L’offensive israélienne à Gaza se répercute sur les Palestiniens de Cisjordanie

Depuis le 7 octobre, les colons israéliens ont mené 603 attaques contre des Palestiniens en Cisjordanie. (AFP)
Depuis le 7 octobre, les colons israéliens ont mené 603 attaques contre des Palestiniens en Cisjordanie. (AFP)
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Publié le Mardi 07 mai 2024

L’offensive israélienne à Gaza se répercute sur les Palestiniens de Cisjordanie

  • «L’accélération fulgurante» des formes de discrimination, d’oppression et de violence contre les Palestiniens a poussé la Cisjordanie au «bord du précipice», selon l’ONU
  • Israël a démoli, à une vitesse qui n’avait jamais été enregistrée auparavant, 917 structures appartenant à des Palestiniens en Cisjordanie depuis le 7 octobre

LONDRES: Les ondes de choc provoquées par l’opération militaire israélienne à Gaza ont entraîné des répercussions en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, où les forces de sécurité et les colons juifs enhardis auraient intensifié leurs attaques contre les communautés palestiniennes.

Depuis que l’attaque menée par le Hamas le 7 octobre a déclenché le conflit à Gaza, les colons israéliens ont mené 603 attaques contre des Palestiniens en Cisjordanie, expulsant 1 222 personnes qui provenaient de 19 communautés d’éleveurs, selon les chiffres de l’ONU.

Des colons armés ont également tué au moins neuf Palestiniens, tandis que les forces de sécurité israéliennes en ont tué 396 autres au cours des derniers mois.

De même, l’armée israélienne a intensifié ses raids. Le 4 mai, les forces israéliennes ont attaqué Toulkarem et tué cinq Palestiniens, dont quatre membres du Hamas. Le 20 avril, les forces israéliennes ont mené un raid dans le même gouvernorat, qui abrite plus de 6 400 réfugiés, tuant quatorze Palestiniens.

Abir, qui dirige une petite entreprise à Jénine, note une «recrudescence des attaques de colons, la prolifération des points de contrôle, des raids quotidiens contre les maisons palestiniennes, la destruction des infrastructures, le meurtre de jeunes Palestiniens et l’augmentation des frappes aériennes militaires israéliennes».

L’armée israélienne a intensifié ses raids dans certaines parties de la Cisjordanie. (AFP)
L’armée israélienne a intensifié ses raids dans certaines parties de la Cisjordanie. (AFP)

Certes, des attaques similaires avaient régulièrement lieu avant le 7 octobre, mais Abir déclare à Arab News qu’«elles ont doublé et sont devenues plus atroces» depuis le début de la guerre à Gaza.

Jénine «est depuis deux ans environ une cible spécifique pour l’armée israélienne, puisque la ville abrite quelques groupes de résistance», poursuit-elle.

Selon un rapport du Haut-Commissariat des nations unies aux droits de l’homme (HCDH) publié en mars, «l’accélération fulgurante» des formes de discrimination, d’oppression et de violence contre les Palestiniens a poussé la Cisjordanie au «bord du précipice».

Israël a démoli, à une vitesse qui n’avait jamais été enregistrée auparavant, 917 structures appartenant à des Palestiniens en Cisjordanie depuis le 7 octobre, ce qui a conduit au déplacement de 1 015 Palestiniens. Parmi ces structures, 210 se trouvent à Jérusalem-Est et 285 sont des immeubles résidentiels, ajoute le rapport.

Yasmine el-Hassan, responsable des plaidoyers à l’Union des comités de travail agricole, une organisation non gouvernementale qui soutient les communautés rurales palestiniennes, décrit la situation en Cisjordanie comme «absolument abominable».

«L’expansion de l’entreprise coloniale israélienne en Cisjordanie se produit parallèlement à la guerre génocidaire contre Gaza», confie-t-elle à Arab News.

«L’occupation a créé de nombreux nouveaux avant-postes de colons et des routes pour colons en Cisjordanie», note-t-elle, ajoutant que le gouvernement israélien «a approuvé des milliers de nouveaux logements pour colons en Cisjordanie».

Depuis le 7 octobre, les colons israéliens ont mené 603 attaques contre des Palestiniens en Cisjordanie. (AFP)
Depuis le 7 octobre, les colons israéliens ont mené 603 attaques contre des Palestiniens en Cisjordanie. (AFP)

Même si les violences israéliennes en Cisjordanie n’ont pas atteint l’ampleur de celles de Gaza, Yasmine soutient que «l’intensité de la violence coloniale israélienne dans toutes les régions de la Palestine historique s’est exacerbée au cours des six derniers mois».

«L’impunité» accordée par les autorités israéliennes a enhardi les colons juifs de Cisjordanie, souligne-t-elle.

Les colons qui attaquent les communautés palestiniennes sont «de plus en plus armés par le gouvernement de l’occupation israélienne et leurs actes ne sont aucunement punis», déplore-t-elle.

S’exprimant lors de la 55e session du Conseil des droits de l’homme, au mois de mars, Nada al-Nachif, la Haute-Commissaire adjointe des nations unies aux droits de l’homme, a déclaré que, après le 7 octobre, le HCDH a documenté «des cas de colons vêtus d’uniformes complets ou partiels de l’armée israélienne, portant des armes à feu, harcelant et attaquant des Palestiniens, tirant par ailleurs à bout portant».

Elle a également affirmé qu’au 31 octobre les forces de sécurité israéliennes auraient distribué environ 8 000 armes aux «escouades de défense des colonies» et aux «bataillons de défense régionale» en Cisjordanie.

EN CHIFFRES

  • 700 000 colons israéliens en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
  • 300 colonies ou avant-postes illégaux sur le territoire palestinien.

Source: HCDH

Vers la mi-avril, l’armée israélienne a autorisé les colons à faire preuve de violence. En effet, cinquante colons ont attaqué le village d’Aqraba, au nord de la Cisjordanie, «protégé par l’armée d’occupation israélienne», selon Wafa, l’agence de presse palestinienne.

Deux Palestiniens ont été tués dans l’attaque des colons, selon le maire du village, Salah Bani Jaber, témoin de l’incident. Ce dernier précise que les soldats israéliens présents sur les lieux «ont assisté à la scène sans rien faire, se contentant d’observer les colons».

«L’absence d’obligation de rendre des comptes dans le cadre des violences commises par les colons est un facteur clé dans l’environnement coercitif actuel», indique Mme Al-Nachif au président du Conseil des droits de l’homme de l’ONU.

«L’accélération fulgurante» des formes de discrimination, d’oppression et de violence contre les Palestiniens a poussé la Cisjordanie au «bord du précipice», selon un rapport de l’ONU. (AFP)
«L’accélération fulgurante» des formes de discrimination, d’oppression et de violence contre les Palestiniens a poussé la Cisjordanie au «bord du précipice», selon un rapport de l’ONU. (AFP)

Elle décrit cette non-obligation de rendre des comptes comme une «manifestation d’un double système de justice pénale qui a eu des effets discriminatoires sur les Palestiniens».

Yesh Din, une ONG israélienne qui documente les abus commis par des civils israéliens contre les Palestiniens dans les territoires occupés, a conclu dans sa fiche de données de décembre que «le système israélien d’application de la loi ne parvient pas à remplir son devoir, qui consiste à protéger les Palestiniens de la violence israélienne».

La fiche de données souligne que la poursuite de «cet échec systémique» pendant au moins deux décennies «démontre que l’État d’Israël normalise et soutient la violence à motivation idéologique perpétrée par les colons israéliens contre les Palestiniens en Cisjordanie».

Elle montre que, au cours des vingt dernières années, 93,7% de toutes les enquêtes policières sur les infractions commises par des colons contre des Palestiniens ont été classées sans suite, tandis que seulement 3% ont abouti à une condamnation totale ou partielle.

Yesh Din note également que les Palestiniens ont tendance à se méfier des autorités israéliennes, ce qui rend les victimes de la violence des colons réticentes à signaler les infractions.

Au mois de juillet de l’année dernière, au moins 3 000 Palestiniens ont fui leurs foyers dans le camp de réfugiés de Jénine après une vaste opération militaire israélienne. (AFP)
Au mois de juillet de l’année dernière, au moins 3 000 Palestiniens ont fui leurs foyers dans le camp de réfugiés de Jénine après une vaste opération militaire israélienne. (AFP)

Entre janvier et septembre 2023, plus de 57% des victimes ont choisi de ne pas porter plainte. Parmi elles, 54% ont expliqué craindre des représailles ou ne pas faire confiance aux autorités israéliennes pour appréhender les contrevenants.

Les Palestiniens des zones rurales de Cisjordanie sont particulièrement vulnérables à une expulsion de leurs terres par les colons juifs.

Mme El-Hassan, de l’Union des comités de travail agricole, confie: «Les colons israéliens, souvent accompagnés ou protégés par les forces d’occupation israéliennes, ciblent très fréquemment les terres agricoles palestiniennes et les infrastructures critiques ainsi que les communautés.»

«Il s’agit de ressources vitales comme les puits d’eau, les routes, les serres, les installations sanitaires, les terres où les cultures sont cultivées, les troupeaux, les enclos, les voitures et les maisons.»

Le rapport du HCDH révèle que, entre janvier 2022 et le début du mois de septembre 2023, 1 105 Palestiniens issus de 28 communautés d’éleveurs (environ 12%) ont été déplacés de force en raison de la violence des colons et de l’interdiction de l’accès aux pâturages.

Les communautés rurales et les agriculteurs palestiniens de la zone C, qui constitue 61% du territoire de Cisjordanie, ont été spécifiquement pris pour cible par les colons israéliens, déclare Mme El-Hassan.

«La zone C représente la majorité de la Cisjordanie, la plus riche en ressources. Elle est également, selon les accords d’Oslo, sous administration militaire et civile israélienne», ajoute-t-elle.

Les forces de sécurité israéliennes ont tué 396 Palestiniens en Cisjordanie au cours des derniers mois. (AFP)
Les forces de sécurité israéliennes ont tué 396 Palestiniens en Cisjordanie au cours des derniers mois. (AFP)

Les accords d’Oslo, signés sur la pelouse de la Maison-Blanche en septembre 1993, constituent le premier accord de paix direct entre les autorités israéliennes et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Ils cherchaient à ouvrir la voie à une solution à deux États au conflit israélo-palestinien.

Soulignant combien il est important de parler de la zone C dans le contexte de l’expansion des colonies israéliennes, Mme El-Hassan soutient que cette zone «très fertile» est «directement liée aux moyens de subsistance des Palestiniens».

C’est «là que se trouvent la plupart des colonies», explique-t-elle, ajoutant que «l’occupation israélienne fait tout pour s’emparer» de cette zone.

«La terre et les moyens de subsistance sont directement liés aux systèmes alimentaires palestiniens. Cette perturbation et cette destruction ciblées des systèmes alimentaires palestiniens constituent une stratégie tactique du colonialisme de peuplement israélien, qui tente de rompre la relation d’interdépendance des autochtones à l’égard de la terre, quelles qu’en soient les conséquences.»

«Cela inclut le ciblage humanitaire, comme les dizaines de milliers de Palestiniens assassinés, ou environnemental, comme les centaines de milliers de tonnes d’émissions à effet de serre produites par Israël au cours des derniers mois.»

Le 29 avril, les États-Unis ont déclaré que cinq unités des forces de sécurité israéliennes avaient commis des «violations flagrantes des droits de l’homme» contre des Palestiniens en Cisjordanie avant le 7 octobre; ils n’ont pourtant interdit à aucune de ces unités de recevoir le soutien militaire américain, rapporte Reuters.

Les accords d’Oslo cherchaient à ouvrir la voie à une solution à deux États au conflit israélo-palestinien. (AFP)
Les accords d’Oslo cherchaient à ouvrir la voie à une solution à deux États au conflit israélo-palestinien. (AFP)

Le 3 mai, deux groupes «extrémistes» et quatre individus en Israël ont été accusés de violences en Cisjordanie dans le cadre d’un nouvel ensemble de mesures contre les colons.

Faisant allusion aux colons juifs qui vivent en Cisjordanie occupée, le bureau du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, affirme que «la grande majorité des habitants de Judée et de Samarie sont des citoyens respectueux de la loi. Israël agit contre tous ceux qui violent la loi en tous lieux. Il n’y a donc pas lieu de recourir à des mesures draconiennes dans ce domaine».

En juillet de l’année dernière, au moins 3 000 Palestiniens ont fui leurs foyers dans le camp de réfugiés de Jénine, qui abrite environ 18 000 personnes, après que l’armée israélienne a lancé ce que les responsables palestiniens décrivent comme la plus grande opération dans la région depuis deux décennies.

Israël a déclaré viser un centre de commandement militant palestinien.

Affirmant que «la base du colonialisme de peuplement est le vol de terres», Mme El-Hassan accuse Israël d’avoir prouvé, au cours des soixante-seize dernières années, qu’il «ferait tout ce qu’il faut pour prendre ce territoire par la force, à savoir le détruire, l’exploiter et y commettre un génocide».

«Les communautés palestiniennes sont physiquement enracinées dans notre terre, indique-t-elle à Arab News. Notre relation avec cette terre n’est pas seulement symbolique, elle est symbiotique. Ce n’est pas transactionnel, c’est réciproque. En tant que peuple autochtone de cette terre, nous en sommes les gardiens.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Une nation plus saine et plus verte au cœur de la Semaine de l'environnement 2025

Le bus est un voyage pour le visiteur, du passé au présent, montrant les pratiques durables que les gens utilisaient autrefois pour coexister avec la nature et la biodiversité. (AN Haifa Alshammari)
Le bus est un voyage pour le visiteur, du passé au présent, montrant les pratiques durables que les gens utilisaient autrefois pour coexister avec la nature et la biodiversité. (AN Haifa Alshammari)
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  • L'objectif est de sensibiliser les écoliers.
  • Le thème de cette année est « Notre environnement est un trésor ».

RIYAD : Les organisateurs de la Semaine de l'environnement en Arabie saoudite visent à renforcer l'engagement du public pour assurer un avenir prospère et plus écologique au pays.

L'événement a débuté dimanche en présence du ministre de l'Environnement, de l'Eau et de l'Agriculture, Abdulrahman Al-Fadley, et du ministre d'État aux Affaires étrangères, Adel Al-Jubeir.

Reema Obaid, l'une des participantes, a déclaré à Arab News : « Nous sommes ici dans le cadre de l'initiative de sensibilisation à l'environnement, qui vise à prendre conscience de l'importance de notre environnement pour qu'il soit plus sain et plus vert ».

Mme Obaid a expliqué que les enfants pouvaient se rassembler à son stand pour planter des graines ou des boutures. Ils peuvent ensuite emporter leurs plantes ou en faire don aux parcs nationaux du Royaume. 

Une autre activité est le « Green Leader », financé par le Fonds national pour l'environnement. Il s'agit d'un bus vert qui symbolise l'évolution du pays en matière de durabilité, du passé au présent.

Weed Al-Balawi, l'un des initiateurs du projet, a déclaré que le bus avait été conçu pour « transmettre des concepts majeurs concernant la durabilité, la conservation des ressources, le patrimoine ancestral et la technologie dans le domaine de la conservation de l'environnement ».

L'objectif était d'assurer un « moyen simple et agréable d'atteindre le groupe cible, c'est-à-dire les enfants de l'école primaire au collège », a-t-il expliqué.

Elle a expliqué que les stations éducatives de l'événement avaient été créées pour permettre au public de découvrir comment les gens appliquaient des pratiques durables dans leur vie quotidienne, pour coexister avec la nature et la biodiversité.

La dernière station montrait les pratiques actuelles, notamment la façon dont la technologie est utilisée aujourd'hui pour protéger l'environnement, a déclaré Mme Al-Balawi. 

L'un des exemples présentés était l'abreuvoir à chameaux, dans lequel les gens avaient l'habitude de creuser un petit puits à côté de celui qu'ils utilisaient pour boire.

Cette technique ancienne visait à prévenir la propagation des maladies des animaux aux humains et à réduire la quantité d'eau gaspillée.

Intitulée « Notre environnement est un trésor », la manifestation se tiendra jusqu'au 26 avril cette année.

L'un des temps forts a été le lancement de l'indice national de performance environnementale, un outil stratégique permettant de suivre les progrès accomplis et d'orienter les politiques.

Treize accords ont été signés entre les entités du ministère et le secteur privé afin d'améliorer la collaboration dans les projets environnementaux. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Parlons franchement : Le point de vue de l'Autorité palestinienne

Varsen Aghabekian affirme qu'Israël n'a pas l'intention d'arrêter la guerre de Gaza et continue d'agir en toute impunité. (Photo AN)
Varsen Aghabekian affirme qu'Israël n'a pas l'intention d'arrêter la guerre de Gaza et continue d'agir en toute impunité. (Photo AN)
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  • "Ce qui peut être fait, c'est d'arrêter cette guerre génocidaire", a-t-elle déclaré. "L'impunité dont jouit Israël depuis longtemps ne fait qu'engendrer plus de violence.
  • Mme Aghabekian estime que l'effondrement de l'accord de cessez-le-feu au début de l'année était inévitable, étant donné que les dirigeants politiques et militaires d'Israël n'ont jamais caché leurs intentions plus vastes.

RIYAD : Alors que Gaza subit les conséquences d'un conflit implacable qui a fait des dizaines de milliers de morts et laissé ses infrastructures en ruines, Mme Varsen Aghabekian, ministre d'État palestinienne chargée des affaires étrangères et des expatriés, affirme qu'Israël n'a pas l'intention d'arrêter ce qu'elle décrit comme une guerre génocidaire - et continue d'agir en toute impunité.

S'exprimant dans le cadre de l'émission d'actualité hebdomadaire d'Arab News "Frankly Speaking", Mme Aghabekian a exhorté la communauté internationale à intervenir et à mettre un terme à l'offensive qui, selon elle, a transformé Gaza en un champ de bataille.

"Ce qui peut être fait, c'est d'arrêter cette guerre génocidaire", a-t-elle déclaré. "L'impunité dont jouit Israël depuis longtemps ne fait qu'engendrer plus de violence. Et aujourd'hui, nous ne voyons que la destruction et le meurtre de nouveaux civils à Gaza".

L'aide à Gaza est bloquée depuis plus d'un mois et demi et plus de 60 000 enfants souffrent de malnutrition, selon les agences d'aide internationale. "Il est temps de dire que cela suffit et de mettre fin à cette agression, à cette guerre génocidaire dont la brutalité s'accroît de jour en jour à Gaza", a-t-elle déclaré.

Mme Aghabekian estime que l'effondrement de l'accord de cessez-le-feu au début de l'année était inévitable, étant donné que les dirigeants politiques et militaires d'Israël n'ont jamais caché leurs intentions plus vastes.

"L'accord de cessez-le-feu va continuer à s'effondrer parce qu'Israël n'a pas l'intention d'arrêter cette guerre", a-t-elle déclaré. Son ministre de la défense, Israël Katz, a déclaré l'autre jour : "Nous n'avons même pas l'intention de quitter Gaza, le Liban ou la Syrie". Il s'agit là de messages très clairs indiquant que cette guerre se poursuivra et qu'elle ne fera qu'aggraver le désastre pour les Palestiniens de Gaza et, probablement, pour l'ensemble de la région.

Face aux propositions de puissances étrangères telles que l'administration Trump visant à réinstaller les Palestiniens ou à réaffecter Gaza au tourisme, M. Aghabekian maintient que seuls les plans ancrés dans la justice et la dignité réussiront.

"Nous savons que les États-Unis apportent un soutien indéfectible aux Israéliens", a-t-elle déclaré. "Tout plan pour Gaza ou les Palestiniens doit respecter la dignité et les droits du peuple palestinien. Tout autre plan ne fonctionnera pas et n'apportera pas la paix dans la région".  

Varsen Aghabekian affirme qu'Israël n'a pas l'intention d'arrêter la guerre de Gaza et continue d'agir en toute impunité. (Photo AN)
Varsen Aghabekian affirme qu'Israël n'a pas l'intention d'arrêter la guerre de Gaza et continue d'agir en toute impunité. (Photo AN)

Une paix durable, dit-elle, dépend de la reconnaissance internationale des droits des Palestiniens. "Ces droits, comme je l'ai dit, sont inscrits dans le plan de partage de 1948. Ce plan prévoyait deux États. Un État existe aujourd'hui sur le terrain. Il est maintenant temps de matérialiser le second État", a-t-elle déclaré.

Elle a ajouté que l'État palestinien avait déjà été reconnu par 149 pays et qu'il bénéficiait du statut d'observateur auprès des Nations unies. "Il ne s'agit pas d'une terre contestée, mais d'une terre occupée", a-t-elle déclaré. "C'est la terre de l'État de Palestine.

Au cours de sa dernière administration, le président américain Donald Trump s'est fait le champion des accords de normalisation entre les États arabes et Israël dans le cadre des accords d'Abraham. Bien qu'elle reconnaisse le pessimisme généralisé quant à son retour à la Maison Blanche, Mme Aghabekian a déclaré qu'elle restait prudemment optimiste.

"Si le président Trump veut forger la paix et laisser un héritage de paix, alors cette paix a un cadre et implique le respect et les droits légitimes des Palestiniens", a-t-elle déclaré à Katie Jensen, animatrice de l'émission "Frankly Speaking".

"Je garde donc l'espoir que cela arrivera à la table du président Trump et aux oreilles du président Trump, et qu'il verra que l'avenir du Moyen-Orient inclut les droits des Palestiniens sur leur État, tels qu'ils sont inscrits dans le droit international."

Ses commentaires interviennent alors que les frappes israéliennes sur Gaza continuent de susciter l'indignation de la communauté internationale. Une récente attaque contre l'hôpital arabe Al-Ahli, le dimanche des Rameaux, a forcé les patients à descendre dans la rue. Israël a affirmé que le site était utilisé comme centre de commandement du Hamas.

"La guerre génocidaire à Gaza n'est justifiée d'aucune manière", a déclaré M. Aghabekian. "Et bombarder un hôpital qui fonctionne partiellement et qui fait partie d'un système qui a été dévasté au cours des 19 derniers mois n'est en aucun cas justifié. Bombarder un hôpital chrétien un dimanche des Rameaux est extrêmement révélateur".

La campagne militaire israélienne à Gaza a été lancée en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023 menée par le Hamas contre le sud d'Israël, qui a fait plus de 1 200 morts et 250 otages.

En 18 mois, la guerre a tué au moins 51 065 personnes, selon les autorités sanitaires de Gaza. La semaine dernière, le Hamas a officiellement rejeté la dernière proposition de cessez-le-feu d'Israël, affirmant qu'il était prêt à négocier un accord prévoyant la libération des 59 otages qu'il détient encore, dont 24 seraient encore en vie, en échange de la fin de la guerre. Israël avait proposé un cessez-le-feu de 45 jours en échange de la libération de 10 otages.

M. Aghabekian a déclaré que la poursuite des assassinats de civils palestiniens - y compris de travailleurs humanitaires - à Gaza est un indicateur frappant de la brutalité incontrôlée. "Même après le cessez-le-feu, nous avons constaté que plus de 2 000 Palestiniens ont été tués, et ces Palestiniens sont des civils ; ils n'ont absolument rien à voir avec le Hamas", a-t-elle déclaré. "Aujourd'hui, rien n'a été fait parce que tout se passe en toute impunité. 

De la fumée s'élève de Gaza après une frappe aérienne, vue du côté israélien de la frontière, le 20 avril 2025. (Reuters)
De la fumée s'élève de Gaza après une frappe aérienne, vue du côté israélien de la frontière, le 20 avril 2025. (Reuters)
 

Les efforts visant à instaurer la paix par le biais de la diplomatie régionale se poursuivent. Mme Aghabekian a évoqué un plan de reconstruction de Gaza en trois étapes, présenté par la Ligue arabe et soutenu par le monde islamique et certaines parties de l'Europe. Elle a toutefois reconnu la résistance à laquelle ce plan est confronté, notamment de la part des États-Unis et d'Israël.

"Nous devons poursuivre nos efforts diplomatiques", a-t-elle déclaré. "Nous savons que la voie militaire ne nous mène nulle part. Et nos efforts militaires visent à mobiliser la communauté internationale avec plusieurs initiatives aujourd'hui pour mettre fin à l'occupation. Nous avons la prochaine conférence internationale, dirigée par la France et l'Arabie saoudite, qui se tiendra à New York au milieu de l'année. Nous avons également l'alliance mondiale sur la matérialisation de l'État de Palestine. Nous poursuivrons nos efforts en vue de la reconnaissance de la Palestine et de son adhésion à part entière, ainsi que nos efforts auprès des organisations internationales, telles que le Conseil des droits de l'homme et l'UNESCO".

Malgré les difficultés, elle estime qu'une dynamique se met en place. "Nous l'avons vu lors du dernier sommet, et nous constatons le soutien et l'unité de l'Organisation de la coopération islamique (OCI). Nous avons vu l'unité des pays européens et d'autres qui nous donnent des ondes positives sur le plan et la possibilité de maintenir ce plan à l'avenir", a-t-elle déclaré. "C'est le seul plan aujourd'hui sur la table qui puisse nous faire avancer. Il fait l'objet d'un consensus et est conforme à l'initiative de paix arabe de 2002".

Pourtant, les obstacles restent considérables. La dernière proposition de cessez-le-feu d'Israël exigerait le désarmement du Hamas et la libération de tous les otages vivants. M. Aghabekian a prévenu que de telles conditions étaient irréalistes compte tenu de la dévastation subie par les Palestiniens.

"Un cessez-le-feu durable implique, bien sûr, de répondre aux exigences des deux parties, mais aujourd'hui, les Palestiniens ont été écrasés au cours des 19 derniers mois", a-t-elle déclaré. "Une paix durable devrait leur permettre d'ouvrir les frontières, de nourrir la population, de commencer à apporter une aide immédiate sur le terrain et de faire tout ce qu'il faut pour que cette guerre génocidaire s'arrête. Nous espérons que la raison l'emportera de part et d'autre et que nous atteindrons ce stade aujourd'hui avant demain".

Répondant aux critiques concernant la légitimité de l'Autorité palestinienne, en particulier à Gaza, elle a reconnu que les difficultés persistantes et la stagnation politique ont érodé la confiance du public.

"Si nous voyons quelque chose bouger sur le plan politique, les gens commenceront à comprendre qu'il y a un espoir pour l'avenir", a-t-elle déclaré. "Aujourd'hui, le responsable ou le mandataire de l'État palestinien occupé est l'Autorité palestinienne. Et cette autorité doit avoir les moyens de répondre aux besoins de son peuple."

L'Organisation de libération de la Palestine (OLP) reste le cadre sous lequel toutes les factions doivent se rassembler si l'on veut parvenir à l'unité. "N'importe qui peut rejoindre l'OLP, mais il faut accepter ce que représente l'OLP, accepter les accords signés par l'OLP et accepter la vision politique de l'OLP", a-t-elle déclaré.

À la question de savoir si les Palestiniens ordinaires ont encore confiance dans l'OLP, Mme Aghabekian a répondu que cette confiance était conditionnelle. "Je pense que la confiance peut fluctuer en fonction de ce qui se passe sur le terrain", a-t-elle déclaré. "Et, comme je l'ai dit plus tôt, si les gens voient quelque chose bouger en termes de vision de l'OLP sur une Palestine libre, une Palestine souveraine, la libération du peuple palestinien, apportant au peuple un avenir meilleur bientôt, alors les gens se rallieront derrière l'OLP, et l'OLP peut se tourner vers l'intérieur et penser à la réforme de l'OLP". 

S'exprimant dans l'émission d'actualité hebdomadaire d'Arab News "Frankly Speaking", M. Aghabekian a exhorté la communauté internationale à intervenir et à mettre un terme à l'offensive dans la bande de Gaza. (Photo AN)
S'exprimant dans l'émission d'actualité hebdomadaire d'Arab News "Frankly Speaking", M. Aghabekian a exhorté la communauté internationale à intervenir et à mettre un terme à l'offensive dans la bande de Gaza. (Photo AN)

En ce qui concerne la Cisjordanie, elle s'est déclarée alarmée par l'ampleur de l'expansion actuelle des colonies. "Nous avons vu de plus en plus d'accaparements de terres, de brutalités, de violations sur le terrain, de retenues de nos impôts, de déplacements de populations, d'attaques contre l'UNRWA et les camps de réfugiés, d'accaparements de terres pour l'élevage - et c'est quelque chose de nouveau pour les Palestiniens", a-t-elle déclaré.

"L'occupation se renforce et s'enhardit à tous les niveaux.

Elle a appelé à une plus grande pression sur Israël pour qu'il se conforme au droit international. "Les déclarations sont sans effet si aucune mesure concrète n'est prise sur le terrain", a-t-elle déclaré. "Ce qu'il faut faire, c'est demander à Israël de rendre des comptes.

Citant des centaines de résolutions des Nations unies et un avis historique de la Cour internationale de justice appelant à la fin de l'occupation israélienne, elle a déclaré que les mécanismes d'application étaient attendus depuis longtemps.

"Il y a des mesures qui peuvent être prises dès maintenant : que faisons-nous de la violence des colons, des colons qui s'installent sur des terres volées et occupées ? Que faisons-nous des produits des colonies ? Que faire des colons qui ont la double nationalité ? Que faire des armes envoyées ou vendues à Israël ? a déclaré M. Aghabekian, ajoutant qu'il était temps que la communauté internationale montre les dents.

Tout en mettant en garde contre le risque d'une troisième intifada, elle a déclaré que les dirigeants de l'Autorité palestinienne s'efforçaient d'éviter de nouvelles victimes civiles. "Nous ne voulons pas transférer ce qui se passe à Gaza en Cisjordanie, et c'est déjà en partie le cas", a-t-elle déclaré. "Les dirigeants doivent donc épargner la vie de la population. 

M. Aghabekian a déclaré que l'arrêt de la CIJ constituait une base juridique pour agir. "Il a dit au monde entier qu'il ne s'agissait pas d'un territoire contesté, mais d'un territoire occupé, et que l'occupation belligérante israélienne devait être démantelée", a-t-elle déclaré. "Il y a des mesures qui sont réalisables.

L'Autorité palestinienne se prépare également à gouverner la bande de Gaza, si les violences cessent. "L'Autorité palestinienne fait ses devoirs, se prépare et est prête à assumer ses responsabilités à Gaza", a déclaré Mme Aghabekian. "Il existe un plan accepté par 57 pays pour la réhabilitation, l'aide immédiate et la reconstruction de Gaza. Nous espérons que nous serons en mesure de commencer à travailler sur ce plan".

Elle a toutefois précisé que la mise en œuvre de ce plan dépendait du soutien extérieur. "Ces plans ont besoin de milliards de dollars, ils ont besoin que l'Autorité palestinienne ait les moyens de pratiquer la gouvernance sur le terrain.

Interrogée sur la possibilité qu'Israël ou ses alliés finissent par accepter une version modifiée du plan de la Ligue arabe, Mme Aghabekian a déclaré que toutes les parties devaient être disposées à discuter. "C'est une question de concessions mutuelles", a-t-elle déclaré. "En fin de compte, ce que nous voulons, c'est atteindre l'objectif d'arrêter cette guerre génocidaire et de permettre à l'aide d'entrer et à nous de commencer nos efforts d'aide et de construction. Si cela doit être discuté plus avant, je pense que nous sommes ouverts à la discussion".

Mais le bilan humain continue de s'alourdir. "Les Palestiniens continueront à perdre la vie parce qu'Israël n'a pas l'intention d'arrêter cette guerre", a-t-elle déclaré. "Il n'y a aucune justification à la poursuite de la guerre, et un accord peut être trouvé s'il y a une véritable intention. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 

 

 

 

 

 

 


Découverte d'un écosystème inhabituel dans les récifs coralliens de la mer Rouge : étude KAUST-NCW

Malgré la faible teneur en oxygène et l'acidité élevée des eaux profondes de Difat Farasan, les coraux, les poissons et d'autres animaux se sont révélés prospères. (Photo KAUST)
Malgré la faible teneur en oxygène et l'acidité élevée des eaux profondes de Difat Farasan, les coraux, les poissons et d'autres animaux se sont révélés prospères. (Photo KAUST)
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  • Malgré la faible teneur en oxygène et l'acidité élevée des eaux profondes, les animaux marins se sont révélés prospères, selon une étude.
  • Un écosystème inattendu a été découvert à Difat Farasan, près de la frontière entre l'Arabie saoudite et le Yémen.

RIYAD : Des scientifiques marins ont découvert des créatures prospérant dans les eaux profondes de la mer Rouge, où elles ne sont pas censées survivre, a annoncé l'Université du roi Abdallah pour la science et la technologie.

Cet écosystème inhabituel a été découvert à Difat Farasan, près de la frontière entre l'Arabie saoudite et le Yémen, et a fait l'objet d'un article dans la revue scientifique PNAS Nexus par une équipe de scientifiques de la KAUST et du Saudi National Center for Wildlife (NCW), a indiqué la KAUST dans un communiqué de presse publié sur son site web.

Également connu sous le nom de Farasan Bank, Difat Farasan est situé sous le troisième plus grand système de récifs coralliens du monde et le plus grand de la mer Rouge.

Malgré la faible teneur en oxygène et l'acidité élevée des eaux de Difat Farasan, les coraux, les poissons et d'autres animaux prospèrent. 

« Plusieurs créatures ont montré des stratégies d'adaptation inattendues à cet environnement extrême. Les poissons nagent plus lentement et les coraux sont en bonne santé dans des conditions qui empêchent normalement la calcification de leur squelette », indique le communiqué, qui précise que la calcification est nécessaire à la croissance et à la survie des coraux.

« La capacité de ces animaux à vivre dans des zones chaudes et appauvries en oxygène suggère qu'ils réduisent de manière inhabituelle la quantité d'oxygène dont ils ont besoin pour vivre. Cette découverte souligne la nécessité d'une exploration plus poussée des zones côtières tropicales profondes, car elles peuvent abriter des écosystèmes inattendus », a déclaré le Dr Shannon Klein, chercheur à la KAUST, qui a dirigé l'étude.

L'étude note également que si les récifs coralliens se trouvent généralement dans des eaux peu profondes, des dépressions de plus de 200 mètres de profondeur ont été découvertes dans le système de récifs coralliens du banc Farasan.  

« Étant donné que l'appauvrissement de l'oxygène dans la mer est l'une des conséquences de l'augmentation des températures, une étude plus approfondie de la façon dont ces créatures vivent dans la mer pourrait nous aider à comprendre comment la vie marine peut résister aux défis du changement climatique », indique l'étude. 

« Cette recherche souligne l'importance de la mer Rouge en tant que laboratoire naturel pour l'étude de la résilience marine. La découverte d'écosystèmes qui prospèrent dans des conditions extrêmes nous permet de mieux comprendre comment la vie marine s'adapte et souligne la nécessité de poursuivre l'exploration et la conservation de ces habitats uniques », a déclaré Mohammad Qurban, PDG du National Center for Wildlife et contributeur à l'étude. 

Froukje van der Zwan, professeure adjointe à la KAUST, Francesca Benzoni, professeure associée, et Carlos Duarte, professeur distingué de la KAUST Ibn Sina, ont également contribué à l'étude. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com