AL-MUKALLA: Au moins six civils, dont deux femmes et deux enfants, ont été tués et de nombreux autres blessés mercredi lors d’une offensive d'artillerie lourde et de tirs de canon lancée par les Houthis dans la province méridionale de Ta’izz, a déclaré un responsable local yéménite à Arab News.
Le colonel Abdul Basit Al-Baher, porte-parole de l'armée yéménite dans la ville méridionale de Ta’izz, a déclaré que les Houthis soutenus par l'Iran ont lancé une attaque majeure dans la région d'Al-Haima, à l'est de la province. Elle ciblait un officier fidèle à l'ancien président Ali Abdullah Saleh.
Plus de 60 véhicules militaires, armes d'artillerie et canons ont été déployés dans l’attaque, a déclaré Al-Baher.
«Les Houthis ont bombardé la zone avec des armes lourdes qui ont tué et blessé au moins 18 civils, et détruit de nombreuses maisons», a déclaré l'officier militaire jeudi après-midi. Il a ajouté que des combattants houthis, postés en hauteur, ont bombardé la zone et abattu des habitants. «Des résidents du secteur nous ont appris que le raid est toujours en cours et que les Houthis sont déterminés à humilier les gens».
L'officier pris pour cible serait un tireur d'élite de la Garde républicaine, engagé dans la lutte contre les Houthis. Au cours de l’attaque, les miliciens ont fait sauter deux maisons et pris des enfants en otage afin de forcer le militaire à se rendre.
Des images publiées sur les réseaux sociaux montrent une épaisse fumée qui s’échappe des maisons et des fermes au moment où les Houthis bombardaient violemment la région. Un assaut similaire a eu lieu à Al-Haima en 2018, à la recherche de l’individu en question.
Toujours à Ta’izz, la Coalition RASD pour le suivi du dialogue national, une organisation yéménite qui documente les violations des droits de l'homme pendant la guerre, a déclaré le 4 janvier que plus de 70 attaques des Houthis contre des cibles civiles à Ta’izz du 1er novembre au 19 décembre ont tué 11 civils, dont six enfants, et en ont blessé 37 autres, dont 21 enfants et quatre femmes dans différents quartiers de Ta'izz. Les frappes de missiles et de mortiers des Houthis ont endommagé ou détruit 25 établissements officiels et privés.
Pendant que les attaques des Houthis s’intensifiaient jeudi, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, Martin Griffiths a atterri dans la ville portuaire d'Aden. Il a visité parties de l'aéroport d'Aden endommagées par l'attaque de missiles.
Le 30 décembre, trois missiles guidés ont frappé l’aéroport d’Aden peu après l’arrivée du nouveau gouvernement d’unité du Yémen. Le bilan : 27 morts, plus de cent blessés, et une indignation locale et internationale.
Le gouvernement yéménite a accusé les Houthis et les experts militaires iraniens d'avoir orchestré l'attaque. Il a par ailleurs demandé à la communauté internationale de designer le mouvement Houthi comme groupe terroriste.
La condamnation émanant de l'envoyé de l'ONU n’étant pas suffisante à leurs yeux, les responsables du gouvernement yéménite ont insisté à ce que ce dernier publie une déclaration. Ils réclament en effet que le diplomate dénonce les Houthis, leurs attaques contre les civils, et les embûches qu’ils sèment pour entraver le chemin vers la fin de la guerre et le rétablissement de la paix.
Lors d'une réunion avec le ministre yéménite des Affaires étrangères Ahmed Awadh ben Moubarak au palais présidentiel d'Aden jeudi, l'envoyé a réaffirmé son soutien au nouveau gouvernement et sa ferme condamnation de l'attaque meurtrière. Le ministre des Affaires étrangères a pour sa part exhorté les instances internationales à punir les Houthis pour avoir violé le droit international en ciblant une institution civile, ont déclaré des responsables à Arab News.
Mercredi, le président yéménite Abed Rabbo Mansour Hadi a réitéré devant Griffiths que l'Iran a ordonné aux Houthis de bombarder l'aéroport d'Aden afin de saper l’éventualité d'un accord de paix, chose que la milice n'a jamais pris au sérieux.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com