Ukraine: des centaines de personnes évacuées, Moscou revendique la prise de six villages

Des résidents ukrainiens de Vovchansk et des villages voisins attendent des bus lors d'une évacuation vers Kharkiv en raison des bombardements russes le 10 mai 2024 (Photo, Reuters).
Des résidents ukrainiens de Vovchansk et des villages voisins attendent des bus lors d'une évacuation vers Kharkiv en raison des bombardements russes le 10 mai 2024 (Photo, Reuters).
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Publié le Lundi 13 mai 2024

Ukraine: des centaines de personnes évacuées, Moscou revendique la prise de six villages

  • La région de Kharkiv était essentiellement sous contrôle ukrainien depuis septembre 2022
  • Les forces ukrainiennes ont multiplié les frappes à l'intérieur de la Russie et dans les zones d'Ukraine occupées par les Russes

PARIS: La Russie a revendiqué samedi la prise de six villages dans l'est de l'Ukraine, où des centaines de personnes ont été évacuées de secteurs proches de la frontière russe.

Les forces russes, repoussées il y a près de deux ans de cette zone du nord-est ukrainien, y ont réalisé dernièrement une série de petites avancées face à l'armée ukrainienne, à court de recrues et d'armements.

Dernière progression en date, le ministère russe de la Défense a déclaré que ses troupes avaient "libéré" les villages ukrainiens de Borisivka, Ogirtseve, Pletenivka, Pylna et Strilecha dans la région de Kharkiv, près de la frontière avec la Russie, ainsi que le village de Keramik dans la région de Donetsk, plus au sud.

Les autorités ukrainiennes ont indiqué que les forces du pays résistaient mais que la région de Kharkiv était la proie de violents combats près de la frontière.

"Les combats pour les villages (...) se poursuivent dans la zone de la frontière", a déclaré à la télévision publique le porte-parole militaire Nazar Volochine.

Côté ukrainien, "1.775 personnes ont été évacuées", a indiqué le gouverneur de la région, Oleg Synegoubov, ajoutant que la Russie avait procédé à des tirs d'artillerie et de mortier sur 30 localités de la zone ces dernières 24 heures.

Il a assuré qu'il n'y avait "pas de menace d'une opération terrestre" russe vers la ville de Kharkiv, la deuxième plus grande du pays.

Dans son adresse du soir, le président Volodymyr Zelensky a assuré que les troupes ukrainiennes "ont mené des contre-attaques" dans la région de Kharkiv.

"Notre tâche numéro un maintenant est de perturber les projets offensifs des Russes", a-t-il déclaré.

Deux hommes de 50 et 48 ans ont été tués et deux autres blessés par une attaque à la bombe aérienne à Vovtchansk, près de la frontière, a indiqué le gouverneur.

A la sortie de Kharkiv, des évacués, dont beaucoup de personnes âgées, arrivaient en voitures et camionnettes, chargées d'autant d'affaires que possible, à un point d'évacuation. Les personnes évacuées sont enregistrées et reçoivent de la nourriture, tandis qu'une assistance médicale est fournie dans des tentes de fortune.

Lioubov Nikolaïeva, 61 ans, a raconté à l'AFP avoir fui son village frontalier de Lyptsi avec sa mère de 81 ans. "Il est impossible de vivre là-bas", a-t-elle indiqué, ajoutant que sa famille était restée "jusqu'au dernier moment".

"Le feu ennemi est constant, des bombes aériennes guidées et des obus de mortier sifflant au-dessus de nos têtes. C'est devenu très effrayant", selon elle.

«Reprendre l'initiative»

Un travailleur humanitaire aidant à évacuer les habitants, Dmytro Tkachenko, 37 ans, a expliqué que "la situation est vraiment dure, difficile, dans les directions de Vovtchansk et Lyptsi".

"Il y a des mouvements (de troupes) et en ce moment, ça complique vraiment l'évacuation de ces zones, car c'est vraiment dangereux", a-t-il ajouté.

La région de Kharkiv était essentiellement sous contrôle ukrainien depuis septembre 2022.

"Nous devons interrompre les opérations offensives russes et reprendre l'initiative", a lancé samedi le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, en appelant une fois de plus ses alliés à accélérer les livraisons d'armes.

"Chaque système de défense antiaérienne, chaque système antimissile est littéralement ce qui sauve des vies", a dit M. Zelensky.

Une source militaire ukrainienne de haut rang a déclaré que les forces russes tentaient de "créer une zone tampon" dans la région de Kharkiv et celle voisine de Soumy afin d'empêcher les attaques contre le territoire russe.

Les forces ukrainiennes ont multiplié les frappes à l'intérieur de la Russie et dans les zones d'Ukraine occupées par les Russes, en particulier contre les infrastructures énergétiques.

Samedi, les autorités installées par Moscou dans la région de Lougansk, occupée par la Russie dans l'est de l'Ukraine, ont annoncé la mort de trois personnes dans une attaque ukrainienne, menée avec des missiles de fabrication américaine, sur un dépôt pétrolier.

Le gouverneur, Leonid Pasechnik, a déclaré que la frappe avait "enveloppé le dépôt de pétrole dans les flammes et endommagé les maisons environnantes". "Le bilan s'élève à trois morts et huit autres personnes sont hospitalisées", a-t-il dit sur les réseaux sociaux.

Trois personnes ont par ailleurs péri et neuf ont été blessées samedi dans une frappe ukrainienne sur un restaurant à Donetsk, ville occupée par Moscou dans la région ukrainienne éponyme, selon les autorités d'occupation.

La Russie dit avoir neutralisé 31 drones ukrainiens

La Russie a affirmé lundi avoir neutralisé dans la nuit 31 drones ukrainiens dans plusieurs régions du pays et en Crimée.

"Pendant la nuit, de nouvelles tentatives du régime de Kiev de perpétrer des attaques terroristes à l'aide des drones aériens (...) contre des cibles sur le territoire de la Fédération de Russie ont été empêchées", a affirmé le ministère russe de la Défense dans un communiqué sur Telegram.

La défense anti-aérienne russe a notamment détruit 12 drones au-dessus de la région de Belgorod, frontalière de l'Ukraine et déjà visée dimanche par une frappe ukrainienne qui avait fait 15 morts, selon la même source.

Huit autres drones ont été détruits au-dessus de la région de Koursk, elle aussi frontalière de l'Ukraine, et quatre drones ont été interceptés au-dessus de la région voisine de Lipetsk, a détaillé le communiqué.

Enfin, sept drones, ainsi que quatre missiles de croisière Storm Shadow ont été détruits au-dessus de la péninsule de Crimée, annexée par la Russie en 2014.

En Russie, les médias ont fait état de deux personnes tuées par des frappes ukrainiennes dans les régions de Belgorod et de Koursk.

«Pas une grosse offensive»

Depuis des semaines, des responsables ukrainiens avertissaient que Moscou pourrait tenter d'attaquer les régions du nord-est, en poussant son avantage, alors que l'Ukraine est confrontée à des retards dans l'aide occidentale et à un manque de combattants.

L'armée ukrainienne a déclaré que "des unités de réserve ont été déployées pour renforcer la défense dans cette zone du front".

Selon l'expert militaire Olivier Kempf, de la Fondation pour la recherche stratégique, "ce que l'on voit depuis 24 heures est quelque chose de limité", avec "une petite préparation d'artillerie et pas une grosse concentration de troupes derrière".

Après le déclenchement de l'attaque, Washington a annoncé vendredi une nouvelle aide militaire de 400 millions de dollars pour "porter assistance à l'Ukraine", alors que l'offensive russe va "s'intensifier", selon la Maison Blanche.


Trump dévoile des investissements pour alimenter l'IA en électricité

Le secrétaire américain au Trésor Scott Bessent, le sénateur américain Dave McCormick (R-PA), le président américain Donald Trump, le PDG du groupe Blackstone Jon Gray et la présidente et directrice des investissements de Google Ruth Porat assistent au sommet de l'énergie et de l'innovation de Pennsylvanie sur le campus de l'université Carnegie Mellon à Pittsburgh, en Pennsylvanie, le 15 juillet 2025. (AFP)
Le secrétaire américain au Trésor Scott Bessent, le sénateur américain Dave McCormick (R-PA), le président américain Donald Trump, le PDG du groupe Blackstone Jon Gray et la présidente et directrice des investissements de Google Ruth Porat assistent au sommet de l'énergie et de l'innovation de Pennsylvanie sur le campus de l'université Carnegie Mellon à Pittsburgh, en Pennsylvanie, le 15 juillet 2025. (AFP)
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  • Donald Trump a annoncé mardi des investissements d'entreprises privées dans l'énergie et les infrastructures en Pennsylvanie, Etat industriel de l'est des Etats-Unis
  • Le secteur des technologies s'est jeté à corps perdu dans le développement de l'IA générative, mais craint que les besoins massifs en électricité ne puissent être satisfaits par l'infrastructure existante

Pittsburgh, États-Unis: Donald Trump a annoncé mardi des investissements d'entreprises privées dans l'énergie et les infrastructures en Pennsylvanie, Etat industriel de l'est des Etats-Unis, au moment où le secteur de la tech est confronté aux besoins toujours croissants en électricité de l'intelligence artificielle (IA).

En tout, plusieurs organisations vont injecter environ 92 milliards de dollars dans des projets de centres de données (36 milliards) et de sites de production d'énergie (56 milliards).

Le secteur des technologies s'est jeté à corps perdu dans le développement de l'IA générative, mais craint que les besoins massifs en électricité ne puissent être satisfaits par l'infrastructure existante, en particulier aux Etats-Unis.

L'IA générative demande d'énormes capacités de calcul informatique, principalement pour faire fonctionner les processeurs voraces en énergie de Nvidia, cette entreprise californienne de puces électroniques devenue la plus grosse capitalisation boursière au monde en surfant très tôt sur la vague de l'IA.

Les autorités américaines s'attendent à ce que d'ici à 2028, les besoins en électricité des entreprises de la tech pour l'IA soient équivalents à ceux de 5 millions de foyers.

"Nous sommes ici aujourd'hui parce que nous pensons que c'est le destin de l'Amérique de dominer toutes les industries et d'être la première dans toutes les technologies, y compris la première super puissance au monde dans l'IA", a déclaré Donald Trump sur scène.

"Et nous sommes largement en avance sur la Chine, je dois le dire. Et les usines arrivent, la construction commence", a ajouté le président américain, lors du premier Sommet sur l'énergie et l'innovation de Pennsylvanie à l'université Carnegie Mellon de Pittsburgh.

- Rester "leader" -

Parmi les groupes présents, Google a annoncé un investissement sur deux ans de 25 milliards de dollars dans des centres de données et infrastructures d'IA dans des Etats du nord-est du pays, ainsi que 3 milliards de dollars pour moderniser deux centrales hydroélectriques en Pennsylvanie.

"Nous soutenons l'appel clair et urgent du président Trump à investir dans les infrastructures, les technologies et la production d'énergie nécessaires à l’essor de l'IA, afin que les États-Unis restent leader dans ce domaine", a déclaré Ruth Porat, directrice des investissements d'Alphabet et Google.

"Alors que les États-Unis et la Chine se livrent une course pour dominer la guerre de l’intelligence artificielle, les géants technologiques investissent massivement pour gagner des parts dans cette quatrième révolution industrielle", a commenté l'analyste Dan Ives de Wedbush.

Il estime qu'environ 15 % des budgets informatiques sont désormais réservés à l'IA ou influencés par cette technologie.

D'autres entreprises technologiques, sociétés énergétiques et firmes financières étaient présentes à Pittsburgh, dont Blackstone, qui a aussi promis 25 milliards de dollars pour des centres de données et infrastructures.

Les groupes comptent en outre investir dans des programmes d'apprentissage.

Pour le sénateur républicain David McCormick, ces investissements sont d'une "importance énorme" pour son Etat de Pennsylvanie, mais ils sont aussi "cruciaux pour le futur du pays".

- Course avec Pékin -

Ses déclarations reflètent la tendance partagée par les deux bords politiques à Washington que les Etats-Unis doivent en faire davantage pour ne pas perdre du terrain face à la Chine dans cette course à l'intelligence artificielle.

"Si les Etats-Unis ne mènent pas cette révolution sous nos propres conditions, nous céderons le contrôle de notre infrastructure, de nos données, de notre leadership, et de notre mode de vide à la Chine communiste", a déclaré le sénateur McCormick dans une tribune à Fox News.

Donald Trump a lancé le projet "Stargate" en janvier, qui vise jusqu'à 500 milliards de dollars d'investissements dans les infrastructures d'IA.

La firme japonaise d'investissements dans la tech SoftBank, ainsi que les entreprises américaines de la Silicon Valley OpenAI (ChatGPT) et Oracle, ont décidé d'investir 100 milliards de dollars dans la phase initiale du projet.

Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a fait machine arrière sur de nombreuses réglementations adoptées sous Joe Biden pour cadrer le développement des puissants algorithmes d'IA et limiter les exportations de certaines technologies avancées à des pays alliés.

Le président américain devrait dévoiler son propre programme-cadre pour le développement de l'intelligence artificielle au cours du mois de juillet.


Volodymyr Zelensky procède à un remaniement gouvernemental en Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP)
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  • La nouvelle cheffe du gouvernement sera Ioulia Svyrydenko, actuelle ministre de l'Économie, qui s'est illustrée par la finalisation de l'accord sur les minerais avec Washington.
  • Le président Zelensky a également annoncé la nomination de Roustem Oumerov, actuel ministre de la Défense et membre de l'équipe de négociations avec la Russie, au poste d'ambassadeur à Washington.

KIEV, UKRAINE : Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé son intention de remanier son gouvernement, notamment en remplaçant le Premier ministre et le ministre de la Défense, afin d'insuffler un nouvel élan après plus de trois ans et demi d'invasion russe.

Cette réorganisation, qui inclut des figures loyales à M. Zelensky, est marquée par plusieurs points notamment les négociations avec Moscou en vue d'un cessez-le-feu sont dans l'impasse ; les États-Unis promettent un soutien renouvelé à Kiev. 

Une Première ministre aux solides connexions américaines

La nouvelle cheffe du gouvernement sera Ioulia Svyrydenko, actuelle ministre de l'Économie, qui s'est illustrée par la finalisation de l'accord sur les minerais avec Washington. Les négociations houleuses de cet accord avaient failli mettre en péril les relations entre les deux pays.

« Elle a été le personnage-clé, menant les négociations seule. Elle a réussi à éviter l'échec », a déclaré à l'AFP Timofï Mylovanov, un ex-ministre de l'Économie qui avait recruté Mme Svyrydenko dans son équipe.

Les analystes s'accordent à dire qu'elle a gagné le respect de ses partenaires américains, y compris des vétérans de la politique en poste.

« L'Ukraine est actuellement une priorité pour M. Trump et son administration. Svyrydenko a fait ses preuves et continuera à le faire », a estimé l'analyste politique Volodymyr Fessenko.

Âgée de seulement 39 ans, Mme Svyrydenko a également gagné la confiance du milieu des affaires ukrainien grâce à sa gestion de l'économie de guerre du pays, estime Andy Hunter, président de la Chambre de commerce américaine en Ukraine.

« Nous avons jusqu'à présent entretenu une relation de confiance, transparente et collaborative », a-t-il déclaré à l'AFP. 

Un nouvel ambassadeur pour les États-Unis 

Le président Zelensky a également annoncé la nomination de Roustem Oumerov, actuel ministre de la Défense et membre de l'équipe de négociations avec la Russie, au poste d'ambassadeur à Washington.

« L'Ukraine a besoin d'une dynamique plus positive dans ses relations avec les États-Unis, ainsi que de prendre de nouvelles mesures dans la gestion de notre secteur de la défense », a déclaré M. Zelensky à M. Oumerov lors d'une réunion la semaine dernière.

Donald Trump a vertement critiqué l'aide de plusieurs dizaines de milliards de dollars accordée par son prédécesseur Joe Biden à l'Ukraine, mais a finalement autorisé les États membres de l'OTAN à faire des achats d'armement au nom de Kiev.

La nomination de M. Oumerov « ne signifie qu'une chose. La question fondamentale dans les relations entre les États-Unis et l'Ukraine est celle de l'armement », a estimé Volodymyr Fessenko.

« Les approvisionnements en armes sont le problème numéro un. Le deuxième est celui des négociations pour mettre fin à la guerre. M. Oumerov a été impliqué dans les deux », a-t-il ajouté.

Le Premier ministre sortant, Denys Chmygal, un technocrate sans prétention, prendra la tête du ministère de la Défense, a annoncé M. Zelensky.

Un contrôle présidentiel accru ? 

Ses rivaux l'accusent depuis longtemps de chercher à consolider son pouvoir et certains médias critiques ne voient dans la nomination de Mme Svyrydenko qu'une nouvelle étape de ce processus.

Elle est en effet considérée comme loyale à Andriï Iermak, le directeur de cabinet très influent de M. Zelensky.

Un article du très respecté journal indépendant Ukrainska Pravda décrit ce remaniement comme un « renforcement du chef du cabinet présidentiel — si c'est encore possible ».

« Il est évident que l'influence du cabinet présidentiel va croître », a déclaré à l'AFP le député de l'opposition Mykola Kniajytsky.

« Les autorités poursuivent une politique de centralisation et refusent le dialogue », a-t-il accusé.

Et maintenant ? 

Ioulia Svyrydenko a fait du renforcement de l'économie, de l'augmentation de la production d'armes et de l'expansion des programmes sociaux ses priorités gouvernementales.

Selon M. Fessenko, la nomination de Denys Chmygal au ministère de la Défense devrait « remettre de l'ordre » dans cette institution ébranlée par des scandales de corruption à répétition.

Les législateurs et les commentateurs politiques s'attendent à ce que le Parlement entérine la démission du gouvernement mercredi et approuve la nouvelle administration le lendemain. Ils anticipent également d'autres changements dans le nouveau gouvernement, notamment au ministère de l'Énergie. 


Finance: Londres promet de déréguler pour attirer les entreprises internationales dans la City

Rachel Reeves, chancelière de l'Échiquier britannique, prononce son discours lors du dîner des services financiers et professionnels, organisé par le Lord Mayor de la ville de Londres, à Mansion House, dans la ville de Londres, le 15 juillet 2025. (AFP)
Rachel Reeves, chancelière de l'Échiquier britannique, prononce son discours lors du dîner des services financiers et professionnels, organisé par le Lord Mayor de la ville de Londres, à Mansion House, dans la ville de Londres, le 15 juillet 2025. (AFP)
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  • La ministre britannique des Finances, Rachel Reeves, a promis mardi aux banques et aux marchés de déréguler le secteur pour tenter de redonner du souffle à l'économie britannique et séduire les entreprises étrangères
  • Si les annonces de la Chancelière mardi sont applaudies par la City, les professionnels de la finance craignent que celle-ci ne choisisse alors de cibler les banques ou les contribuables les plus riches

LONDRES: La ministre britannique des Finances, Rachel Reeves, a promis mardi aux banques et aux marchés de déréguler le secteur pour tenter de redonner du souffle à l'économie britannique et séduire les entreprises étrangères.

"J'ai placé les services financiers au coeur de la mission de croissance de ce gouvernement", car sans eux le pays "ne peut pas réussir", a assuré dans un discours Mme Reeves, dont le gouvernement peine à concrétiser sa promesse de relancer l'économie.

La Chancelière de l'Echiquier, de son titre officiel, s'est exprimée mardi soir lors d'un discours très attendu par les milieux financiers à Mansion House, la résidence officielle du lord-maire de la City de Londres, puissant centre financier britannique.

Sa position n'est pas nouvelle: Mme Reeves avait déjà dit en novembre dernier, dans son premier "discours de Mansion House", vouloir favoriser la prise de risque dans les services financiers au Royaume-Uni, jugeant que la réglementation post-crise financière était "allée trop loin" et bridait la croissance.

Les réformes dites "de Leeds" annoncées mardi vont dans le même sens.

Le gouvernement compte notamment créer un service dédié pour "courtiser activement les sociétés de services financiers internationales", selon un communiqué diffusé plus tôt mardi, avec l'objectif de devenir "la destination numéro un des sociétés de services financiers d'ici 2035".

Le Trésor et les régulateurs du secteur ont lancé plusieurs autres chantiers de réforme, visant à autoriser les banques à prêter davantage aux particuliers pour un achat immobilier, à revenus équivalents, simplifier les règles d'introduction en Bourse ou encore assouplir le régime de responsabilité des hauts dirigeants.

Londres, qui a déjà annoncé ces derniers mois l'assouplissement de règles régissant les fonds de pension pour dégager des milliards d'investissement, veut aussi réformer les règles qui séparent les activités de détail et d'investissement au sein d'une banque ("ring-fencing" ou cloisonnement).

Et la banque d'Angleterre a annoncé mardi un report d'un an, à 2028, de nouvelles règles durcissant les exigences de fonds propres des banques.

"La place de Londres est confrontée à un exode de sociétés cotées en Bourse vers de nouveaux horizons et le gouvernement veut inverser la tendance", selon Susannah Streeter, analyste chez Hargreaves Lansdown, pour qui les entreprises "déplorent depuis longtemps les difficultés pour lever des fonds" dans la capitale britannique.

Mme Reeves est aussi sous pression pour équilibrer les comptes du Royaume-Uni, après plusieurs revirements coûteux du gouvernement du Premier ministre Keir Starmer, qui a annulé des coupes dans les aides sociales après une fronde de sa propre majorité travailliste.

De nombreux économistes estiment que Mme Reeves, qui a promis une discipline "de fer" sur les finances publiques - elle a répété mardi soir que ses règles d'équilibre budgétaires étaient "non négociables" - n'aura d'autre choix que d'augmenter les impôts lors du prochain budget à l'automne.

Si les annonces de la Chancelière mardi sont applaudies par la City, les professionnels de la finance craignent que celle-ci ne choisisse alors de cibler les banques ou les contribuables les plus riches.