AL-ULA : Plus de trois ans et demi après le début de leur dispute avec le Qatar, des pays du Golfe ont amorcé, lors d'un sommet mardi en Arabie saoudite, une réconciliation de nature à sortir leur voisin de son isolement.
Voici cinq éléments à retenir de ce rendez-vous politique.
Dégel
Le dégel est venu, à la veille du sommet lundi, du Koweït, dont le ministre des Affaires étrangères cheikh Ahmed Nasser Al-Sabah est apparu à la télévision pour annoncer que l'Arabie saoudite avait décidé d'ouvrir avec effet immédiat son espace aérien et ses frontières avec le Qatar, qui était jusque-là isolé.
L'annonce a été saluée par des coups de klaxon d'automobilistes sur une autoroute du Qatar.
Mardi, les pays du Golfe ont signé à l'ouverture du sommet un «accord de solidarité et de stabilité». Le chef de la diplomatie saoudienne, le prince Fayçal ben Farhane Al-Saoud, a ensuite annoncé «le rétablissement de toutes les relations diplomatiques» entre le Qatar et les pays qui le boycottaient jusqu'alors.
Moment fort
Le moment fort du sommet a été l'arrivée de l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, à Al-Ula (nord-ouest de l'Arabie saoudite) où s'est tenu le sommet. Il boycottait ce rendez-vous annuel depuis 2017, année du début de la crise du Golfe.
Il a été accueilli sur le tarmac par une accolade du prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, malgré les restrictions sanitaires, un échange inimaginable il y a encore quelques jours.
Galerie des glaces
Le sommet a permis de mettre en valeur un site archéologique de premier plan en Arabie saoudite, qui s'est récemment ouverte au tourisme.
Il a eu pour cadre une structure couverte de miroirs érigée au milieu de montagnes sculptées par les Nabathéens qui peuplaient cette région avant l'avènement de l'islam.
Al-Ula était interdite à la plupart des voyageurs jusqu'à ce que l'Arabie saoudite s'ouvre au tourisme fin 2019, avant de se refermer quelques mois plus tard pour cause de pandémie de Covid-19.
Changement de ton
Les Émirats arabes unis, considérés comme l'un des pays les plus récalcitrants à la réconciliation avec le Qatar, ont vu l'un de leurs responsables saluer le sommet.
«De la galerie des glaces à Al-Ula débute une nouvelle page lumineuse», a tweeté Anwar Gargash ministre d'Etat émirati aux Affaires étrangères.
La chaîne de télévision qatarie Al-Jazeera, dont la fermeture était exigée par les adversaires d'hier du Qatar, a invité pour la première fois depuis plus de trois ans des commentateurs saoudiens et une chanson hostile au Qatar a été supprimée de YouTube.
Ali Shihabi, commentateur et auteur saoudien, s'est lui amusé sur Twitter «de voir tant d'analystes et de journalistes essayer de minimiser cet important développement».
Selon lui, certains de ces commentateurs avaient profité de la crise pour se faire de l'argent et leur source de revenu devrait maintenant se tarir avec la réconciliation.
Voyager, pas si facile
Si la fin de la crise pourrait mettre un terme aux restrictions sur les déplacements entre le Qatar et ses voisins, la Covid-19 complique les choses.
Le Qatar exige de tous les arrivants une autorisation préalable et les soumet à de strictes mesures de quarantaine.
L'Arabie saoudite impose également ses propres règles à ceux qui arrivent de l'étranger.
Les hôteliers du Qatar, qui sont dans une situation difficile, espèrent que les voyages pourront reprendre sans entrave.
Des pays comme Bahreïn et les Emirats arabes unis, qui étaient des destinations phares pour les Qataris, n'ont pas encore annoncé l'ouverture de leurs frontières avec le Qatar.