ses intérêts" à l’étranger.

L’OSDH et d'autres ONG affirment également que la Turquie n’a pas toujours tenu ses promesses de paiement aux mercenaires envoyés à l’étranger.

Mohammad Abdallah, du Centre syrien pour la justice et la responsabilité, indique que son organisation a également documenté des "promesses d’octroi de la citoyenneté turque" à des mercenaires envoyés en Azerbaïdjan ou en Libye, qui n'ont jamais été tenues.

Ces missions au Niger ne sont pas sans risques: une cinquantaine de corps de combattants tués sont attendus en Syrie dans les prochains jours, selon une source au sein d’une faction dont les membres sont partis au Niger.

M. Abdel Rahmane évoque également ce nombre sans pouvoir le confirmer, indiquant que la mort de neuf Syriens a été avérée, dont les corps de quatre ont été rapatriés.

Abed, un père de quatre enfants qui fait partie d'une faction proturque, s'est enrôlé tout en étant conscient des risques.

"J'ai peur de mourir", dit cet homme de 30 ans, qui vit avec sa famille dans un camp de déplacés du nord de la Syrie.

"Mais je me console en me disant que je peux aussi mourir en Syrie. Mieux vaut mourir en touchant 1.500 dollars par mois, que 1.000 livres turques (30 dollars)", son salaire dans son pays.


Riyad: un sommet arabe pour répondre au projet de Trump sur Gaza

Les dirigeants des pays du Golfe, de la Jordanie et de l'Égypte ont été accueillis par le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman à Riyad vendredi. (X/@Badermasaker)
Les dirigeants des pays du Golfe, de la Jordanie et de l'Égypte ont été accueillis par le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman à Riyad vendredi. (X/@Badermasaker)
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  • La réunion a porté sur les efforts conjoints en faveur de la cause palestinienne et sur l'évolution de la situation à Gaza

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a accueilli vendredi à Riyad une réunion de dirigeants des pays du Conseil de coopération du Golfe, de la Jordanie et de l'Égypte.

La réunion a porté sur les efforts conjoints pour soutenir la cause palestinienne et les développements à Gaza, ainsi que sur d'autres questions régionales et internationales, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Le président des Émirats arabes unis, Cheikh Mohamed bin Zayed Al-Nahyan, le roi Abdallah de Jordanie, le président égyptien Abdel Fattah El-Sisi, l'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, l'émir du Koweït, Cheikh Meshal Al-Ahmad Al-Jaber Al-Sabah, et le prince héritier et premier ministre de Bahreïn, Salman bin Hamad Al-Khalifa, ont assisté à la réunion.

Les dirigeants se sont félicités de la tenue du sommet arabe d'urgence au Caire le 4 mars.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Netanyahu dit que le Hamas a rendu à Israël le corps d'une femme de Gaza à la place de Shiri Bibas

Un porte-parole de l'armée a indiqué dans la nuit de jeudi à vendredi que les médecins légistes avaient conclu que le corps présenté par le Hamas comme celui de Shiri Bibas n'était pas celui de la jeune femme. (AFP)
Un porte-parole de l'armée a indiqué dans la nuit de jeudi à vendredi que les médecins légistes avaient conclu que le corps présenté par le Hamas comme celui de Shiri Bibas n'était pas celui de la jeune femme. (AFP)
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  • Le Hamas a restitué vendredi les dépouilles de quatre otages, après avoir indiqué qu'il s'agissait des corps de Shiri Bibas et de ses deux garçonnets âgés de quatre ans et neuf mois au moment de leur enlèvement, ainsi que celui d'une personne âgée
  • Si l'identité des fils Bibas et de l'otage âgé de 83 ans au moment de son enlèvement a été confirmée par les analyses de l'institut médico-légal de Tel-Aviv, le quatrième corps n'était pas celui de Shiri Bibas, selon des responsables israéliens

JERUSALEM: Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré vendredi que le Hamas avait remis la veille le corps d'une "femme de Gaza" à la place de celui de l'otage israélienne Shiri Bibas, en violation de l'accord de trêve entre Israël et le mouvement islamiste palestinien.

"Avec un cynisme inimaginable, ils n'ont pas rendu Shiri avec ses petits enfants, les petits anges, et ont placé le corps d'une femme de Gaza dans le cercueil", a dit M. Netanyahu dans un communiqué.

"Nous agirons avec détermination pour ramener Shiri à la maison ainsi que tous nos otages -- les vivants et les morts -- et nous veillerons à ce que le Hamas paie le prix fort pour cette violation cruelle et perverse de l'accord", a déclaré M. Netanyahu dans une déclaration vidéo, en fustigeant le mouvement islamiste palestinien.

Le Hamas a restitué vendredi les dépouilles de quatre otages, après avoir indiqué qu'il s'agissait des corps de Shiri Bibas et de ses deux garçonnets âgés de quatre ans et neuf mois au moment de leur enlèvement, ainsi que celui d'une personne âgée.

Si l'identité des fils Bibas et de l'otage âgé de 83 ans au moment de son enlèvement a été confirmée par les analyses de l'institut médico-légal de Tel-Aviv, le quatrième corps n'était pas celui de Shiri Bibas, selon des responsables israéliens, citant les conclusions de l'institut médico-légal.

Un porte-parole de l'armée a indiqué dans la nuit de jeudi à vendredi que les médecins légistes avaient conclu que le corps présenté par le Hamas comme celui de Shiri Bibas n'était pas celui de la jeune femme.

M. Netanyahu a déclaré vendredi matin que le corps "d'une femme de Gaza" avait été placé dans un cercueil à la place de celui de Shiri Bibas.

"La cruauté des monstres du Hamas est sans limites. Ils ont non seulement enlevé le père, Yarden Bibas, la jeune mère, Shiri, et leurs deux petits enfants. Avec un cynisme inimaginable, ils n'ont pas rendu Shiri avec ses petits enfants, les petits anges, et ils ont placé le corps d'une femme de Gaza dans le cercueil."

La famille Bibas a été enlevée lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza.

Les images, filmées et diffusées par les commandos du Hamas lors de l'enlèvement de Shiri Bibas, 34 ans, et de ses fils Ariel alors âgé de quatre ans et Kfir de huit mois et demi, devant leur maison à la lisière de la bande de Gaza, ont fait le tour du monde.

Ils sont devenus le visage des otages, le symbole de l'effroi qui a saisi Israël le 7-Octobre.

Yarden Bibas, le père d'Ariel et Kfir, et l'époux de Shiri, a été libéré le 1er février lors d'un échange d'otages contre des prisonniers palestiniens dans le cadre de la trêve entrée en vigueur le 19 janvier à Gaza.

 


Le ministre saoudien des AE rencontre ses homologues en marge de la réunion du G20 

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, participe à une réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 à Johannesburg, jeudi. (SPA)
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, participe à une réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 à Johannesburg, jeudi. (SPA)
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  • Le prince Faisal a discuté des développements régionaux et internationaux avec le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy
  • Avec le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi, le prince Faisal a discuté de l'intensification de la coordination sur les questions d'intérêt commun

RIYAD: Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, a rencontré séparément ses homologues du Royaume-Uni, de la Chine, de l'Australie et de la France à Johannesburg jeudi.

En marge d'une réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 qui se tient pour la première fois en Afrique, le prince Faisal a discuté des développements régionaux et internationaux avec le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy.

Avec le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi, le prince Faisal a discuté de l'intensification de la coordination sur les questions d'intérêt commun.

Le Prince Faisal et son homologue australienne Penny Wong ont passé en revue les moyens de renforcer et de développer les liens communs.

Le Prince Faisal a également discuté avec le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, des développements régionaux et des efforts déployés pour parvenir à la stabilité et à la paix dans la région.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com