DJEDDAH: Le ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis (EAU), le Dr Anwar Gargash, a déclaré à Arab News que le Conseil de coopération du Golfe (CCG) était «en accord total concernant toute menace contre sa sécurité» émanant de l'Iran.
Au cours d'une conférence de presse virtuelle jeudi, lors du 41ᵉ sommet du CCG à AlUla, où un accord a été signé pour améliorer les relations avec le Qatar, le ministre a cependant affirmé que certaines divergences persistaient sur la manière de traiter les principaux problèmes sécuritaires, au vu des relations récentes de Doha avec Téhéran.
Depuis 2017, le Qatar a renforcé ses relations avec l'Iran et la Turquie, ce que les autres quatre pays du Golfe ont considéré comme une atteinte à la sécurité régionale. Les relations du Qatar avec l’Iran et la Turquie ont forcément préoccupé le quator et accru les tensions sur la question du soutien à des groupes islamistes, l’accueil d’extrémistes, ou l’ingérence dans les affaires intérieures.
Le ministre a déclaré que le point de vue des EAU sur l’Iran et la Turquie était identique, soulignant qu’il ne s’agissait pas d’un problème concernant seulement le Golfe, mais que la question se posait plus largement au niveau arabe. Il a indiqué que la Turquie était l'un des plus grands partenaires commerciaux du Moyen-Orient, et devait respecter la souveraineté et les intérêts arabes.
«Nous comprenons que les considérations géostratégiques prendront du temps, et nous devons travailler ensemble sur ces questions. Je suis sûr qu'il y existe des perspectives concernant le Qatar», a-t-il expliqué. «Plus les pays du CCG se rapprocheront les uns des autres, plus ils se mettront d’accord sur les questions géostratégiques.»
Le ministre a également annoncé que le commerce, le transport et la reprise des relations diplomatiques complètes avec le Qatar auront lieu dans la semaine suivant la signature de la Déclaration d'AlUla. «La Déclaration est une étape importante dans la résolution d'une crise difficile et douloureuse au sein du CCG et du Golfe. Je suis heureux que cette crise touche à sa fin, mais son issue dépendra également de la transparence et de l'approche constructive que nous élaborons au fur et à mesure que nous avançons», a-t-il ajouté, précisant que la reprise du commerce, des transports, des investissements et des transactions financières sera plus facile à réaliser que certains autres défis, d’autant que «les mesures de renforcement de la confiance prendront du temps.»
«Une région plus stable et connectée était dans l’intérêt de tous»
Le ministre a déclaré que la question de l'ouverture de l'espace aérien avait été abordée il y a quelques mois, et que l'Arabie saoudite déployait des efforts pour résoudre les problèmes les plus urgents, et trouver une solution avec l'aide des États-Unis et avec le soutien des EAU. Il a assuré que les quatre nations «partageaient cette situation commune et allaient y trouver une solution commune.»
Le ministre a souligné les efforts déployés par le Koweït et les États-Unis, notant que le différend avec le Qatar était une question en cours de règlement, car il s'agissait d'un problème «au sein de la famille» et qu'il était question de rétablir la confiance entre les deux États.
Anwar Gargash a affirmé que le CCG allait désormais «se réorganiser en interne» et améliorer la coordination sur les questions de sécurité, d’économie, de sciences, ajoutant: «Une région plus stable et connectée est dans l’intérêt de tous.»
Abordant la question de la chaîne d'information arabe étatique Al-Jazeera, le ministre a déclaré que le défi défendra de la perception de neutralité du gouvernement dans la période à venir, et qu'il s'agissait d'une question interne à laquelle les Qataris devaient faire face, mais qui dépendrait «des accords bilatéraux entre les États».
Au sujet d'Israël, le ministre a affirmé qu'il espérait que le soutien des EAU et la signature des Accords d'Abraham modifieraient l’opinion dans la région: «Nous espérons changer la réalité dans la région», a-t-il affirmé, tout en soulignant que chaque pays était libre d’adopter une position souveraine concernant ces accords.
«Ce n'est pas la première crise dans le CCG, mais c’est la plus grave, et il est dans notre intérêt de ne pas revenir à une crise, petite ou grande», a déclaré le ministre. Il a enfin rappelé que «toute crise laissera derrière elle des problèmes de confiance», notant que la crise qui a commencé en 2017 servira d’expérience et poussera les membres du CCG à résoudre rapidement tout problème futur. «Nous voulons vraiment prendre un nouveau départ et saisir l’opportunité offerte par la Déclaration d’AlUla», a-t-il conclu.
Cet article a été publié pour la première fois sur arabnews.com