Unrwa: Israël n'a jamais exprimé de préoccupations au sujet du personnel de l’agence au cours des 13 dernières années

Israël affirme qu'au moins 12 membres du personnel de l'UNWRA ont participé aux attaques du 7 octobre et qu'ils ont utilisé des véhicules de l'ONU. (AFP)
Israël affirme qu'au moins 12 membres du personnel de l'UNWRA ont participé aux attaques du 7 octobre et qu'ils ont utilisé des véhicules de l'ONU. (AFP)
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Publié le Mercredi 24 avril 2024

Unrwa: Israël n'a jamais exprimé de préoccupations au sujet du personnel de l’agence au cours des 13 dernières années

  • L’examen indépendant, commandé par le secrétaire général de l’ONU, ajoute qu’Israël n’a fourni aucune preuve permettant d’étayer les allégations selon lesquelles douze employés de l'Unrwa auraient participé aux attaques du 7 octobre
  • Les conclusions de l’enquête, menée par l’ancienne ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, figurent dans un rapport de 48 pages publié lundi

NEW YORK: Israël n’a pas encore fourni de preuves permettant d’étayer les accusations selon lesquelles des membres du personnel de l’Office de secours et de travaux des nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (Unrwa) seraient affiliés à des groupes terroristes, révèle un examen indépendant dirigé par l’ancienne ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna.

Son enquête, qui a duré neuf semaines, a commencé après qu’Israël a accusé, en janvier, douze employés de l’Unrwa d’avoir participé aux attaques du Hamas contre Israël, le 7 octobre. Les enquêteurs ont également constaté qu’Israël n’avait jamais exprimé de préoccupations au sujet des personnes figurant sur les listes de personnel de l’agence qu’il recevait depuis 2011.

«En l’absence d’une solution politique entre Israël et les Palestiniens, l’Unrwa continue de jouer un rôle central dans la fourniture d’une aide humanitaire vitale et de services sociaux essentiels, notamment dans les domaines de la santé et de l’éducation, aux réfugiés palestiniens à Gaza, en Jordanie, au Liban, en Syrie et en Cisjordanie», souligne le rapport de quarante-huit pages publié lundi et consulté par Arab News.

«Ainsi, l’Unrwa est irremplaçable et indispensable au développement humain et économique des Palestiniens. En outre, nombreux sont ceux qui considèrent l’Unrwa comme une bouée de sauvetage humanitaire.»

L’agence, qui fournit de l’aide et des services aux réfugiés palestiniens à Gaza et dans toute la région, a été plongée dans une crise à la suite des allégations israéliennes. En réaction, les États-Unis, principal bailleur de fonds de l’Unrwa, et plusieurs autres donateurs importants ont suspendu leur financement de l’organisation. Au total, seize États membres de l’ONU ont suspendu ou interrompu leurs dons, tandis que d’autres ont imposé des conditions, ce qui a semé le doute sur l’avenir de l’agence.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, en concertation avec le commissaire général de l’Unrwa, Philippe Lazzarini, a ordonné un examen indépendant des allégations afin d’évaluer l’adhésion de l’agence au principe de neutralité et sa réponse aux accusations de non-respect de ce principe, en particulier dans le contexte difficile de la situation à Gaza.

Par ailleurs, M. Guterres a ouvert une enquête distincte menée par le Bureau des services de contrôle interne de l’ONU afin de déterminer l’exactitude des allégations formulées contre le personnel de l’Unrwa. L’agence a également rompu ses liens avec les travailleurs nommés par Israël.

Selon le rapport Colonna, le montant des sommes retenues pendant les interruptions de financement s’élevait à près de 450 millions de dollars (1 dollar = 0,93 euro). À la suite des mesures prises par l’ONU en réponse aux allégations israéliennes, plusieurs États membres ont rétabli leur financement. Ils ont toutefois demandé des précisions sur les événements en question et ils ont appelé au renforcement des mécanismes et procédures de l’Unrwa pour garantir la neutralité de ses travailleurs, notamment en ce qui concerne le contrôle et la surveillance du personnel.

Le groupe chargé de l’examen avait pour mission de «déterminer si l’Unrwa fait tout ce qui est en son pouvoir pour garantir la neutralité et répondre aux allégations graves de non-respect du principe de neutralité lorsqu’elles sont formulées».

«Toutes les parties ont fait preuve d’une excellente coopération, y compris le gouvernement israélien», déclare Mme Colonna à Arab News.

Son rapport rappelle que «l’Unrwa et son personnel ont l’obligation fondamentale de rester neutres afin de garantir l’intégrité de la mission de l’agence et l’efficacité de ses opérations.»

«La neutralité fait partie des engagements de l’ONU. Il s’agit de l’un des quatre principes humanitaires officiellement adoptés par l’Assemblée générale et soutenus par d’autres agences de l’ONU lorsqu’elles opèrent dans des contextes humanitaires. La neutralité signifie que les acteurs humanitaires ne doivent pas prendre parti dans les hostilités ou être impliqués dans des controverses de nature politique, raciale, religieuse ou idéologique.»

Le rapport Colonna propose plus de cinquante recommandations en vue d’améliorer les efforts visant à garantir la neutralité des trente-deux mille employés de l’Unrwa, notamment le développement du service de contrôle interne, l’augmentation du nombre de formations en présentiel et le renforcement du soutien des pays donateurs. Le rapport reconnaît toutefois que les mesures actuelles de l’Unrwa sont déjà plus strictes que celles de nombreuses organisations similaires.

«Les défis de l’Unrwa en matière de neutralité diffèrent de ceux d’autres organisations internationales en raison de l’ampleur de ses opérations, la plupart du personnel étant recruté localement et bénéficiant des services de l’Unrwa», note le rapport.

M. Guterres a indiqué qu’il acceptait les conclusions du rapport de Mme Colonna et qu’il était d’accord avec M. Lazzarini pour que l’Unrwa «établisse un plan d’action pour mettre en œuvre les recommandations figurant dans le rapport final».

Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général, a précisé que M. Guterres «compte sur la communauté des donateurs, les pays hôtes et le personnel pour coopérer pleinement à la mise en œuvre des recommandations».

«Le secrétaire général appelle toutes les parties prenantes à soutenir activement l’Unrwa, qui est une bouée de sauvetage pour les réfugiés palestiniens dans la région.»

Mme Colonna a déclaré lundi à New York que «la communauté internationale a la responsabilité d’aider et de soutenir l’Unrwa dans ses efforts pour résoudre les problèmes relatifs à la neutralité».

Au cours des neuf semaines d’enquête, son groupe a minutieusement examiné les mécanismes et protocoles existants de l’agence pour maintenir la neutralité et faire face aux violations potentielles. Les membres du groupe ont visité le siège et les bureaux de l’Unrwa à Amman, à Jérusalem et en Cisjordanie, et se sont entretenus avec diverses parties prenantes, notamment des responsables de l’agence et des représentants des États donateurs, des pays hôtes, d’Israël, de l’Autorité palestinienne, de l’Égypte, d’autres agences de l’ONU et d’organisations non gouvernementales.

Au total, le groupe chargé de l’examen a rencontré ou interrogé plus de 200 personnes, dont plusieurs membres du personnel de l’Unrwa à Gaza. Des contacts directs ont été établis avec des responsables de 47 pays et organisations.

L’examen révèle que l’Unrwa a mis en place un nombre important de mécanismes et de procédures pour garantir le respect des principes humanitaires, en mettant l’accent sur la neutralité, et qu’il a adopté une approche plus développée de la question de la neutralité que beaucoup d’autres agences similaires de l’ONU ou d’organisations non gouvernementales.

Malgré ces efforts considérables, des problèmes relatifs à la neutralité de l’agence et de son personnel persistent. Plusieurs allégations de violation des règles de neutralité ont été formulées et des mesures disciplinaires ont été prises en conséquence, note le rapport. Cependant, aucune des allégations antérieures n’était aussi grave que celles formulées par les autorités israéliennes en janvier de cette année.

Israël reproche souvent à l’Unrwa d’utiliser dans les écoles de la région des manuels de l’Autorité palestinienne dont le contenu serait antisémite. Toutefois, des études internationales n’ont trouvé que peu de preuves à l’appui de ces allégations.

«Trois évaluations internationales des manuels scolaires de l’Autorité palestinienne réalisées ces dernières années donnent une vision nuancée», indique le rapport. «Deux d’entre elles ont identifié la présence de préjugés et de contenus antagonistes, mais elles n’ont pas fourni de preuves d’un contenu antisémite. La troisième évaluation, réalisée par l’Institut Georg Eckert (basé en Allemagne), a étudié cent cinquante-six manuels scolaires de l’Autorité palestinienne et en a identifié deux qui, selon elle, présentaient des motifs antisémites. Elle a cependant noté que l’un de ces manuels avait déjà été retiré et que l’autre avait été modifié.»

Selon un porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, le rapport de Mme Colonna est «insuffisant», ne tient pas compte de la gravité du problème et propose des solutions cosmétiques qui ne tiennent pas compte de l’ampleur de l’infiltration de l’Unrwa par le Hamas.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 

 

 


Centre de coordination militaro-civile pour Gaza: beaucoup de discussions, peu de résultats

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  • "Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore" ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés
  • "Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix"

JERUSALEM: Lancé par les Etats-Unis dans le sillage du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas pour surveiller la trêve et favoriser l'afflux d'aide humanitaire, le Centre de coordination militaro-civile (CMCC) pour Gaza peine à tenir ses promesses.

"Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix, il n'y a aucune autre initiative, c'est ça ou continuer à discuter dans le vent avec des Israéliens".

"Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore", ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés par la campagne militaire israélienne.

Le CMCC doit permettre d'amorcer la suite des étapes du plan de paix pour Gaza après plus de deux ans d'une guerre dévastatrice déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement palestinien Hamas sur Israël.

"Lorsque nous l'avons ouvert, nous avons clairement indiqué qu'il se concentrait sur deux choses: faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire, logistique et sécuritaire vers Gaza et aider à surveiller en temps réel la mise en oeuvre de l'accord", insiste le capitaine Tim Hawkins, porte-parole du Commandement militaire central américain (Centcom), couvrant notamment le Moyen-Orient.

L'initiative a été présentée aux acteurs (ONG, agences des Nations unies, diplomates...) comme un générateur d'idées totalement inédites.

Frustrés par leurs difficultés avec les autorités israéliennes, de nombreux pays et acteurs humanitaires disent s'être jetés dans le projet, impatients d'avoir un nouvel interlocuteur se disant enclin à trouver des solutions: les Etats-Unis.

"Rien n'a changé" 

"Au début, les Américains nous ont dit qu'ils découvraient qu'Israël interdisaient l'entrée de tout un tas de choses dans Gaza, la fameuse liste des biens à double usage, ils avaient l'air choqués et on se disait qu'enfin on allait franchir cet obstacle", raconte un ingénieur humanitaire, "mais force est de constater que strictement rien n'a changé".

Deux mois après l'ouverture, nombre d'humanitaires et diplomates contactés par l'AFP jugent, sous couvert de l'anonymat, que la capacité ou la volonté américaines à contraindre Israël est limitée.

Les visiteurs réguliers ou occasionnels des lieux ont décrit à l'AFP le grand hangar occupé par le CMCC à Kiryat Gat (sud d'Israël), comme un entrepôt où de nombreux militaires, israéliens et américains principalement, rencontrent des humanitaires, diplomates, et consultants.

Le premier des trois étages du bâtiment est réservé aux Israéliens, et le dernier aux troupes américaines. Tous deux sont interdits d'accès aux visiteurs.

Le deuxième, recouvert de gazon artificiel, sert d'espace de rencontres avec le monde extérieur.

"On dirait un espace de coworking, mais avec des gens en uniforme", s'amuse une diplomate qui raconte y croiser des "GIs qui boivent de la bière" au milieu d'une sorte d'open-space, avec des panneaux récapitulant les principaux points du plan Trump.

Plusieurs personnes ont dit à l'AFP avoir vu un tableau blanc barré de l'inscription "What is Hamas?" ("Qu'est-ce que le Hamas?") en lettres capitales, sans éléments de réponse.

"Il y a des tables rondes sur des sujets qui vont de la distribution d'eau ou de nourriture à la sécurité", raconte un humanitaire, "en gros on nous écoute décrire ce qu'on veut faire, et quels problèmes on a rencontrés depuis deux ans".

"Boussole du droit" 

Mais "ce n'est pas là que les décisions sont prises", tranche un diplomate qui cite des canaux de discussions parallèles, notamment une équipe supervisée par Arieh Lighstone, un collaborateur de l'émissaire américain Steve Witkoff, à Tel-Aviv.

Plusieurs diplomates regrettent l'absence d'officiels palestiniens dans les murs.

Un autre problème réside dans l'émergence de concepts largement rejetés par la communauté internationale, notamment celui des "Alternative Safe Communities" (ASC), visant à regrouper des civils "vérifiés", non affiliés au Hamas, dans des communautés créées ex nihilo dans une zone de la bande de Gaza sous contrôle militaire israélien, et où les services de base seraient dispensés.

"On a perdu la boussole du droit", commente une diplomate.

Mais le reproche qui revient le plus souvent est le fait que les questions politiques (gouvernance, maintien de l'ordre...) sont évacuées au profit de questions techniques.

"Ils discutent d'où mettre les stations d'épuration, pas de qui les exploitera ni de qui paiera les employés", résume un autre.

Concédant "certaines frictions", sans plus de détail, le capitaine Hawkins, du Centcom, met en avant certaines avancées comme l'ouverture de nouveaux points de passage pour l'aide à destination de Gaza. "Nous progressons, assure-t-il, tout en reconnaissant pleinement qu'il reste encore beaucoup à faire."


Le Congrès américain approuve la levée définitive des sanctions contre la Syrie

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
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  • Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar
  • Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis

WASIHNGTON: Le Congrès américain a approuvé mercredi la levée définitive des sanctions imposées par les Etats-Unis contre la Syrie du temps de Bachar al-Assad, devant permettre le retour d'investissements dans ce pays ravagé par des années de guerre civile.

L'abrogation d'une loi dite "Caesar", adoptée en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump et qui imposait ces sanctions, figure en effet dans le texte sur la stratégie de défense (NDAA), que le Sénat américain a approuvé mercredi par 77 voix pour et 20 contre.

La Chambre des représentants s'était déjà prononcée la semaine dernière et le texte attend désormais d'être promulgué par le président américain.

Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar. Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, a salué sur Telegram le vote du Sénat comme "ouvrant de nouveaux horizons pour la coopération et le partenariat entre notre pays et le reste du monde".

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars.

Bien que son application soit suspendue, de nombreux responsables américains jugeaient qu'elle pouvait nuire à la confiance des investisseurs tant qu'elle n'était pas abrogée.

Le dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a été reçu le 10 novembre à la Maison Blanche par le président Trump, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Donald Trump l'avait déjà rencontré lors d'un voyage dans le Golfe en mai, annonçant alors la levée des sanctions américaines.

Après 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

"L'abrogation aujourd'hui de la loi Caesar est une étape décisive pour donner au peuple syrien une véritable chance de se reconstruire après des décennies de souffrances inimaginables", s'est félicité la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.


Les principales villes du Soudan privées de courant après des frappes de drones sur une centrale

Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
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  • Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale
  • Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des FSR

PORT-SOUDAN: Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP.

Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale.

Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé la mort des deux secouristes dans un communiqué officiel.

Cette station est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 02H00 (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus de la ville contrôlée par l'armée en guerre depuis avril 2023 contre les FSR.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée — ainsi qu’à la capitale Khartoum, selon des témoins, l'incendie n'étant toujours pas maitrisé.

Les FSR n’ont jusqu'à présent pas commenté l'attaque.

Ces derniers mois, les FSR ont été accusées de lancer des attaques de drones sur de vastes zones contrôlées par l’armée, visant des infrastructures civiles et provoquant des coupures de courant affectant des millions de personnes.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", selon l'ONU.