À l’occasion de l’anniversaire de la destruction par l’Iran d’un avion de ligne civil ukrainien au-dessus de Téhéran, les experts de l’ONU ont appelé à prendre des mesures urgentes pour protéger les avions civils volant dans les zones de conflit ou de fortes tensions militaires.
Le 8 janvier 2020, le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) d’Iran a abattu le vol PS752 de l’Ukraine International Airlines quelques minutes après son décollage de Téhéran à destination de Kiev, causant la mort des 176 passagers.
Agnès Callamard, rapporteure spéciale du Conseil des droits de l’homme de l’ONU sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, a déclaré que cet incident «met en lumière les lacunes des conventions internationales relatives à la sécurité aérienne, à la fois en ce qui concerne la prévention des actions militaires contre des avions civils, et la réalisation d’enquêtes appropriées si ces actions se produisent. Cette tragédie évitable exige une action urgente de la part de toutes les parties prenantes, y compris les États et les compagnies aériennes».
Elle a présenté une série de recommandations qui, selon elle, amélioreraient la sécurité des civils et protégeraient leur droit à la vie. L’une de ces recommandations est que si un avion civil fait l’objet d’une d’attaque militaire, «l’État qui a lancé l’attaque militaire n’est pas le seul responsable de l’enquête».
Mme Callamard a également souligné que les pays dont des citoyens ont été victimes d’un incident «devraient avoir le statut de participants à part entière à l’enquête en raison de leur intérêt national évident».
Ces recommandations semblent avoir été motivées par la réticence de Téhéran à partager les détails de sa propre enquête sur la chute de l’avion de ligne ukrainien. À la suite de la frappe aérienne, les médias officiels iraniens ont rapporté que le crash avait été causé par «une défaillance technique due à un incendie» dans l’avion. L’autorité iranienne d’aviation civile a refusé d’envoyer les enregistreurs de bord de l’avion à son fabricant Boeing pour analyse.
Conformément aux règles de l’aviation mondiale, l’Iran avait le droit de mener l’enquête seul, et a refusé la demande du président ukrainien d’impliquer son pays lorsqu’il s’est avéré que Téhéran savait que ses propres missiles étaient responsables de la destruction de l’avion.
«Les nombreux échecs du système et des institutions internationaux témoignent de la nécessité d’un organe totalement indépendant (émanant à la fois des États et des compagnies aériennes) pour contrôler la sécurité aérienne relative aux conflits», a expliqué Mme Callamard avant d’ajouter: «Nous devons agir tout de suite afin d’empêcher de futurs incidents et sauver des vies.»
Linus Bauer, directeur général de Bauer Aviation Advisory, a affirmé à Arab News que les recommandations proposées par l’ONU étaient «attendues depuis longtemps». Il a indiqué que si le système aéronautique restait globalement sûr et sécurisé, des événements tels que la destruction du vol PS752 ont soulevé de nombreuses questions sur les lacunes dans la gestion globale de l’espace aérien.
La destruction de par l’Iran de l’avion ukrainien montre que les pays «des quatre coins du monde doivent considérer la prévention des attaques contre l’aviation civile internationale comme hautement prioritaire, grâce à une approche multidimensionnelle mettant l’accent sur la sécurité terrestre et aérienne».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com