Le Niger, nouvel Eldorado des mercenaires proturcs de Syrie

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), un millier de combattants syriens venant des régions sous contrôle turc sont partis au Niger depuis un an. (AFP).
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), un millier de combattants syriens venant des régions sous contrôle turc sont partis au Niger depuis un an. (AFP).
Comme des centaines d'autres combattants proturcs, Omar a quitté le nord de la Syrie pour le Niger, acheminé dans ce nouvel Eldorado des mercenaires syriens par une société de conseil militaire privée turque. (AFP).
Comme des centaines d'autres combattants proturcs, Omar a quitté le nord de la Syrie pour le Niger, acheminé dans ce nouvel Eldorado des mercenaires syriens par une société de conseil militaire privée turque. (AFP).
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Publié le Jeudi 16 mai 2024

Le Niger, nouvel Eldorado des mercenaires proturcs de Syrie

  • Depuis la Turquie, un avion militaire a transporté Omar et ses camarades au Burkina Faso, d'où ils ont été acheminés par la route vers le Niger, où le régime militaire est confronté à la violence jihadiste
  • Sa famille reçoit son salaire, sur lequel la faction proturque dont il fait partie prélève 350 dollars par mois

BEYROUTH: Comme des centaines d'autres combattants proturcs, Omar a quitté le nord de la Syrie pour le Niger, acheminé dans ce nouvel Eldorado des mercenaires syriens par une société de conseil militaire privée turque.

"Les conditions difficiles en Syrie m'ont poussé au départ", dit cet homme de 24 ans, joint au téléphone par l'AFP au Niger et qui a eu recours à un nom d'emprunt.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), un millier de combattants syriens venant des régions sous contrôle turc sont partis au Niger depuis un an pour y "protéger des intérêts et des projets turcs".

Certains n'en sont pas revenus, d'après cette ONG qui dénombre au moins neuf tués parmi ces mercenaires.

Dans les régions du nord de la Syrie contrôlée par la Turquie, où l'enrôlement au sein de factions pro-Ankara constitue le principal débouché selon Omar, son salaire mensuel ne dépassait pas les 46 dollars.

"Ici au Niger, on nous paye 1.500 dollars", ajoute le jeune homme, qui fait vivre sa mère et ses frères et soeurs: "J'espère pouvoir abandonner le combat à mon retour et ouvrir un petit commerce".

Omar faisait partie d'un premier groupe de plus de 200 combattants qui ont quitté le nord de la Syrie à la mi-août pour la Turquie.

Le jeune homme et deux autres combattants syriens proturcs joints par l'AFP ont indiqué s'être portés volontaires pour partir au Niger auprès du groupe Sultan Mourad, la principale faction proturque dans le nord de la Syrie.

Au quartier général du groupe, ils ont signé des contrats de six mois avec une société de conseil militaire privée turque, Sadat, qui protège des intérêts turcs, notamment des mines, au Niger.

Arme secrète

"Des officiers de Sadat sont entrés dans la pièce et nous avons signé le contrat avec eux", a témoigné pour sa part Ahmed (également un nom d'emprunt), qui se prépare à se rendre au Niger.

"Ils s'occupent de tout, des mesures de protection, des modalités de voyage...", ajoute l'homme de 30 ans.

Sadat est considérée comme l'arme secrète de la Turquie pour ses opérations extérieures, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, même si son chef l'a démenti lors d'un entretien avec l'AFP en 2021.

En 2020, un rapport du Département américain de la Défense affirmait que Sadat avait envoyé des équipes en Libye former des combattants syriens pour soutenir le gouvernement de Tripoli.

Le Centre syrien pour la justice et la responsabilité affirme que Sadat était également "responsable du transport aérien international de mercenaires" vers la Libye et l’Azerbaïdjan, en guerre contre l'Arménie, via la Turquie.

Interrogé par l'AFP, le ministère turc de la Défense a affirmé que "toutes ces allégations étaient fausses".

Présence discrète

Depuis la Turquie, un avion militaire a transporté Omar et ses camarades au Burkina Faso, d'où ils ont été acheminés par la route vers le Niger, où le régime militaire est confronté à la violence jihadiste.

Omar affirme avoir d'abord été chargé de protéger une position proche d'une mine, alors que d'autres de ses camarades ont été envoyés combattre le groupe armé Boko Haram ou chargés d'une mission à Lomé au Togo. Il n'a pas été précisé d'où venait les instructions qui leur ont été données.

Actuellement, Omar a achevé sa mission et se trouve dans une position proche de la frontière avec le Burkina Faso, où il attend impatiemment son rapatriement.

Sa famille reçoit son salaire, sur lequel la faction proturque dont il fait partie prélève 350 dollars par mois.

Ahmed, qui se prépare à partir, indique de son côté que sa mission au Niger consisterait, après avoir suivi un entraînement militaire, en des opérations de garde.

Le combattant, qui confond le Niger et le Nigéria, dit qu'il pourrait également prendre part à "des combats", sans savoir contre qui.

Ce père de trois enfants, qui porte les armes depuis 2014, a indiqué avoir déjà passé six mois en Libye, touchant plus de 2.000 dollars par mois.

La présence de ces mercenaires est très discrète, et tous les combattants qui se sont enrôlés ou qui se sont rendus au Niger ont parlé à l’AFP sous couvert d'anonymat pour des raisons de sécurité.

Influence accrue

La Turquie multiplie les initiatives en direction des régimes militaires du Sahel, et notamment du Niger, pays clé car situé à la frontière sud de la Libye, où Ankara est accusé d'avoir envoyé des milliers de mercenaires.

Le régime militaire du Niger, issu d'un coup d'Etat perpétré le 26 juillet 2023, a réorienté sa politique étrangère, dénonçant des accords de coopération militaire avec la France et les Etats-Unis, alors que la Russie avance ses pions dans ce pays.

Pour sa part, la Turquie a accru au cours de la dernière décennie son influence au Niger par le biais "de l'aide humanitaire, du développement et du commerce", explique Gabriella Körling, analyste à l’Agence suédoise de recherche pour la défense.

La TRT, la chaîne publique turque, a ainsi ouvert l'an dernier une chaîne en français destinée à l’Afrique.

"La composante défense de la relation entre le Niger et la Turquie est devenue plus importante avec la signature d'un accord de coopération militaire en 2020 et la vente de drones armés", ajoute-t-elle.

Pour l'analyste, le coup d'Etat de 2023 n'a pas affecté les relations diplomatiques, et le premier attaché militaire turc au Niger a été nommé en mars dernier, selon le ministère turc de la Défense.

Niamey, qui veut rompre avec les pays occidentaux, cite souvent la Turquie, la Russie et la Chine comme des "partenaires respectueux de la souveraineté du Niger", souligne Gabriella Körling.

Pour le directeur de l'OSDH Rami Abdel Rahmane, la Turquie "exploite" les combattants des zones sous son contrôle et la dégradation de leurs conditions de vie pour "les recruter comme mercenaires dans des opérations militaires qui servent ses intérêts" à l’étranger.

L’OSDH et d'autres ONG affirment également que la Turquie n’a pas toujours tenu ses promesses de paiement aux mercenaires envoyés à l’étranger.

Mohammad Abdallah, du Centre syrien pour la justice et la responsabilité, indique que son organisation a également documenté des "promesses d’octroi de la citoyenneté turque" à des mercenaires envoyés en Azerbaïdjan ou en Libye, qui n'ont jamais été tenues.

Ces missions au Niger ne sont pas sans risques: une cinquantaine de corps de combattants tués sont attendus en Syrie dans les prochains jours, selon une source au sein d’une faction dont les membres sont partis au Niger.

M. Abdel Rahmane évoque également ce nombre sans pouvoir le confirmer, indiquant que la mort de neuf Syriens a été avérée, dont les corps de quatre ont été rapatriés.

Abed, un père de quatre enfants qui fait partie d'une faction proturque, s'est enrôlé tout en étant conscient des risques.

"J'ai peur de mourir", dit cet homme de 30 ans, qui vit avec sa famille dans un camp de déplacés du nord de la Syrie.

"Mais je me console en me disant que je peux aussi mourir en Syrie. Mieux vaut mourir en touchant 1.500 dollars par mois, que 1.000 livres turques (30 dollars)", son salaire dans son pays.


Israël affirme avoir tué le chef du Hamas, Yahya Sinouar

L'armée et les services du renseignement intérieur "confirment qu'après une traque d'un an, hier (mercredi), le 16 octobre 2024, des soldats de l'armée israélienne ont éliminé Yahya Sinouar, le chef de l'organisation terroriste Hamas, lors d'une opération dans le sud de la bande de Gaza", a indiqué l'armée dans un communiqué. (AFP)
L'armée et les services du renseignement intérieur "confirment qu'après une traque d'un an, hier (mercredi), le 16 octobre 2024, des soldats de l'armée israélienne ont éliminé Yahya Sinouar, le chef de l'organisation terroriste Hamas, lors d'une opération dans le sud de la bande de Gaza", a indiqué l'armée dans un communiqué. (AFP)
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  • Israël a annoncé jeudi que le chef du Hamas, Yahya Sinouar, avait été tué lors d'une opération militaire dans la bande de Gaza
  • Yahya Sinouar, militant radical et homme de l'ombre, est considéré comme l'un des cerveaux de l'attaque d'une ampleur sans précédent menée par le Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien

JERUSALEM: Israël a annoncé jeudi que le chef du Hamas, Yahya Sinouar, avait été tué lors d'une opération militaire dans la bande de Gaza, portant un coup décisif au mouvement islamiste palestinien qu'il combat depuis plus d'un an.

Yahya Sinouar, militant radical et homme de l'ombre, est considéré comme l'un des cerveaux de l'attaque d'une ampleur sans précédent menée par le Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien, qui a déclenché la guerre dans le territoire palestinien et mis le feu aux poudres dans la région.

Agé de 61 ans et chef depuis 2017 du mouvement islamiste palestinien à Gaza, il a été nommé début août chef politique du Hamas après la mort d'Ismaïl Haniyeh, tué à Téhéran le 31 juillet dans une attaque imputée à Israël, qui n'a pas commenté.

L'armée et les services du renseignement intérieur "confirment qu'après une traque d'un an, hier (mercredi), le 16 octobre 2024, des soldats de l'armée israélienne ont éliminé Yahya Sinouar, le chef de l'organisation terroriste Hamas, lors d'une opération dans le sud de la bande de Gaza", a indiqué l'armée dans un communiqué.

Le Hamas n'a pas confirmé sa mort dans l'immédiat.

Yahya Sinouar était "responsable d'actes de terrorisme odieux", a déclaré le président israélien, Isaac Herzog, appelant à "ramener" les otages toujours retenus à Gaza.

"L'élimination de Sinouar est une occasion pour la libération immédiate des otages (emmenés à Gaza le 7 octobre, NDLR) et ouvre la voie à un changement profond à Gaza", a estimé de son côté le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz.

"Lors des opérations de l'armée (...) trois terroristes ont été éliminés", avait indiqué plus tôt l'armée dans un communiqué, une source de sécurité israélienne ayant précisé que des analyses ADN étaient réalisées sur un corps pour confirmer s'il s'agit bien de Sinouar.

Peu après l'attaque du 7 octobre 2023, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait déclaré: "Tout membre du Hamas est un homme mort".

Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a écrit jeudi sur X: "Nous atteindrons chaque terroriste et nous les éliminerons".

 

- "Assassin cruel" -

 

L'attaque du Hamas le 7 octobre a entraîné la mort de 1.206 personnes en Israël, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles israéliennes et incluant les otages morts ou tués en captivité à Gaza.

Sur 251 personnes enlevées ce jour-là, 97 sont toujours captives à Gaza, dont 34 ont été déclarées mortes par l'armée.

Le chef de la Chambre américaine des représentants, Mike Johnson, a salué la mort de Yahya Sinouar comme une "source d'espoir".

Berlin, qui a qualifié le chef du Hamas d'"assassin cruel", a appelé le mouvement à libérer tous les otages.

Ces déclarations interviennent dans un contexte explosif au Moyen-Orient, où Israël pilonne depuis le 23 septembre les positions du Hezbollah au Liban, qui avait ouvert un front transfrontalier dès le 8 octobre 2023 en soutien au Hamas.

Le 30 septembre, l'armée israélienne a lancé des opérations au sol dans le sud du Liban pour combattre le mouvement islamiste libanais.

A la mi-journée jeudi, des frappes ont visé plusieurs régions du sud et de l'est du Liban, bastions du Hezbollah avec la banlieue sud de Beyrouth.

Plus tôt, une frappe israélienne avait visé "un entrepôt d'armes" du Hezbollah à Lattaquié en Syrie, fief du président Bachar al-Assad, faisant deux blessés, selon des médias syriens et l'Observatoire syrien des droits de l'Homme.

Les Etats-Unis, alliés d'Israël, ont de leur côté annoncé avoir frappé cinq dépôts souterrains de munitions des Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen et mènent des attaques contre Israël et les navires qui leur seraient liés, en soutien au Hamas.

"Stopper l'escalade régionale" 

Après avoir affaibli le Hamas à Gaza, Israël a déplacé le gros de ses opérations militaires sur le front libanais.

En près d'un mois, au moins 1.373 personnes ont été tuées dans le pays, d'après un décompte de l'AFP à partir de données officielles, l'ONU recensant près de 700.000 déplacés.

L'Iran, allié du régime syrien, des rebelles houthis, du Hezbollah et du Hamas, a menacé jeudi d'attaquer "douloureusement" Israël s'il frappait des cibles "en Iran ou dans la région", en riposte à l'attaque de missiles menée par Téhéran sur le territoire israélien le 1er octobre à laquelle Israël a juré de répondre.

Cette attaque avait été présentée par l'Iran comme des représailles à l'assassinat d'Ismaïl Haniyeh, et à celui de Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, tué dans une frappe israélienne le 27 septembre près de Beyrouth.

Le Hezbollah a de son côté affirmé jeudi avoir tiré des roquettes contre des troupes israéliennes près du plateau du Golan syrien annexé par Israël, et détruit deux chars israéliens dans le sud du Liban.

Israël affirme vouloir neutraliser le Hezbollah à la frontière pour permettre le retour dans le nord d'Israël de quelque 60.000 personnes déplacées par ses tirs incessants depuis un an.

Quatorze morts à Gaza 

Dans la bande de Gaza, au moins 14 personnes ont été tuées jeudi dans une frappe israélienne sur l'école Abou Hussein abritant des déplacés dans le camp de Jabalia, dans le nord, selon deux hôpitaux du secteur, l'armée israélienne indiquant avoir ciblé des combattants palestiniens.

Jabalia est encerclée et pilonnée depuis le 6 octobre par l'armée israélienne qui affirme que le Hamas tente d'y reconstituer ses forces. Le sort de centaine de milliers de Gazaouis pris au piège de combats est au centre des inquiétudes internationales.

Le chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, a lui pointé un "vrai risque" de famine dans le territoire palestinien assiégé et dévasté, accusant "certains membres du gouvernement israélien" d'en faire "une arme de guerre".

Au moins 42.438 Palestiniens ont été tués, majoritairement des civils, dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

 


Israël dit vérifier si le chef du Hamas, Yahya Sinouar, a été « éliminé » à Gaza

"Lors des opérations de l'armée dans la bande de Gaza, trois terroristes ont été éliminés", a indiqué l'armée dans un communiqué.  Les forces israéliennes "vérifient la possibilité que l'un des terroristes soit Yahya Sinouar", et "à ce stade, les identités des terroristes ne peuvent pas être confirmées", ajoute le communiqué. (AFP)
"Lors des opérations de l'armée dans la bande de Gaza, trois terroristes ont été éliminés", a indiqué l'armée dans un communiqué. Les forces israéliennes "vérifient la possibilité que l'un des terroristes soit Yahya Sinouar", et "à ce stade, les identités des terroristes ne peuvent pas être confirmées", ajoute le communiqué. (AFP)
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  • Agé de 61 ans et chef depuis 2017 du mouvement islamiste palestinien à Gaza, il a été nommé début août chef politique du Hamas après la mort d'Ismaïl Haniyeh, tué à Téhéran le 31 juillet dans une attaque imputée à Israël
  • Yahya Sinouar, militant radical et homme de l'ombre, est considéré comme l'un des cerveaux de l'attaque d'une ampleur sans précédent menée par le Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé jeudi vérifier si le chef du Hamas, Yahya Sinouar, avait été "éliminé" lors d'une opération dans la bande de Gaza, ce qui pourrait être un coup décisif porté au mouvement islamiste palestinien qu'elle combat depuis plus d'un an.

Yahya Sinouar, militant radical et homme de l'ombre, est considéré comme l'un des cerveaux de l'attaque d'une ampleur sans précédent menée par le Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien, qui a déclenché la guerre dans le territoire palestinien et mis le feu aux poudres dans la région.

Agé de 61 ans et chef depuis 2017 du mouvement islamiste palestinien à Gaza, il a été nommé début août chef politique du Hamas après la mort d'Ismaïl Haniyeh, tué à Téhéran le 31 juillet dans une attaque imputée à Israël.

"Lors des opérations de l'armée dans la bande de Gaza, trois terroristes ont été éliminés", a indiqué l'armée dans un communiqué.

Les forces israéliennes "vérifient la possibilité que l'un des terroristes soit Yahya Sinouar", et "à ce stade, les identités des terroristes ne peuvent pas être confirmées", ajoute le communiqué.

Une source de sécurité israélienne a indiqué que des analyses ADN étaient réalisées sur un corps pour confirmer s'il s'agit bien de Sinouar.

Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a écrit peu après sur le réseau social X: "Nous atteindrons chaque terroriste et nous les éliminerons".

Ces déclarations interviennent dans un contexte explosif au Moyen-Orient, où Israël pilonne depuis le 23 septembre les positions du Hezbollah au Liban, qui avait ouvert un front transfrontalier contre lui au lendemain du 7 octobre en soutien du Hamas.

Une semaine plus tard, le 30 octobre, l'armée israélienne lançait des opérations au sol dans le sud du Liban pour combattre le mouvement islamiste libanais.

A la mi-journée jeudi, des frappes ont visé plusieurs régions du sud et de l'est du Liban, bastions du Hezbollah avec la banlieue sud de Beyrouth, selon des images de l'AFPTV et l'agence officielle libanaise.

Plus tôt, une frappe israélienne avait visé "un entrepôt d'armes" du Hezbollah à Lattaquié en Syrie, fief du président Bachar al-Assad, faisant deux blessés, selon les médias syriens et l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Les Etats-Unis, allié d'Israël, ont de leur côté annoncé avoir utilisé pour la première fois des bombardiers stratégiques furtifs B-2 pour frapper cinq dépôts souterrains de munitions des Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen et mènent des attaques contre Israël et les navires qui leur seraient liés, en soutien au Hamas.

"Stopper l'escalade régionale"

Après avoir affaibli le Hamas à Gaza, Israël a déplacé le gros de ses opérations militaires sur le front libanais.

Un immeuble du centre de Beyrouth, abritant la chaîne Al-Jazeera et les ambassades de Norvège et d'Azerbaïdjan, a été évacué jeudi à la suite d'appels attribués à Israël exhortant à quitter les lieux, a indiqué une source de sécurité libanaise à l'AFP.

En près d'un mois, au moins 1.373 personnes ont été tuées dans le pays, d'après un décompte de l'AFP à partir de données officielles, l'ONU recensant près de 700.000 déplacés.

L'Iran, allié du régime syrien, des rebelles houthis, du Hezbollah et du Hamas palestinien, a menacé jeudi d'attaquer "douloureusement" Israël s'il frappait des cibles "en Iran ou dans la région", en riposte à l'attaque de missiles menée par Téhéran sur le territoire israélien le 1er octobre à laquelle Israël a juré de répondre.

Cette attaque avait été présentée par l'Iran comme des représailles à l'assassinat d'Ismaïl Haniyeh, imputé à Israël, et à celui de Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, tué dans une frappe israélienne le 27 septembre près de Beyrouth.

Le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, s'est lui entretenu jeudi au Caire avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.

Ils ont discuté de la "nécessité de stopper l'escalade régionale" et d'aboutir à un cessez-le-feu au Liban et à Gaza, selon la présidence égyptienne.

Le Hezbollah a lui affirmé jeudi avoir tiré des roquettes contre des troupes israéliennes près du plateau du Golan syrien annexé par Israël, et détruit deux chars israéliens dans le sud du Liban.

Israël affirme vouloir neutraliser le Hezbollah à la frontière pour permettre le retour dans le nord d'Israël de quelque 60.000 personnes déplacées par ses tirs incessants depuis un an.

14 morts à Gaza

Dans la bande de Gaza, au moins 14 personnes ont été tuées jeudi dans une frappe israélienne sur l'école Abou Hussein abritant des déplacés dans le camp de Jabalia, dans le nord, selon deux hôpitaux du secteur, l'armée israélienne indiquant avoir ciblé des combattants palestiniens.

Jabalia est encerclée et pilonnée depuis le 6 octobre par l'armée israélienne qui affirme que le Hamas tente d'y reconstituer ses forces. Le sort de centaine de milliers de Gazaouis pris au piège de combats est au centre des inquiétudes internationales.

Quelque 345.000 Gazaouis seront confrontés à la faim à un niveau "catastrophique" cet hiver, contre 133.000 actuellement, a avertit l'ONU dans un rapport publié jeudi.

Le chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, a lui pointé un "vrai risque" de famine dans le territoire palestinien assiégé et dévasté, accusant "certains membres du gouvernement israélien" d'en faire "une arme de guerre".

Au moins 42.438 Palestiniens ont été tués, majoritairement des civils, dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

L'attaque du Hamas le 7 octobre a entraîné la mort de 1.206 personnes en Israël, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles israéliennes et incluant les otages morts ou tués en captivité à Gaza.


Gaza: des hôpitaux annoncent au moins 14 morts dans une frappe israélienne sur une école abritant des déplacés

Au moins 14 personnes ont été tuées jeudi dans une frappe israélienne sur une école abritant des déplacés dans le camp de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza. (AFP)
Au moins 14 personnes ont été tuées jeudi dans une frappe israélienne sur une école abritant des déplacés dans le camp de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza. (AFP)
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  • Dix corps ont été transportés à l'hôpital Kamal Adwane et quatre à l'hôpital Al-Awda, selon des responsables de ces établissements, après une frappe sur l'école Abou Hussein qui sert de refuge pour les déplacés à Jabalia
  • "C'est un horrible massacre, la plupart des morts et des blessés gisent sur le sol à l'hôpital Kamal Adwan et ils sont dans un état critique"

GAZA: Au moins 14 personnes ont été tuées jeudi dans une frappe israélienne sur une école abritant des déplacés dans le camp de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, selon deux hôpitaux du secteur, l'armée israélienne indiquant avoir ciblé des combattants palestiniens.

Dix corps ont été transportés à l'hôpital Kamal Adwane et quatre à l'hôpital Al-Awda, selon des responsables de ces établissements, après une frappe sur l'école Abou Hussein qui sert de refuge pour les déplacés à Jabalia où les forces israéliennes mènent depuis le 6 octobre une offensive, affirmant que le Hamas tentait d'y reconstituer ses forces.

"C'est un horrible massacre, la plupart des morts et des blessés gisent sur le sol à l'hôpital Kamal Adwan et ils sont dans un état critique", a précisé Fares Afana, un responsable des services d'urgence dans le nord de la bande de Gaza.

"Nous ne pouvons nous occuper des ces cas graves à cause du manque de matériel médical et de spécialistes, ce qui entraîne une hausse du nombre des morts", a-t-il ajouté.

Dans un communiqué, l'armée a assuré avoir "mené une frappe de précision sur un point de rassemblement opérationnel des terroristes du Hamas et du Jihad islamique".

Ils opéraient "à l'intérieur d'un centre de commandement et de contrôle dans un complexe qui servait auparavant d'école", selon l'armée.

Le Hamas a condamné la frappe, affirmant que "les déclarations selon lesquelles l'école Abou Hussein était utilisée par la résistance étaient de purs mensonges".

"C'est une politique systématique des ennemis pour justifier leurs crimes et le massacre de déplacés innocents", a affirmé le mouvement islamiste dans un communiqué.

Israël poursuit son offensive dans la bande de Gaza, assiégée et ravagée par la campagne de représailles à l'attaque sanglante des combattants palestiniens le 7 octobre 2023.

L'armée a récemment intensifié ses opérations dans le nord du territoire où des centaines de milliers de personnes sont prises au piège des combats et à qui l'aide humanitaire parvient difficilement.