Liban : les enjeux et les dessous d’une «initiative française» toujours d’actualité

Le président français Emmanuel Macron prononce le discours d'ouverture d'une vidéoconférence internationale des donateurs pour le Liban au Palais présidentiel de l'Elysée à Paris le 2 décembre 2020. (Ian LANGSDON / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron prononce le discours d'ouverture d'une vidéoconférence internationale des donateurs pour le Liban au Palais présidentiel de l'Elysée à Paris le 2 décembre 2020. (Ian LANGSDON / POOL / AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 08 janvier 2021

Liban : les enjeux et les dessous d’une «initiative française» toujours d’actualité

  • Le Liban est un pays important pour la France, car francophone et décisif pour l’influence française en Orient, et il aussi est un carrefour géopolitique dans la Méditerranée orientale visé par un expansionnisme turc inquiétant
  • Emmanuel Macron s'est vu contraint de se prononcer en faveur du retour de Saad Hariri, car c'était la seule alternative pour déclarer que son initiative n’avait pas échoué et qu’elle restait toujours d’actualité

PARIS : La France n’a pas renoncé à son initiative au Liban, lancée en août dernier. Elle estime toujours qu’elle est la seule alternative pour mettre fin au naufrage d’un pays qui ressemble désormais à un Titanic qui «coule sans orchestre». Quels sont les enjeux qui incitent le président Emmanuel Macron à persister dans sa démarche? Et quels sont les dessous du blocage de la situation libanaise et de la méthode française pour démêler cet imbroglio ? 

En ce début 2021, la France ne s’avance pas masquée au Liban. Elle continue d’agir avec prudence en menant une politique attentiste, tout en essayant en coulisses de tirer les ficelles pour «secouer» la classe politique libanaise. Elle poursuit son action, en tenant compte de la dimension régionale de l’impasse libanaise, en particulier la question iranienne et le poids décisif que pourrait jouer Washington dans toute solution potentielle.

L’année 2020 a été terrible pour le Liban, où trois crises se sont cumulées : économique et financière, sanitaire et politique. Les deux grandes explosions du 4 août dernier au port de Beyrouth, et leur désastreux bilan humain et matériel, n’ont fait qu’accentuer les crises en cours et la faillite de l’État. Conscient du cercle vicieux libanais et de la plus grave crise financière qu’ait connu le pays du Cèdre depuis la création du Grand-Liban il y a cent ans, le président français s’est rendu deux fois au Liban en 2020 (il projetait de s’y rendre une troisième fois fin décembre, mais a dû annuler son voyage après avoir été contaminé par la Covid-19). Il a déployé tout son talent pour inciter les différents dirigeants libanais à s’entendre pour sauver in extremis leur pays de la faillite et pour que le Liban (maillon faible ou victime de son environnement géopolitique) ne soit pas sacrifié – comme à son habitude – sur l’autel de deals passés entre acteurs extérieurs.

Un carrefour géopolitique

Certes, la France porte une responsabilité particulière, compte tenu des liens historiques, culturels, économiques et humains qui existent avec le Liban. Mais, les enjeux d’un sauvetage du Liban ne répondent pas à des intérêts économiques somme toute limités ou ne s’expliquent pas par des liens passionnels entre les deux pays. Ils tiennent surtout à des questions politiques: le Liban est vu comme un carrefour géopolitique dans la Méditerranée orientale visé par un expansionnisme turc inquiétant pour Paris et l’Europe. Le Liban est également un pays important, car francophone et donc décisif pour l’influence française en Orient. Paris constate avec amertume la crise existentielle qui frappe le Liban, au bord de la faillite financière et politique, et mis en danger par ses liens de plus en plus étroits avec l’axe iranien, et son éloignement des pays arabes. 

En ce début 2021, la France ne s’avance pas masquée au Liban. Elle continue d’agir avec prudence en menant une politique attentiste, tout en essayant en coulisses de tirer les ficelles pour «secouer» la classe politique libanaise.

Emmanuel Macron pense que sa tentative de sauvetage vaut la peine, contrairement à d’autres acteurs internationaux, et la France se distingue par sa position singulière, en accordant une place prioritaire au dosser libanais. Il veut mettre en place une politique à la hauteur des enjeux, constatant avec dépit que le pays du Cèdre est en train de perdre tout ce qui le distinguait auparavant: un système bancaire attractif, l’incontournable port de Beyrouth, la qualité de l’enseignement varié et le multilinguisme, et son système médical développé.

Ainsi, la France a voulu agir vite, proposant un moratoire sur les principaux différends politiques (intérieurs et extérieurs, comme l’armement du Hezbollah ou le conflit entre axes régionaux), afin de former un «gouvernement de mission» composé d’experts ou d’indépendants validés par la classe politique et les institutions, tout en ne proposant pas des élections anticipées (une revendication faite par certains partis et des groupes de la «révolution du 17 octobre»), à la suite du véto opposé par le Hezbollah. 

Les dessous du blocage 

Plus de cinq mois après la première visite de Macron au Liban, l’impasse reste totale. Une première tentative de former un gouvernement a échoué quand l’ambassadeur Mustapha Adib, désigné Premier ministre, s’est heurté aux exigences de la composante chiite qui a voulu conserver le portefeuille des Finances et qui s’est opposée à l’idée d’un roulement des ministères selon les confessions, l’un des points-clé de l’initiative française. Le refus de la composante chiite, le Hezbollah et le mouvement Amal, de coopérer a été perçu comme une réaction aux sanctions prises par les Américains contre deux anciens ministres libanais accusés de collision avec le Hezbollah, confirmant ainsi l’importance des facteurs extérieurs dans la politique intérieure libanaise. Plusieurs pans de l’opinion publique libanaise et certaines forces politiques ont fait remarquer que toute tentative de solution ou de réformes ne pourrait pas aboutir si le pays n’était pas à même de recouvrer sa souveraineté, écornée par le Hezbollah et son parrain iranien.

Sur cette question, la déception française a été unanime: le pari de l’Hexagone sur un rôle facilitateur du Hezbollah a échoué. L’ancien ambassadeur de France à Beyrouth, Bruno Foucher, n’a-t-il pas cessé de répéter que le dialogue français constant avec l’Iran (et le Hezbollah) représentait «une valeur ajoutée» de la diplomatie française ? Mais, à l’épreuve des faits, l’avantage supposé de cette dernière n’a pas pesé. L’autre déception de l’Élysée concerne sans doute la quasi–totalité des dirigeants politiques libanais, qui n’ont pas respecté leurs engagements en faisant prévaloir leurs revendications partisanes sur l’intérêt national. Sans doute, la corruption systématique représente-t-elle un mal chronique mutuellement lié à l’érosion de l’aura de l’État (et à l’État dans l’État représenté par le Hezbollah). 

Plus de cinq mois après la première visite de Macron au Liban, l’impasse reste totale. Une première tentative de former un gouvernement a échoué quand l’ambassadeur Mustapha Adib, désigné Premier ministre, s’est heurté aux exigences de la composante chiite qui a voulu conserver le portefeuille des Finances et qui s’est opposée à l’idée d’un roulement des ministères selon les confessions, l’un des points-clé de l’initiative française.

Ce premier échec n’a pas sapé tous les efforts français. À la suite de la démission de Hassan Diab, la France s’est félicitée du choix de l’ambassadeur Adib, un homme m’appartenant pas à l’élite politique traditionnelle. La cellule élyséenne qui pilote le dossier libanais a tenté à ce moment de contourner le veto américain à l’encontre du Hezbollah, en poussant à la formation d’une équipe ministérielle indépendante. Mais cette option ayant tourné court, Paris, après une longue attente, est revenu à un choix plus classique, en soutenant le retour de Saad Hariri, espérant que ses deux «amis» (le général Aoun et Saad Hariri) s’entendent pour sauver un système libanais à la dérive, offrant ainsi à la diplomatie française un certain succès. 

Équilibres politiques

Ce choix a été fait en dépit de réserves de certains membres de la cellule élyséenne qui ont mis en garde contre le retour d’un Hariri «incompétent et impopulaire». Mais d’autres membres ont vu dans l’héritier de Rafic Hariri l’homme capable de gérer de manière réaliste les équilibres politiques au Liban, une position finalement adoptée par le président français.

Les premiers plaidaient pour la formation d'un gouvernement dominé par des technocrates et des indépendants, mais validé par les forces politiques internes et externes, y compris le Hezbollah. En pratique, Macron s'est vu contraint d'adopter la deuxième option, car c'était la seule alternative pour déclarer que son initiative n’avait pas échoué et qu’elle restait toujours d’actualité. Après s’être davantage impliqué dans le dossier libanais, il a considéré que Paris avait plus à perdre de la chute de l'État libanais, dans sa forme actuelle, dans la mesure où la France perdrait ainsi une position-clé qu’il serait incapable de retrouver au Moyen-Orient, lieu de confrontation de nombreux acteurs régionaux et internationaux.

Saad Hariri a déjà été Premier ministre du Liban de 2009 à 2011 et de 2016 à 2020. Il n’a hélas brillé ni par ses réformes, ni par sa gestion du pays, ni par sa résistance aux prétentions du Hezbollah, ni par le partage du pouvoir avec le gendre du président Aoun, l’ancien ministre chrétien Gebran Bassil. Il n’a toujours pas réussi à composer un gouvernement technique capable de réaliser les réformes requises pour le pays. Cependant, dès le début, il est apparu que les chances de Hariri ne seraient pas meilleures que celles de Moustapha Adib, en raison de plusieurs éléments: l’absence de changement dans la politique américaine, la persistance du litige avec le duo Aoun–Bassil concernant le partage de portefeuilles, et l’insistance du Hezbollah pour maintenir sa présence au gouvernement. 

Le Hezbollah au cœur de l’équation

Selon les «fuites» de la «cellule du Liban» à l'Élysée, Paris tient à la fois Aoun et Hariri responsables de l'avortement de la formation du gouvernement, et insiste afin qu’ils travaillent ensemble pour réparer les fissures. Paris regrette que cette impasse fasse rater au Liban une occasion de mettre fin  à l'effondrement du pays, et empêche le lancement de négociations sérieuses avec la communauté internationale afin de financer un programme de réformes majeur dont le Liban a plus que jamais besoin. Paris estime que Hariri devrait ouvrir un canal direct avec Gebran Bassil en tant que chef du plus grand bloc parlementaire, et ne fermer les portes des négociations avec aucun parti, pour faciliter la formation du gouvernement. Mais pour le moment, les souhaits français demeurent des vœux pieux. Plusieurs sources concordantes affirment que toutes les discussions sur les différences de quota au sein du gouvernement, les portefeuilles et les noms des ministres entre Hariri et l'équipe du président Michel Aoun ne visent qu'à dissimuler le vrai problème: la participation ou non du Hezbollah au gouvernement, et sous quelle forme.

Face à cette impasse, certaines sources avancent que la France a misé sur le départ de l'administration Trump et l’arrivée de Joe Biden, comme le pariaient les cercles iraniens. Paris espère que son initiative libanaise pourra faire une percée, si l'intensité de la confrontation entre Washington et Téhéran commence à baisser à la fin de janvier 2021. On espère à la cellule élyséenne qu’un nouveau climat permettra la formation d'un gouvernement auquel le Hezbollah participera sous une forme ou une autre, dans le cadre d'un accord international-régional, dans lequel la France jouera un rôle primordial en le parrainant, comme cela a toujours le cas avant et après les accords de Taëf mettant fin à la guerre civile (1975-1990). Mais cet attentisme et ce pari sur l’avènement de l’administration Biden sont risqués car le dossier libanais n’est pas prioritaire et il n’est pas du tout certain que le climat s’apaise si vite entre Washington et Téhéran.

Face à cette impasse, certaines sources avancent que la France a misé sur le départ de l'administration Trump et l’arrivée de Joe Biden, comme le pariaient les cercles iraniens. Paris espère que son initiative libanaise pourra faire une percée, si l'intensité de la confrontation entre Washington et Téhéran commence à baisser à la fin de janvier 2021.

Par conséquent, Hariri tente de gagner du temps tant que le duo Amal-Hezbollah ne le lâche pas, tandis que la partie française le pousse à ne pas jeter l’éponge malgré les zizanies internes (surtout avec le camp du président Aoun). Hariri, qui tente toujours de ménager Washington, espère pour plus tard une normalisation de ses liens avec Riyad. 

Cet entêtement français à sauver in extremis le Liban ne trouve pas en pratique d’écho côté libanais. De plus, le contexte régional et la position américaine à l’encontre du Hezbollah, pourrait s’enliser dans le cas d’un attentisme de l’administration Biden à la manière d’En attendant Godot. De même, un ancien diplomate européen connaisseur du pays du Cèdre invite la France à changer de méthode au Liban et à tenter avec le Vatican et avec d’autres acteurs arabes une action concertée pour qu’elle soit efficace et productive. En somme, malgré toutes les contraintes extérieures et les initiatives amicales, le Liban ne semble toujours pas prêt à se sauver lui-même.


La CPI émet des mandats d'arrêt contre Netanyahu, Gallant et Deif

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
Short Url
  • La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire
  • Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a émis jeudi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef de la branche armée du Hamas Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes".

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye.

Dans un autre communiqué, elle émet un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, également pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La cour "a émis à l'unanimité un mandat d'arrêt contre M. Mohammed Diab Ibrahim Al-Masri, communément appelé +Deif+, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'État d'Israël et de l'État de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023".

Classés "secrets" 

Les mandats d'arrêt ont été classés "secrets", afin de protéger les témoins et de garantir la conduite des enquêtes, a déclaré la cour.

Mais la CPI "considère qu'il est dans l'intérêt des victimes et de leurs familles qu'elles soient informées de l'existence des mandats".

Le procureur de la CPI, Karim Khan, a demandé en mai à la cour de délivrer des mandats d'arrêt contre Netanyahu et Gallant (qui a été limogé début novembre par le Premier ministre israélien) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés à Gaza.

M. Khan a également demandé des mandats d'arrêt contre de hauts dirigeant du Hamas, dont Mohammed Deif, soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Selon Israël, Deif a été tué par une frappe le 13 juillet dans le sud de Gaza, bien que le Hamas nie sa mort.

Le procureur a depuis abandonné la demande de mandats d'arrêt contre le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et le chef du Hamas dans la bande de Gaza Yahya Sinouar, dont les morts ont été confirmées.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza a annoncé jeudi un nouveau bilan de 44.056 morts dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre avec Israël il y a plus d'un an.

Au moins 71 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures, a-t-il indiqué dans un communiqué, ajoutant que 104.268 personnes avaient été blessées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.


Liban: frappes sur la banlieue sud de Beyrouth après un appel israélien à évacuer

Short Url
  • La banlieue sud, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes systématiques, avait été visée par trois frappes israéliennes à l'aube, qui ont "détruit plusieurs bâtiments" selon l'Ani
  • Le porte-parole de l'armée israélienne a affirmé qu'elles avaient visé "des centres de commandement et des structures militaires" du Hezbollah

BEYROUTH: De nouvelles frappes ont visé jeudi matin la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah libanais contre lequel Israël est en guerre, peu après un appel de l'armée israélienne à évacuer, selon un média d'Etat libanais.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani) a rapporté trois frappes sur la banlieue sud, dont une "très violente sur Haret Hreik", un quartier de ce secteur, et précisé qu'un immeuble avait été détruit.

Sur les images de l'AFPTV, on peut voir des panaches de fumée s'élever d'au moins trois sites visés.

Les frappes ont été précédées par un appel du porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichai Adraee, sur les réseaux sociaux, à évacuer trois secteurs de la banlieue sud.

Après cet appel, des tirs nourris ont été entendus dans la banlieue, visant à avertir les habitants.

La banlieue sud, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes systématiques, avait été visée par trois frappes israéliennes à l'aube, qui ont "détruit plusieurs bâtiments" selon l'Ani.

Le porte-parole de l'armée israélienne a affirmé qu'elles avaient visé "des centres de commandement et des structures militaires" du Hezbollah.

Les frappes interviennent alors que l'émissaire américain Amos Hochstein tente de parvenir à un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais.

Après avoir vu les responsables libanais à Beyrouth, il doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle israélienne.

Les violences entre Israël et le mouvement pro-iranien, initiées par ce dernier au début de la guerre dans la bande de Gaza, ont fait plus de 3.550 morts depuis octobre 2023.

La plupart des victimes ont été tuées depuis que l'armée israélienne a déclenché fin septembre dernier une campagne massive de bombardements visant notamment les bastions du Hezbollah, suivie d'une offensive terrestre dans le sud du Liban.


Des frappes israéliennes font des dizaines de morts dans la bande de Gaza

"Il y a des dizaines de morts et de disparus sous les décombres", a déclaré à l'AFP Hossam Abou Safiyeh, directeur de l'hôpital Kamal Adwa près duquel a eu lieu la frappe.  "Des corps arrivent à l'hôpital en lambeaux", a-t-il ajouté, précisant que le système de santé était "à terre dans le nord de Gaza". (AFP)
"Il y a des dizaines de morts et de disparus sous les décombres", a déclaré à l'AFP Hossam Abou Safiyeh, directeur de l'hôpital Kamal Adwa près duquel a eu lieu la frappe. "Des corps arrivent à l'hôpital en lambeaux", a-t-il ajouté, précisant que le système de santé était "à terre dans le nord de Gaza". (AFP)
Short Url
  • Des dizaines de personnes ont été tuées jeudi dans des frappes israéliennes dans la bande de Gaza, ravagée par plus d'un an de guerre entre l'armée israélienne et le mouvement Hamas
  • Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir et s'est entretenu avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance du Premier ministre israélien

TERRITOIRES PALESTINIENS: Des dizaines de personnes ont été tuées jeudi dans des frappes israéliennes dans la bande de Gaza, ravagée par plus d'un an de guerre entre l'armée israélienne et le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Déclenchée le 7 octobre 2023 après une attaque d'une ampleur inédite du Hamas sur le sol israélien, la guerre à Gaza s'est propagée au Liban, où le mouvement pro-iranien Hezbollah a ouvert un "front de soutien" au mouvement palestinien.

Après des discussions à Beyrouth en vue d'obtenir une trêve entre l'armée israélienne et le Hezbollah, l'émissaire spécial du président américain, Amos Hochstein, doit rencontrer jeudi en Israël le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, à 12H30 (10H30 GMT).

Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir et s'est entretenu avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance du Premier ministre israélien.

Dans la bande de Gaza, la Défense civile a annoncé jeudi la mort de 22 personnes tuées dans la nuit par une frappe israélienne sur un quartier de Gaza-ville (nord).

"Nous confirmons que 22 martyrs ont été transférés (vers des hôpitaux) après une frappe ayant visé (une) maison (...) à Cheikh Radwan", a indiqué à l'AFP Mahmoud Bassal, porte-parole de l'organisation.

"Ici, il y a un martyr et un corps sans tête. Nous ne savons pas de qui il s'agit jusqu'à présent", témoigne auprès de l'AFPTV, Moataz Al-Arouqi, un Palestinien du quartier.

Une autre frappe survenue aux alentours de minuit (22H00 GMT) dans la zone de Beit Lahia et Jabalia (nord) a fait des dizaines de morts, selon des sources médicales.

"Il y a des dizaines de morts et de disparus sous les décombres", a déclaré à l'AFP Hossam Abou Safiyeh, directeur de l'hôpital Kamal Adwa près duquel a eu lieu la frappe.

"Des corps arrivent à l'hôpital en lambeaux", a-t-il ajouté, précisant que le système de santé était "à terre dans le nord de Gaza".

"Arrêt total de l'agression" 

La guerre dans le territoire palestinien a été déclenchée en riposte à l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, l'armée israélienne a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

Les Etats-Unis, alliés d'Israël, ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, malgré les appels internationaux demandant la fin du conflit.

Au Liban, Israël et le Hezbollah sont entrés en guerre ouverte le 23 septembre après un an de tirs transfrontaliers, et l'armée israélienne mène des incursions dans le sud du pays depuis le 30 septembre.

Israël dit vouloir éloigner le Hezbollah des régions frontalières du sud du Liban pour permettre le retour des quelque 60.000 habitants du nord d'Israël déplacés par les tirs du mouvement. Au Liban, des dizaines de milliers d'habitants ont également été déplacés.

L'ambassadrice américaine à Beyrouth, Lisa Johnson, avait présenté jeudi dernier au Premier ministre libanais, Najib Mikati, et au chef du Parlement, Nabih Berri, un plan en 13 points prévoyant une trêve de 60 jours et le déploiement de l'armée dans le sud du Liban.

Dans ce contexte, l'émissaire Amos Hochstein s'est rendu mardi à Beyrouth où il a déclaré qu'une solution était "à portée de main" mais que c'était aux belligérants de "décider".

Israël "ne peut pas nous imposer ses conditions", a prévenu mercredi le chef du Hezbollah, Naïm Qassem, disant exiger "l'arrêt total de l'agression" au Liban.

M. Netanyahu avait averti lundi que Israël "mènera(it) des opérations" militaires contre le Hezbollah même en cas de trêve.

"Très violente frappe" 

Pendant ce temps, les bombardements israéliens se poursuivent au Liban sur des bastions du Hezbollah. De nouvelles frappes ont visé jeudi matin la banlieue sud de Beyrouth, peu après un appel de l'armée israélienne à évacuer.

Plusieurs secteurs du sud du pays ont été ciblés, notamment la bourgade de Khiam, située à environ six kilomètres de la frontière, où des affrontements entre le Hezbollah et les forces israéliennes avaient éclaté la veille, selon l'Agence nationale d'information libanaise (Ani).

Jeudi matin, le porte-parole de l'armée en langue arabe, Avichay Adraee, a lancé des appels à évacuer aux habitants de trois zones proches de la ville de Tyr (sud).

Les violences entre Israël et le Hezbollah ont fait au Liban plus de 3.550 morts depuis octobre 2023, la plupart depuis le début de la campagne israélienne massive de bombardements le 23 septembre. Côté israélien, 79 militaires et 46 civils ont été tués en 13 mois.