L’artiste conceptuelle saoudienne Filwa Nazer revient sur les œuvres les plus marquantes de sa carrière

Preserving Shadows, de l’artiste conceptuelle saoudienne Filwa Nazer. (Photo fournie)
Preserving Shadows, de l’artiste conceptuelle saoudienne Filwa Nazer. (Photo fournie)
Short Url
Publié le Vendredi 12 avril 2024

L’artiste conceptuelle saoudienne Filwa Nazer revient sur les œuvres les plus marquantes de sa carrière

  • Dans les années 1990, Filwa Nazer s’est installée à Milan, où elle a étudié le stylisme et a ensuite suivi une formation auprès du célèbre créateur de mode italien Gianfranco Ferré
  • Il y a quelque chose de sentimental dans les œuvres de Filwa Nazer, qui sont inspirées d’émotions, d’espaces, de transitions de vie et de souvenirs

DUBAÏ: D’aussi loin qu’elle se souvienne, l’artiste conceptuelle saoudienne Filwa Nazer – née à Swansea, au pays de Galles, dans les années 1970, mais ayant grandi dans le Royaume – a toujours aimé l’art. Elle raconte qu’elle passait son temps, lorsqu’elle était jeune, à dessiner, à peindre, à écrire des notes et à réfléchir à la vie dans une Arabie saoudite qui, à l’époque, ne disposait pas d’une éducation artistique. «En tant que jeune artiste, on ne se rend pas compte que tous les défis auxquels on est confronté finissent par influencer notre processus créatif», explique Mme Nazer à Arab News. 

Dans les années 1990, Filwa Nazer s’est installée à Milan, où elle a étudié le stylisme et a ensuite suivi une formation auprès du célèbre créateur de mode italien Gianfranco Ferré. 

«C’était un personnage assez intimidant. J’étais donc un peu en admiration devant lui, mais j’étais fascinée par le fait qu’il était architecte à l’origine. Ses chemises blanches étaient très structurées», se souvient Mme Nazer.  

photo
L’artiste saoudienne Filwa Nazer – née à Swansea, au pays de Galles, dans les années 1970, mais ayant grandi dans le Royaume – a toujours aimé l’art. (Photo fournie) 

Au sein de la maison de couture de Ferré, elle a été particulièrement attirée par le département des archives, où sont conservés toutes sortes de vêtements vintage. Elle s’est également initiée à la broderie. Ces expériences enrichissent son travail récent, qui met fortement l’accent sur les tissus, mais avec une touche d’émotion. 

Il y a quelque chose de sentimental dans les œuvres de Filwa Nazer, qui sont inspirées d’émotions, d’espaces, de transitions de vie et de souvenirs. «Pour moi, le travail vient toujours d’une expérience personnelle», souligne-t-elle. 

Dans ce qui suit, Filwa Nazer nous parle de six œuvres importantes, allant d’une installation à grande échelle dans le désert à une pièce de tissu intime se rapportant au corps des femmes.  

 

The Skin I Live In 

photo

Cette installation de 2019 est l’une des toutes premières œuvres textiles que j’ai réalisées. Elle est haute de deux mètres et elle ressemble à une grande jupe vue de face. À l’intérieur, il y a des couches de mousseline de coton brodée, découpée selon les plans de mon appartement à Londres. La mousseline est recouverte d’une couche de polyéthylène vert, un type de filet en plastique que l’on trouve sur les chantiers de construction. J’utilise ces matériaux de manière conceptuelle et symbolique. Je voulais voir si je pouvais utiliser la couture comme un langage et créer des paysages d’émotions par le biais de cette technique. Ce travail a été réalisé à un moment particulier où j’avais besoin de guérison et de protection, et cet espace m’a permis d’explorer tout cela. 

 

Preserving Shadows 

photo

Cette œuvre a été exposée à Desert X AlUla cette année. Je n’avais jamais réalisé quelque chose de cette envergure auparavant, surtout dans un environnement aussi difficile que le désert d’AlUla, ce qui m’a bloquée. J’aime cependant sortir de ma zone de confort et voir ce qui peut se passer si je travaille différemment. Au cours de mes recherches, je suis tombée sur un paragraphe concernant les plantes du désert et le surnaturel. Soudain, un déclic s’est produit dans ma tête et je me suis dit que mon blocage et mon inconfort dans cet environnement pourraient devenir mon concept. Je voulais créer un voyage qui soit un moment de transition; vous marchez à travers les ombres et, tout en marchant, vous vous élevez et les ombres reculent jusqu’à ce que vous atteigniez la fin. Il s’agit d’un voyage au cours duquel on surmonte métaphoriquement l’obscurité. 

 

The Hands Want to See, The Eyes Want to Caress 

photo

Cet ensemble d’œuvres a été présenté dans le cadre d’une exposition intitulée «Saudi Modern» en 2021. Un certain nombre d’artistes ont été chargés par Bricklab de créer des œuvres d’art inspirées d’un bâtiment particulier de l’architecture moderne de Djeddah. J’ai donc réalisé ces cinq œuvres en m’inspirant d’une résidence privée, la maison Bajnaid, dans le quartier d’Al-Kandarah. Cette maison incarnait la Djeddah moderniste et branchée des années 1950 et 1960, mais elle a complètement perdu ce statut aujourd’hui. Mes œuvres explorent en quelque sorte ce qu’il advient d’un espace ou d’une maison lorsqu’elle se dégrade, lorsqu’elle est abandonnée. Certaines d’entre elles témoignent de mon rapport à l’esthétique de la maison, tandis que d’autres, celles avec le bois et le tissu, évoquent ce que j’ai ressenti dans cette maison et la façon dont mon corps y a réagi. Devant cet ensemble d’œuvres, on peut se poser la question suivante: «Une maison abandonnée n’est-elle plus attrayante? Ou bien trouvez-vous de la beauté dans son état actuel?» 

 

Five Women 

photo

Il s’agit d’une série très spéciale. Elle a été commandée pour la 1re édition de la Biennale de Diriyah à Riyad en 2021. Elle raconte littéralement l’histoire de cinq Saoudiennes de ma génération, des femmes à qui j’ai parlé en privé et de manière anonyme. Chaque femme m’a raconté une histoire et m’a donné une robe correspondant à un événement particulier qui a changé la relation de cette femme avec son corps. Ces histoires évoquaient la douleur, le passage à l’âge adulte et la flamboyance de la beauté dans la société. Cette œuvre a également été exposée à la Biennale de Lyon en 2022. 

 

Missing A Rib (2019) 

photo

Cette œuvre réalisée en 2019 représente ma maison à Djeddah. Il s’agit d’une pièce sculpturale transparente à l’intérieur de laquelle est suspendue une structure qui ressemble à une cage thoracique brisée. Avant la conception de cette œuvre, je me suis blessée au niveau des côtes et je suis restée longtemps au lit. Outre l’allusion au mythe d’Adam et Ève, Ève ayant été créée à partir de la côte d’Adam, cette œuvre est également liée au thème de l’exploration des espaces sous l’influence du patriarcat. Les bandes blanches (une technique de décoration des ourlets des sous-vêtements des hommes en Arabie saoudite) sont une métaphore de l’énergie masculine contrôlant l’espace d’une femme. 

 

Topoanalysis 

photo

Il s’agit de l’une de mes dernières œuvres réalisées pour la galerie Selma Feriani en 2023. Elle fait partie d’une série de sept pièces qui explore les motifs des vêtements personnels en relation avec les espaces de vie personnels. On peut voir les grandes lignes d’un plan d’étage. Les carrés rouges sont constitués d’une superposition de motifs de couture. J’ai revisité ce type de couture abstraite que j’utilise symboliquement comme paysage d’émotions. Néanmoins, lorsqu’on les regarde, leur dualité leur donne l’aspect d’un corps ou d’une poitrine. Le vert que j’utilise toujours est symbolique de l’Arabie saoudite. Il représente donc la société et l’environnement. C’est une exploration assez philosophique de l’espace, mais aussi des émotions, des souvenirs et des influences sociopolitiques. 

 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


Des luttes à l'innovation : Comment le calligraphe saoudien Abdulaziz Al-Rashedi a révolutionné l'écriture arabe

3punt 5. (Fourni)
3punt 5. (Fourni)
Short Url
  • « Je ressens une lumière sacrée dans les lettres », déclare Abdulaziz Al-Rashedi

DUBAÏ : La première passion du calligraphe saoudien et professeur d'arts Abdulaziz Al-Rashedi a toujours été le stylo. Son intérêt pour l'écriture a commencé à l'école primaire dans les années 1980, dans sa ville natale de Médine.

Al-Rashedi parle de tenir un stylo comme un musicien pourrait parler de son instrument. Aux yeux du calligraphe, l'écriture est un acte artistique, comme une danse, qui possède sa propre magie.

« Ce que j'aimais dans le stylo, c'était la façon dont l'encre en coulait », confie-t-il à Arab News. « Le stylo m'a conduit à mon amour pour la calligraphie arabe. »

--
Al-Rashedi parle de la tenue d'un stylo comme un musicien parlerait de la tenue de son instrument. (Fourni)

Cependant, il a dû faire face aux défis posés par l'environnement social conservateur du Royaume dans les années 1980 et 1990.

« Les gens ne considéraient pas l'art comme quelque chose d'important. À cette époque, ils pensaient que l'art ne rapportait pas d'argent. Pour eux, c'était une perte de temps », explique-t-il. « Dans un tel environnement déprimant, je souffrais du manque d'intérêt des gens. Ils disaient que l'écriture me distrairait de mes études. Mais en réalité, cela m'encourageait à étudier. »

Son intérêt pour la calligraphie n'a pas échappé à tout le monde. Le père d'Al-Rashedi, aujourd'hui décédé, l'a toujours soutenu.  

--
3punt 2. (Fourni)

« Il croyait en l'écriture et en sa préservation », déclare Al-Rashedi. « Il pensait que je faisais quelque chose d'important de ma vie, même si d'autres pensaient le contraire. Ils comparaient cela à des gribouillages. En réalité, je faisais de l'art tout seul. Aucun de mes amis ne partageait cet intérêt avec moi et il n'y avait aucun institut de calligraphie pour encourager ce talent. La situation était très difficile. »

Mais en 1993, Al-Rashedi a appris qu’il existait en effet un maître calligraphe saoudien vivant à Médine : Ahmad Dia. Ce dernier a gentiment accepté de lui enseigner les bases de la calligraphie arabe. Et, peut-être tout aussi important, il l’a fait dans sa maison, qu'Al-Rashedi compare à une école, un musée et un lieu de rencontre pour calligraphes.

« J'étais jeune, mais il me traitait comme un homme », se souvient l'artiste. « Pour nous, les calligraphes, il était comme un père spirituel, qui a planté en nous une graine de détermination. Il nous a toujours encouragés et ne nous a jamais réprimandés si notre écriture n'était pas parfaite. »

--
3punt 4. (Fourni)

Al-Rashedi est resté en contact avec son mentor jusqu'à la mort de Dia en 2022, lors de la pandémie de COVID. « Lorsqu'il est mort, c'est comme si la lumière s'était éteinte », confie-t-il.

Al-Rashedi s'est également formé en recopiant les œuvres d'une autre figure importante : Hashem Al-Baghdadi, le calligraphe et éducateur irakien influent, qui a publié des ouvrages sur les règles de la calligraphie arabe. Al-Rashedi décrit l'époque avant les réseaux sociaux comme une « période véritablement sombre », où il n'y avait aucune opportunité d'organiser des expositions ou de partager son travail avec les autres.

« Les gens ne communiquaient pas entre eux. C’était une période qui manquait (d’opportunités) et même de bons matériaux, comme des stylos et du papier », se souvient-il.

Mais avec l’avènement des réseaux sociaux, notamment Facebook, et l’ouverture de quelques galeries d’art, dont Athr Gallery à Djeddah en 2009, les choses ont considérablement changé. Aujourd’hui, Al-Rashedi peut partager ses œuvres sur Instagram et d’autres plateformes, montrant les compétences qu’il a perfectionnées au cours de trois décennies de pratique.

--
Sa fascination pour l'écriture a commencé à l'école primaire, dans les années 80, dans sa ville natale de Madinah. (Fourni)

La calligraphie arabe est une forme d’art respectée à l’échelle internationale, existant depuis des milliers d’années, utilisée dans les textes islamiques et présente sur des monuments à travers le monde. Quel est donc son secret de longévité ?

« Je me demande souvent pourquoi les courbes de la calligraphie arabe fascinent les gens depuis si longtemps, et je pense que cela a inévitablement un lien avec sa sainteté », explique-t-il. « Allah a été une source d’inspiration pour les calligraphes et leur innovation dans l’écriture. Je ressens une lumière sacrée dans les lettres de la calligraphie arabe. »

Mais Al-Rashedi pense également que, pendant de nombreuses années, la calligraphie est restée figée dans une ornière, sans être touchée par l’innovation ou la créativité modernes.

--
3punt 6. (Fourni)

« Beaucoup de calligraphes ont littéralement affirmé que la calligraphie arabe avait atteint sa limite et que personne ne pouvait y ajouter quoi que ce soit de nouveau », dit-il. « Une telle idée est incorrecte. »

En effet, Al-Rashedi a inventé sa propre forme de calligraphie arabe, qu’il appelle « 3punt ». (Il explique que le nom fait référence à la taille des lettres, qui sont écrites à l’aide de trois stylos différents.)

« Cela repose sur l’idée de réduire l’épaisseur des lettres. Habituellement, un seul stylo est utilisé en calligraphie arabe. Mais j’ai découvert que l’épaisseur traditionnelle de l’écriture arabe et l’utilisation d’un seul stylo empêchent l’ajout de nouvelles formes d’écriture au système. »

Basée sur un ensemble de règles strictes, la calligraphie 3punt d’Al-Rashedi contient 55 « sous-types d’écriture », explique-t-il. Elle possède une légèreté et une élégance propres, avec des lignes fluides et soigneusement chorégraphiées en écriture arabe fine.

En fin de compte, Al-Rashedi estime que la calligraphie arabe est une question de liens.  

« Si nous regardons l’écriture latine ou chinoise, sur des lettres comme ‘n’, ‘e’ ou ‘r’, elles se composent de parties distinctes. Mais avec la calligraphie arabe, vous pouvez connecter six ou sept lettres d’un seul trait », dit-il. « Sans aucun doute, l’écriture arabe — en tant que forme d’art — est supérieure à d’autres types d’écriture. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Inauguration d'une exposition Christian Dior à Riyad

Une exposition célébrant la vie et l'œuvre du couturier Christian Dior est désormais ouverte au  Musée national d'Arabie saoudite dans le cadre du festival Riyadh Season de cette année. (Photo fournie)
Une exposition célébrant la vie et l'œuvre du couturier Christian Dior est désormais ouverte au  Musée national d'Arabie saoudite dans le cadre du festival Riyadh Season de cette année. (Photo fournie)
Short Url
  • «Christian Dior: couturier du rêve» est une collaboration entre la maison de couture française et l'Autorité générale pour le divertissement d'Arabie saoudite
  • L'événement, qui se tient jusqu'au 2 avril, explore l'héritage de Dior et de ses successeurs à travers un récit inédit

RIYAD: Une exposition célébrant la vie et l'œuvre du créateur de mode Christian Dior est désormais ouverte au Musée national d'Arabie saoudite dans le cadre du festival Riyadh Season de cette année.

«Christian Dior: couturier du rêve», une exposition couvrant plus de 75 ans de créativité et de design, ainsi que les œuvres qu'il a inspirées, est une collaboration entre la maison de couture française et l'Autorité générale pour le divertissement d'Arabie saoudite.

--
«Christian Dior: couturier du rêve» est une collaboration entre la maison de couture française et l'Autorité générale pour le divertissement d'Arabie saoudite. (Photo fournie)

L'événement, qui se tient jusqu'au 2 avril, explore l'héritage de Dior et de ses successeurs à travers un récit inédit spécialement conçu pour l'exposition par l'historienne de l'art Florence Muller et la scénographe Nathalie Crinière.

--
L'exposition couvre plus de 75 ans de créativité et de design et le travail que Dior a inspiré. (Photo fournie)

Parmi les points forts de l'exposition figurent des hommages à certains des grands classiques de Dior, tels que Miss Dior et J'adore, ainsi qu'un hommage au sac Lady Dior, sous la forme du projet Dior Lady Art.

Faisal Bafarat, directeur général de l'Autorité générale pour le divertissement, a officiellement inauguré l'exposition mercredi. Les billets sont disponibles sur la plateforme WeBook.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La diva libanaise Fairouz souffle ses 90 bougies

La diva libanaise Fairuz se produit lors d'un rare concert à Beyrouth le 7 octobre 2010. (AFP)
La diva libanaise Fairuz se produit lors d'un rare concert à Beyrouth le 7 octobre 2010. (AFP)
Short Url
  • Dernière légende vivante de la chanson arabe, Fairouz a soufflé jeudi ses 90 bougies alors que son pays, le Liban qu'elle a tant célébré, est plongé dans une guerre meurtrière entre le Hezbollah et Israël
  • Les internautes ont enflammé la Toile en diffusant les chansons de la diva, rare symbole d'unité nationale dans le pays divisé, alors que les médias de tous bords lui rendaient hommage

BEYROUTH: Dernière légende vivante de la chanson arabe, Fairouz a soufflé jeudi ses 90 bougies alors que son pays, le Liban qu'elle a tant célébré, est plongé dans une guerre meurtrière entre le Hezbollah et Israël.

Les internautes ont enflammé la Toile en diffusant les chansons de la diva, rare symbole d'unité nationale dans le pays divisé, alors que les médias de tous bords lui rendaient hommage.

En 2020, le président français Emmanuel Macron, en visite à Beyrouth, s'était rendu au domicile de Fairouz et l'avait décorée de la Légion d'honneur.

"A celle qui incarne l'âme de cette région avec dignité, un bel anniversaire", a-t-il écrit jeudi sur son compte Instagram.

"La voix de Fairouz est mon pays", a pour sa part écrit sur Facebook le célèbre compositeur libanais Marcel Khalifé.

Après s'être produite pendant plus d'un demi-siècle de Beyrouth à Las Vegas, en passant par Paris et Londres, la star n'apparait plus en public depuis plus d'une décennie.

"Quand vous regardez le Liban aujourd'hui, vous voyez qu'il ne ressemble aucunement au Liban que je chante", regrettait la diva dans une interview au New York Times en 1999, en allusion aux décennies de guerres et de destructions.

Au plus fort de la guerre civile, elle avait chanté "Je t'aime, Ö Liban, mon pays" ("Bhebbak ya Lebnane"), une chanson devenue iconique.

Fairouz a exalté son Liban natal mais également l'amour, la liberté et la Palestine.

Elle a donné vie aux paroles de grands poètes arabes --les Libanais Gibrane Khalil Gibrane, Saïd Akl ou l'Egyptien Ahmed Chawki--, tandis que ses chants patriotiques se sont incrustés dans la mémoire des Libanais et du reste du monde arabe.

Nouhad Haddad de son vrai nom, elle est née en 1934 dans une modeste famille chrétienne qui habitait le quartier de Zokak el-Blatt, visé lundi par une frappe israélienne.

Engagée à la radio, le compositeur Halim al-Roumi, impressionné, lui donne son surnom.

Dans les années 1950, elle épouse le compositeur Assi Rahbani qui, avec son frère Mansour, révolutionne la chanson et la musique arabe traditionnelles en mêlant morceaux classiques occidentaux, russes et latino-américains à des rythmes orientaux, sur une orchestration moderne.

C'est après ses premiers concerts au Festival international de Baalbeck, au milieu des ruines de ce site libanais antique près duquel s'abattent actuellement les bombes israéliennes, que la carrière de Fairouz s'envole.

Adulée par les aînés, elle devient l'icône des jeunes lorsque son fils Ziad, enfant terrible de la musique libanaise, lui composera des chansons influencées par des rythmes de jazz.