Mr. Ahmad Helaiss salue et soutient les initiatives du club franco-saoudien des jeunes entrepreneurs (FSYBC)

Ahmad Helaiss, professeur associé HDR , département de français à l’université du roi Saud.  M. Helaiss a aussi occupé les fonctions de conseiller culturel à Paris. (Fournie)
Ahmad Helaiss, professeur associé HDR , département de français à l’université du roi Saud. M. Helaiss a aussi occupé les fonctions de conseiller culturel à Paris. (Fournie)
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Publié le Mercredi 15 mai 2024

Mr. Ahmad Helaiss salue et soutient les initiatives du club franco-saoudien des jeunes entrepreneurs (FSYBC)

  • L’enseignement figure parmi les piliers de cette visions ambitieuse et le gouvernent saoudien accorde une place toute particulière à l’enseignement, beaucoup d’efforts ont été déployés par l'Arabie Saoudite pour moderniser le système d'enseignement supéri
  • : Ces partenariats pourraient offrir aux jeunes saoudiens de nombreux avantages dans l’accès à des programmes de formation linguistique, d'améliorer leurs compétences linguistiques en français et en anglais, ce qui est essentiel pour communiquer efficacem

RIYAD : En collaboration avec le club franco saoudien des jeunes entrepreneurs ou le « French Saudi Youth Business Club », Arab News en français continue de réaliser une série d’entretiens avec des personnalités saoudiennes et françaises afin de promouvoir les relations bilatérales tant sur le plan de l’entrepreneuriat et même sur le plan interculturel afin de bâtir des passerelles solides entre la jeunesse saoudienne et française dans le cadre de la Vision 2030.

Dans cette présente édition, Arab News en français a sollicité l’intervention d’Ahmad Helaiss, professeur associé HDR, au sein du département de français à l’université du roi Saud. M. Helaiss a aussi occupé les fonctions de conseiller culturel à Paris. L’interview s’est déroulée au Q Lounge à Riyad, un café dirigé par un Saoudien francophone.            

Huit ans après son lancement, les promesses du plan de réforme sociale et de diversification économique se concrétisent rapidement. En effet, 87% des 1 064 initiatives sont considérées comme achevées ou en voie de l'être.

Le ministère saoudien de l’éducation a pour mission de former la future génération de penseurs et de faiseurs, et de veiller à ce qu’elle dispose de tous les outils nécessaires pour réaliser leurs rêves. Supervisant l’enseignement primaire, secondaire et supérieur, le ministère s’assure que tous les étudiants d’aujourd’hui soient prêts pour les emplois de demain.

À cet effet, Mr Helaiss a déclaré à Arab News en français : effectivement l’enseignement figure parmi les piliers de cette vision ambitieuse et le gouvernement saoudien accorde une place toute particulière à l’enseignement, beaucoup d’efforts ont été déployés par l'Arabie saoudite pour moderniser le système d'enseignement supérieur. On le remarque dans la réforme des programmes académiques et le développement des compétences nécessaires pour répondre aux besoins du marché du travail.

On constate aussi l'ouverture croissante aux collaborations internationales dans le domaine de l'enseignement supérieur, notamment par le biais de partenariats avec des universités étrangères et des programmes d'échange d'étudiants. Ce qui contribue à enrichir l'expérience éducative des étudiants saoudiens et à renforcer les liens avec la communauté internationale.

Sans oublier la promotion de la recherche et de l'innovation, le nombre d’initiatives visant à stimuler la recherche scientifique et l'innovation au sein des universités saoudiennes a augmenté énormément ainsi que les investissements dans les infrastructures de recherche et les incitations à la collaboration entre le secteur privé et le secteur académique.

L’Arabie saoudite investie massivement dans la formation des cadres saoudiens hautement qualifiée, en mettant en œuvre des programmes de formation professionnelle et en encourageant l'entrepreneuriat et l'innovation pour stimuler la croissance économique et la création d'emplois. »

La jeunesse saoudienne est attirée d’une part par les langues étrangères outre l’anglais qui est largement pratiqué et utilisé, vienne s’ajouter à cela le français, l’espagnol, le mandarin et d’autre part les autorités saoudiennes encouragent vivement cet élan et font appel à des spécialistes pour promouvoir, développer et généraliser l’usage des langues étrangères dans le Royaume.       

M. Ahmad a expliqué : « Je pense que cela peut se faire, à part le fait d'améliorer les programmes d'enseignement du français dans les établissements d'enseignement supérieur, en mettant l'accent sur l'acquisition des compétences linguistiques, mais aussi la compréhension culturelle et la communication interculturelle dont le monde d’aujourd’hui a besoin plus que jamais.

Il serait aussi préférable de promouvoir les échanges culturels, d’encourager, de multiplier les activités extrascolaires et les événements culturels qui favorisent l'échange linguistique et culturel entre les étudiants saoudiens et francophones, tels que les clubs de langue, les soirées culturelles, les voyages d'études et les programmes d'échange d’étudiants ».

Pour ce qui est de la réintégration de l’enseignement du français dans les écoles publiques saoudiennes, M. Helaiss confie à Arab News :« Il est nécessaire que l’apprentissage des langues vivantes entre autres le français figure au programme des discussions au niveau des responsables.

Il y a une réelle volonté d’intégrer le français avec d’autres langues étrangères dans les écoles publiques, le chinois sera intégré dans quelques écoles dans un premier temps. Les responsables souhaitent que cette intégration soit accompagnée de tous les moyens nécessaires pour rendre leur enseignement efficace.

Personnellement, il y a un certain temps on m’a confié de faire une présentation sur l’expérience française concernant l’apprentissage des langues vivantes étrangères dans les écoles publiques en France.

Le club franco saoudien des jeunes entrepreneurs a été lancé officiellement le 28 mars 2023 par l’ambassadeur Mr. Ludovic Pouille. Cette initiative établie à Paris en 2022 et lancée à Riyad rassemble de jeunes professionnels et entrepreneurs français et saoudiens.

Selon M. Ahmad : « C’est sans aucun doute une très belle initiative, et l’idée est en fait belle et originale, je dirais même excellente, le fait de penser à la mise en place d’un club de jeunesse d’entrepreneuriat va contribuer certainement à la promotion des relations franco saoudiennes. Il va offrir l’occasion d’échanger des idées, des projets, de partager les expertises, les opportunités de réseautage ainsi que la création de partenariats stratégiques entre les entrepreneurs saoudiens et français.  

J’ai eu l’occasion de rencontrer M. Mohamed Morchid à Paris et je suis très enthousiaste quant aux ambitions de ce club vis-à-vis de la jeunesse franco saoudienne et j’en profite pour leur une bonne continuation dans ce projet.  

Le FSYBS club va certainement jouer un rôle important dans le développement des échanges entre la France et l’Arabie saoudite. Ahmad Helaiss a révélé à Arab news : « le club pourrait stimuler l'innovation dans différents secteurs, conduisant ainsi à la création de produits et services innovants sur le marché. 

Le club pourrait offrir des opportunités de formation et de développement professionnel, ce qui permettrait aux jeunes entrepreneurs d'acquérir les compétences nécessaires pour réussir sur le marché de l'entrepreneuriat. Il va faciliter l'accès aux ressources en mettant en relation les membres du club avec des ressources telles que le financement, les partenaires potentiels et les conseils d'experts, le club va aider les jeunes entrepreneurs à surmonter les obstacles financiers et logistiques à la création d'une entreprise. »

Le FSYBC pourrait aussi contribuer largement à la promotion de la langue française en établissant éventuellement des partenariats avec des instituts de langues, de grandes écoles ou des universités. À ce sujet M. Ahmad affirme : Ces partenariats pourraient offrir aux jeunes saoudiens de nombreux avantages dans l’accès à des programmes de formation linguistique, d'améliorer leurs compétences linguistiques en français et en anglais, ce qui est essentiel pour communiquer efficacement dans le milieu des affaires internationales.

 


Macron à Beyrouth: soutien ferme aux Libanais et leurs nouveaux dirigeants, pour une ère nouvelle

Le président français Emmanuel Macron serre la main de son homologue libanais Joseph Aoun au palais présidentiel de Baabda le 17 janvier 2025. Le 17 janvier, M. Macron a annoncé que Paris accueillerait dans les prochaines semaines une conférence internationale « pour la reconstruction du Liban » après une guerre entre le groupe militant Hezbollah et Israël. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron serre la main de son homologue libanais Joseph Aoun au palais présidentiel de Baabda le 17 janvier 2025. Le 17 janvier, M. Macron a annoncé que Paris accueillerait dans les prochaines semaines une conférence internationale « pour la reconstruction du Liban » après une guerre entre le groupe militant Hezbollah et Israël. (AFP)
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  • Pour affronter ces défis et amorcer l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour le pays, le président français estime qu’il faut s’adosser à trois piliers : restaurer la souveraineté, mettre le Liban sur la voie de la prospérité
  • C’est ce credo que Macron a déroulé lors de ses entretiens avec Aoun et qu’il a réitéré durant ses rencontres avec Salam et le chef du parlement libanais Nabih Berry

PARIS: En se rendant à Beyrouth, quelques jours après l’élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la désignation du nouveau premier ministre Nawaf Salam, le président français Emmanuel Macron a voulu confirmer que la France se tient fermement aux côtés du Liban et des Libanais, dans cette nouvelle ère qui s’ouvre.

C’est une ère porteuse de grands espoirs, pour un pays qui semblait voué au chaos, à cause de l’ineptie de sa classe politique et de ses luttes internes. C’est ce qu’il a voulu constater par lui-même en allant au contact des nouveaux dirigeants et du peuple libanais.

Mais c’est également une ère de défis complexes et difficiles, tant le Liban est fragilisé au niveau de ses institutions, de son économie et de son tissu social par des pratiques mercantiles et communautaires, les ingérences externes, puis récemment une guerre avec Israël qui a laissé une partie de son territoire en lambeaux.

Pour affronter ces défis et amorcer l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour le pays, le président français estime qu’il faut s’adosser à trois piliers : restaurer la souveraineté, mettre le Liban sur la voie de la prospérité et consolider son unité.

C’est ce credo que Macron a déroulé lors de ses entretiens avec Aoun et qu’il a réitéré durant ses rencontres avec Salam et le chef du parlement libanais Nabih Berry.

S’exprimant devant les journalistes à la suite de son tête-à-tête avec Aoun au palais présidentiel de Baabda il a souligné que la souveraineté passe par le respect du cessez-le-feu instauré entre le Liban et Israël le 26 novembre dernier et qu’il a qualifié de «succès diplomatique historique qui a permis de sauver des vies». Avec pour effet la nécessité de consolider le mécanisme de surveillance dont la France fait partie.

Cela implique une application stricte des engagements pris par les autorités israéliennes et libanaises dans le cadre de l'accord et dans les délais prévus.

 Soulignant que « des résultats ont été obtenus » à ce niveau, Macron a estimé qu’ils « doivent se fédérer, se confirmer dans la durée », avec « un retrait total des forces israéliennes, et un monopole total de l'armée libanaise sur les armes ».

C'est pourquoi ajoute Macron « nous soutenons, avec force la montée en puissance des forces armées libanaises et leur déploiement dans le sud du pays » tout en continuant à « consolider l'appui international en matière d'équipement de formation, et de soutien financier ».

Cet effort est soutenu par, la France à titre bilatéral et « je sais aussi que nos amis, l'arabie saoudite le Qatar les pays de la région sont prêts à faire davantage » ajoute-t-il, tout en travaillant « avec vous à la démarcation de la ligne bleue pour dégager une solution pérenne au bénéfice de la sécurité de tous ».

Macron a par ailleurs rappelé que cette souveraineté ne concerne pas que le sud du Liban, et que le contrôle des autres frontières, notamment dans le contexte du bouleversement en cours en Syrie, « constitue aussi un enjeu majeur ». 

L’autre pilier étant la prospérité au bénéfice de tous, il exprimé l’espoir d’une formation rapide du nouveau gouvernement pour mener à bien cette tâche et subvenir à l’urgence humanitaire qui n’est pas révolue.

La nécessité de réformer

La France assure t-il veille à ce que les engagements pris le 24 octobre à Paris soient tenus et qu'ils se traduisent matériellement au profit des populations déplacées par la guerre, Mais « au-delà des réponses d'urgence, la communauté internationale doit anticiper un soutien massif à la reconstruction des infrastructures des habitations détruites par la guerre, tout particulièrement au sud, où le million de déplacés libanais sont rentrés pour trouver leur maison et leur village réduits en cendres ».

À ce propos Macron a précisé qu’une conférence internationale pour la reconstruction se tiendra à Paris dans quelques semaines, lors d’une visite qu’effectuera le président libanais.

La prospérité suppose également des réformes, elles sont « attendues et connues » et s’adressant à Aoun dans des termes empreints d’une chaleur amicale « vous les portez, et vous les défendez », la réforme de la justice, la réforme bancaire, la réforme du marché de l'énergie, la lutte contre la corruption, « toutes ces réformes nécessaires, c'est le gouvernement à venir qui le portera, elles sont indissociables de cette reconstruction ». 

L'ensemble de ces points poursuit Macron doit servir le troisième objectif, « celui d'une nation libanaise, réconciliée et unie dans son pluralisme », car la plus grande des appartenances « est celle à une république qui croit dans l'universel, et d'un pluralisme qui respecte toutes les religions, toutes les communautés leur donnent à chacune sa place ».

Ce n'est que dans cette unité, assure-t-il dans « ce pluralisme réconcilié que le chemin est possible », rendant hommage au peuple libanais, aux milliers de victimes que le pays a déploré depuis le déclenchement de la guerre, « une guerre dans laquelle le Liban a été plongé, malgré lui par l'irresponsabilité de quelques uns ».

Avant sa rencontre avec Aoun au palais de Baabda Macron avait déposé une gerbe au monument du soldat inconnu, puis il s’est livré à un exercice qu’il affectionne particulièrement, en déambulant dans le quartier de Gemayzeh, qui avait été dévasté par l’explosion du port de Beyrouth en 2020

Évoluant au milieu d’une foule de libanais qui l’ont accueilli par des applaudissements chaleureux, il a siroté un café puis il a regardé des livres sur la reconstruction de ce quartier, qu’il avait visité juste au lendemain de l’explosion.

Il a échangé en toute spontanéité avec les personnes qui l’entouraient, il a fait des selfies, bu des jus de fruits, partagé une pizza en écoutant attentivement les personnes qui s'adressent à lui.

« Vous êtes adorable » lui lance une vieille dame, « aidez le Liban » lui demande un homme, une autre personne lui fait part de sa crainte d’une reprise de la guerre.

« Bon courage » et « garder le moral », assène le président français à ses interlocuteurs, avant de souligner que l’ère qui s’ouvre est une ère d’espoir où chacun a sa part à accomplir.

Macron avait commencé sa visite par une rencontre avec le premier ministre libanais en exercice Najib Mikati, et deux entretiens avec le chef d’état major de la FINUL, le général Jean-Jacques Fatinet, puis avec le commandant des opérations spéciales au sein du mécanisme de surveillance du cessez le feu le Général Jasper Jeffers et du représentant de la France au sein de ce mécanisme le général Guillaume Pin Hun.

 


Le procureur de la CPI, Karim Khan, rencontre le nouveau dirigeant syrien 

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  • Le président déchu, Bachar al-Assad, qui a fui à Moscou, refusait de coopérer avec la CPI, ne reconnaissant pas sa compétence sur son territoire
  • M. Chareh et le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, ont rencontré "une délégation de la Cour pénale internationale, dirigée" par Karim Khan, a déclaré Sana, qui a également publié des images de la réunion

DAMAS: Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, a été reçu vendredi par le nouveau dirigeant syrien, Ahmad al-Chareh, qui a pris le pouvoir après la chute de Bachar al-Assad accusé de crimes durant la guerre civile, a indiqué l'agence de presse officielle Sana.

M. Chareh et le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, ont rencontré "une délégation de la Cour pénale internationale, dirigée" par Karim Khan, a déclaré Sana, qui a également publié des images de la réunion.

Le président déchu, Bachar al-Assad, qui a fui à Moscou, refusait de coopérer avec la CPI, ne reconnaissant pas sa compétence sur son territoire.

Le groupe islamiste de M. Chareh, Hayat Tahrir al-Sham (HTS), a mené une coalition qui a renversé Assad le 8 décembre, plus de 13 ans après la répression sanglante de manifestations anti-Assad ayant déclenché une guerre qui a fait plus de 500.000 morts.

Les nouvelles autorités ont promis de rendre justice aux victimes des atrocités commises durant les décennies de règne du clan Assad, s'engageant à juger les responsables impliqués dans la torture des détenus.

Elles ont exhorté la communauté internationale à leur remettre les personnes recherchées qui ont fui.

La CPI, basée à La Haye, n'a pas été en mesure d'enquêter sur la Syrie car le pays n'a jamais ratifié le Statut de Rome, son traité fondateur.

En 2014, la Russie et la Chine ont opposé leur veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité visant à renvoyer le dossier syrien devant la CPI.

 


Explosion au port de Beyrouth: le juge reprend ses enquêtes après deux ans de suspension

Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes". (AFP)
Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes". (AFP)
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  • M. Bitar, juge indépendant, avait dû interrompre son enquête en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah, ainsi qu'à une série de poursuites judiciaires
  • La reprise de ses investigations intervient après l'élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la nomination de Nawaf Salam comme Premier ministre, permises par un affaiblissement du Hezbollah après sa guerre dévastatrice contre Israël

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar, chargé d'enquêter sur la  gigantesque explosion meurtrière au port de Beyrouth a repris ses investigations et engagé des poursuites contre dix nouvelles personnes jeudi, a indiqué à l'AFP une source judiciaire.

Le 4 août 2020, l'une des plus grandes explosions non nucléaires de l'histoire a dévasté des pans entiers de la capitale du Liban, tuant plus de 220 personnes et en blessant plus de 6.500.

M. Bitar, juge indépendant, avait dû interrompre son enquête en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah, ainsi qu'à une série de poursuites judiciaires.

La reprise de ses investigations intervient après l'élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la nomination de Nawaf Salam comme Premier ministre, permises par un affaiblissement du Hezbollah après sa guerre dévastatrice contre Israël et la chute de Bachar al-Assad en Syrie.

M. Aoun et M. Salam se sont engagés à garantir l'indépendance du pouvoir judiciaire et à empêcher toute ingérence dans le travail du juge, dans un pays où la culture de l'impunité prévaut.

Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes".

Il a précisé que les interrogatoires débuteront à partir du 7 février. Des séances d'interrogatoire sont également prévues en mars et avril avec d'autres inculpés, parmi lesquels des anciens ministres et députés.

Selon la même source, M. Bitar prévoit ensuite de clore l'enquête et de la transmettre au procureur général près la Cour de cassation pour qu'il examine l'affaire, en vue de formuler un acte d'accusation.

"Espoir" 

"Les promesses faites par le président et le Premier ministre, puis la reprise de l'enquête (...) aujourd'hui, nous donnent l'impression qu'il y a un espoir que les droits des victimes, pour lesquels nous n'avons cessé de lutter, ne seront pas oubliés", a déclaré à l'AFP Cécile Roukoz, l'une des avocates des familles des victimes, qui a perdu son frère dans l'explosion.

Jeudi, le Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Volker Türk a appelé à la "reprise d'une enquête indépendante", insistant sur la nécessité que les responsables "rendent des comptes" et proposant l'aide de son Bureau à cette fin.

La déflagration a été provoquée par un incendie dans un entrepôt où étaient stockées sans précaution des tonnes de nitrate d'ammonium, malgré des avertissements répétés aux plus hauts responsables.

Un premier juge chargé en 2020 de l'enquête avait dû jeter l'éponge, après avoir inculpé l'ex-Premier ministre, Hassan Diab, et trois anciens ministres.

Tarek Bitar s'était à son tour attaqué à des responsables politiques, mais a été confronté aux mêmes obstacles et à une demande du Hezbollah qu'il soit démis de ses fonctions.

Il avait repris son travail à la surprise générale en janvier 2023, inculpant plusieurs personnalités de haut rang, avant d'être poursuivi pour insubordination par le procureur général, une première dans l'histoire du Liban.

Les proches de victimes et de nombreuses ONG internationales ont demandé à plusieurs reprises la formation d'une commission d'enquête internationale, mais s'étaient heurtés à un refus officiel du Liban.

Dans son premier discours mardi, M. Salam a dit qu'il ferait "tout son possible pour rendre justice aux victimes de l'explosion".